Guillaume Amat est un photographe français basé à Paris. Dans sa série « Open Fields », le photographe met en scène des paysages en plaçant un miroir au centre de sa composition. Ainsi, il casse la composition traditionnelle d’une photo de paysage en proposant de montrer ce qui est de l’autre côté de l’appareil. Ces miroirs provoquent tantôt une rupture tantôt une extension dans le paysage urbain ou naturel construit tout autour de l’objet réfléchissant. Nous avons pu poser quelques questions à Guillaume Amat afin d’en savoir un peu plus sur lui mais également sur cette série originale. Retrouvez également en fin d’article une video making off de la série.

Ci-dessous notre interview exclusive.

Photo : Guillaume Amat
Photo : Guillaume Amat

Pouvez-vous tout d’abord commencer par nous raconter un peu votre parcours de photographe ?
J’ai commencé très jeune la photographie. On m’avait offert un appareil photo vers mes 14 ans. C’est devenu rapidement un moyen d’expression privilégié. J’ai ensuite fait une école de photographie à Paris pour apprendre la technique et surtout pour développer mes intentions photographiques et la manière de les exprimer. Ensuite j’ai fait beaucoup de concours et de lectures de portfolios pour obtenir une visibilité et des critiques sur mon travail. J’ai également fait des rencontres et le réseau s’est construit au fur et à mesure. C’est par ces démarches que j’ai été contacté par Laetitia Guillemin et Marion Hislen de Fetart ou que mon travail soit diffusé par l’Agence Millennium Images, Signatures-Photographies, puis rencontrer Guillaume Foucher et Frédéric Biousse de La Galerie Particulière pour ma première exposition solo à Paris. J’ai toujours privilégié mes travaux personnels, en parallèle des commandes et, d’en la mesure du possible, de faire coïncider les deux.

 

Photo : Guillaume Amat
Photo : Guillaume Amat

Comment a débuté ce projet ? Que cherchiez-vous à montrer avec « Open Fields » ?
Ce travail photographique fait parti du projet collectif “France(s), territoire liquide” réunissant 50 photographes ayant pour but de poursuivre ensemble une recherche photographique sur le nouveau paysage français à l’image de la mission photographique de la DATAR en son temps. Une édition du même nom regroupant tout les travaux des photographes a vu le jour sous la forme d’un livre aux éditions du Seuil, fiction et Compagnie sous la direction de Bernard Comment, préfacé d’un texte de Jean Christophe Bailly.
La série “Open Field” questionne la représentation du paysage français et la notion même de sa captation à l’aide d’un miroir mesurant 80x120cm disposé in situ. Le miroir vient recomposer le paysage avec le hors-champ qui lui fait face créant ainsi une double lecture.

Ce travail photographique propose de faire dialoguer des paysages entre eux. Le dispositif utilisé me permet de mettre en corrélation deux champs visuels et de cette manière entame un autre mode de représentation et de documentation du paysage français avec ses contradictions et ses oppositions. De provoquer aussi un effort de recomposition du paysage chez le spectateur de l’image ainsi qu’une visualisation de l’espace paysage.
La série en cours montre des paysages naturels et parfois en opposition avec des paysages industriels en passant par des paysages où l’urbanité est totale. L’utilisation de ce dispositif me permet de multiplier le sens des images et ainsi jouer sur la dualité des représentations, de leurs liens et/ou de leurs différences.

Photo : Guillaume Amat
Photo : Guillaume Amat

 

Photo : Guillaume Amat
Photo : Guillaume Amat

 

Photo : Guillaume Amat
Photo : Guillaume Amat

Comment mettiez-vous en place vos scènes ? Aviez-vous planifié à l’avance ce que vous souhaitiez montrer dans vos compositions ?
La mise en place d’un tel dispositif est très longue et la réalisation d’une seule image me prenait en général une journée. La difficulté était de trouver la bonne distance entre tous les plans de l’image, d’attendre la bonne lumière et de tester différentes angles.

Y a-t-il beaucoup de post-production dans cette série ?
Non il n’y en a pratiquement aucunes autres que le travail de colorimétrie, à l’exception de l’image de la Prison de Bésiers qui a nécessité deux prises de vues compte tenu de la difficulté à photographier ce genre de lieu.

 

Photo : Guillaume Amat
Photo : Guillaume Amat

 

Photo : Guillaume Amat
Photo : Guillaume Amat

Les lieux pris en photos sont tous très différents et ne semblent pas avoir de liens entres eux, comment les avez-vous choisis ?
Il y a beaucoup de lieux que je connaissais déjà et qui étaient susceptibles de fonctionner avec le dispositif miroir. Certains ont été des hasards et d’autres ont été repérés en amont sur Google Earth. Les lieux sont très différents et chaque image raconte sa propre histoire ou l’histoire qui vous voulez bien y projeter. Je les ai choisis pour leur qualité narrative.

 

Quel était votre matériel pour cette série ?

J’ai utilisé une chambre Linhof 4×5 pour redresser les perspectives et parfois un Mamyia 7II quand l’angle de prise de vue le permettait. Le miroir est fixé sur un axe horizontal ce qui me permet de légèrement l’incliner pour éviter mon reflet.

 

Photo : Guillaume Amat
Photo : Guillaume Amat

 

Photo : Guillaume Amat
Photo : Guillaume Amat

Quels sont vos projets actuellement ?
Je travaille sur plusieurs projets en même temps. Je note constamment des idées dans des carnets ou sur mon smartphone. Je prends le temps de laisser murir ces idées, j’y reviens souvent, elles évoluent avec le temps. Certaines tombent dans l’oubli, d’autres ressurgissent ou entrent en résonnance avec d’autres et quand un projet m’obsède c’est le signal que je dois le réaliser. Mon projet actuel a pour décor le désert national des Bardenas Reales en Navarre dans lequel j’ai déjà fait une série d’images. Ce nouveau projet est toujours axé sur le paysage et sa manipulation avec de fortes mises en scènes oniriques. J’ai déjà réalisé une première session de photographie en janvier 2016 avec mon équipe et le projet est encore en construction.

 

Pour finir, avez-vous des conseils à donner aux photographes qui souhaiteraient se lancer dans le métier ?
Je dirais dans un premier temps qu’ils doivent avoir une connaissance technique solide pour pouvoir l’oublier ensuite en la faisant sienne, de s’abreuver d’images sous toutes ces formes, aller voir des expositions, feuilleter les livres photos, aller voir les peintures de maîtres dans les musées etc En bref, être curieux de tous, être curieux du monde et se construire une librairie visuelle mentale. Ensuite montrer son travail à des professionnels, accepter et comprendre les critiques, se remettre en cause tout le temps pour avancer et se construire une identité visuelle. Cette même identité qui vous permettra d’exprimer vôtre rapport au monde.
Photographe est un métier de passion mais surtout de choix où il faut être solide, persévérant et endurant.

 

Photo : Guillaume Amat
Photo : Guillaume Amat

 

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Photo : Guillaume Amat
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Dans les coulisses de la série "Open Fields"
Dans les coulisses de la série « Open Fields »

Guillaume Amat, photographe
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