Découvrez l’univers de la macrophotographie avec le photographe français Thibault Andrieux. Il a été sélectionné au festival Montier 2020 (événement international de la photographie animalière) et nous fait le plaisir de partager sa série Empus’art en amont du festival, qui a malheureusement été reporté en 2021 suite aux restrictions sanitaires.

Le macrophotographe réalise avec sa série sur l’empuse, des chefs d’oeuvres aux détails impressionnants, et aux ambiances pénétrantes ! Mais ce n’est pas tout ; à travers ce projet il souhaite sensibiliser le grand public sur l’importance des insectes.

Découvrez les secrets de ce projet original : 

  • Pouvez-vous vous présenter ? Comment avez-vous commencé la photographie ?

J’ai commencé la photographie il y’a une dizaine d’année en parallèle de mes études en biologie. Dès le départ je me suis orienté vers la photographie de nature et plus particulièrement vers la macrophotographie. A mes débuts c’était simplement un moyen d’observer la nature sur mon temps libre, une sorte d’excuse pour m’aérer les neurones en plein air. Au fur et à mesure de mes études je me suis orienté vers l’entomologie et mon côté macrophotographe s’est également amplifié. Aujourd’hui je suis ingénieur d’études en Recherche et développement pour Bioline Agroscience, la principale entreprise française produisant des insectes pour la lutte biologique. La macrophotographie occupe une bonne partie de mon temps libre. J’essaye maintenant de m’éloigner d’une vision scientifique pour aller plus vers une vision artistique en créant une ambiance autour du sujet. Je fais actuellement plus de la proxy-photographie* que de la macrophotographie (pour les puristes). 

*La proxy-photographie est utile pour montrer une espèce dans son environnement grâce à une possibilité de cadrage assez large. La macrophotographie permet d’entrer plus dans le détail grâce à un rapport grandissant conséquent.

macrophotographie : La recherche © Andrieux Thibault
La recherche © Andrieux Thibault
  • Qu’est ce qui vous passionne dans la macrophotographie ?

Passer 2-3 heures à me balader dans les hautes-herbes à la recherche de sujets et à les observer, c’est quelque chose qui me permet vraiment de décrocher du train train quotidien. C’est mon moyen de décompression, mon exutoire. Cela me permet de me recentrer sur le monde réel du vivant et de souffler un peu des observations purement scientifiques du laboratoire. Depuis que j’ai commencé à exposer mes images, j’ai aussi réalisé la puissance de l’image comme moyen de sensibilisation. Je me suis rapidement rendu compte par le biais des expositions que le grand public ne connaît que très peu de chose sur le monde des insectes. Mis à part l’intérêt des abeilles pour l’agriculture cela reste limité.  Ce que j’aime faire par le biais des expositions c’est présenter aux gens cela sous un nouvel angle afin de montrer que ce n’est pas simplement un monde de nuisibles bons à finir écrasés sous un chausson. Émerveiller pour sensibiliser, voilà ce qui me passionne

Storm © Andrieux Thibault_
Storm © Andrieux Thibault
  • Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet empus’art  ? 

L’empuse, est un insecte bien connu des macrophotographes. C’est un insecte très graphique qui permet de faire de jolies images. Bon nombre de macrophotographes espèrent pouvoir avoir la chance d’en voir une un jour. Pour les entomologistes, c’est pareil. Tout le monde entomo connait cet insecte atypique.  Malheureusement on ne la trouve que dans la partie sud de la France. Ayant grandi en Eure et Loir, je ne pensais pas un jour pouvoir la croiser.  Le hasard faisant bien les choses, j’ai été embauché fin 2016 du côté d’Antibes et la première chose que j’ai cherché à faire en arrivant a été de trouver l’empuse et enfin pouvoir la voir de mes propres yeux. Après quelques recherches et prospections, je me suis trouvé un « spot » où l’insecte était très certainement présent. Je suis rapidement tombé sur une de ses larves qu’on appelle diablotin. Ça a été le coup de foudre.  Rapidement je me suis mis à photographier exclusivement cette espèce. L’avantage c’est que contrairement à la mante religieuse classique, l’empuse est visible toute l’année. Les adultes pondent l’été et les larves se développent de la fin de l’été au printemps suivant. On peut donc faire des photos de cette espèce en pleine hiver. Le rêve pour les macrophotographes !

macrophotographie : Orpuse © Andrieux Thibault
Orpuse © Andrieux Thibault
  • Quelles sont vos principales inspirations pour cette série ?

Je souhaitais donc réaliser une série de cette espèce mythique en utilisant différents styles (high key, low key, gros-plans,…) pour constituer une série centrée sur l’espèce sans que cela soit redondant. Je voulais en quelques sortes rattraper mon retard sur cette espèce, et le faire bien !

Finalement c’est assez compliqué de vous donner le nom de photographes connus qui m’ont inspiré puisque l’idée était vraiment de faire une série variée sur l’insecte. Pour n’en citer que quelques uns qui ont influencé mon regard en découvrant leur travail dans la presse spécialisée, sur les réseaux sociaux ou lors de festivals : Gilles Duperron, Vincent Meunier, Olivier Jouaud (dit Olivier Naska), Gil Gautier, Laurent Fiol, Bastien Riu, Stephane Hette, David Gaultier, Patrick Goujon

Black and white © Andrieux Thibault
Black and white © Andrieux Thibault
  • Combien de temps avez-vous mis pour réaliser la série complète ? 

Comme je le disais, j’ai commencé cette série en arrivant dans le sud en Octobre 2016. Je photographie encore actuellement cette espèce mais la dernière de la série qui devait être exposée à Montier-en-Der date de juste avant le confinement.

  • Quel matériel avez-vous utilisé pour cette série ? 

Comme boîtiers j’utilise les canon EOS 6D et 6D mark II. L’objectif que j’ai utilisé pour la très grande majorité des images est le canon 100 mm macro L IS USM. Pour les très gros plans j’utilise le canon MP-E 65 associé au flash canon speedlitet MT-24 EX. Pour les macro/proxy d’ambiance je travail la plupart du temps en lumière naturel, mais il m’est arrivé d’utiliser le canon speedlite 430 EX II et/ou III déporté. 

Low-Ombrelles © Andrieux Thibault
Low-Ombrelles © Andrieux Thibault
  • Quelques mots ou réactions sur votre participation au Festival Montier, qui n’aura malheureusement pas  lieu cette année mais l’année prochaine ?

Je me suis auto formé à la photo de nature en lisant les magazines spécialisés dans ce domaine et en partageant les images sur les forums. Du coup, j’ai entendu parlé du festival de Montier-en-Der dès mes débuts. C’est un peu la Mecque pour les photographes de nature Français et tous rêve de pouvoir y exposer un jour. C’est du moins mon cas ! Faire partie de la sélection 2020 était pour moi une énorme joie, surtout avec cette série sur laquelle je travaille depuis plusieurs années. Malheureusement le covid est passé par là et a poussé les organisateurs à l’annulation de cette édition. Je pense que c’est un mal pour un bien puisque j’appréhendais un peu le fait d’exposer dans ce contexte et que le public ne soit pas au rendez-vous. J’espère que les organisateurs recontacterons rapidement les photographes sélectionnés en 2020 pour leurs proposer d’exposer en 2021. Je surveille ma boîte mail 🙂

macrophotographie : Dans les limbes © Andrieux Thibault
Dans les limbes © Andrieux Thibault
  • Pour conclure, il y’a t-il quelque chose que vous souhaitez rajouter ? 

En parallèle de mes expositions « en solo » j’ai monté il y a un peu plus d’un an un collectif avec 3 autres photographes de Nature des Alpes-Maritimes : le collectif Esprit Nature. L’idée initiale du collectif était de proposer des expositions montrant les différentes échelles de la photo de nature ; de la macrophotographie au paysage en passant par le gros animalier. Notre exposition actuelle présente ma série Empus’art pour l’échelle macro. Jean-Joaquim Crassous présente une série de paysages européens. Et la partie gros animalier est assurée par Nicolas Cegalerba et Emmanuel Juppeaux avec une série sur le dragon de Komodo et l’ours Kermode.
Aujourd’hui les projets du collectif ce sont intensifiés puisque nous avons réalisé une série de tirages sur support utilisable en extérieur. Ce qui nous permet d’exposer dans les écoles des Alpes-Maritimes. Le but étant de sensibiliser les enfants à la nature. Les tirages sont laissés en accès libre aux enfants ou servent aux enseignants de support à un travail pédagogique faisant l’objet ensuite d’une rencontre photographe naturaliste / enfants, le choix est laissé aux enseignants. L’idée est que les enseignants utilisent nos images et/ou nos interventions (2 semaines après l’installation des images, laissant le temps aux enseignants de travailler dessus avec les enfants) comme des passerelles vers leurs programmes scolaires.

 

macrophotographie : Apparition © Andrieux Thibault
Apparition © Andrieux Thibault

 

Le photographe Andrieux Thibault
Le photographe Andrieux Thibault

Thibault Andrieux – SiteInstagramFacebook