Dans sa première exposition solo, l’artiste-photographe Rafaelle Lorgeril nous invite à franchir le seuil de son univers, à mi-chemin entre rêve et réalité. Intitulée Entre chien et loup, cette série contemplative révèle un monde intime et symbolique, façonné par la lumière, les contrastes et la résilience. Rencontre avec une créatrice pour qui photographier, c’est d’abord se reconstruire.

©Rafaelle Lorgeril

Une envie de concrétiser des années de création

« L’idée de cette exposition était d’ouvrir les portes de mon univers dans le réel. Après des années de créations, j’ai ressenti le besoin de faire vivre mes images de manière plus concrète. » – Rafaelle Lorgeril

À travers cette exposition, l’artiste explore un imaginaire sensible où chaque image devient une invitation au voyage, un voyage à la fois extérieur et intérieur. Le projet est né d’un besoin profond de matérialiser une œuvre jusque-là vécue en silence, dans l’ombre du virtuel. Cette première exposition est aussi une affirmation, une prise de parole visuelle, poétique et intime.

Un titre évocateur : Entre chien et loup

« C’est le moment de la journée où la lumière est incertaine… où l’on ne saurait distinguer un chien d’un loup. » – Rafaelle Lorgeril

Le titre de l’exposition est né d’une balade en Corrèze, à l’heure indécise du crépuscule. Inspirée par la nature, la littérature et tout ce qui laisse place à l’imagination, l’artiste choisit ce moment suspendu comme métaphore de son travail : un entre-deux fragile, propice à la rêverie. C’est aussi son instant préféré, celui où les frontières s’effacent, comme dans ses images.

Un regard contrasté sur le monde

« Ces dualités ne sont pas seulement esthétiques, elles sont liées à mon parcours personnel. » – Rafaelle Lorgeril

L’ombre et la lumière, le rêve et le réel, la douceur et la douleur : ces contrastes nourrissent une œuvre profondément introspective. Les photographies sont autant d’échos à un chemin de vie marqué par des épreuves : vulnérabilité, dépression, dépersonnalisation. La photographie devient alors un exutoire, un journal intime visuel où chaque image trace un bout de guérison.

Une construction progressive, organique

« C’est comme si chaque image était la pièce d’un puzzle enfin reconstitué. » – Rafaelle Lorgeril

La série n’est pas née d’une idée fixe, mais d’un processus fluide, nourri sur plusieurs années. Les images se sont imposées comme les fragments d’un discours intérieur enfin assumé. Malgré les doutes et les questions de légitimité, le projet a vu le jour, porté par un besoin de donner forme à ce monde intérieur.

Un espace d’émotions partagées

« J’ai senti que certaines personnes avaient profondément été touchées… et quel soulagement de se sentir moins seule. » – Rafaelle Lorgeril

L’exposition s’est tenue en novembre 2023, et ce fut un moment fort, à la fois fragile et libérateur. L’un des éléments marquants fut le mur des pensées, installé comme une extension de l’esprit de l’artiste. Notes personnelles, citations, bribes de texte… les visiteurs étaient invités à y déposer leurs propres mots. À la fin, le mur débordait d’émotions partagées, preuve que l’intime peut devenir universel.

Une photographie instinctive, sensible avant tout

« Je dirais que c’est l’instinct qui guide ma manière de photographier. » – Rafaelle Lorgeril

La technique est bien là, maîtrisée, mais elle s’efface au profit de l’intuition. L’artiste suit un élan intérieur, une pulsion créative qui s’exprime à travers la lumière, les textures, les atmosphères. La composition n’est jamais figée, mais guidée par le ressenti.

Un univers nourri par la poésie, la peinture, le cinéma

« J’aime ce qui touche à l’invisible, au symbolique, à la solitude. » – Rafaelle Lorgeril

Les influences sont multiples, allant de la poésie d’Éluard à la peinture de Hopper, de la lumière du Caravage aux atmosphères de Nicolas Winding Refn. Cinéma, écriture, arts plastiques : tout ce qui nourrit l’imaginaire et la contemplation trouve une résonance dans son travail. Parmi ses références marquantes : Magritte, Botticelli, Munch, Paolo Roversi, ou encore les films de Gaspard Noé et Ryan Gosling.

©Rafaelle Lorgeril

Et après ? Vers une nouvelle exposition immersive

« J’ai envie de créer un véritable espace sensoriel et introspectif. » – Rafaelle Lorgeril

Forte de cette première expérience, l’artiste travaille désormais sur une prochaine exposition mêlant photographie, écriture, set design et vidéo. L’ambition ? Créer une immersion complète, un lieu d’émotions plurielles, où les sens et les pensées s’entremêlent.

image de la photographe ©Rafaelle Lorgeril

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