C’est en 2018 que le photographe Yegan Mazandarani se rend dans le territoire contesté du Donbass. Il est présent du côté séparatistes ukrainiens, afin de documenter ce conflit européen moderne.
C’est de cette initiative qu’est né le projet documentaire « Parias« . Mêlant photographies en noir et blanc réalisées au moyen format argentique et textes, Yegan témoigne et donne la parole à ces hommes et de ces femmes qui « vivent à l’ombre de la guerre entre tranchées et ruines » depuis 2014.
Partagé entre la Russie et l’Ukraine ; le Donbass est au coeur de la guerre qui oppose ukrainiens et séparatistes russophones depuis la révolution ukrainienne de 2014.
Malgré un accord de cessez-le-feu signé en 2015 à Minsk, le conflit a perduré et les affrontements sont toujours présents dans cette région en 2020.
Aujourd’hui, quelqu’un m’a donné cette citation d’Hiram Johnson, un sénateur américain du début du XXe : « Quand une guerre éclate, la première victime c’est toujours la vérité. » Saur Mogila, RPD ©️ Yegan Mazandarani
Pourquoi ce titre, Parias ? D’abord, car le pays et sa population sont mis à l’écart de la communauté internationale, complètement isolés, ignorés et enclavés entre bloc de l’Est et bloc de l’Ouest ; l’existence même de leur pays est encore aujourd’hui niée. Mais aussi, car j’y ai rencontré d’autres Parias : des gens venus de France, des Pays-Bas ou d’Amérique, en marge dans leur propre pays et venu trouver quelque chose dans Donbass qu’ils n’ont pas chez eux.
« Parias » est un livre auto-édité imprimé sur les presses du prestigieux imprimeur Escourbiac, en France et selon un procédé respectueux de l’environnement.
L’exposition parisienne qui a eu lieu le 16 juillet 2020 à Paris, voyagera ensuite en Iran (Téhéran) et en Allemagne (Berlin).
Yegan Mazandarani est un jeune photographe franco-iranien. Diplômé d’une école de commerce à Paris, Yegan ; qui vit entre Berlin, Paris et Téhéran ; a un parcours très atypique.
Il est issu d’une famille qui est dans le textile depuis plusieurs générations. C’est donc tout naturellement qu’il débute dans la mode assez tôt en créant sa marque à 22 ans. Par la suite, il a poursuivi dans la musique en créant son label de musique et son studio de création. Ce dernier qui contenait alors une agence photo dédiée aux photographes travaillant le medium analogique.
Sa carrière très hétéroclite l’a mené en Iran, au Kazakhstan, à Paris ou à Berlin, où la photographie l’a toujours accompagné.
Ce front ukrainien où je me suis rendu est mon premier front ; j’y suis allé pour voir la guerre de mes yeux. Ce projet photographique, ‘PARIAS’ est aussi le premier projet dans lequel je mets autant de moi-même et sur lequel je passe autant de temps, probablement parce que le sujet est important et parce que l’expérience m’a marqué.
J’aime travailler au moyen-format et en noir et blanc, tout simplement parce que j’ai une tendresse particulière pour le rendu, le rythme de prise de vue, regarder mes pellicules, ou tirer en laboratoire avec mon tireur Fred Goyeau. Je suis totalement indépendant afin de conserver ma liberté d’action et de création, ne pas dépendre d’une rédaction ou d’un éditeur ou ne pas avoir d’objectif financier dans ma démarche. Je suis très honoré d’avoir pu travailler sur un livre, c’était même un rêve depuis tout petit pour le passionné de littérature que je suis. Mon écriture photographique est peut-être humaniste, elle tend en tout cas à se focaliser sur des personnes avec un regard curieux et doux et à documenter les sujets qui m’intéresse avec les quelques outils à ma disposition. J’aimerais pour mon prochain sujet me pencher sur l’Iran.
Yegan Mazandarani : Site – Instagram – Parias, le livre
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