LES WRIGGLES - POCHETTE DE L’ALBUM « QUATRE ÉTOILES » par PIDZ

Rencontrez Pidz, photographe de l'équipe à Lille

Photographe freelance professionnel depuis 1995, Pidz est "l'antenne lilloise" de Graine de Photographe (comme il aime s'appeler). Il a d'ailleurs rejoint les rangs de notre équipe dès notre arrivée en 2014 à Lille.

Pidz est notamment spécialiste de la photographie de spectacle (concert, théâtre, danse) et par extension, des prises de vues en lumières difficiles. Sa passion pour l'échange et la transmission n'a d'égal que sa bonne humeur. Certains d'entre-vous ont eu l'opportunité de le rencontrer lors de l'un des nombreux cours photo à Lille qu'il a animé, ou peut-être de le croiser sur notre stand lors du Salon de la Photo. Pour celles et ceux qui n'ont pas eu cette chance, nous avons eu envie que vous puissiez le découvrir à travers ce portrait-interview !

Qu’est ce qui t'a amené à la photo ?

Le hasard ! Adolescent, je vivais à Annecy et j’ai passé une journée de ski de rêve (potes / soleil / poudreuse) sous l’objectif d’un photographe pro qui avait besoin de jeunes pour faire quelques photos de ski pour une agence. Ma rencontre avec la photo s’est faite comme ça. Avant même l’envie ou la passion, j’ai vu un métier. Et les arguments de ce métier étaient très tentants avec notamment une liberté incroyable ! On peut travailler dehors, skier toute la journée (c’était un peu mon obsession du moment !), changer de lieu, d’interlocuteur, de sujet, au fil des commandes, etc. Moi qui redoutait une vie professionnelle routinière et monotone, ça me semblait tout indiqué. Ça m’a travaillé en bruit de fond pendant 2 ou 3 ans. Jusqu’à ce que je récupère un vieux boitier de mon grand père, un Voïglander VitoB - non reflex- un véritable enfer pour débutant qui n’y connait strictement rien (*smiley qui panique* 😱 ).

Jain - Souldier Tour - Zenith Arena Lille par Pidz
Jain - Zenith Arena Lille © Pidz

À la récupération de ma première pellicule (ratée évidemment), la magie est montée d’un coup, comme un barrage qui cède ! J’ai passé un été à bosser pour m’acheter mon premier Nikon, un FE2 (qui trône toujours sur mon bureau), et après mon bac j’ai quitté les Alpes et suis parti à Toulouse pour passer 3 ans à l’ETPA, une école de photo.

Qu’est ce que tu préfères en photo ?

Euh … la photo ? (*smiley crétin*). Je suis passionné par l’image et comme j’ai conservé mon aversion pour la routine, je suis surtout heureux d’avoir trouvé LE métier qui me permet de changer de métier à chaque fois. Par exemple en ce moment je travaille pour un office de tourisme, un groupe de chanson, un festival de cinéma, une société de conseil en solutions bureautique, un magazine musical, Graine de photographe, une société de productions audiovisuelles, une école de cinéma, un centre ressource du développement durable… Mes journées sont toutes différentes et c’est exactement ce dont je rêvais. Passer du reportage au studio, de l’intérieur à l’extérieur, c’est génial ! Dans la même logique, j’aime faire des photos dans des conditions nouvelles, « sortir de ma zone de confort » comme on dit. C’est évidemment une pression supplémentaire, mais ça oblige à se renouveler et à découvrir de nouvelles choses.

LES WRIGGLES - POCHETTE DE L’ALBUM « QUATRE ÉTOILES » par PIDZ
LES WRIGGLES - POCHETTE DE L’ALBUM « QUATRE ÉTOILES » © PIDZ

Au delà de mon travail, je suis évidemment sensible aux lumières dans les images des autres, mais je remarque que je suis surtout touché par les photos graphiques, qui montrent peu et sont composées avec précision. Par exemple le travail de Fan HO (que j’ai découvert récemment, honte sur moi !) me fascine.

Est-ce que tu as un projet photo perso en cours ?

Je viens de trouver un adaptateur qui me permet de monter les objectifs de mon Pentacon SIX des années 60 sur mes boitiers numériques, alors en ce moment je joue au portrait avec le rendu un peu old school de ces vieilles optiques. La photo de nuit en pose longue hors milieu urbain est aussi un sujet que j’aime traiter. Les séances de nuit sont un peu spéciales, avec le silence, la solitude, l’attente. J’ai l’impression que cette ambiance calme se retrouve sur les photos. Je ne pense pas que cela deviendra une série en tant que telle, je fais ces photos pour moi, par pur plaisir, ça me « nettoie les yeux ». Il y a quelques années je ne faisais plus que de la photo pour mes clients et je me suis un peu perdu, je n’avais plus trop le goût de l’image. Je me suis secoué pour reprendre l’appareil photo par plaisir et c’est revenu - heureusement pour moi avec la photo de nuit. Aujourd’hui j’ai besoin de faire régulièrement des photos perso, sans but. Un peu comme un musicien pro qui se mettrait au piano juste pour le plaisir, sans autre intention que d’en « jouer » au sens premier du terme.

Piscine du plat Gousset à Granville par le photographe Pidz
PISCINE DU PLAT GOUSSET - GRANVILLE © PIDZ

Quel matériel préfères-tu utiliser ?

Ce n’est pas pour botter en touche, mais tout ce qui permet de faire de la photo m’intéresse. Le smartphone, évidemment, comme appareil du quotidien, « bloc notes » de l’instantané facile à dégainer. J’ai la chance d’avoir pas mal de matériel à disposition : du 24x36 numérique ou argentique, du 6x6 et je dois même avoir un sténopé maison qui traine quelque part.
En réalité c’est un peu comme en bricolage. Le seul bon outil est celui dont tu as besoin pour ton projet ! Mais j’avoue toutefois faire assez peu d’argentique car une partie du processus m’échappe lorsque je confie mon film au labo (même si j’ai toute confiance, coucou Papier Filtre !) et ça me frustre un peu. J’aimais bien tout faire de bout en bout, de la prise de vue au tirage final lorsque j’avais mon labo à demeure. Aujourd’hui c’est le numérique qui nous permet de suivre facilement l’intégralité de la chaîne (et sans barricader la salle de bains familiale) alors je suis plutôt utilisateur de la photo digitale.

Quels sont tes spots photo préférés à Lille ? Est-ce que tu as des endroits un peu cachés à nous présenter ?

Les endroits cachés sont… cachés, un point c’est tout ! :) Sur Lille intra-muros, ce n'est pas très original mais j’adore la Vieille Bourse. Le mélange de touristes, bouquinistes, affichistes, flâneurs et joueurs d’échecs est propice à faire chaque fois des photos différentes dans un décor unique. Un peu plus excentré et plus confidentiel le Jardin des Géants, derrière la gare Lille-Europe, est un parc très original avec des points d’eau, des ponts, des allées, des sculptures inattendues et des perspectives dans tous les sens. Le lieu se suffit à lui même mais c’est aussi un très beau décor pour des portraits. En dehors de Lille mais à un jet de pierre, l’agglomération de Lens est un formidable terrain de jeu photographique : les terrils, les chevalements, le Louvre-Lens sont autant de sujets qui se prêtent aux images fortes*. La ville d’Arras avec ses 2 places à l’architecture sublime n’est pas en reste non plus. Et puis, même si le ciel est souvent bas, nous avons ici des lumières assez dingues qui te permettent des photos réussies même sur un sujet moyen !

Le Jardin des Géants à Lille, photo de Pidz
LE JARDIN DES GÉANTS - LILLE © PIDZ

Comment as-tu connu Graine de Photographe ?

Je ne connaissais pas Graine de photographe, c’est Graine qui me connaissait ! :D Sérieusement, lorsque Graine de Photographe a voulu ouvrir une antenne lilloise, ils ont cherché des photographes locaux. Mon nom est sorti du chapeau, comme par magie. Ils m’ont pris pour un lapin sans doute ! ( magie + chapeau + lapin … tu l’as ?).

Qu’est ce que tu préfères enseigner chez Graine ? Pourquoi ?

Pour commencer, j’aime bien parler photo. Donc la transmettre est un vrai plaisir. Dans le détail, j’aime bien le cours photo de nuit parce que c’est une de mes pratiques fétiches, une de celles que je fais par plaisir. Mais les cours vitesse et mouvement et profondeur de champ sont très excitants car ce sont les premiers à faire sauter les verrous techniques. Ils ouvrent la voie à la créativité photographique. Quand un stagiaire réagit parce-qu’il vient de comprendre un truc, c’est génial ! Tu as l’impression que tout un monde s’ouvre devant lui, j’adore !

As-tu une anecdote de cours avec Graine à raconter ?

Un homme avait offert un cours à sa femme parce qu’il trouvait qu’elle prenait trop de temps pour faire ses photos (ils randonnaient beaucoup et lui attendait pendant qu’elle photographiait). Après le cours, la femme en question m’envoyait un message amusé, me disant qu’elle avait mis une heure et demie pour parcourir les 500 mètres nécessaires pour rentrer chez elle, car elle avait photographié tout ce qui lui passait sous l’objectif, heureuse d’avoir découvert de nouvelles choses ! L’intention de son mari était bonne, mais totalement contre productive ! :)
J’ai aussi eu un père qui avait offert un appareil et un cours photo à son ado et qui l’accompagnait sur un cours profondeur de champ avec un seul boitier pour tous les deux. Comme une suite logique, ils s’inscrivent au cours vitesse et mouvement suivant. Je les vois alors arriver avec un appareil chacun. Le père, qui semblait avoir suivi le premier cours d’une oreille distraite, avait été mordu par le virus de la photo et il s’était offert un boitier !

Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui débute ?

Une fois que tu penses avoir fait trop de photos, continue ! :D (j’ai été très bavard sur les réponses précédentes, je termine court)

*un week-end photo dans le bassin minier est dans les tuyaux, on vous en dit plus bientôt ! :)

LE LOUVRE LENS par PIDZ
LE LOUVRE LENS © PIDZ

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La vie des autres, le premier livre photo de Fabien Voileau

La Vie des Autres, le premier livre de Fabien Voileau

Photographe infatigable et coup de coeur incontesté de la rédaction, le talentueux Fabien Voileau est sur le point de sortir son tout premier livre photo : La Vie des Autres !

La vie des autres, le premier livre photo de Fabien Voileau
La Vie des Autres, le premier livre photo de Fabien Voileau

Travail de longue haleine, La Vie des Autres regroupe 5 ans de photographies réalisées autour de monde entre océan et urbanité. Savant dialogue poétique de streetphotography et de photo de surf, ce premier ouvrage présente 80 images couchées sur papier mat de 135 grammes, le tout imprimé en France.

La vie des autres, le premier livre photo de Fabien Voileau
© Fabien Voileau

Ce « récit visuel personnel, esthétique et poétique qui raconte la synergie entre l’homme et les éléments » comme le décrit Fabien est d’ores et déjà en précommande sur Kiss Kiss Bank Bank ; et ce, avec la promesse d’être livré avant les fêtes de fin d’année.

Fabien Voileau – Site– Instagram 

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Desserts et Glaces à la Sorbetière aux éditions Solar, Louis Dubois et Ilan Dehé

Glaces et sorbets par Ilan Dehé

Les beaux jours sont enfin là ! Et avec eux, la chaleur… et les envies de glaces. À l’occasion de la sortie du livre Desserts et Glaces à la Sorbetière aux éditions Solar, nous avons discuté de l’expérience particulière qu’est de shooter les photos d’un tel livre avec notre photographe niçois préféré, Ilan Dehé.

Sorbet fraise sans sucre – © Ilan Dehé

Comment as tu été approché par Solar Editions ?

Je travaille avec Solar Editions depuis maintenant 3 ans, sur des projets de livres et d’agendas pour l’Atelier de Roxane. Il s’agit essentiellement de portraits car c’est ma spécialité depuis 5-6 ans. Didier, l’éditeur, a monté ce projet avec Louis Dubois qui est installé à Nice. Il a alors naturellement pensé à moi qui vit aussi à Nice. Il m’a demandé si j’avais déjà fait de la photo culinaire et si ça pouvait m’intéresser. J’avais effectivement travaillé pour quelques restaurants et épiceries fines, mais je n’avais rien fait de significatifs. Encore moins de glace ! Mais j’étais très enthousiaste à l’idée de tenter l’aventure. Didier, et j’en profite pour le remercier à nouveau, m’a fait confiance pour réaliser les photos de ce livre.

 

Sorbet Mojito – © Ilan Dehé

Peux-tu nous en dire plus sur le chef, Louis Dubois ?

Louis Dubois est un chef pâtissier qui a travaillé dans des établissements d’excellence, en France et à l’étranger. Il a ensuite décidé de proposer directement ses glaces et desserts en ouvrant une boutique dans le vieux Nice. Ses glaces et ses desserts sont absolument sublimes ! Il a donc été approché pour partager et rendre accessible ses recettes.

 

Pêche de mon souvenir du Ritz – © Ilan Dehé

Comment s’est déroulée la partie prises de vues ? Est ce que tu as eu des directives particulières de la part du chef ?

C’était intense ! Assurer les photos d’un livre culinaire n’est pas une mince affaire. J’avais eu un briefe de Solar, je m’étais bien préparé, le chef aussi. On était aussi accompagné de Maéva Gailhac-Verpeaux qui est une excellente styliste ayant déjà travaillé sur des projets culinaires d’envergure similaire. En plus, j’ai l’habitude de travailler avec elle et nous savons que nous formons un bon duo.

On a rencontré Louis, le chef, qui fait un travail incroyable. Le trio était ainsi formé. On était tous les 3 hyper motivés par le projet et chacun à fond dans nos domaines. On a simplement travaillé ensemble et mis nos compétences au service des autres pour le livre. Chacun a apporté sa pierre à l’édifice afin de faire du produit la star de l’ouvrage. Louis avait toujours de bonnes idées car il connait ses glaces et desserts sur le bout des doigts.
Finalement, on a bloqué une semaine complète avec une amplitude horaire élargie, le tout dans une ambiance excellente pour shooter les glaces ! Et parfois pour en gouter… bon ok, quasi à chaque fois (rires)

 

Nougat Glacé – © Ilan Dehé

Qu’est ce que tu aimes dans la photo culinaire ?

La photo culinaire, à ce niveau là, était pour moi une découverte. J’ai adoré travailler ma lumière de manière aussi fine et précise. C’était génial de relever ces défis créatifs ; de chercher à créer des ambiances de lumières mettant en valeur le produit tout en correspondant aussi à la recette présentée. Ensuite, c’était super de travailler en équipe avec un chef aussi talentueux et aussi généreux que Louis et avec Maéva qui, sur chaque shoot qu’on partage ensemble, est surprenante de créativité. Elle vient compléter et sublimer mon travail pour le rendre tout simplement meilleur ! Et puis, entre 2 photos, faut pas laisser la glace fondre ou le produit se perdre… donc c’est sympa aussi pour un gourmand comme moi de déguster.

Le photographe Ilan Dehé
Le photographe Ilan Dehé

Ilan Dehé : Instagram

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Fireworks par Ja Shang Tang

Feux d’artifices, mémoire de Ja Shang Tang

Le photographe Taïwanais Ja Shag Tang capture la poésie des feux d’artifices, symbole des souvenirs qui jaillissent.

Né à Taipei sur l’île de Taïwan, Ja Shang Tang est graphic designer. C’est il y a 4 ans seulement qu’il fait l’acquisition de son premier appareil photo numérique, un Canon 60D : « A cette époque, je prenais simplement des photos. Depuis mon père est tombé sérieusement malade, j’ai alors commencé à dialoguer avec moi-même à travers mes photos qui sont devenu mon exutoire ».

C’est en s’amusant entre amis avec des feux d’artifices que les souvenirs revirent à Ja Shang. Comme une madeleine de Proust, il se rappelle alors les premiers feux d’artifices auxquels il assiste enfant avec son père. Les premiers clichés réalisés et triés, il décide naturellement d’en faire une série à part entière.

© Ja-ShangTang

Ephémères et éclatant au coeur de la nuit, les feux d’artifice sont donc au centre de ce magnifique projet. Ils y représentent non seulement le temps qui s’écoule mais aussi la mémoire d’où les souvenirs jaillissent : « ils symbolisent le concept de temps, ces moments de flottement comme la perte de temps, le changement ou la disparition des gens et choses autour de nous. C’est alors que nous essayons de nous construire des images pour geler ce temps qui file, pour nous rappeler certains souvenirs oubliés ».

© Ja-ShangTang

Si Ja Shang fait ses premiers pas photographiques équipé d’un appareil photo numérique, il s’est rapidement orienté vers l’argentique

Reconnaissant la commodité offerte par le numérique, il trouve à travers la photographie argentique un médium lui permettant de se concentrer davantage sur ses sujets que sur l’aspect technique.

© Ja-ShangTang

Également séduit par le rendu esthétique sur pellicule, il reconnait sa fascination «cela permet de restituer au mieux les couleurs, la lumière, les ombres ainsi que l’aspect unique des particules et la température de l’atmosphère. Et puis, chaque cliché a sa propre personnalité et sa propre saveur. C’est ce qui me fascine avec l’argentique ».

© Ja-ShangTang

Ja Shang Tang : Site – Instagram

 

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Reaching For Dawn, le somptueux livre d’Elliott Verdier

Talentueux photographe, dont nous vous présentions en 2018 la série A Shaded PathElliott Verdier revient pour nous plonger dans les souvenirs troubles du Libéria. De ses deux ans de reflexions, de rencontres et bien sûr de prises de vue, est né le livre Reaching for Dawn – publié aux éditions Dunes. Un ouvrage poignant et profondément émouvant que nous sommes heureux de vous présenter !

Reaching for Dawn © Elliott Verdier

Premier état du continent africain à obtenir son indépendance – des États-Unis – en 1847, le Libéria connait une terrible et sanglante guerre civile de 1989 à 2003. De ce traumatisme, le pays ne parle pas. À ce jour, mémoriaux et commémorations n’existent pas. C’est notamment ce silence qu’Elliott a souhaité mettre en image :

Lors d’un premier voyage sur place, où je ne faisais pas d’image, j’entendais régulièrement « la nuit » revenir dans la parole des Libérien.ne.s. La nuit, dans l’obscurité, seul.e avec ses pensées, le traumatisme semble surgir et devenir palpable. J’ai donc voulu donner corps à cette nuit noire, au mutisme étouffant, à travers des images monochromes très denses.

– Elliott Verdier

Reaching for Dawn © Elliott Verdier

L’ouvrage mêle avec brio photographies en couleurs et en noir et blanc. Bien plus qu’un simple choix esthétique, ce dialogue poétique transpire de symbolique. C’est à travers ce jeu que les portraits prennent leur pleine dimension, en miroir de ces non-dits et des blessures du passé.

Les noir et blanc sont des paysages ou des images contextuelles essentiellement inhabités, qui plantent le décor de portraits en couleurs. Ces derniers, sensiblement humains, paraissent alors surgir de cette nuit libérienne fantomatique.

– Elliott Verdier

Poétique, Reaching For Dawn, l’est également à travers les mots de l’artiste Gaël Faye et de Leymah Gbowee (activiste lauréate en 2011 du Prix Nobel de la Paix), qui préfacent et postfacent le livre.
C’est à l’occasion de son premier shooting photo pour le New York Times, en 2018, que le photographe rencontre le poète. Deux ans plus tard, il recontacte Gaël Faye qui accepte alors d’accompagner les images de sa prose.

On avait beaucoup échangé autour des questions du traumatisme et de la mémoire entre deux portraits. Nous avons des thématiques communes et je suis très sensible à sa poésie. J’espérais vraiment qu’il accepte, ce qu’il a fait ! Mais je voulais également une plume plus politique, plus aiguisée sur la situation du Libéria et son histoire ambiguë. J’ai naturellement pensé qu’il fallait un.e Libérien.ne, quelqu’un au plus proche de ce sujet. Qui de mieux que l’activiste Leymah Gbowee pour l’incarner ?

– Elliott Verdier

Reaching for Dawn © Elliott Verdier

Aux photographies argentiques, faites à la chambre 4×5, s’ajoutent des enregistrements audio réalisés en studio où l’on entend la voix de femmes et d’hommes, victimes ou bourreaux, narrant leurs destins abîmés.

Une chose qui restera surement, c’est cette sensation de percevoir la charge du passé sur le pays et ses habitants. Partout où je posais le regard, je voyais le chemin qui les avait menés jusqu’ici. Toute l’histoire. Elle avait comme fondu sur eux, de tout son poids. Il semblait guider leurs pas.

– Elliott Verdier

Reaching for Dawn © Elliott Verdier
Reaching for Dawn © Elliott Verdier
Le photographe Elliott Verdier
Le photographe Elliott Verdier

Elliott Verdier – Site – Instagram

 

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Eruption volcanique en Islande photographiée par Check My Dream

L’éruption volcanique en Islande vécue avec Check My Dream

Début 2021, une faille éruptive s’ouvre sur la péninsule de Reykjanes en Islande. Les images de cette nouvelle éruption volcanique font le tour du monde, d’autant que l’accès sécurisé au bord du volcan attire islandais et étrangers. Impossible alors pour le photographe globe-trotteur Check My Dream de résister à cette merveille de la nature. Embarquez survoler les rivières de lave et découvrez à travers son récit les techniques pour photographier une éruption volcanique !

Le contexte du projet

Depuis plusieurs semaines, les tremblements de terre se répètent quotidiennement laissant présager d’un réveil volcanique imminent. Le 19 mars 2021 au soir, la nouvelle tombe : sur la péninsule de Reykjanes à 40km au sud de Reykjavik, une fissure éruptive est apparue laissant entrevoir les premiers flots de lave. Rapidement je me projette et étudie la zone de l’éruption. Je veux connaître son accessibilité.
Ayant vécu les éruptions volcaniques d’Hawaï en 2018 et de l’île de la Réunion en 2016, j’ai conscience de l’importance de ces travaux préparatoires afin de profiter pleinement de ce phénomène. Faut-il marcher ? Si oui, dans quelles conditions ? L’accès est-il autorisé par les autorités ? Autant de questions trouvant rapidement une réponse grâce aux informations communiquées par les autorités, mais aussi et surtout grâce aux réseaux sociaux. Lorsqu’apparaissent les premiers selfies devant le volcan, vous comprenez non seulement que l’accès est autorisé, mais qu’il doit être en plus « relativement » simple.

Eruption volcanique en Islande photographiée par Check My Dream
© Check My Dream

L’accès au site de l’éruption volcanique

Les autorités islandaises gèrent l’accès au site de manière exemplaire. Ils ont non seulement mis en place très rapidement un balisage du sentier fraichement créé (cordes, panneaux), mais ils informent aussi quotidiennement sur les conditions météo et la distribution des gaz. Sur place, des équipes de secouristes veillent tous les jours et se relaient pour assurer la sécurité des visiteurs. L’accès se ainsi fait dans les meilleures conditions de sécurité possibles.

L’accès au site est également grandement facilité par la nature même de cette éruption volcanique ; les laves émises étant de type effusif et en petite quantité. Grands panaches de cendre et explosions font place aux jets et rivières de lave tentant de trouver leur chemin dans le paysage. Constant mais relativement faible, le débit de lave (allant de 5 à 7 m3/s) participe pour beaucoup à la mise en confiance des autorités et à leur capacité à ouvrir le site sereinement. On est donc loin de l’éruption de l’Eyjafjallajökull et de son pouvoir destructeur qui avait paralysé le trafic aérien. C‘est la première fois depuis des générations que les islandais eux-mêmes ne craignent pas le phénomène qui a pour ainsi dire « créé» leur pays.

 

Eruption volcanique en Islande photographiée par Check My Dream
© Check My Dream

Néanmoins, il ne faut pas oublier que l’hiver est encore bien présent en Islande au moment de ma visite. Régulièrement, il faut donc s’abriter le temps que les conditions soient plus clémentes, ne serait-ce que pour se rendre près du volcan. Une fois sur place, il n’y a pas le moindre arbre ou rocher pour se mettre à l’abri. On se retrouve alors à la merci des éléments.

Le projet 

La vidéo aérienne permettant davantage d’amplitude et de proximité (en comparaison à la photographie au sol), mais aussi car il est bien plus captivant de voir une éruption volcanique en temps réel qu’à travers une série d’images fixes, je décide donc d’articuler ce projet autour de la prise de vue aérienne au drone.
Bien que passant une grande partie de mon temps sur le site à voler, j’emporte selon l’humeur et mon ressenti mon reflex. Je me retrouve donc régulièrement tiraillé entre l’envie de faire de la photo ou du drone… Après tout, nous cherchons ces mêmes instants magiques et la lumière parfaite pour shooter.

Aujourd’hui et avec le recul, j’ai vécu des moments d’une rare intensité. C’est possiblement une de mes plus belles expériences de vie !

 

Eruption volcanique en Islande photographiée par Check My Dream
© Check My Dream

La technique photographique

C’est probablement un des phénomènes les plus challengeant qu’il m’ait été donné de photographier ! Aussi envoutant soit-il, cela reste de la photographie de paysage soumise aux mêmes « règles » de composition et de gestion de la lumière.

Gérer la lumière lors d’une éruption volcanique 

Il s’agit certainement de la composante la plus compliquée à gérer ! D’un côté, vous trouvez des roches volcaniques sombres au possible ; de l’autre de la roche en fusion extrêmement lumineuse. Gérer ces deux éléments simultanément (et sans bracketing) n’est possible que lors d’un laps de temps particulièrement court dans la journée. D’expérience, le meilleur moment survient peu après ou juste avant le lever de soleil, lors de l’heure bleue. À ce moment précis, la lumière résiduelle est encore suffisante pour éclairer la roche mais sans excès. Il est ainsi possible d’éviter les contrastes trop prononcés que nous pouvons retrouver en pleine journée.
Qui plus est, le choix du moment influe également sur la couleur de la lave. En journée, la lave aura tendance à tirer dans les teintes orangées. Cependant, une fois la lumière déclinante, celle-ci se fera de plus en plus rouge à mesure que l’obscurité s’installe.

 

Eruption volcanique en Islande photographiée par Check My Dream
© Check My Dream

La composition

Bien que le sujet soit particulièrement esthétique et prédominant, il n’est pas pour autant aisé de composer une photo le mettant en valeur. Souvent, vous vous retrouverez face à des murs de roches (les dernières coulées de lave) de plusieurs mètres d’épaisseur. Il s’agit alors d’une immense masse sombre sans ligne directrice permettant de lire l’image instinctivement. À de rares occasions (dont la cause m’est inconnue), la lave prend une forme et une viscosité particulière. Se créent alors ce qui pourrait s’apparenter à des plis plus communément appelés « lave Pahoehoe » (en référence à la première fois que ce mot fut utilisé à Hawaï pour caractériser ce type d’écoulement). Une fois le premier plan tant recherché trouvé et le sujet placé, il me fallait alors avoir la bonne lumière (à l’heure bleue donc). Parfois, certaines émanations de vapeur m’ont aidé à donner un côté plus dramatique à la photo.

Eruption volcanique en Islande photographiée par Check My Dream
© Check My Dream

Les conditions de photo sur le site de l’éruption

Et oui, ça serait trop simple sinon ! En Islande, la météo peut virer en quelque minute du beau temps à la tempête.
Bien que j’ai pris l’habitude de regarder systématiquement les prévisions avant de partir, une fois sur le terrain, je me suis trouvé nombre de fois dans la tourmente. Ce n’est pas tant la pluie que j’évite à tout prix. Mais pour faire décoller le drone, c’est le vent, souvent terrible, qui me pose problème. Si bien que le drone a très peu volé par temps calme.

L’autre aspect est le volcan en lui-même (ou plutôt la fissure éruptive), extrêmement chaud ! Avant même de partir, j’ai fait l’acquisition d’un deuxième drone (DJI Phantom 3 Advanced) par sécurité et aussi pour me donner plus de liberté d’entreprendre des shoots davantage ambitieux.
Je peux le dire, j’ai poussé le drone dans ses derniers retranchements ! Il a littéralement passé des heures à se faire irradier sans sourcilier ou presque. J’ai volontairement pris un drone « ancienne génération » dont les plastiques sont bien plus épais et donc résistants que les derniers qui me font penser à des avions en papier. D’ailleurs, via Instagram, j’ai pu constater que nombre d’entre eux reposent à présent 6 pieds sous terre.

Partant de ce constat et aidé d’un collègue spécialiste, nous allons développer le premier drone conçu pour les milieux volcaniques ! Affaire à suivre dans un prochain projet.

 

Eruption volcanique en Islande photographiée par Check My Dream
© Check My Dream

Les réglages photo

J’ai adopté deux approches. La première portait sur la texture et la matière : je shootais alors avec une ouverture optimale pour obtenir le meilleur piqué sur mon optique (F8/F10) et un temps de pose relativement plus court. À partir de là, j’ajustais mon temps de pose en fonction de la lumière désirée, mais aussi de la lave qui apparaissait ! Car sous la pression et le débit constant, des coulées apparaissaient à intervalles réguliers, mettant ainsi en défaut tous mes réglages.

Eruption volcanique en Islande photographiée par Check My Dream
© Check My Dream

Mon second souhait était d’intégrer le cône volcanique dans la composition. Pour ce faire, j’ouvrais aux alentours de F13/14 afin de bénéficier d’une meilleure profondeur de champ et calmer un peu la lumière émise par la lave. Cela dit, ce n’est souvent pas suffisant. J’ai donc dû utiliser un filtre, y compris de nuit, de chez NISI (un GND 0.9) dans le but de calmer l’intensité lumineuse.
Dans les deux cas, il m’a toujours fallut utiliser un trépied bien stabilisé et une monté en ISO la plus faible possible.

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Carpathia © Nicholas J R White

Au coeur des Carpates avec Nicholas J R White

Installé au coeur du Parc National de Dartmoor dans le sud ouest de l’Angleterre, Nicholas J R White est un photographe des grands espaces. Passionné de nature, il consacre l'essentiel de son temps à travailler et développer les projets qui lui tiennent à coeur. Le dernier en date - et toujours en cours - nous plonge dans la création d'un nouveau parc national dans les Carpates roumaines.

À travers sa démarche mêlant photo de paysage, portraits et natures-mortes, Nicholas cherche à interroger et mettre en image les différentes composantes à  l'oeuvre dans la création d'un tel espace protégé. Au-delà de ce questionnement, il vient surtout confronter notre regard au sien, entre approche traditionnelle et esthétique contemporaine de la photographie de paysages.

Un aperçu de son projet Carpathia, mais également une sélection de son premier projet Black Dots, sont à découvrir tout au long de l'interview.

Au coeur des Carpates - Carpathia de Nicholas J R White
Carpathia © Nicholas J R White
  • Pouvez-vous vous présenter ? Comment avez-vous débuté la photographie ?

Je m’appelle Nicholas JR White, je suis un photographe installé dans le Parc National de Dartmoor dans le sud ouest de l’Angleterre. Je travaille sur des projets personnels au long court s'intéressant aux paysages et à la manière dont nous interagissons avec nos espaces naturels. Ayant eu la chance de grandir au sein d’une famille qui nous encourageait, mes frères et moi, à explorer la nature, j’ai commencé la photographie en randonnant. Cela fait remonter une multitude de souvenirs de vacances familiales heureuses au Royaume-Uni ! Mon intérêt pour la photographie a grandi au fil de ces voyages, ce qui explique certainement que marcher fasse désormais intégralement partie de ma pratique photographique.

  • Comment décririez-vous votre travail ? De manière générale, quelles sont vos inspirations ?

À travers tous mes travaux j’essaie de naviguer entre les lignes définissant la photographie“traditionnelle” de paysage et ce qu’on pourrait percevoir comme une esthétique plus contemporaine. Par exemple Black Dots, mon premier projet majeur, mélange des paysages dramatiques avec des portraits davantage subtils et des natures mortes. J’ai opté pour une démarche similaire pour mon projet actuel : Carpathia. Je pense que cela s’explique simplement par le fait que mes intérêts soient très variés.
Lorsque j’ai commencé à prendre des photos, j’étais un grand fan de Joe Cornish, Charlie Waite et Ansel Adams. Au fil de mon parcours en école d’arts et de mes premiers projets, je me suis intéressé au travail de photographe de paysages plus contemporains. J’ai souvent cette impression qu’il existe un conflit entre ces deux représentations du paysage et qu’elles ne peuvent coexister conjointement. C’est justement cette impression que j’essaie constamment de remettre en question.

Black Dots © Nicholas J R White
Black Dots © Nicholas J R White
Black Dots © Nicholas J R White
Black Dots © Nicholas J R White
  • Comment avez-vous commencé à travailler sur Carpathia ? Et que voulez-vous transmettre à travers elle ?

Carpathia est un projet toujours en cours. Il est né à travers mon intérêt grandissant pour le réensauvagement. À ce moment donné, je lisais et je me renseignais beaucoup sur les différentes initiatives mises en place au Royaume-Uni et sur le continent à ce sujet. Le travail de la FFC (Fondation de Conservation des Carpates) s’est à mes yeux distingué. Il y a tellement de chose à en raconter qu’il est très difficile d’en faire un résumé ! Mais la simple idée de créer un nouveau parc national m’était totalement étrangère car au Royaume-Uni les parcs nationaux existent ou n’existent pas. Comment-en créer-t-on un nouveau ? Quel sont les processus en à mettre oeuvre pour créer de si vastes zones de terres protégées ? Ajoutez à cela que le projet à lieu dans un des pays les moins développés, économiquement parlant, de l’Union Européenne et ayant une longue histoire faite de déforestation et de chasse, cela rend la mission de la FFC d’autant plus significative. Je suis alors entré dans ce projet avec une unique question : comment construit-on un Parc National ? Puis cela s’est divisé en plusieurs chapitres correspondant aux processus clés : gestion de la forêt, surveillance de la vie sauvage, coexistence avec les espèces animales

Carpathia de Nicholas J R White
Carpathia © Nicholas J R White
  • Quel matériel utilisez-vous ?

En ce qui concerne le matériel, je réalise mes projets personnels avec un grand format 4x5. Je me balade souvent entre plusieurs objectifs mais ces derniers temps je travaille beaucoup au 90 et 135mm. Cela dit, en vue d’un travail que j’ai réalisé cet hiver, j’ai investi dans un moyen format assez léger car le grand format n’était vraiment pas pratique dans ces conditions. En revanche je passe sur du matériel numérique pour les travaux de commande. Actuellement j’utilise des Nikon D80 et Z6.

  • Avez-vous de nouveaux projets à venir ?

Je dois dire que je travaille plutôt lentement. Je prends des pauses dans mes travaux personnels afin de réaliser des travaux de commande. Carpathia est un projet en cours de construction auquel je consacre actuellement toute mon attention. Quand les restrictions de voyages liées à la pandémie de Covid-19 seront levées, je prévois de retourner régulièrement en Roumanie jusqu’à fin 2021. Le travail d’editing pourra alors débuter. Ensuite viendra le temps de préparer le livre !
D’un autre côté, cela fait 3 ans que je travaille au Royaume-Uni, à la maison, sur un autre projet qui me tient particulièrement à coeur. Toutes les photos sont prises depuis la même “fell”- nom donné aux larges collines du Lake District. Je n’y ai shooté qu’en hiver lors de conditions météo bien particulière. C’est la raison pour laquelle je n’ai réussi à présenter que 8 photos en 3 ans. Heureusement, je serai bientôt en mesure d’en présenter de nouvelles.

 

Au coeur des Carpates - Carpathia de Nicholas J R White
Carpathia © Nicholas J R White

 

Carpathia de Nicholas J R White
Carpathia © Nicholas J R White

 

Carpathia de Nicholas J R White
Carpathia © Nicholas J R White

 

Au coeur des Carpates - Carpathia de Nicholas J R White
Carpathia © Nicholas J R White

 

Carpathia de Nicholas J R White
Carpathia © Nicholas J R White

 

Au coeur des Carpates - Carpathia de Nicholas J R White
Carpathia © Nicholas J R White

 

Carpathia de Nicholas J R White
Carpathia © Nicholas J R White

Nicholas J R White : Site - Instagram

 

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la poésie photographique de Fabien Voileau

Concours Talents 2020 : la poésie photographique de Fabien Voileau

Le talentueux photographe Fabien Voileau nous fait l'honneur de faire partie des ambassadeurs de notre Concours Photo Talents Graine de Photographe 2020. Composée de diptyques construits autours de jeux d'oppositions, découvrez la poétique série qu'il nous fait découvrir pour l'occasion.

 

L'année dernière, nous vous faisions découvrir sa très belle série Middle East, réalisée en Israël et en Palestine. Aujourd'hui, Fabien Voileau nous fait le plaisir de compter parmi les trois ambassadeurs de notre Concours Photo Talents Graine de Photographe 2020. A ce titre, vous pourrez prochainement découvrir ses photos exposées dans notre galerie sur l'île Saint-Louis à Paris.

Amoureux de la beauté des grands espaces, mais également de l'intime que recèle les portraits, son univers, à la croisé des genres, se cristallise dans les jeux d'oppositions qu'il laisse transparaître à travers ses photos. Au détour de l'interview que nous avons réalisée pour l'occasion, découvrez la poétique série de diptyques qu'il nous présente :

la poésie photographique de Fabien Voileau
© Fabien Voileau
  • Fabien Voileau, comment as-tu débuté la photo ?

Doucement, quand j'étais ado avec un Kodak APS multi-formats. Bien plus sérieusement à la vingtaine, autant dans l’envie que dans la pratique. Pour résumer, le numérique n’existait pas à mes débuts, donc oui, je ne suis plus tout jeune (rires) !

  • On pourrait qualifier ton style comme étant à mi-chemin entre de la street et du reportage, qu'en est-il pour toi ?

En effet, on pourrait le résumer ainsi. Mais également comme de la street poétique ou encore du portrait de grands espaces.
Ces superpositions de qualificatifs ou de définitions résonnent avec les oppositions qui sont en moi et donc dans mes images. La série présentée ici explicite ce jeu d’oppositions.

  • A ce propos, comment vois-tu ces deux styles (ou disciplines) photographiques ?

Très simplement. La street photography n’est qu’instinct pur. Le reportage aussi, bien sur, mais le cadrage vient créer l’image. D’où l’utilisation du 35mmfocale la plus proche de l’œil humain, qui permet d'induire davantage d’immersion dans les images.

  • Quelles sont tes inspirations ?

La discipline photographique m’importe peu. Seul l’histoire que me propose l’image la rend inspirante ! Et ce qu'il s'agisse d'une photo de mode ou une nature morte. Si je dois donner des noms, je dirais Christopher AndersonDarren McDonald, ou Marc Cohen.

la poésie photographique de Fabien Voileau
© Fabien Voileau
  • Tes compositions sont particulièrement soignées, aussi j'aimerais savoir quel conseil tu donnerais à quelqu'un ayant du mal à faire "parler" ses images ?

Je donnerai le seul et unique conseil qui m’a été donné il y’a 12 ans par Keno, un photographe Nantais de talent : « Prend une focale, et ne la change pas, cela signera tes images ». Je rajouterai que cela forme l’œil à la contrainte d’utiliser pendant un moment une seule focale, en plus de venir signer vos images. Une focale fixe est l’idéal. J’ai fait mes gammes avec un 50mm à 100€ !

  • Tu vas exposer certaines de tes photographies pendant l'exposition Talents grainedephotographe. com 2020 du 11 mai au 11 juin prochain. Quelles sont tes impressions ?

Je suis très heureux de participer à ce projet et j'ai hâte de découvrir l’ensemble des images exposées !

la poésie photographique de Fabien Voileau
© Fabien Voileau
la poésie photographique de Fabien Voileau
© Fabien Voileau
la poésie photographique de Fabien Voileau
© Fabien Voileau

Fabien Voileau - Site- Instagram

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Olivier Giroud équipe de France les émotions du football par Arnaud Baumela (alias YABML)

Concours Talents 2020 : les émotions du football par Arnaud Baumela (alias YABML)

Désormais photographe officiel de la Ligue de Football Professionnel, Arnaud Baumela (alias yabml sur Instagram) est ambassadeur de notre Concours Photo Talents Graine de Photographe 2020. Découvrez le parcours et le travail de ce prodigieux photographe !

D’abord photographe amateur passionné de sport et d’urbex, Arnaud Baumela a réussi à faire de la photographie son métier. Aujourd’hui employé par la LFP (Ligue de Football Professionnel), il arpente les stades et les terrains du pays afin de témoigner des émotions qui s’en dégagent. Joie, frustration, tristesse, mais aussi ferveur, Arnaud immortalise des instants fugaces qui nous échapperaient autrement.

Avant de pouvoir admirer ses photos exposées dans notre galerie ce jeudi 17 septembre, découvrez le parcours et le travail de ce prodige, passé un temps par les cours Graine de Photographe.

Kylian Mbappé psg les émotions du football par Arnaud Baumela (alias YABML)
Kylian Mbappé © Arnaud Baumela

  • Comment as-tu débuté la photo ? 

J’ai commencé la photo en 2016 en faisant de l’exploration urbaine, avec un smartphone, puis je suis rapidement passé sur un reflex. Ça m’a plu et j’ai décidé d’expérimenter plein de choses en photo, à savoir l’architecture, la photo de nuit, le portrait ou encore le sport.

  • De tes débuts à ton poste actuel en tant que photographe de la Ligue de Football Professionnel, peux-tu nous raconter ton parcours ?

J’ai fait des études en communication digitale, donc pas grand chose à voir avec la photo. Mais on nous apprend quand même à « avoir l’œil » afin de reconnaître un beau visuel, une belle photo, un beau plan filmé, etc. Je pense que ça m’a aidé lorsque j’ai commencé à shooter.
Déjà attiré par le sport, j’ai fait mon alternance dans un média sportif et en parallèle, j’ai commencé à m’investir vraiment dans la photo. Je shootais durant tout mon temps libre et je publiais mon travail sur les réseaux sociaux. Grâce à ça, j’ai eu l’opportunité de pouvoir être accrédité pour un match de l’équipe de France de football par la FFF. À partir de ce moment-là, je n’ai jamais cessé de photographier du foot. J’ai pu bosser avec la FFF, des clubs, des équipementiers… Et finalement la Ligue m’a proposé un emploi à temps plein suite à une prestation.

  •  Quelles sont pour toi les qualités principales d’un photographe de sport ?

Il faut être vif et mobile pour réussir à capter certains instants. Je pense aussi que c’est bien de connaître un minimum ce qu’on va shooter (les équipes, les joueurs) pour ne pas faire de mauvais choix dans les placements.

  •  Que cherches-tu prioritairement à transmettre à travers ton regard et tes photos ?

L’émotion. Je cherche à capter des regards, des sourires, de la joie, des déceptions. L’aspect sportif est presque secondaire pour moi.
Je veux montrer ce qu’on ne voit pas à la télévision, des angles de vues que les supporters ne peuvent pas voir.

Neymar psg les émotions du football par Arnaud Baumela (alias YABML)
Neymar © Arnaud Baumela

  •  Quelle est la photo dont tu es le plus fier ?

C’est vraiment beaucoup trop compliqué de choisir ! Mais il y en a tout de même deux qui se démarquent bien.

D’abord celle de Zidane lors des 20 ans de France 98. J’étais le seul photographe placé à cet endroit là et il a célébré juste devant moi. J’ai eu beaucoup de chance ! Zidane, pour moi, c’est le GOAT (Greatest of All Time – Le Meilleur de tous les temps), jamais je n’aurai pensé pouvoir le prendre en photo un jour… Il a d’ailleurs partagé cette photo sur Instagram, donc j’en étais forcément assez fier.

La seconde, c’est une photo des Champs-Elysées le 15 juillet 2018, quelques minutes après que la France soit devenue championne du monde. Ce n’est pas vraiment une photo de « sport », mais c’est tout ce que j’aime transmettre : de l’humain, de la joie et de la ferveur.

Zinedine Zidane les émotions du football par Arnaud Baumela (alias YABML)
Zinedine Zidane © Arnaud Baumela
les émotions du football par Arnaud Baumela (alias YABML)
© Arnaud Baumela

  •  Tu vas exposer certaines de tes photographies pendant l’exposition Talents grainedephotographe le jeudi 17 septembre. Quelles sont tes impressions ?

Ce sera la première fois que mes photos seront exposées, donc je suis impatient. Je pense avoir choisi les plus marquantes, j’espère que ça plaira. Hâte de voir les résultats du concours et les photos des autres exposants !

Arnaud Baumela – Instagram

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Paysage nocturne de la série Somber par Filippo Giani

Sombre mais envoutante, plongez dans l’atmosphère cinématographique de Filippo Giani

Cinéaste avant d’être photographe, l’univers visuel de Filippo Giani est particulièrement soigné. Sombres, brumeux, nostalgiques mais envoutants, ses magnifiques clichés sont à découvrir sans plus attendre dans Somber !

 

Filippo est un jeune photographe italien. Particulièrement exposé à la réalisation cinématographique et ce, dès sa plus tendre enfance, la photographie ne s’est finalement révélée qu’assez tardivement à Filippo.

À 18 ans, il décide d’intégrer un cours de cinéma où il apprend alors la réalisation et la direction photo :

« Au cours de mon apprentissage j’ai commencé à voir la photographie comme un moyen d’exercer mon regard entre les projets vidéo. Au départ, je me focalisais essentiellement sur la capture d’autoportraits mis en scène. Ensuite j’ai commencé à m’intéresser aux détails et aux textures avant de finalement explorer le paysage »

– Filippo Gianni

© Filippo Giani

Sombre et brumeux, l’univers photographique de Giani l’est. Particulièrement en ce qui concerne une série qu’il débute sous le nom de Somber. Désormais abandonnée, la série est ici présentée conjointement à un autre projet de paysages nocturnes en cours que l’artiste à cette fois nommé Midnight. Inspiré par les travaux de Todd Hido et Henri Prestesl’atmosphère nocturne emprunte de mystère transpire dans les clichés de Filippo :

« Henri m’a quant à lui apprit que le travail en image numérique pouvait s’approcher avec la même méticulosité qu’un peintre »

« J’ai utilisé des images de Todd Hido dans plusieurs moodboards de projets de films, avant même de concevoir de pouvoir moi-même devenir photographe. Dès lors, j’ai le sentiment que son travail est depuis profondément ancré dans mon subconscient. Henri m’a quant à lui apprit que le travail en image numérique pouvait s’approcher avec la même méticulosité qu’un peintre. Je voulais alors appliquer une esthétique atmosphérique et tamisée. »

– Filippo Giani

© Filippo Giani

Filippo est équipé exclusivement d’un trépied et d’une combinaison de son Sony A7RII et d’objectifs vintages Rollei. Les images de sa série Midnight ont quant à elles été réalisées dans sa ville natale, Lucca, lors de nuits solitaires empreintes de nostalgie et de tristesse :

« afin de les faire correspondre à mon état d’esprit d’alors, je voulais qu’il se dégage une esthétique atmosphérique et tamisée de mes clichés ».

– Filippo Ginani

© Filippo Giani

Et pour ce faire, Filippo shoote en lumière naturelle dans Somber :

« j’ai habituellement tendance à faire converger différentes exposition de la même situation afin d’élargir la plage dynamique et de surligner de manière sélective certains aspects spécifiques de la composition que je veux mettre en avant dans l’image finale »

Filippo Giani

Filippo Giani : Instagram

 

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photos de montagnes © Céline Ducrettet

Concours Talents 2020 : à la conquête des sommets avec Céline Ducrettet

La talentueuse Céline Ducrettet est l’une des trois photographes ambassadeurs de notre Concours Photo Talents Graine de Photographe 2020. Découvrez son univers et partez arpenter les paysages montagneux.

Le concours Talents Graine de Photographe 2020 est aussi pour nous l’occasion de mettre nos coups de coeur Instagram à l’honneur en invitant 3 photographes ambassadeurs à exposer dans notre galerie aux côtés des lauréats du concours.

Aujourd’hui, nous vous présentons (si vous ne la connaissais pas déjà !) la talentueuse Céline Ducrettet. Photographe passionnée de nature et par la montagne, Céline nous emmène tutoyer les sommets avec ses clichés aux couleurs aussi douces que saisissantes. Originaire des Alpes et vivant en Haute-Savoie, elle nous rappelle à travers son regard la beauté des paysages montagneux. À l’aube ou au crépuscule, en été comme en hiver, ses clichés restituent à merveille la poésie et la magnificence de la nature.

Avant de découvrir ses photos exposées ce jeudi 17 septembre 2020 dans notre galerie, rencontre avec l’artiste :

  • Céline Ducrettet bonjour ! Comment as-tu débuté la photo ? 

Bien que la photo me fascinait depuis toute petite, j’ai vraiment débuté la photographie à la fin du lycée, quand mes parents m’ont offert mon premier appareil photo numérique. J’ai vraiment eu une « révélation » quand j’ai pris mes premières photos de paysages. J’avais enfin trouvé ce que j’aimais faire. J’avoue n’avoir jamais pris de cours ou regarder de tutos sur youtube. J’ai toujours travaillé au feeling, et j’admets avoir quelques lacunes en technique !

  • Comment décrirais-tu ton univers photographique à nos lecteurs ? 

Je n’ai jamais vraiment su décrire mon univers, mais des retours que j’ai pu avoir au fil des ans, beaucoup parle de douceur et de poésie dans les paysages que je partage. Je crois que ce sont deux mots que j’aime plutôt bien pour décrire mon travail.

photos de montagnes © Céline Ducrettet
© Céline Ducrettet

  • Qu’est-ce qui t’attire tant vers la montagne ? 

Je crois que c’est le bonheur de pouvoir se retrouver seule face à ces paysages aussi immense que majestueux. Cette sensation de se sentir minuscule face à cette nature, mais aussi, le calme et la sérénité que l’on retrouve dès qu’on prend un peu de hauteur. Sans parler de l’effort physique qu’il faut parfois déployer pour « mériter » ce genre de vue. On devient vite accro !

  • La lumière a une grande importance dans tes images, comment la travailles-tu ? 

J’aime beaucoup photographier les paysages au coucher de soleil. Les couleurs y sont souvent magiques ! Orangées et parfois rouges, souvent roses et violettes. C’est vraiment mon heure préférée pour les photos. L’heure bleue est belle aussi en photo, bien que je la photographie beaucoup moins. La lumière et les couleurs sont toutes aussi intéressantes au lever de soleil ! Il faut juste réussir à se motiver et se lever tôt pour aller les capturer. Ce qui est souvent plus facile lors de bivouacs, car on est généralement debout très tôt.

  • Randonner avec du matériel, qui plus est en montagne, n’est pas forcément chose aisée… Comment t’équipes-tu et quel matériel photo utilises-tu ?

Je confirme, le poids du matériel à une importance lorsque l’on part sur de longue randonnée ! Je pars tou-jours avec mon Canon 5D mark II et trois objectifs : grand anglezoom et une focale fixe. Ce n’est pas le matériel le plus léger. A force, je me suis habituée à randonner avec ce poids sur le dos. À l’avenir j’aimerai quand même investir dans du matériel plus léger. Surtout quand on part bivouaquer et que l’on a, en plus, tout le matériel pour camper !

  • Tu vas exposer certaines de tes photographies pendant l’exposition Talents grainedephotographe 2020 du jeudi 17 septembre. Quelles sont tes impressions ? 

Je suis vraiment ravie de pouvoir exposer un peu de mes montagnes dans votre galerie à Paris. En espérant donner envie aux gens d’aller s’évader dans les hauteurs lors d’aventures ou micro-aventures en France !

photos de montagnes © Céline Ducrettet
© Céline Ducrettet

Céline Ducrettet – SiteInstagram

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Les arbres millénaires de Madère en noir et blanc par Michael Schlegel

Les arbres millénaires de Madère par Michael Schlegel

Nées de la rencontre des vestiges d'une forêt vierge intemporelle et du talent de Michael Schlegel, les séries Fanal et Fanal II nous invitent hors du temps auprès de silhouettes végétales millénaires.

Les arbres ont cette particularité que de se révéler être particulièrement photogéniques. Ils nous rappellent à la beauté de la nature, à son indépendance et son caractère immémorial. C'est évidement le cas de la forêt Laurifère de Madère, l'une des dernières forêts vierges d'Europe. Composée de lauriers à feuille persistante et âgée de plusieurs millions d'années, cette forêt subtropicale - classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO - abrite un écosystème unique et fragile.

Les arbres millénaires de Madère en noir et blanc par Michael Schlegel
Fanal © Michael Schlegel

Connu pour ses magnifiques paysages en noir et blanc et au style minimaliste, le photographe allemand Michael Schlegel a posé ses valises à Madère et arpenté les chemins de la Laurisylve.

Lorsque je suis arrivé à Fanal dans la Forêt Laurifère de Madère, je me suis rendu compte que la beauté des paysages dépassait allègrement mes attentes ! J'ai été très chanceux avec la météo car elle correspondait en tout points pour le style de photo que j'envisageai alors : un brouillard dense tout au long de la journée. J'y ai photographié pendant 5 jours consécutifs. - Michael.

Les arbres millénaires de Madère en noir et blanc par Michael Schlegel
Fanal II © Michael Schlegel

Résultat de cette rencontre : les séries sobrement intitulées Fanal et Fanal II, du nom du chemin de randonnée parcourant la forêt. À travers ses clichés emprunts de brume et à la composition épurée, Michael nous offre un moment privilégié, presque intime, avec ces arbres millénaires.

J'ai adoré marcher seul dans cette atmosphère hors du temps où je ne voyais que ce le brouillard me laissait apercevoir. A travers mes photos je n'ai donc pas souhaité exprimer activement un message artistique, mais plutôt retranscrire ma vision et mon expérience de cet endroit. - Michael.

Les arbres millénaires de Madère en noir et blanc par Michael Schlegel
Fanal II © Michael Schlegel

Les arbres millénaires de Madère en noir et blanc

Michael Schlegel : Site - Instagram

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