Photographe freelance professionnel depuis 1995, Pidz est « l’antenne lilloise » de Graine de Photographe (comme il aime s’appeler). Il a d’ailleurs rejoint les rangs de notre équipe dès notre arrivée en 2014 à Lille.
Pidz est notamment spécialiste de la photographie de spectacle (concert, théâtre, danse) et par extension, des prises de vues en lumières difficiles. Sa passion pour l’échange et la transmission n’a d’égal que sa bonne humeur. Certains d’entre-vous ont eu l’opportunité de le rencontrer lors de l’un des nombreux cours photo à Lille qu’il a animé, ou peut-être de le croiser sur notre stand lors du Salon de la Photo. Pour celles et ceux qui n’ont pas eu cette chance, nous avons eu envie que vous puissiez le découvrir à travers ce portrait-interview !
Qu’est ce qui t’a amené à la photo ?
Le hasard ! Adolescent, je vivais à Annecy et j’ai passé une journée de ski de rêve (potes / soleil / poudreuse) sous l’objectif d’un photographe pro qui avait besoin de jeunes pour faire quelques photos de ski pour une agence. Ma rencontre avec la photo s’est faite comme ça. Avant même l’envie ou la passion, j’ai vu un métier. Et les arguments de ce métier étaient très tentants avec notamment une liberté incroyable ! On peut travailler dehors, skier toute la journée (c’était un peu mon obsession du moment !), changer de lieu, d’interlocuteur, de sujet, au fil des commandes, etc. Moi qui redoutait une vie professionnelle routinière et monotone, ça me semblait tout indiqué. Ça m’a travaillé en bruit de fond pendant 2 ou 3 ans. Jusqu’à ce que je récupère un vieux boitier de mon grand père, un Voïglander VitoB – non reflex- un véritable enfer pour débutant qui n’y connait strictement rien (*smiley qui panique* 😱 ).
À la récupération de ma première pellicule (ratée évidemment), la magie est montée d’un coup, comme un barrage qui cède ! J’ai passé un été à bosser pour m’acheter mon premier Nikon, un FE2 (qui trône toujours sur mon bureau), et après mon bac j’ai quitté les Alpes et suis parti à Toulouse pour passer 3 ans à l’ETPA, une école de photo.
Qu’est ce que tu préfères en photo ?
Euh … la photo ? (*smiley crétin*). Je suis passionné par l’image et comme j’ai conservé mon aversion pour la routine, je suis surtout heureux d’avoir trouvé LE métier qui me permet de changer de métier à chaque fois. Par exemple en ce moment je travaille pour un office de tourisme, un groupe de chanson, un festival de cinéma, une société de conseil en solutions bureautique, un magazine musical, Graine de photographe, une société de productions audiovisuelles, une école de cinéma, un centre ressource du développement durable… Mes journées sont toutes différentes et c’est exactement ce dont je rêvais. Passer du reportage au studio, de l’intérieur à l’extérieur, c’est génial ! Dans la même logique, j’aime faire des photos dans des conditions nouvelles, « sortir de ma zone de confort » comme on dit. C’est évidemment une pression supplémentaire, mais ça oblige à se renouveler et à découvrir de nouvelles choses.
Au delà de mon travail, je suis évidemment sensible aux lumières dans les images des autres, mais je remarque que je suis surtout touché par les photos graphiques, qui montrent peu et sont composées avec précision. Par exemple le travail de Fan HO (que j’ai découvert récemment, honte sur moi !) me fascine.
Est-ce que tu as un projet photo perso en cours ?
Je viens de trouver un adaptateur qui me permet de monter les objectifs de mon Pentacon SIX des années 60 sur mes boitiers numériques, alors en ce moment je joue au portrait avec le rendu un peu old school de ces vieilles optiques. La photo de nuit en pose longue hors milieu urbain est aussi un sujet que j’aime traiter. Les séances de nuit sont un peu spéciales, avec le silence, la solitude, l’attente. J’ai l’impression que cette ambiance calme se retrouve sur les photos. Je ne pense pas que cela deviendra une série en tant que telle, je fais ces photos pour moi, par pur plaisir, ça me « nettoie les yeux ». Il y a quelques années je ne faisais plus que de la photo pour mes clients et je me suis un peu perdu, je n’avais plus trop le goût de l’image. Je me suis secoué pour reprendre l’appareil photo par plaisir et c’est revenu – heureusement pour moi avec la photo de nuit. Aujourd’hui j’ai besoin de faire régulièrement des photos perso, sans but. Un peu comme un musicien pro qui se mettrait au piano juste pour le plaisir, sans autre intention que d’en « jouer » au sens premier du terme.
Quel matériel préfères-tu utiliser ?
Ce n’est pas pour botter en touche, mais tout ce qui permet de faire de la photo m’intéresse. Le smartphone, évidemment, comme appareil du quotidien, « bloc notes » de l’instantané facile à dégainer. J’ai la chance d’avoir pas mal de matériel à disposition : du 24×36 numérique ou argentique, du 6×6 et je dois même avoir un sténopé maison qui traine quelque part.
En réalité c’est un peu comme en bricolage. Le seul bon outil est celui dont tu as besoin pour ton projet ! Mais j’avoue toutefois faire assez peu d’argentique car une partie du processus m’échappe lorsque je confie mon film au labo (même si j’ai toute confiance, coucou Papier Filtre !) et ça me frustre un peu. J’aimais bien tout faire de bout en bout, de la prise de vue au tirage final lorsque j’avais mon labo à demeure. Aujourd’hui c’est le numérique qui nous permet de suivre facilement l’intégralité de la chaîne (et sans barricader la salle de bains familiale) alors je suis plutôt utilisateur de la photo digitale.
Quels sont tes spots photo préférés à Lille ? Est-ce que tu as des endroits un peu cachés à nous présenter ?
Les endroits cachés sont… cachés, un point c’est tout ! 🙂 Sur Lille intra-muros, ce n’est pas très original mais j’adore la Vieille Bourse. Le mélange de touristes, bouquinistes, affichistes, flâneurs et joueurs d’échecs est propice à faire chaque fois des photos différentes dans un décor unique. Un peu plus excentré et plus confidentiel le Jardin des Géants, derrière la gare Lille-Europe, est un parc très original avec des points d’eau, des ponts, des allées, des sculptures inattendues et des perspectives dans tous les sens. Le lieu se suffit à lui même mais c’est aussi un très beau décor pour des portraits. En dehors de Lille mais à un jet de pierre, l’agglomération de Lens est un formidable terrain de jeu photographique : les terrils, les chevalements, le Louvre-Lens sont autant de sujets qui se prêtent aux images fortes*. La ville d’Arras avec ses 2 places à l’architecture sublime n’est pas en reste non plus. Et puis, même si le ciel est souvent bas, nous avons ici des lumières assez dingues qui te permettent des photos réussies même sur un sujet moyen !
Comment as-tu connu Graine de Photographe ?
Je ne connaissais pas Graine de photographe, c’est Graine qui me connaissait ! 😀 Sérieusement, lorsque Graine de Photographe a voulu ouvrir une antenne lilloise, ils ont cherché des photographes locaux. Mon nom est sorti du chapeau, comme par magie. Ils m’ont pris pour un lapin sans doute ! ( magie + chapeau + lapin … tu l’as ?).
Qu’est ce que tu préfères enseigner chez Graine ? Pourquoi ?
Pour commencer, j’aime bien parler photo. Donc la transmettre est un vrai plaisir. Dans le détail, j’aime bien le cours photo de nuit parce que c’est une de mes pratiques fétiches, une de celles que je fais par plaisir. Mais les cours vitesse et mouvement et profondeur de champ sont très excitants car ce sont les premiers à faire sauter les verrous techniques. Ils ouvrent la voie à la créativité photographique. Quand un stagiaire réagit parce-qu’il vient de comprendre un truc, c’est génial ! Tu as l’impression que tout un monde s’ouvre devant lui, j’adore !
As-tu une anecdote de cours avec Graine à raconter ?
Un homme avait offert un cours à sa femme parce qu’il trouvait qu’elle prenait trop de temps pour faire ses photos (ils randonnaient beaucoup et lui attendait pendant qu’elle photographiait). Après le cours, la femme en question m’envoyait un message amusé, me disant qu’elle avait mis une heure et demie pour parcourir les 500 mètres nécessaires pour rentrer chez elle, car elle avait photographié tout ce qui lui passait sous l’objectif, heureuse d’avoir découvert de nouvelles choses ! L’intention de son mari était bonne, mais totalement contre productive ! 🙂
J’ai aussi eu un père qui avait offert un appareil et un cours photo à son ado et qui l’accompagnait sur un cours profondeur de champ avec un seul boitier pour tous les deux. Comme une suite logique, ils s’inscrivent au cours vitesse et mouvement suivant. Je les vois alors arriver avec un appareil chacun. Le père, qui semblait avoir suivi le premier cours d’une oreille distraite, avait été mordu par le virus de la photo et il s’était offert un boitier !
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui débute ?
Une fois que tu penses avoir fait trop de photos, continue ! 😀 (j’ai été très bavard sur les réponses précédentes, je termine court)
*un week-end photo dans le bassin minier est dans les tuyaux, on vous en dit plus bientôt ! 🙂
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