Connue pour son univers poétique oscillant doucement entre rêve et réalité, Julie de Waroquier a commencé la photographie en 2008 et s’est distinguée dès 2010 en remportant plusieurs prix. La photographe française, également professeur de philosophie et passionnée de psychanalyse, aime jouer sur la connexion entre monde objectif extérieur et réalité subjective intérieure. Pour interroger cette connexion et nous transporter dans un monde onirique, la photographe s’appuie sur son excellente maîtrise du traitement numérique.
Dans sa série intitulée Doppelgänger, Julie de Waroquier met en scène le syndrome de l’ami imaginaire, projection fictive qui n’existe que dans l’esprit de la personne qui la crée. Ici, la photographe nous raconte en image l’histoire d’une jeune femme névrosée prenant peu à peu conscience que son amie imaginaire n’est pas réelle.
On pourrait croire au premier abord qu’il s’agit de vraies jumelles, mais il s’agit en fait d’une seule et même modèle, Florence Rivières, mise en scène et dédoublée avec virtuosité par Julie de Waroquier.
« Les inspirations ont sans doute été multiples et pas toutes conscientes ; j’ai été inspirée par les films et les livres construits sur un retournement inattendu en fin d’histoire, comme Fight Club, Usual Suspects ou Shutter Island. C’est un procédé classique de la fiction que j’ai eu envie d’appliquer à la photographie. » – Julie de Waroquier
Au coeur de ce questionnement, Julie de Waroquier nous propose une mise en abyme du concept autour de la photographie. À l’ère du numérique, on se pose beaucoup la question du rapport entre photographie et vérité. Dans l’imaginaire collectif, la photographie devrait représenter la réalité objectivement, et la retouche est souvent perçue avec méfiance comme une altération de la réalité, presque un mensonge. Polémique.
Dans la série Doppelgänger, on retrouve deux types de photos : des images réalisées au reflex numérique et retouchées, et des clichés instantanés (pris à l’Instax). Julie de Waroquier a fait en sorte que le matériel utilisé serve directement le propos de la série : tandis que les photos prises au reflex et ré-imaginées illustrent l’imaginaire de la jeune femme en nous laissant entrevoir son double fantasmé, les clichés instantanés renvoient à la réalité extérieure et prétendument objective.
« La succession des images joue avec la perception du spectateur, et questionne de la sorte le rapport de la photographie à la vérité. A terme, on ne sait plus ce qui est rêvé ou réel. La photographie demeure alors dans l’ambiguïté, entre objectivité et subjectivité, entre témoignage et fiction… tout comme le personnage oscille entre fantasme et réalité. » – Julie de Waroquier
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