Rencontre avec Laurent Castellani, talentueux photographe aux clichés minimalistes qui vient d’être approché par Netflix.
Installé à Nantes depuis 15 ans, Laurent Castellani est un jeune photographe et réalisateur qui s’est lancé dans la photographie en 2017. Repéré pour ses clichés minimalistes emprunts d’émotion, le photographe collabore régulièrement avec de grandes marques dans le secteur du luxe.
Des portraits en plan serré, des natures mortes épurées, des tons pastel et le tout en lumière naturelle, voici ce qui nous a séduit dans le travail du photographe français. Son sens du cadrage et du traitement de l’image apportent une esthétique raffinée et pure qui sublime ses sujets, du détail d’un grain de peau aux délicates pétales d’une fleur.
Nominée aux Fine Arts Photography Awards, sa série Mulholland marque un tournant dans sa carrière. Des clichés envoûtants, oniriques dans lesquels il fait évoluer ses modèles, des femmes mystérieuses dans l’obscurité de décors urbains.
Ma série Mulholland Drive est un shoot réalisé le 22 août 2018 pour lequel je n’étais absolument pas préparé. J’ai rencontré la modèle 30 minutes avant, on a discuté et je ne savais même pas où j’allais shooter.
Ce jour-là, tout a fonctionné : ses vêtements, son style, la lumière. Ça a marqué un tournant dans ma vie de photographe. D’ailleurs, je ne sais pas pourquoi, je n’ai jamais aimé le mot « photographe », pour moi je suis créateur d’images, d’expériences visuelles. J’aime y associer du son ou du mouvement en vidéo.
Et d’ailleurs un petit conseil, lorsque vous réussissez un shoot avec quelqu’un, n’essayez pas de le reproduire. Ça ne marche jamais. Vous aurez beau reprendre la même personne, le même lieu, il en sortira quelque chose d’autre. Justement à cause de cette part de hasard fascinante qu’on ne maîtrise pas. C’est ce qui donne à la photo toute son âme, et personnellement cela continue de me fasciner. Savoir lâcher prise et laisser faire tout en ayant un fil conducteur, reste pour moi la meilleure façon de faire.
– Laurent Castellani
Une série proche de l’écriture visuelle de David Lynch que le photographe cite volontiers comme une référence. On notera aisément que l’ensemble de son travail porte la marque d’influences oscillants entre l’univers du luxe et le monde du cinéma.
Les univers de David Lynch et Nicolas Winding Refn sont des sources d’inspiration pour moi, une esthétique assez léchée et un univers assez « dark ». J’aime aussi l’univers d’Audiard, une lumière naturelle, des prises derrière l’épaule, du naturel et de l’attitude. Cela a terriblement influencé mes photos, car j’ai commencé par filmer.
Je me sers de mon appareil comme d’une caméra finalement. J’aime le mouvement et les beaux « accidents » suite au déplacement. J’essaie de ne pas rester figé.
La musique est essentielle. Je shoote d’ailleurs en musique le plus souvent. J’aime écouter de la musique « focus » sur Spotify pendant les shoots, des musiques mélancoliques afin de mettre mon sujet en situation.– Laurent Castellani
Directeur artistique web de métier depuis 15 ans pour les plus grandes agences de communication de Paris, Laurent a eu toujours le sens de l’image. Son conseil pour ceux, qui comme lui souhaitent se lancer dans la photographie :
Partir sur le matériel qui correspond à vos attentes et ne pas le mettre ensuite au centre de l’attention. Cette question revient sans cesse « quel appareil utilisez-vous et avec quel objectif ? ». Honnêtement, cela n’a aucune importance quand on arrive à un certain niveau. Au début, il faut que l’appareil soit adapté à nos besoins pour donner envie, mais ensuite seul l’oeil et la direction des modèles est importantes. Donc s’inspirer de la musique, des films, des autres photographes et savoir ce qu’on souhaite faire avec un shoot me semble essentiel même si parfois, j’ai laissé les choses se faire avec de vagues idées. Trouver son style. Le matériel ne doit être qu’un moyen d’y parvenir.
Bien s’entourer est également primordial, autant dans la vie professionnelle que personnelle, car c’est une passion qui prend énormément de place dans la vie de celui qui souhaite la vivre pleinement. Il faut que le conjoint, la femme, le mari en ait conscience, car cela demande des sacrifices. Il n’y a pas d’horaires, notre cerveau travail sans cesse, on peut avoir des absences alors que nous sommes entourés, car on réfléchit à des images. Ce que Lynch appelle « l’Art Life », être artiste de l’image ne se dissocie pas de notre vie privée selon moi. La césure n’est pas palpable, cela nous habite, il faut être prêt à ça.
– Laurent Castellani
Laurent Castellani : Site – Instagram
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