paysage Ambre de l’AlPe
The Ephemeral Lands of Fire © Ambre de l’AlPe

Ambre de l’AlPe est une photographe française fascinée par la nature depuis son plus jeune âge. Principalement connue pour ses photos de paysages, elle réalise également des macros d’insectes ou de plantes ainsi que quelques portraits.

Rêveuse invétérée en constante quête d’évasion, Ambre de l’AlPe capture des scènes magiques où règnent à la fois calme et intensité. Plus que des images, elle cherche à nous transmettre ses émotions, sa passion.

 

Nous vous laissons découvrir son parcours et sa vision de la photographie à travers cette interview exclusive !

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Gates of Heaven © Ambre de l’AlPe

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

C’est peu, quelques mots… d’autant plus que j’ai l’habitude de m’étaler !

Je suis née à Strasbourg il y a ¼ de siècle, et j’ai longtemps grandi en ville, ne m’évadant que pendant les vacances. Depuis toute petite, les montagnes sont mon terrain de jeu estival et je campe chaque été quelques semaines avec ma mère. Avant dix ans, j’ai mon premier appareil argentique, et grave avec parcimonie quelques instants importants sur la pellicule. Les paysages ont déjà ma préférence. D’autant plus quand, adolescente, je me mets à l’alpinisme et ai l’occasion de découvrir des paysages de plus en plus magiques. J’achèterai au collège un compact numérique, puis au lycée enfin un reflex.

En 2010, j’obtiens un bac S et m’oriente vers la fac de médecine. C’était sans compter l’assertion d’Henry David Thoreau, qui bien vite se vérifie : « Si une plante ne peut vivre selon sa nature, elle dépérit ; un homme de même. » À chaque occasion je m’échappe. Mes randonnées et bivouacs se multiplient. J’ai la chance d’avoir obtenu une bourse au mérite suite au bac et utilise ces quelques sous pour sauter sur des occasions de voyages. J’abandonne la fac en 2012, et me lance en tant que photographe autodidacte. Des activités saisonnières complètent cette ébauche abstraite de ‘vie d’artiste’.

Au printemps dernier, en 2016, je termine une formation d’Accompagnatrice en Montagne et organise maintenant des randonnées et stages photo. Toujours en quête de cohérence, j’essaye de tracer ma vie suivant une sorte de logique et d’éthique qui concorde avec le respect de la Nature dont je vise à illustrer la majesté. Je me suis pour l’instant éloignée des villes et rapprochée des Alpes : j’habite maintenant avec un groupe d’amis sur une colline boisée de la Drôme, non loin du Vercors. Les montagnes restent un fil conducteur dans mes travaux et expérimentations : comment mieux garder les pieds sur Terre en ayant la tête dans les nuages ?…

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Built to Fall © Ambre de l’AlPe

Si vous deviez choisir trois mots pour décrire votre univers, quels seraient-ils ?

C’est peu aussi, trois mots. Disons, parmi tant d’autres qui se présentent… : Intense, Naturel, Fascinant.

Intense parce qu’il semblerait que j’ai une tendance récurrente à ressentir beaucoup de choses de façon particulièrement profonde. Je peux en faire abstraction, mais me rends compte que c’est dans cette intensité que je me retrouve le mieux, en général. C’est une sorte de ligne de mire fluctuante entre enthousiasme enchanté et désolation farouche ; qui tend à s’exprimer tant en mots qu’en images. (Mais même dans les photos les plus sombres, il y a toujours un coin de lumière, d’optimisme, d’espoir.) Il me manque sans doute beaucoup de termes pour exprimer ce que j’aimerais partager ; et les images étant un langage universel… la photo était une des évidences.

Naturel car c’est vers la Nature que je me suis tournée. Après avoir passé longtemps – bien trop longtemps – enfermée en ville en appartement, je tends maintenant à habiter davantage dans une cabane dans un coin de forêt qu’entre les immeubles bétonnés ; et c’est de loin les paysages vierges d’empreinte humaine qui me transcendent le plus. Naturel aussi car je préfère être moi-même et tenter de le rester, être cohérente, éviter au maximum les compromis ou les apparences artificielles. J’aimerais être acceptée en tant que ce que je suis sans avoir à me cacher derrière une façade simulée ou faire semblant.

Fascinant car les merveilles de cette Terre savent m’épater chaque jour. De même parfois les émotions qu’elles provoquent en moi et que je soupçonne d’engendrer chez beaucoup d’autres.

J’aurais pu mettre simplement « Vivant ». D’ailleurs, ce mot-là regrouperait le sens des trois autres… !

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Révision de Classique © Ambre de l’AlPe

Vous avez l’air de beaucoup aimer écrire, il y a toujours de longues descriptions qui accompagnent vos photos… pourriez-vous nous en dire plus sur le rapport mot-image que vous entretenez ?

Pour moi, l’écriture va spontanément avec les images. Ce ne sont pas que des descriptions matérielles mais aussi des réflexions, des points de vue, digressions, évasions… Des petits bouts de ce que je pense et vis… Comme une sorte de journal de bord sans nécessité de voyage lointain. Davantage que des photos, c’est désormais un ensemble, différentes facettes d’un même univers, que j’aime partager. Dans ma façon de voir, les diverses formes d’“art” – la photographie, l’écriture, mais aussi le dessin, la musique etc. – sont autant de moyens d’expression pour parfois dire la même chose. Chacun sera plus sensible à un style ou une association ; parfois avec un peu de chance c’est l’ensemble qui fera écho…

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A mes Anges Gardiens • Les Etoiles Filantes © Ambre de l’AlPe

Quel est votre rapport à la retouche ?

Maintenant j’aime mieux parler de « traitement » (post-traitement, post-processing) que de retouche : sauf exceptions, je ne modifie pas la scène existante (ni éléments, ni couleurs). Quand je parle d’exceptions, c’est pour supprimer un élément gênant : un pylône, un personnage au loin, une traînée d’avion, une herbe qui gêne la composition… (et l’éternelle collection de taches qui constelle mon capteur.) Ce que je ne fais quasiment plus. Plus le temps passe, plus j’essaye de me rapprocher du rendu final, de quelque chose de naturel dès la prise de vue. Il y a par contre beaucoup de réglages (en particulier sur la balance des blancs et les contrastes) qui tentent de rapprocher l’image non seulement de ce que je vois, mais aussi de ce que je ressens.

Mon action se rapproche désormais d’une sorte de ‘développement’ en version numérique. Je tente d’équilibrer le rendu au niveau global ; puis traite contraste et luminosité par zones pour orienter parfois le regard vers ce que je considère comme des points « clef », pour faire ressortir et accentuer certains secteurs…
Au delà, on peut obtenir des choses magnifiques mais pour moi ce n’est plus vraiment de la photo, plutôt du graphisme… C’est beau aussi ; simplement différent.

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Dream Painter © Ambre de l’AlPe

Votre matériel/logiciels ?

En boîtier, j’ai le Canon 5D Mark III. Après avoir commencé en Nikon, j’ai opté pour Canon pour de simples raisons de praticité : les amis avec qui je faisais le plus de sorties utilisaient cette marque et c’était bien plus simple pour s’échanger du matériel. Certaines images que je vous ai transmises sont réalisées avec le 5D Mark II (voire avec le 6D que l’on m’a prêté lorsque mon appareil a été en réparation).

La plupart de mes photographies de paysages sont réalisées avec le 17-40. J’utilise sinon de plus en plus le 85 f/1.8, en paysages et en portraits, ainsi que le 150-600 de Sigma. Pour les photos de nuit, je me suis tournée vers le 14mm Samyang (f/2.8).

En matière de traitement, j’utilise dans un premier temps DPP « Digital Photo Professional », où je peux retrouver les réglages effectués lors de la prise de vue ; puis au besoin Photoshop. J’espère d’ici peu passer à Lightroom, qui me semble très agréable d’utilisation et sur lequel les gens ont mois d’a priori.

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Requiem for a Dream © Ambre de l’AlPe

Autre chose à nous dire ?

J’aimerais partager un bout de texte qui semble assez représentatif de ma façon d’être et de voir :

La Nature et les Montagnes en particulier sont bien davantage qu’une source d’inspiration, un décor « joli » dont il serait appréciable de ramener quelques cartes postales ou de quoi refaire le papier peint. S’imprégner des lieux, en faire partie, y passer du temps, des moments forts –agréables ou rudes, souvent les deux- est devenu nécessaire. Un besoin viscéral. Une parenthèse de vie qui en constitue en fait l’essence, le carburant pour tenir le reste du temps ; comme si le reste brodait simplement autour de ces moments clés de quoi les attendre. Une sorte de calendrier de l’avant mouvant et annuel.

« Monter pour photographier ou grimper pour vivre plus intensément avec l’excuse de ramener quelques images…? » La photo est revenue le parfait prétexte, la justification de la fuite, le moteur à mettre en branle pour commencer le voyage. Le moyen de décamper pour aller poser la tente ailleurs, histoire de tenter quelque chose.

C’est sans doute cette association des deux qui désormais constitue une bonne partie du noyau autour duquel gravite ma Vie.

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Raison d’Être © Ambre de l’AlPe

Peut-être que je me suis tournée vers le partage de photographies pour sensibiliser les gens à la beauté du Monde et inciter à respecter et se rapprocher de cette dame nature si incroyable, ce « grand dehors » qui intimide et dont la société souvent nous éloigne de plus en plus. Bref, prenons soin de nous et du monde…

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The Sun is Dying © Ambre de l’AlPe
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Echo © Ambre de l’AlPe
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Gaïa’s Majesty © Ambre de l’AlPe
Ambre de l’AlPe
Portrait de la photographe Ambre de l’AlPe

Retrouvez l’ensemble du travail d’Ambre de l’AlPe sur son site, son blog et n’hésitez pas à la suivre sur Facebook et 500px !

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