Le photographe italien Cristiano Volk illustre de façon troublante les effets pervers du capitalisme sur les comportements humains. À travers sa série de photographies satiriques « Laissez-faire », il expose les symboles de notre société consumériste dans un univers dystopique et menaçant à l’influence cyberpunk. Décrite par Cristiano comme « une hallucination unique aux teintes de néon », son œuvre dénonce l’impact de la technologie et du capitalisme sur notre façon de vivre.

La folie consumériste du monde
©Cristiano Volk

Un photographe reporter engagé

Vivant à Venise, Cristiano Volk a effectué une partie de ses études au Spazio Labo’ de Bologne. Il a ensuite travaillé avec des artistes tels que Federico Clavarino et Massimo Mastrorillo à l’Académie D.O.O.R. Ses projets font souvent l’objet de satires autour de divers thèmes sociauxpolitiques et culturels. Le sujet de l’aliénation des êtres humains se retrouve souvent au cœur de ses œuvres. Il pousse sa réflexion plus particulièrement sur la relation que l’homme entretient avec l’espace géographique et culturel dans lequel il vit.

La folie consumériste du monde
©Cristiano Volk

Une vie passée derrière les écrans

À travers ses photographies satiriques, le regard critique de Cristiano témoigne d’une volonté de nous confronter à notre propre réalité. Il nous montre de quelle manière la technologie et le capital se sont liés pour changer notre perception du monde. Profondément ancrée dans nos vies, la technologie a bousculé nos habitudes, façonnant notre existence terrestre. Elle est même parvenue à briser tous nos repères en termes d’espace et de temps en s’immisçant dans chaque sphère de nos vies : jour et nuit, intérieure et extérieureprivée et publiquepersonnelle et professionnelle. Ainsi, il illustre la façon dont notre société est amenée à désirer ce qui n’est qu’à la surface des choses.

Les photographies satiriques de Cristiano exposent parfaitement la dépendance numérique des individus ; connectés à leur téléphone mais déconnectés du monde qui les entoure. Il tente de démontrer la façon dont ces personnes concentrent leur regard vers l’intérieur, inconsciente du monde extérieur. Ses images ont été capturées entre 2018 et 2020 dans de nombreux pays ; les Émirats arabes unis, les États-Unis, la France, l’Allemagne, l’Autriche, l’Angleterre, la République tchèque, la Pologne, l’Espagne et la Croatie.

La folie consumériste du monde
©Cristiano Volk

La vie électronique qui pulse dans la ville n’est ni plus ni moins que nos propres désirs projetés vers nous-même, nous tenant sous le charme du plus captivant des cauchemars.

Eugenie Shinkle – autrice des écrits de l’œuvre « Laissez-faire »

La métaphore de la « main invisible »

S’inspirant de la métaphore énoncée par l’économiste Adam Smith, il choisit le titre « Laissez-faire » pour représenter son œuvre. Selon cette théorie, l’action égoïste d’un individu pour la quête de son propre bonheur suffit à garantir la prospérité économique de toute la société. Les photographies satiriques de Cristiano nous démontrent que même si l’idéologie de Smith date du XVIIIe siècle ; elle semble pourtant toujours ancrée dans notre société actuelle.

La folie consumériste du monde
©Cristiano Volk

Au lieu de la liberté, le capital – et les formes de marchandises à travers lesquelles il circule – est devenu un moyen de distraire et d’enivrer, de créer des désirs insatisfaisants et de transformer la nature du bonheur lui-même d’une qualité existentielle en une qualité transactionnelle.

Eugenie Shinkle – autrice des écrits de l’œuvre « Laissez-faire »

La ville, au cœur des nouvelles technologies optiques

Ses photographes dépeignent la ville comme étant le théâtre d’un flux d’images ininterrompu, où la frontière entre les hommes et la technologie s’efface progressivement. À travers ses photos de nuit et ses paysages urbains, il semble que les notions de « réel » et de « virtuel » se confondent.

Les câbles, les nœuds et les réseaux qui relient notre monde ressemblent aux veines et aux artères d’un corps cyborg collectif, où l’expérience humaine – nos vies, nos actions, nos soi-disant libertés – est transformée en données et exploitée pour le profit.

Eugenie Shinkle – autrice des écrits de l’œuvre « Laissez-faire »

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Le style des photographies satiriques de Cristiano

Le photographe utilise des couleurs vives et des lignes chaotiques pour illustrer la distance qui nous éloigne de la réalité et de nous-mêmes. La palette chromatique et les choix structurels de l’artiste font écho au contexte socioculturel auquel nous sommes tous confrontés. En effet, il peut sembler que ses photographies sont futuristes, mais l’auteur nous fait comprendre qu’il s’agit de notre présent. Les images baignées de couleurs et de néons semblent menaçantes, comme si elles reflétaient un avenir incertain.

Imaginez l’aliénation collective de milliards de sujets joints dont le seul but est d’agir comme véhicules pour l’échange de marchandises. Cela peut sembler un avenir dystopique, mais c’est notre présent.

Eugenie Shinkle – autrice des écrits de l’œuvre « Laissez-faire »

Cette œuvre a remporté de nombreuses récompenses comme le prix Levallois. Elle a également été sélectionnée parmi les lauréats de l’appel New Visions de Cortona on the Move et du Helsinki Photo Festival. Edité par FW, le livre photo « Laissez-faire » de 216 pages et disponible à l’achat.

La folie consumériste du monde
©Cristiano Volk

Cristiano Volk Site – Instagram

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