Richard Tuschman est un photographe américain originaire du Midwest, vivant actuellement à New York. Sa créativité s’est d’abord exprimée à travers le dessin et la peinture avant qu’il n’intègre le monde de la photographie. Par conséquent, l’univers artistique du photographe est marqué par des esthétiques picturales mais également cinématographiques par certains aspects visuels. Sa première série Hopper Meditations, en hommage au peintre Edward Hopper, lui vaut plusieurs expositions, publications et récompenses. Par la suite, il réalise My Childhood Reassembled. Pour cette série, il a souhaité reconstituer une partie de son enfance, se basant sur ses albums de famille et ses propres souvenirs. Fascinantes à la fois artistiquement que techniquement; les images prennent vie dans la maison de son enfance et nous plongent dans le foyer d’une famille américaine de classe moyenne des années 1960.
Le parcours de Richard Tuschman, entre peinture et photographie
Richard grandi dans une famille appartenant à la classe moyenne américaine. Il découvre très jeune le dessin et la peinture puis la photographie. L’art prend ainsi totalement part à sa vie, d’autant plus lorsqu’il intègre une école d’art dans les années 1970. Il y étudie la gravure et la peinture et y fait beaucoup de photogravure et de photolithographie. La photographie fait partie de son travail par le biais de la photogravure ou du collage. Ce n’est cependant qu’avec l’arrivée de Photoshop, dans les années 1990, qu’il se tourne véritablement vers la photographie, n’étant pas à l’aise avec la traditionnelle chambre noire. Après ses études, il réalise une satisfaisante carrière de photo-illustrateur numérique. Par la suite, il commence à sérieusement photographier des modèles vivants, pour des commandes de couvertures de livres. Cette expérience l’a incité à apprendre davantage sur le métier de photographe, particulièrement sur l’éclairage et la narration. Aujourd’hui, la majeure partie de son temps est consacrée à la photographie d’art.
Enfant, j’adorais regarder les vieux albums de photos de famille et être transporté dans une autre époque et un autre lieu. J’aimais aussi le fait qu’il s’agissait de souvenirs et de relations réelles. J’ai donc reconnu très tôt le pouvoir émotionnel de la photographie. – Richard Tuschman
À la fois fascinés et intrigués par la réalisation de la série My childhood reassembled ; nous sommes allés à la rencontre de Richard Tuschman pour en apprendre davantage.
Comment vous est venue l’idée de cette série ?
Comme beaucoup de photographes contemporains, je travaille par séries. Au cours des douze dernières années environ, chacune de mes séries est devenue plus personnelle. Mes deux parents sont décédés, mais je suis très proche de mes deux frères et sœurs. Nos conversations tournent souvent autour d’événements et de souvenirs de notre enfance. Je ne peux exprimer à quel point il est important pour moi de partager ce passé avec des personnes que j’aime profondément. Il m’a donc semblé très naturel de revisiter cette période dans mon travail artistique. D’une certaine manière, je pense que j’ai créé cette série POUR mon frère et ma sœur.
Comment avez-vous réussi à recréer la maison de votre enfance ?
Le décor est un diorama de la taille d’une maison de poupée. Il m’a fallu près de cinq ans pour fabriquer la structure, les meubles et les accessoires. Pour que les images soient authentiques sur le plan émotionnel, je voulais reproduire, en miniature, chaque détail le plus fidèlement possible. Cela incluait, par exemple, la marque et le modèle de notre réfrigérateur, de notre télévision et de notre tourne-disque, les lampes de table, le téléphone et tous les meubles, jusqu’aux boiseries des chaises de la cuisine et le motif exact du rembourrage des meubles du salon.
Lorsque j’ai commencé le projet, j’ai parcouru les albums de photos de ma mère pour trouver toutes les photos de cette maison que j’ai pu trouver. J’en ai trouvé environ vingt-cinq au total, mais la plupart avaient été prises à l’extérieur, et seulement quelques-unes à l’intérieur. Il y en avait quelques-unes prises dans le salon, deux ou trois dans la salle à manger, mais aucune de la cuisine. J’ai donc dû recréer beaucoup de choses de mémoire, mais heureusement, j’ai une assez bonne mémoire.
Techniquement, comment prenez-vous vos photos ? Quelles sont les étapes du processus de travail pour arriver à ce résultat final ?
Tout d’abord, je conçois et construis les décors du diorama, et je réalise quelques concepts de storyboard. Ensuite, j’éclaire et je photographie les dioramas avec de petits mannequins en bois qui remplacent les modèles vivants. Ces images deviennent à la fois mes storyboards définitifs et les arrière-plans des photographies finales. J’éclaire et je photographie ensuite les modèles vivants sur une toile de fond unie afin que l’éclairage corresponde à celui des dioramas.
Enfin, je combine les images des modèles vivants avec les dioramas dans Photoshop, où j’ai parfois renforcé les qualités picturales en post-production, bien que je m’efforce de faire tout ce que je peux dans la caméra. Cette façon de travailler me permet de contrôler les éléments du décor, de l’éclairage et de la composition. Tous ces aspects sont fortement inspirés par le théâtre et le cinéma, ainsi que par la peinture. Si je m’efforce de rendre les décors miniatures aussi convaincants que possible, ils s’écartent juste assez de la réalité pour renforcer l’ambiance théâtrale, légèrement surréaliste.
Richard Tuschman : Site – Instagram
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