Marseille est une ville magnifique qui froisse et qui déplaît au premier abord par la rudesse de son climat et de ses habitants. On s’y fait pourtant, car le fond de ce climat est sain et le fond de ses habitants est bon. En 2020, cette citation de George Sand est toujours d’actualité. Malgré une réputation tumultueuse, on ne peut nier le charme indéniable de la deuxième plus grande ville de France.

Le livre photo d’Élise Llinarès, Littoral Marseille, nous apporte un regard engagé, tendre et juste sur la cité phocéenne. L’ouvrage, publié aux éditions d’une rive à l’autre, est complété du texte de l’anthropologue Michel Peraldi.

Découvrez la série Littoral Marseille par Elise Linarès
Littoral Marseille © Elise Llinarès

Membre du studio Hans Lucas, Élise Llinarès vit et travaille à Paris. Photographe documentaire, elle retranscrit dans Littoral Marseille l’essence même de la Marseille en nous offrant une série de portraits, de photographies de rue, de bord de mer.

Michel Peraldi est anthropologue marseillais, directeur de recherche émérite au CNRS. Il développe depuis une vingtaine d’années ses recherches à propos des circulations migratoires autour du bassin méditerranéen. Il a notamment publié les ouvrages Marseille en résistances (2020) et Sociologie de Marseille (2015) aux éditions La Découverte.

De L’Estaque aux Calanques, le littoral marseillais forme une ligne continue de 57 kilomètres. Mais si l’on pouvait déplier toutes les anses, toutes les criques, aligner les côtes des îles et mettre bout à bout tous les quais, toutes les digues, il représenterait une très vaste étendue dont chaque mètre est scrupuleusement utilisé par les citadins pour accéder à la mer, y déployer des activités sur une large zone qui, malgré les imaginaires, les tempêtes et les apparences, n’a rien, absolument rien, de sauvage. Ou ne l’est plus. – Extrait du texte de Michel Peraldi

 

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Littoral Marseille © Elise Llinarès

Littoral Marseille tire son nom des stations de bus qui jalonnent le bord de mer. Paradoxe inouï car, si on peut longer la mer sur une vingtaine de kilomètres (de l’Estaque à la plage du Prado), on ne la voit que peu. Pour ne pas dire presque pas…

C’est donc ce paradoxe qu’Élise Llinarès a exploré et photographié et que Michel Peraldi, anthropologue au CNRS, décrypte dans un texte engagé et très personnel. Ils déconstruisent ainsi les mythes marseillais en plaidant pour un usage retrouvé du littoral et de la mer.

Ce livre, où dialoguent photographie et anthropologie, évoque une balade contemplative le long du littoral. Page après page, de l’Estaque à la plage du Prado, la photographe documente les visages et les paysages au plus près de la mer. Des images dont Michel Peraldi s’est emparé pour dresser le portrait des usages du littoral : braconner, pêcher, habiter, nager, jouer, etc. Avec nostalgie, tristesse et rage, il raconte comment, depuis le XIXe siècle, le littoral est accaparé, pollué. Qu’il devient « une succession d’enclaves privatisées et de dépotoirs, le cimetière de nos rêves et pratiques maritimes perdus ».

 

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Littoral Marseille © Elise Llinarès

Elise Llinarès : Site InstagramLes éditions D’une rive à l’autre

 

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