Charlotte Szczepaniak est une photographe française âgée de 23 ans. En 2018, elle imagine un projet de photographie thérapeutique contre le cancer du sein. En mettant en scène une dizaine de femmes, elle aborde le sujet lourd et complexe de la maladie et de tout ce qui en découle en image. Sa série photo « Tant qu’on respire encore » permet de redonner confiance à ces femmes atteintes de près ou de loin par la maladie en leur communiquant un message de force et d’espoir. Son projet a été exposé lors de la saison d’Octobre rose en 2018 à Lille.
La photographie thérapeutique pour soigner les maux.
Fascinée par la photographie depuis presque 10 ans, cela fait maintenant 4 ans que Charlotte vit de sa passion. Amoureuse des mises en scène, la photographie lui permet de raconter des histoires et de dépeindre ses émotions. À travers cette discipline artistique, Charlotte témoigne aussi de son engagement envers certaines causes qui lui tiennent à cœur. Son projet « Tant qu’on respire encore » a pour but de réconcilier les femmes atteintes du cancer du sein avec leurs propres corps, en changeant le regard qu’elles portent sur elles-mêmes. En parlant de ce qui dérange, la photographe confronte ses modèles à leurs propres images; leur permettant ensuite de se sentir fières et belles malgré les traces physiques et psychiques engendrées par la maladie. Pour réaliser ces portraits de femmes battantes, Charlotte s’est inspiré de plusieurs grandes œuvres ; « La liberté guidant le peuple de Delacroix », « la vénus de Milo d’Antioche », ou encore des œuvres de Frida Kahlo.
Le cancer du sein, un combat touchant 1 femme sur 8.
Le projet de Charlotte envers cette cause est lourd de sens et de vécu pour elle. En effet, la jeune photographe a été impactée de près par la maladie au sein de sa famille proche. Véritable modèle de courage, elle s’est rasé la tête pour soutenir sa mère atteinte du cancer du sein. À travers sa série de photographie thérapeutique, le travail de cette talentueuse photographe émane donc d’une volonté de sensibiliser et de soutenir les femmes porteuses de la maladie. Le cancer du sein étant le cancer le plus diagnostiqué chez la femme, la prévention est en effet primordiale. Bien que 8 cancers du sein sur 10 se déclarent après 50 ans, de plus en plus de jeunes femmes sont touchées.
Afin d’en apprendre davantage sur l’œuvre de cette photographe, nous sommes allés à sa rencontre. Découvrez notre interview exclusive avec Charlotte Szczepaniak.
Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir photographe ?
Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la photographie, ce n’était qu’un amusement avec ma meilleure amie de l’époque. Nous nous prenions chacune notre tour en photos pendant des après-midis entiers. Je n’avais pas prévu d’en faire mon métier, j’avais d’ailleurs entrepris des études de médecine après l’obtention de mon bac, mais j’ai eu la chance de pouvoir vivre de ma passion alors je l’ai saisi et je ne regrette pas cette aventure !
Comment avez-vous eu l’idée de réaliser cette série photo et en quoi cette cause vous tient-elle particulièrement à cœur ?
L’idée m’est venue en mai 2018. À cette période, ma maman faisait une grave récidive et ma grand-mère paternelle apprenait qu’elle était également touchée. C’était un coup de massue pour moi et ma famille. J’ai ressenti le besoin d’en parler, de sortir toutes ces émotions que j’avais en moi. J’ai eu envie de leur donner, à elles ainsi qu’à d’autres femmes malades ou ayant été malade ; la parole, une occasion de leur prouver qu’elles sont fortes et que la maladie n’est pas une fin en soi. Le cancer du sein est une cause qui me tient particulièrement à cœur, car depuis 2014, ma maman se bat avec. Aujourd’hui, elle est en rémission ainsi que ma grand-mère.
Quel impact a eu la photographie thérapeutique dans la vie de vos modèles photo ?
Grâce à ces photos, j’ai fait de fabuleuses rencontres (que ce soit pendant la réalisation de ce projet ou après, car il continue de vivre et de faire du bien). Des dizaines de femmes se sont livrées à moi, m’ont ouvert les portes de leur intimité et m’ont appris la définition du mot « résilience ». Je sais aujourd’hui que je les ai aidées à se réapproprier leur corps, à se sentir belles et fortes et à reprendre confiance en elles.
Parmi cette série, est-ce qu’une photographie thérapeutique a une signification particulière pour vous ?
La photo la plus marquante de ma série photo est pour moi celle de ma maman brandissant son drapeau et avançant vers moi d’un pas décidé.
Avez-vous un message à faire passer à travers cette série photo ?
Si je devais faire passer un message, ce serait de ne pas attendre et de se faire dépister dès le moindre doute, car le temps compte : un cancer peut être soigné s’il est pris en charge à temps. Mais je souhaiterais également dire à toutes les femmes ainsi qu’aux hommes (car ils peuvent aussi être touchés) qui liront peut-être cet article qu’ils sont forts ; il y aura des moments difficiles, mais vous réussirez à les surmonter, il ne faut pas laisser tomber; car la vie vaut la peine d’être vécue et elle est encore plus belle après la victoire. Également, si certaines personnes n’ont pas la chance d’être entourées; elles peuvent trouver du réconfort et de précieux conseils auprès d’associations.
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