Photographe et réalisateur basé à Paris, Fabien Ecochard arpente les rues à la recherche d’histoires à raconter à travers son objectif. Sa série Ad Vitam Paname est l’une de ses histoires. À la manière de Georges Perec, Fabien Ecochard fait l’épuisement du lieu parisien et rapporte des histoires courtes lisibles dans chaque cliché.
Découvrez le travail de Fabien Ecochard, qui répond aux questions de Graine de photographe pour nous présenter sa série.
Pouvez-vous vous présenter ? Comment avez-vous commencé la photographie ?
Je suis photographe de rue, autodidacte, basé à Paris. C’est d’abord le voyage qui m’a éveillé à la photographie. Et en regardant en arrière, je réalise que je ne me suis jamais intéressé aux paysages cartes postales, aux monuments célèbres, mais depuis toujours aux gens. Les gens dans leur environnement, car l’un et l’autre se racontent ensemble à mes yeux. Naturellement, cette curiosité a envahi mon quotidien, si bien qu’aujourd’hui je ne sors plus de chez moi sans mon boîtier à la main. Une image m’attend au coin de la rue.
Pouvez-vous présenter votre série sur Paris ?
Comme beaucoup de parisiens, il est arrivé un temps où mon histoire avec Paris était en fin de parcours. J’ai quitté la ville trois ans avant de finalement revenir. À mon retour, j’ai littéralement redécouvert la ville, avec un regard nouveau et curieux. Cette série vient ponctuer 5 ans de travail, à collecter des petites histoires du quotidien qui racontent ma plus grande histoire de retrouvailles avec Paris.
Quelles émotions particulières désirez-vous susciter ? Quel message ?
Je ne cherche pas à délivrer un message en particulier, c’est à la fois la grande beauté et la grande difficulté de la photographie de rue, le propos est instinctif. Je pense qu’il y a autant de Paris à raconter qu’il y a de photographes.
Le Paris que je vis est vibrant, cosmopolite, parfois chaotique. Je m’attache à prendre le contrepied des clichés et d’une vision parfois trop passéiste de la capitale pour essayer de capturer l’énergie et la complexité d’une ville monde en mouvement permanent.
Les quartiers se transforment, les enseignes changent de propriétaires, le mobilier est modernisé, rien n’est permanent, tout change, mais les photos restent.
Avez-vous une image qui vous tient particulièrement à cœur dans cette série ? Si oui, pourquoi ?
Si je devais ressortir une image du lot, je pencherais pour une de mes plus récentes, à savoir celle du dalmatien dans les jupons de sa maîtresse. Car à mes yeux, elle réunit tout ce qui me fait m’attarder sur un cliché. A commencer par l’instant saisi, une scène à l’origine banale, qui en devient incongrue et fait travailler l’imaginaire. Il y a une tension dans la dynamique de cette scène, le chien et sa maîtresse semblent exercer des forces opposées. Et ensuite, il y a évidemment le travail sur la composition, avec ces lignes de fuite qui nous conduisent aux sujets et le rappel du motif tacheté sur la robe longue. Enfin, j’accorde une grande place au rôle de la lumière et de la couleur qui viennent ici se mettre au service de la narration.
Comment approchez-vous les gens que vous photographiez ? Les connaissez-vous ?
Pour moi, la photographie de rue consiste à composer avec l’inconnu et l’inattendu. Aucun des sujets dans mes clichés ne pose et je ne demande jamais d’autorisation. Avec le temps et la pratique, je parviens la plupart du temps à me faire oublier ou donner l’impression que je m’intéresse à un autre sujet. Et quand je suis repéré, c’est généralement trop tard, la photo est prise ! Si une discussion s’engage, je n’ai généralement qu’à expliquer ma démarche avec le sourire pour désamorcer toute crispation.
Paris, ville vivante
À travers ses photos, Fabien Ecochard retranscrit la ville vibrante et colorée qu’est Paris. Dans les rues, il épie avec une attention et une douceur toute particulière, faisant ainsi un portrait cosmopolite et délicat des habitants de la métropole. Ce florilège permet de se plonger au cœur de la ville et de ses habitants, hétéroclites et pleins de vie.
À lire aussi :
- Barbara Peacock sillonne les Etats-Unis à la rencontre des américains dans leur intimité
- A Place of Our Own, ou la vie d’une jeune femme Arabe Palestinienne en Israël
- Rencontre avec l’Italie : la street photography de Sara Camporesi
- Raised By Wolves, le récit poignant de Jim Goldberg sur les adolescents sans abris