Pour sa nouvelle exposition Graine de photographe, la Galerie, vous invite à la rencontre de Gilles Favier et des habitants du Nord de Marseille.
Exposition - Marseillais du Nord du photographe Gilles Favier - La Renaude, un quartier sensible au nord de Marseille.
©️ Gilles Favier
Célèbre photographe de l’agence VU jusqu’en 2016 et directeur artistique du festival ImageSingulières à Sète, Gilles Favier est un photographe humaniste. Il est toujours curieux et passionné des gens qui l’entourent. Des conflits de Belfast aux One star Hotels, Gilles va toujours au plus près de l’intimité des gens.
Exposition - Marseillais du Nord du photographe Gilles Favier - La Renaude, un quartier sensible au nord de Marseille.
©️ Gilles Favier

L’exposition

Graine de photographe présente dans sa galerie du 13 novembre au 10 décembre 2018 une série de photographies prises il y a 20 ans dans les quartiers nord de Marseille. Cette exposition est en lien avec son ouvrage : « Marseillais du Nord » en collaboration avec Philippe Pujol.
À cette occasion, Gilles Favier animera une Masterclass Photo Reportage exceptionnelle de 2 jours chez Graine de Photographe sur l’île Saint Louis les 8 et 9 décembre 2018.

VERNISSAGE jeudi 15 novembre à 18h

en présence de Gilles Favier.

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Exposition - Marseillais du Nord du photographe Gilles Favier - La Renaude, un quartier sensible au nord de Marseille.
©️ Gilles Favier
En 1992, le ministère de la Culture lui passe commande, par le biais de la Délégation aux Arts Plastiques, d’un travail documentaire sur les quartiers nord de Marseille. Après avoir tenté sa chance dans plusieurs quartiers « sensibles » de la ville, il finira par se fixer à la Renaude.  Pendant plus d’un an, il tentera de rendre compte de la vie quotidienne. Les images de cette aventure photographique font aujourd’hui partie des collections du Fond national d’art contemporain et ont été exposées en 1994 à la Maison de la Villette à Paris.
Ces images fortes, sensibles et intimistes, nous invitent à un voyage dans le temps à Marseille. En particulier dans les quartiers nord qui peuplent les faits divers, mais à qui peu de photographes ont su donner un visage. Le livre écrit avec Philippe Pujol, relie le passé et le présent. Il raconte ce que sont devenues les personnes photographiées par Gilles Favier.
Exposition - Marseillais du Nord du photographe Gilles Favier - La Renaude, un quartier sensible au nord de Marseille.
©️ Gilles Favier

 

Des photos d’il y a 20 ans, ça tire des cris de joie chez ceux qui les découvrent sans s’y attendre, et quelques souvenirs tristes aussi. Les habitants de la cité de La Renaude dans le 14e arrondissement de Marseille n’avaient pas prévus de s’y replonger quand leur a été présenté en ce début d’année le travail du photographe Gilles Favier; qui documente au coeur des années 90 la vie compliquée de ces gitans sédentarisés.
Des tirages réalisés pour eux et éparpillés sur une table attendent que les personnages photographiés en soient reconnus. Ça parle en Calo, un argo espagnol, et ça rigole dans de grandes exclamations. « C’est la Loca ! » lance une vielle gitane blonde aux airs aristocratiques qui tient l’image d’une fille splendide la robe au vent. « Elle ne ressemble plus à ça, elle a eu beaucoup d’enfants ». « Voilà la Jaloua, la meilleure danseuse de flamenco, même depuis qu’elle est presque aveugle » assure un jeune garçon. La Jaloua en fait la démonstration quelques minutes plus tard.
Les photos luisent comme des perles de souvenirs dans les yeux de chacun. On y reconnait ceux qui sont partis, « cette petite brune aux taches de rousseur est devenue infirmière à l’hôpital Nord », et ceux qui sont morts. « lui, le petit aveugle qui élevait des coqs de combat a succombé d’un problème pulmonaire peu de temps après cette photo ».
Dehors, le décor s’est dépouillé par rapport à il y a 20 ans. Moins d’épaves, très peu de voitures en train de bruler pour en faire disparaitre le plastique et mieux en récupérer l’acier. « Presque plus personne ne fait de la ferraille aujourd’hui », explique Richard né dans l’ancien bidonville de la Renaude, « à seulement 40 euros la tonne, ça ne vaut plus le coups ». Par contre l’activité de mécano occupe beaucoup d’hommes. De ceux qui sur les photos de Gilles Favier reconnaissent un véhicule comme un ancien membre de la famille. « Tu te souviens cette 404 Peugeot? Increvable! » grimace en parfait connaisseur un type tatoué des trois points des taulards sur la main. « On fait moins de conneries maintenant » assure-t-il en fermant fermement le sujet.
La misère reste présente pour certaines familles. Un diagnostic de médecin du monde dénombrait 80% de chômage pour les chefs de famille; 65% des actifs restent sans emploi. Le quart des foyers vit avec des ressources inférieures au RSA. Et paradoxalement leur insolvabilité fait d’eux une population rassurante pour le bailleur social. Car tous bénéficient des aides pour le logement. Les loyers restent donc élevés, jusqu’à 760 euros pour des maisons largement fissurées bien que ne datant seulement de la fin des années 80. Au fond, trois maisons sont en ruine. S’y amassent des ordures.
En octobre 2006, le bailleur, Habitat Marseille Provence, avait profité de l’absence de trois familles légèrement endettées pour murer leurs portes et leur signifier ainsi l’expulsion. Les locataires analphabètes signaient alors un document. « Ils acceptent de quitter leur logement et demande même que leurs fenêtres soient murées » pensant qu’il s’agissait en fait d’une promesse de relogement. Dans la nuit un incendie dans les maisons rendait impossible un retour au bercail. Un « incident » encore aujourd’hui non élucidé mais dont il reste des stigmates 10 ans plus tard dans les maisons toujours murées.
Exactement comme le centre social déjà photographié par Gilles Favier en 1995 et dont la dégradation s’est accentuée. Les enfants, toujours omniprésents dans la cité s’y amusent comme dans une maison hantée. Le nouveau centre social est plus petit et moins bien équipé. Les ados passent devant sans vraiment y entrer.
Leurs parents eux s’efforcent de payer les loyers pour ne pas revivre le traumatisme de 2006. Et tant pis s’il n’y a toujours pas d’éclairage public sur le terrain vague où ils aiment faire la fête tous les soirs ou presque.
Des fêtes identiques à celles des photos de Gilles Favier. Faites d’alcool et de paroles. – Philippe Pujol
Exposition - Marseillais du Nord du photographe Gilles Favier - La Renaude, un quartier sensible au nord de Marseille.
©️ Gilles Favier

 

Exposition - Marseillais du Nord du photographe Gilles Favier - La Renaude, un quartier sensible au nord de Marseille.
©️ Gilles Favier

Retrouvez le programme complet de la Masterclass Photo Reportage de 2 jours sur le site grainedephotographe.com !

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