La street photography selon le photographe Grégoire Huret c’est avant tout capturer l’instant et retranscrire l’authenticité des scènes qui se présentent à lui afin d’en transmettre l’émotion. S’il nous raconte bien des histoire à travers ses photos, cette philosophie qui le guide l’amène à ne pas mettre en scène les sujets de ses clichés. Passionné d’argentique et utilisant essentiellement des films noir et blanc il se sert du grain et des contrastes pour parvenir à ses fins.
Rencontre et discussion avec l’artiste !

- Pourriez-vous vous présenter ; comment avez-vous commencé la photographie ?
Je m’appelle Grégoire Huret, j’ai 32 ans et je vis à Paris. Je prends des photos de gens ou de situations, dans la rue dès que je peux… J’ai travaillé 8 ans en tant que consultant en programmation architecturale pour une grande société d’ingénierie du bâtiment à Paris. Courant 2016 j’ai décidé de tout arrêter et de me lancer dans un nouveau défi plus excitant !
J’ai toujours baigné dans la photographie de par mon père, c’est d’ailleurs lui qui m’a transmis le virus en me donnant son 1er appareil compact, un petit Rollei 35 SE. Entre temps le numérique est passé par là, et c’est en 2013 lors de mon 1er voyage à New York que j’ai eu le déclic. Ma passion pour la photographie de rue et la photographie argentique a réellement débuté à cet instant.
- Qu’est-ce qui vous pousse à shooter en argentique ?
Lors de mon premier voyage à New-York justement, j’avais décidé d’alterner mes prises de vue, un jour/un appareil. Shooter avec le Rollei avait quelque chose d’incertain qui me poussait à aller plus loin dans mes prises de vues. J’aime le grain de l’argentique, j’aime également la démarche lente de la prise de vue avec ce genre d’appareils, du coup je dois shooter 90% de film et le reste du temps un peu de numérique.
- Comment décririez-vous votre travail ?
Ce que j’aime c’est prendre des photos sur le vif. Ma seule obsession est que leur lecture soient évidente et qu’elle suscite de l’émotion, peu importe qu’elle soit positive ou négative. Je suis à 100% dans le concret. Mes photos ne sont pas conceptuelles, elle n’ont pas de prétention poétique ; au contraire, je les souhaites accessibles pour tout le monde. Ce que j’aime c’est raconter des histoires à travers les clichés : je suis capable de raconter tout ce qui c’est passé, avant, pendant et après chacune de mes photos !
Malgré tout ce que je lis ou je vois autour de la photographie, mes plus grandes émotions restent provoquées par les photos de Garry Winogrand. J’aime sa simplicité, tout est clair et limpide. Il donne à voir et après chacun se fait son film dans sa tête… Et bien sûr, par dessus tout, elles sont d’une beauté qui me touche beaucoup.
- On sait que la street photography c’est beaucoup d’imprévu et de rencontres, vous avez surement des anecdotes qui vous viennent à l’esprit concernant ces photos que vous nous présentez ?
J’ai des anecdotes sur chacune, mais celle qui me vient directement à l’esprit c’est le portrait d’un punk, place de la République à Paris. Il venait pour me taxer une pièce ou une clope, du coup j’en ai profité pour lui proposer un échange. Il a été adorable, il a tout de suite été emballé par l’idée que je le prenne en photo. Il me parlait de son chien, et que peut être il pourrait mettre la photo sur son Facebook.
Je n’ai pas vraiment de règle quand je prends une photo, souvent je ne demande pas. Quand je sens que ça va être compliqué je peux demander mais il est fréquent que je me fasse rembarrer. Ce que j’ai appris c’est que ce n’est pas forcément les gens auxquels on pense qui sont les plus retissant. Apres j’ai plein d’histoires de gens mécontent mais on apprend à faire la part des choses.
- Quel matériel utilisez-vous principalement pour réaliser vos photos ?
J’ai toujours le petit Rollei 35 SE de mon père, il est toujours chargé. Depuis je me suis fait la main sur un Olympus OM1, puis avec un Contax RTS et son 35mm Zeiss, quelques compacts AF (très pratiques en soirée ou dans le métro) et puis on m’a offert un Leica M6 qui ne me quitte plus. Enfin, en discutant autour de moi, je me suis décidé à développer moi-même mes pellicules, ce qui constitue une avancée supplémentaire dans mon « voyage » argentique.
- Avez-vous des projets pour le futur ?
En 2017 je m’étais fixé comme objectif de montrer mes photos, et pas seulement aux amis. Alors j’ai réalisé ma première exposition. En 2018 je souhaite réitérer l’expérience avec un peu plus de contenu et de savoir-faire. Je suis actuellement en train de démarcher des lieux pour exposer. Aussi j’aimerais bien faire un livre mais c’est davantage un projet à long terme.

Grégoire Huret : Site Instagram Facebook Tumblr
À LIRE AUSSI :
- Cyrille Druart photographie le monde en noir et blanc
- « Lueurs cendrées », l’œuvre mélancolique au grain serré de Romann Ramshorn
- L’argentique haut en couleur par Maxime Visticot
- Conseil photo – Se lancer dans l’argentique