Natif de New-York, Steven Robert Lillis se passionne pour la photographie dans son adolescence. Féru de skate, il commence à mettre en images la scène locale du sport qu’il pratique grâce à l’appareil Olympus 12mp et au caméscope RCA de sa mère. C’est la découverte d’une réelle passion pour lui, qui va se développer et s’affirmer lors de ses années universitaires. 

Alors étudiant, il était dans une situation peu confortable. “À l’époque, je dormais dans une voiture derrière un restaurant local tout en travaillant comme coursier à vélo à New York pour essayer d’obtenir mon diplôme. nous explique t-il. Mais c’est à ce moment-là qu’il a décidé de se mettre beaucoup plus sérieusement à la photographie, accompagné cette fois-ci d’un Nikon D3100 légué par sa sœur. Vient ensuite un épisode déterminant de sa vie qui s’avérait pourtant être assez hasardeux comme il nous le confie :

 “Pendant cette période, je skatais un jour à New York avec mon meilleur ami lorsque nous avons vu un type qui faisait ouvertement pipi sur le trottoir et qui effrayait tout le monde. J’ai entamé une conversation avec l’homme et j’ai fini par prendre un tas de portraits de lui dans la rue à ce moment-là. Cette interaction a tout changé pour moi. {…} À partir de ce moment-là, j’ai été attiré par le travail de portrait et par les histoires qui se cachent derrière la narration typique d’une photo.” – Steven R. Lillis

© Steven R. Lillis
© Steven R. Lillis

Un besoin de représenter une culture alternative

La série de photographies de Steven Lillis représente des combats clandestins dans des hangars au fin fond du Bronx. Des pratiques illégales qui représentent une sous-culture et une cause collective, qui est très chère pour Steven. 

Lors de notre entretien, le slogan « Guns Down, Gloves Up » est souvent revenu. C’est l’idée principale de ce mouvement et c’est ce que Steven Lillis veut mettre en avant dans ses clichés. Une façon pour ces jeunes hommes de régler leurs contentieux, sans utiliser d’armes à feu. Une problématique centrale aux Etats-Unis, avec notamment les affrontements de plus en plus présents et le nombre de morts qui augmente.

“Je sais que certaines personnes ne seront probablement pas d’accord avec cette forme de résolution des conflits, mais certaines de ces personnes viennent d’un endroit que la plupart des gens ne comprendraient pas” – Steven R. Lillis

Une volonté de capturer la vision crue du climat social actuel qui repose sur les conflits armés et le port d’armes à feu aux USA. Son but est donc d’exposer au maximum, et avec la plus forte ampleur, les solutions possibles et celles déjà existantes pour réduire le nombre de morts dans les rues et les règlements de compte à base d’armes lourdes. “À mon avis, moins il y a de gens dans les cercueils, mieux c’est.” s’exprime t-il, en apportant son “soutien” à ces organisations de combats illégaux. 

© Steven R. Lillis
© Steven R. Lillis

“Guns Downs, Gloves Up”

Des combats qui se déroulent d’une manière certes cachée et illégale, mais qui sont aussi organisés et qui représentent bel et bien une réelle solution contre l’accroissement de la violence armée dans les rues du Bronx.

“La genèse du projet repose sur un engagement commun à réorienter l’agression, en offrant une alternative pour résoudre les conflits au sein de la communauté du Bronx.” – Steven R. Lillis

Ce projet photographique met donc en lumière, à travers le portrait, la dure réalité de la résolution des conflits de rue à travers le combat. Au delà de la volonté d’informer sur ce qui se passe dans les hangars du nord de New-York, Steven veut transmettre des émotions, dépeindre un climat tendu et la brutale réalité, qu’est le problème de santé publique des armes à feu aux États-Unis. 

“L’importance de ces photographies va au-delà de la simple documentation ; elles encapsulent des moments figés de résilience urbaine. Dans l’ombre de la société, ces images donnent un aperçu rare d’une sous-culture inconnue de la majorité. Dans une société confrontée à une escalade de la violence, ces images constituent un témoignage puissant de l’importance des récits alternatifs.” – Steven R. Lillis

Pour finir, Steven veut surtout ajouter une nouvelle facette qui ferait réfléchir les gens différemment sur la situation. En ne retirant pas que le négatif à chaque fois, mais aussi en voyant les solutions que ces jeunes gens mettent en place pour éviter d’empirer la situation. C’est avec des mots remplis d’espoir et d’une grande volonté de faire avancer les choses que Steven conclu notre entretien :

“Dans l’ensemble, je souhaite que ce travail incite la société à revoir ses perspectives et à adopter des approches non conventionnelles mais puissantes de la résolution des conflits, en mettant en lumière le potentiel de transformation des jeunes hommes issus de milieux difficiles.” – Steven R.Lillis

© Steven R. Lillis
© Steven R. Lillis

Pour retrouver l’ensemble du travail de Steven R. Lillis, rendez-vous sur son Instagram .