Le Montier Festival Photo est un événement international qui met en avant la photo animalière ainsi que la photo de nature. Le photographe Jean François Graffand a pu voir son travail sur Les échos du ciel sélectionné dans cette catégorie.
En réunissant ainsi Terre et Ciel, le photographe nous emporte dans l’immensité de ses photos, dignes du merveilleux

Après la découverte du macrophotographe Thibault Andrieux également sélectionné au Montier Festival Photo, laissez vous transporter par cet amoureux du ciel qui nous dévoile les secrets de son travail : 

 

© Jean-François Graffand - La Rivière Céleste
© Jean-François Graffand – La Rivière Céleste
  • Pouvez-vous vous présenter ? Comment avez-vous commencé la photographie ?

Avant d’être photographe de paysages nocturnes, je suis avant tout un amoureux du ciel. C’est une passion qui m’est apparue dès l’enfance, lors d’une visite à l’Observatoire du Pic du Midi dans les Pyrénées, et qui ne m’a jamais quitté depuis. Ma démarche a ainsi toujours été guidée par cet émerveillement, et pour cette raison j’aime à me présenter comme un « montreur d’étoiles »… Durant de nombreuses années j’ai pu partager cette passion en tant que médiateur scientifique en astronomie. Par la suite, je suis devenu réalisateur et responsable de l’image du plus grand planétarium de France, à la Cité des Sciences de Paris, liant l’astronomie à l’image et la création. La photographie n’était alors pour moi qu’occasionnelle, notamment lors de voyages en Norvège à la découverte des aurores boréales.
Et c’est seulement en 2016 que je décide de m’y consacrer pleinement. Faisant le choix cette année-là de revenir dans ma région d’origine, c’est naturellement que je vois en la photographie un nouveau moyen d’attirer les regards vers les étoiles, et de sensibiliser à la beauté du ciel et à sa préservation, à une époque où la nuit est plus que jamais menacée.

 

Jean-François Graffand Pluie d'Etoiles
© Jean-François Graffand – Pluie d’Etoiles

 

  • Pourquoi avoir fait le choix de photographier le ciel ? 

C’est avant tout un témoignage que je tente de partager afin de réinstaller le ciel nocturne dans le paysage. Car le ciel disparaît aujourd’hui de notre vision et, plus grave encore, de notre mémoire. Nous vivons désormais coupés du ciel, baignant dans la pollution lumineuse ou absorbés par nos écrans. Et cette fascination pour les lumières artificielles menace même à présent notre droit à la nuit.
Grâce à la pose longue à haute sensibilité qui permet de capter les infimes lumières que nos yeux perçoivent à peine, la photographie nous révèle un monde presque inconnu : étoiles, planètes, nébuleuses, Voie lactée…  Tous ces astres dont nous ignorons parfois l’existence brillent pourtant chaque nuit au-dessus de nous. Un monde, un Univers, qui a toujours accompagné l’humanité, oubliés trop souvent par celle-ci… Dans ce travail photographique, je tente par l’image de réunir Terre et Ciel dans le regardpour rappeler la beauté de la nuit et inciter à la préserver, en invitant l’observateur à la contemplation, et ainsi lui rappeler ce que nous avons tous ressenti une nuit face à la voûte étoilée. Cela peut même amener à une balade nocturne au gré des images, pour appréhender l’Univers lointain…
Cette relation particulière avec le ciel, je la ressens comme un écho. Sonder cet « espace d’infinis », et prendre conscience de cette immensité d’où nous sommes issus. S’arrêter, lever les yeux et s’émerveiller… pour enfin retrouver notre lien au ciel. C’est ce lien, cet écho, que je tente de retranscrire par mes photographies.

 

© Jean-François Graffand - Clair de lune à Lescun
© Jean-François Graffand – Clair de lune à Lescun
  • Concrètement comment procédez vous à la réalisation de vos images  ? 

Il y a trois étapes pour réaliser une image. La première est le repérage. Comme pour la photo de paysage, il s’agit de trouver ce qui va constituer le premier plan. Mais il y a deux sujets équivalents sur mes images : le paysage et le ciel. Je dois donc également anticiper quelle sera la configuration du ciel et comment le composer au mieux avec le premier plan, comme par exemple concernant la position de la Voie lactée.
Ensuite il y a la prise de vue, qui dépend d’abord du terrain. Parfois le site est facile d’accès, mais pour d’autres cela demande une longue randonnée et un bivouac pour accéder à un point de vue particulier en montagne. Mais l’élément le plus important est bien sûr la météo. J’anticipe au maximum en faisant régulièrement le point sur les modèles météorologiques. Dans certains cas j’ai beau avoir planifié une sortie, si le mauvais temps ne permet pas d’ouverture il me faudra parfois attendre l’année suivante pour trouver à nouveau la bonne configuration céleste.
Et enfin il y a le traitement, qui peut être très variable. L’image brute nécessite beaucoup de travail pour révéler tout ce qui s’y trouve. Ainsi, entre Lightroom et Photoshop, je vais opérer un ensemble de traitements qui vont me permettre de révéler un maximum de détails, d’équilibrer, adoucir… Cette étape est pour moi toujours empirique car les situations et qualités de ciel sont systématiquement différentes.

 

Jean-François Graffand Entre Deux Mondes
© Jean-François Graffand – Entre Deux Mondes
  • Quel matériel utilisez-vous ?

J’utilise un Canon 6D. C’est un excellent appareil pour la photo nocturne car il possède une très bonne gestion du bruit lorsqu’on monte en sensibilité. Il a également la particularité d’être défiltré, c’est à dire que le filtre du capteur d’origine a été remplacé par un filtre dédié à
l’astro-photographie qui laisse passer bien plus de longueurs d’ondes, notamment vers les 
rouges, afin de révéler les nébuleuses qui parsèment la Voie lactée (et qui apparaissent sous le forme de taches rosées). Côté objectif, j’utilise le plus souvent le Tamron 15-30 f/2.8.

  • Comment avez-vous travaillé les lumières et les couleurs pour la série Echos du ciel ?

On me pose très régulièrement une question : est-ce que ces images sont réelles ? Et c’est tout à fait compréhensible puisque notre oeil n’est pas capable de voir ça ! C’est la pose longue à haute sensibilité qui va capturer toute cette information lumineuse invisible à nos yeux. Mon intention est donc très simple : montrer ce que nous verrions si nous pouvions augmenter la sensibilité de nos yeux la nuit. Car ceux-ci ne sont pas vraiment performants dans ces conditions. Ainsi nous considérons naturellement que la vision nocturne est sombre avec seulement une ambiance ‘bleu nuit’. Pourtant, cette perception nocturne ne correspond pas à la réalité, et le capteur, étant sensible à tout le spectre visible, révèle vraiment le paysage tel que nos yeux le verraient si nous pouvions augmenter leur sensibilité. Ensuite c’est à moi de conserver une perception naturelle lorsque je vais révéler de nombreux détails au traitement. Par ailleurs mes connaissances en astronomie m’aident également à trouver le bon équilibre dans le traitement sur les lumières et les couleurs. Par exemple la véritable couleur du coeur de la Voie lactée est jaune orangée, car il s’agit de la couleur des étoiles qui s’y trouvent en majorité.

© Jean-François Graffand - Renaissance (Lever de Lune sur les crêtes)
© Jean-François Graffand – Renaissance (Lever de Lune sur les crêtes)
  • Quelques mots ou réactions sur votre participation au festival Montier, qui n’aura malheureusement pas lieu cette année mais l’année prochaine ?

C’est évidemment un grand honneur et un grand enthousiasme que de pouvoir être présent à un si prestigieux festival ; particulièrement en proposant un travail sur les paysages nocturnes. ce qui constitue une discipline bien particulière qui peut paraître en marge de la photo de nature. C’est pourquoi j’ai été vraiment très touché de cette sélection car cela me permet de rappeler que le ciel fait partie de notre environnement, et aussi que l’obscurité est nécessaire à la survie même de milliers d’espèces. Aujourd’hui, préserver la nuit des lumières artificiellesdont on connaît les effets néfastes sur l’environnement et la santé, c’est contribuer à la préservation de la Nature dans son ensemble. Le report semblait malheureusement inévitable cette année, mais on espère évidemment que ce n’est que partie remise et que les conditions seront réunies l’année prochaine !

 

 

 

 

Jean-François Graffand Portrait
© Jean-François Graffand- Portrait

Jean-François Graffand
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