Hengki Koentjoro commence la photographie à 11 ans à Samarang, en Indonésie, après avoir reçu un Kodak Pocket. Grâce à ce simple appareil argentique de poche, la grande passion pour la photographie fleurit en l’artiste. C’est une passion lente, teintée d’espérance et d’impatience. Pour chaque pellicule, le jeune Hengki doit attendre un mois avant de voir ses photos, car le seul laboratoire se trouve à Singapour. Cette patience forcée, devenue maître pour l’artiste, se retrouve encore dans ses séries actuelles. Chez Hengki Koentjoro, la photographie est méditative, imprégnée dans un noir et blanc profond qui force l’humilité.

Dans sa série Altitude, Hengki Koentjoro photographie l’immensité de l’Indonésie en noir & blanc. Documentant les contrastes et les textures, c’est l’interdépendance de toutes choses qui se révèlent dans ses photographies.

article blog février 2024 Hengki Koentjoto
©Hengki Koentjoro

Hengki Koentjoro touche le ciel

Située sur le Cercle de Feu, là où se rencontrent l’océan Pacifique et la fin de la ceinture alpine, l’Indonésie jouit d’une topographie volcanique très riche. Ce sont ces reliefs foisonnants que Henkgi Koentjoro capture inlassablement. Profitant de points d’observation naturels en altitude, il photographie à l’aube, pour encapsuler toute la beauté des forces de la Nature.

« C’est l’une des plus grandes joies de la vie : le plaisir de se réveiller à l’heure la plus matinale, de courir avec l’aube pour gravir les hauteurs de la terre. Et ils seront là dans toute leur majesté : couverts par la brume qui enveloppe la naissance du jour, les sommets endormis s’éveillant aux premières lueurs du lever du soleil. »

Bien que sans artifices, les photos de Hengki tombe dans le royaume du mystique. Les monochromes de l’artiste sont des portraits idiosyncrasiques de la Nature insaisissable, dense et merveilleuse. L’émotion est au centre de son art, un reflet d’humeur de l’artiste renvoyé par ce miroir qu’est Mère Nature pour l’Homme. Dans les nuances de gris, Hengki expose les nuances du monde.

« Je suis d’accord avec Elliot Erwitt qui a dit que la photographie est un art de l’observation ; cela n’a pas grand-chose à voir avec les choses que vous voyez et tout à voir avec la façon dont vous les voyez. Pour moi, la photographie est une expression qui doit susciter l’émotion. »

Pas de lumière sans obscurité

L’interdépendance des choses — exprimée par ce jeu de miroir entre Humain et Nature ainsi que photographe et spectateur, se retrouve magnifiée par l’utilisation d’un noir & blanc contrasté et frappant. Avec ce simple symbole, Hengki Koentjoro donne un sous-texte presque religieux à ses photographies. C’est une lecture claire qui se fait de ces clichés, où la lumière règne grâce à l’obscurité et les formes prennent vie dans l’existence d’un rien imperceptible. L’être et le non-être, la Nature et l’Homme, le noir et le blanc, c’est bien tout cela que saisit le photographe, bien au-delà d’un paysage sauvage qui pourtant nous apparaît comme tel.

« Le noir et blanc est intemporel. Je vois plus clairement dans la photographie monochrome, je trouve que la couleur est distrayante. En noir et blanc, les formes, les lignes, la lumière et les ombres deviennent des éléments très importants avec lesquels il faut jouer. La tonalité est essentielle parce qu’il y a 256 nuances de gris et qu’il ne s’agit donc pas seulement de noir et de blanc. En fait, la capacité de choisir la quantité et l’emplacement de ces nuances est importante pour réussir une photographie monochrome. »

La fabrication d'une photographie

Hengki Koentjoro est un artisan de la photographie qui s’investit dans son art. De l’ascension des hauteurs de l’Indonésie jusqu’à la retouche de ses photos, il garde un esprit créateur très pur. L’émotion et le ressenti face à une œuvre constituent le point d’orgue de son processus créatif.

Que ce soit derrière son objectif ou son ordinateur, Hengki prend soin de travailler ses clichés pour offrir au spectateur un spectacle où foisonnent émoi et admiration face à cette Nature sublimée.

« Mon idole est le grand Ansel Adams ; c’est lui qui a pratiquement ouvert ma carrière dans la photographie en noir et blanc. La seule raison pour manipuler une photo dans une chambre noire ou dans Lightroom est sa célèbre citation : « On ne prend pas une photo, on la fait ».
À mon avis, au bout du compte, lorsque la poussière est retombée, c’est la photographie finale qui compte ; tant que la photographie évoque une émotion pour le public, il s’agit d’une photographie légitime, peu importe qu’elle ait été retouchée ou non. »

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