Pays montagneux d’Asie Centrale niché entre les géants chinois et kazakh, le Kirghizistan est, à l’instar des autres anciennes républiques de l’Union Soviétique, injustement méconnu. Entre modernité, traditions et héritage soviétique, ses visages sont pourtant multiples et passionnants !
Le jeune photo-reporter français Elliott Verdier s’y est rendu pendant 4 mois afin d’y découvrir ses paysages et surtout ses habitants, affrontant à cette occasion le froid glacial de l’hiver kirghize.
Entretien avec le photographe dont le travail est exposé à la galerie 247 sur Paris jusqu’au 24 février.
-
Pourriez-vous vous présenter ; comment avez-vous commencé la photographie ?
Je suis né il y a 25 ans à Paris et j’y vis toujours. J’ai découvert pour la première fois la photographie lorsque mon baby-sitter m’a fait faire le tour de Paris un appareil à la main ! Plus tard c’est mon parrain, collectionneur de tirages et bien plus, qui a aiguisé mon regard. Au départ formé par une culture très classique du photo-reportage, je me suis détaché petit à petit d’une approche frontale en noir et blanc pour prendre plus de distance et paradoxalement toucher une corde plus intime, plus sensible.
-
Comment s’est fait le choix de cette destination ? Qu’est-ce qui vous a attiré jusqu’au Kirghizistan ?
Suite à un reportage fait en Mongolie, je m’intéressais de plus en plus à l’Asie Centrale. En me documentant sur la région, j’ai découvert le Kirghizstan. J’ai un peu honte, mais je n’en avais réellement jamais entendu parler ! Les zones en marges, dont on entend peu de nouvelles, m’ont pourtant toujours attirées. C’est comme ça que ma curiosité pour le pays est apparue.
-
On a souvent une certaine image d’un pays avant de s’y rendre, des idées préconçues en quelques sortes ou des attentes… qu’est-ce qui vous a surpris pendant votre séjour sur place ?
J’avais très peu d’informations sur le Kirghizstan, mais j’avais la vision d’un territoire sauvage, brut. C’est en grande partie le cas. Ma plus grosse surprise fût d’y découvrir une jeunesse moderne, connectée, ambitieuse et dynamique. Je suis resté quatre mois dans la capitale et j’ai donc eu le temps de découvrir des personnes, des lieux, que je pourrais retrouver en bas de chez moi à Paris.
-
Votre série se compose de portraits mais aussi de photos de paysages – urbanisés ou non. Qu’est-ce que vous préférez photographier ?
Je n’ai pas forcément de préférence, mais le portrait me rend plus nerveux. Il y a cette envie, et ce devoir, d’exprimer quelque chose sur quelqu’un. J’ai toujours peur de ne pas viser juste… Il est bien plus subtil de trouver une émotion juste à travers une personne qu’un paysage figé. Pour qu’un portrait soit réussi, il ne faut pas seulement un visage intéressant, il faut une attitude, un regard, un don de la personne !
-
Quelle est la photo que vous avez prise là bas que vous aimez le plus ? Pourriez-vous nous raconter l’histoire derrière celle-ci ?
J’étais à Min Kush, une ville à la beauté fanée coincée entre deux montagnes, au fond d’une mine de charbon éclairée par un puits de lumière naturelle. C’était une prise de vue vraiment difficile, j’avais installé mon trépied au seul endroit possible, sur la pente qui mène à ce trou. Du coup, je n’arrêtais pas de glisser, continuellement. Mais je voulais vraiment faire cette image du travailleur en blanc cerné par le noir du charbon, comme une perte de repère. À mon sens, il se dégage de lui beaucoup de dignité, c’est exactement le résultat que j’espérais.
-
Quel matériel utilisez-vous principalement pour réaliser vos photos ?
J’ai une chambre Sinar F1 (bien trop lourde et pas pratique !) accompagnée d’un objectif Rodenstock 150mm. Sinon, en numérique, j’ai un Nikon D800 muni d’un 35mm 1.4 Sigma.
-
Avez-vous des projets pour le futur ?
Bien sûr, mais j’aimerais garder ça secret pour l’instant !
Retrouvez l’ensemble du travail d’Elliott Verdier sur son site, et n’hésitez pas à le suivre sur Instagram !
Venez découvrir ses photos à la galerie 247 sur Paris jusqu’au 24 février 2018.
Et rejoignez-nous pour un cours Composition ! Dates et inscriptions pour tous nos cours ici !
A LIRE AUSSI
- Virée photographique au Sénégal avec Jussi Puikkonen
- Open Land, découvrez le Kirghizistan grâce à David Schermann
- Les contrastes de la Bolivie selon le photographe Kevin Faingnaert