Hestur (qui signifie cheval en vieux norrois) est un magnifique projet de Samy Berkani, qui nous emmène à la rencontre des chevaux islandais. Photographe professionnel basé dans le Jura et passionné de nature, Samy Berkani voyage régulièrement dans les pays nordiques dont l’Islande. Ses travaux se composent essentiellement de photographies sur la vie sauvage. À l’occasion de la sortie de son livre Hestur, Cheval en terre d’Islande qui retrace deux années passé en Islande en compagnie des chevaux islandais, le photographe Samy Berkani a accepté de répondre à nos questions au cours d’une courte interview.

« (…) fasciné par ces animaux, je leur ai consacré une exposition dans un premier temps, et un livre depuis octobre 2018. J’ai abordé les chevaux islandais, qui vivent en liberté, comme je le fais avec les animaux sauvages. Je me suis fixé pour objectif de retranscrire la poésie qui se dégage d’eux et de leur environnement, l’Islande. Et pour cela, j’ai vécu avec eux, j’ai suivi un troupeau, depuis les premières neiges au blizzard en passant par les nuits glaciales sous les aurores boréales. Des instants de vie et une histoire que je présente aujourd’hui dans cet ouvrage. » – Samy Berkani

Hestur, Cheval en terre d’Islande ©️ Samy Berkani
Hestur, Cheval en terre d’Islande ©️ Samy Berkani

Quelles sont vos principales sources d’inspiration ?

Le froid, la glace, la brume, le blizzard… Lorsque la nature impose le silence, mes sens se réveillent. J’aime partir en autonomie pendant quelques semaines pour vivre dans ces conditions. Les paysages minimalistes, les lumières froides du nord, voilà ce qui m’inspire.
Lorsque l’été arrive, que les paysages se chargent de verdure et de végétation, ça devient plus compliqué pour moi, artistiquement du moins.

Avant de faire quoi que ce soit, j’essaie toujours de sortir de ma condition d’humain, de faire abstraction des codes sociaux, de ma propre culture, du langage … Cela me permet de mieux comprendre ce que je photographie. Entrer dans une bulle et oublier tout ce que j’ai appris jusque-là est quelque chose de très excitant pour moi. Dans le cadre de la photographie animalière, cela permet de faire preuve d’empathie, de se mettre à la place de l’autre pour comprendre son monde.

Les photographes qui m’ont le plus inspiré sont Ragnar Axelsson et Vincent Munier. Mais la musique et le son en général m’inspirent également. J’écoute beaucoup de musique expérimentale et tout ce qui sort de l’ordinaire. Karin Dreijer, Sigur Rós… Mes images se construisent parfois (souvent) à partir de sons.

Hestur, Cheval en terre d’Islande ©️ Samy Berkani
Hestur, Cheval en terre d’Islande ©️ Samy Berkani

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ? Quel est votre parcours (personnel et photographique) ?

Je suis né et j’ai grandi en Algérie, dans la région de Grande Kabylie. J’y ai passé toute mon enfance et mon adolescence. Comme tout jeune vieux qui se respecte, j’en garde le souvenir d’une belle époque. Pourtant, c’était la guerre civile, les bombes, les morts… Mais le cerveau d’un enfant a ses secrets que les adultes ignorent.

J’ai suivi un parcours scolaire jusqu’au BAC S que j’ai obtenu. Ensuite, j’ai arrêté les études. J’ai toujours préféré apprendre seul, en pratiquant. Les bancs de la fac m’ont très vite ennuyé. Je me suis d’abord formé au développement web, puis j’ai créé une agence web dans laquelle j’ai travaillé pendant 5 ans. Parallèlement, j’ai exploré différentes catégories de la photographie (portrait, photographie de rue…) avant d’entrer dans le monde de la photo animalière par la case macro.

J’ai toujours été attiré par l’image, l’expression figée. La nature m’a toujours attiré. J’ai fini par faire le lien entre les deux. Je me suis professionnalisé il y a deux ans pour vivre pleinement ce métier-passion.

Quel matériel utilisez-vous principalement ? 

J’utilise un Nikon DF, quelques focales fixes (24mm 2.8, 50mm 1.8, 85mm 1.4, 105mm 2.8 macro, le tout de chez Nikon), et un zoom Sigma 120-400mm f/4.5-5.6.
Sur le terrain j’aime la mobilité, alors j’ai pour le moment exclu les téléobjectifs fixes pour leur poids important. Le Nikon DF est plutôt un boîtier de photographe studio, mais sa petite taille, sa légèreté et surtout le positionnement des boutons de réglage (sur le dessus du boîtier) me convient parfaitement. Je le manipule facilement avec de grosses moufles. Il résiste assez bien au froid. Que demander de plus ?
Un trépied/rotule Manfrotto et des filets de camouflages complètent mon matériel.

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