Originaire de la péninsule de Kola, en Russie Arctique, Natalya Saprunova est une photographe dont le travail est récompensé par de prestigieux prix. Femme photographe de talent, Natalya Saprunova s’impose depuis quelques années dans le monde du photojournalisme et du reportage. Experte du Grand Nord et des températures extrêmes, Natalya couvre essentiellement des sujets sur l’identité, le changement climatique et la spiritualité. Parallèlement à ses voyages et projets personnels, Natalya Saprunova a à coeur de transmettre sa passion. La photographe est membre de l’équipe Graine de photographe depuis 2016, partageant ainsi ses connaissances auprès de passionnés de photographie.

Natalya Saprunova a réalisé plusieurs projets et séries photographiques au cours des dernières années. Parmi ceux-là, «Saamis, Nous vivions dans la Toundra». Projet au long cours réalisé entre 2007 et 2022, Natalya nous transporte au coeur des régions polaires avec ce travail documentaire sur le peuple Saami.

Saamis, nous vivions dans la Toundra © Natalya Saprunova photojournaliste et reporter
Éleveur de rennes de père en fils, Piotr Galkin appartient à l'ethnie des Saamis. Vêtu d'une tenue traditionnelle en peau de renne, il est assis sur un traîneau à rennes à l'occasion de Prazdnik Severa ("la fête du Nord") qui se tient chaque année à la fin du mois de mars. Il a longtemps participé à la compétition d'attelages de rennes, mais du haut de ses 93 ans, sa santé ne lui permet plus de conduire. Saamis, nous vivions dans la Toundra © Natalya Saprunova

Natalya Saprunova, ses débuts et son parcours

Natalya Saprunova a toujours été passionnée par le monde artistique. Dès le plus jeune âge, le dessin, la fabrication d’objets à la main ou encore la couture l’occupaient. À 10 ans, elle découvre l’univers du théâtre après que sa mère l’ait inscrite pour apprendre la fabrication de décorations de spectacle. C’est à ce moment là qu’elle rencontre la photographie. Ce fut immédiat, Natalya a su à cet instant qu’elle voulait se concentrer uniquement sur la photographie. À l’adolescence, elle se forme à la photographie argentique et au développement.

« À l’adolescence, j’ai intégré des cours de photographie argentique où j’ai appris à travailler avec mon ZENIT et à développer les photos moi-même. Plus tard, pendant mes études de français à l’Université Pédagogique, je venais au club photo de Mourmansk où les « loups de l’école soviétique » adoraient juger la qualité du travail à l’ancienne : si l’horizon n’était pas droit – ils déchiraient le tirage.

À l’âge de 19 ans, j’ai acheté mon premier appareil photo numérique, un Canon 350D. J’étais encore plus motivée de photographier tous les événements de ma ville. Le rédacteur en chef du journal quotidien, Le Messenger de Mourmansk, m’a alors remarquée et m’a demandé de voir mes photos. Il les a aimées et m’a proposé de travailler pour le journal. » – Natalya Saprunova

Saamis, nous vivions dans la Toundra © Natalya Saprunova
Saamis, nous vivions dans la Toundra © Natalya Saprunova

À la suite de ces premières expériences, l’appel du large a amené Natalya Saprunova à se rendre en France en 2008 pour pratiquer le photojournalisme. Elle y a étudié la communication et le marketing pendant 5 ans, ce qui lui a permis de travailler et obtenir la nationalité française. En 2016, Natalya est revenu à sa passion, la photographie, et en a fait son métier.

Durant son parcours, elle a eu la chance d’assister deux grands portraitistes, Pascal Ito et Peter Allan, se formant ainsi à la lumière studio, aux portraits d’artistes et corporate. Diplômée en photojournalisme à l’école des métiers de l’information EMI-CFD à Paris au printemps 2020, menée par deux photojournalistes, Julien Daniel et Guillaume Herbaut, elle continue, à travers ses projets personnels, d’explorer les problématiques de la société moderne liées à l’identité, l’intégration, le changement climatique et la spiritualité.

Saamis, Nous vivions dans la Toundra

Son projet de reportage sur le peuple Saami fait écho à sa propre expérience de vie. C’est parce qu’elle a grandi non loin d’eux, s’intéressant à leur culture, leurs coutumes et croyances, que Natalya a souhaité illustrer la vie de ce peuple en images.

« Ayant grandi à Mourmansk, j’ai appris par des contes saamis, l’existence de ce peuple qui sont traditionnellement des éleveurs de rennes sur la péninsule de Kola, si nous parlons du nord de la Russie, mais ils existent également en Finlande, en Norvège et en Suède. À mon adolescence, j’étais fascinée par leurs lieux spirituels et sacrés, puis je me suis intéressée à leur histoire et à la façon dont l’ère soviétique avait restreint et modifié la culture saamie. J’ai commencé à photographier la communauté saamie en 2007 et j’ai toujours rêvé d’en faire un vrai reportage. C’est un travail d’amour et de patience, car ce n’est qu’en 2022 que j’ai fini ma série documentaire. Depuis, je m’intéresse à d’autres peuples autochtones et nomades sur lesquels je mène plusieurs projets. » – Natalya Saprunova

Quand on réalise un reportage photo de cette ampleur, dans l’intimité des gens, il faut avant tout gagner leur confiance et la respecter. C’est ce qui peut s’avérer être une difficulté majeure lors d’un tel projet selon la photographe. Du côté technique, il faut également trouver des solutions pour contrer les complications liées aux températures extrêmes pouvant aller jusqu’à -60°C. Pour cela, il faut bien s’équiper, prévoir de nombreuses couches de vêtements et des protections adaptées pour le matériel. Natalya Saprunova place des batteries de rechange près du corps pour les garder au chaud. Elle s’équipe également de chaussures en peau de rennes et recouvre son visage de graisse d’ours.

Un travail récompensé par de nombreux prix

Pour son travail, Natalya Saprunova a été récompensée par de nombreux prix.

Parmi ceux-là, le Canon Story Daily Life Award à l’Istanbul Photo Awards, UNICEF Photo of the Year, Marilyn Stafford FotoReportage Award, présélection au Prix Pictet Human, Lucie Foundation Award, LensCulture Critics’ Choice, URBAN Photo Awards au festival photo Trieste Photo Days, All About Photo Awards, Head On Photo Awards, Meitar Award for Excellence in Photography, Humans of the world au concours de Life Framer, mention Highly Commended de Belfast Photo Festival, Helsinki Photo Festival Award, Photographer of the Year Award au festival Indian Photo Festival, Emerging Talent Award de The Independent Photographer, Ann Lesley Bar-Tur Photo Award, Julia Margaret Cameron Award, Mention spéciale du jury au festival Les Nuits Photographiques de Pierrevert, Grand Prix Fujifilm Climat au festival Les femmes s’exposent, Bourse Canon Femme Photojournaliste au festival du photojournalisme Visa pour l’Image.

Saamis, nous vivions dans la Toundra © Natalya Saprunova

Une anecdote

Nous avons demandé à Natalya s’il y avait une anecdote, à propos de son projet, qu’elle souhaitait nous partager.

« Après 10 jours à arpenter la Toundra, sur la péninsule de Kola, avec un groupe de Saamis en pèlerinage, il était temps de rentrer à Mourmansk. Pour cela, nous avions un rendez-vous avec le bateau de ligne qui devait s’arrêter nous récupérer. La mer de Barents étant très agitée ce jour-là, nous n’avons pas vu passer le bateau. J’accompagnais 13 pèlerins venus visiter leur ancien lieu de stationnement avec les rennes et se recueillir sur les tombes de leurs ancêtres. Fatigués, transis par le vent et la pluie, nous décidions de camper pour passer la nuit sur la côte de la baie. Les uns allumèrent un feu, les autres se serrèrent dans la tente pour résister aux 2°C ambiants du mois de juillet. Les provisions furent rationnées en un sandwich quotidien par personne. Épuisé, un renne est même venu mourir à nos pieds. L’ours ne devait pas être loin. Sans téléphone satellite, à plus de 200 km de Mourmansk, j’étais inquiète. Après 5 jours de survie, la tempête s’arrêta et notre bateau apparu enfin ! Nina Afanasyeva, 83 ans, la gardienne de la culture saamie, versa des larmes de joie et de tristesse. C’était peut-être la dernière fois qu’elle pouvait se rendre à Varzino, la terre qui l’a vue grandir. J’étais triste avec elle. » – Natalya Saprunova

Saamis, nous vivions dans la Toundra © Natalya Saprunova
Nina est née à Varzino dans les années 1930. Leurs parents ont été enterrés dans ce cimetière où ils se rendent chaque année pour entretenir les tombes et déposer des fleurs pour leurs ancêtres. Chaque été, pendant une semaine, les membres de la famille Afanasyev se rendent en pèlerinage à Varzino. Connu comme le plus ancien camp d'été des Saamis de Semiostrovsk, près de l'embouchure de la Varzina, le site comptait 107 Sâmes en 1913, ainsi qu'une chapelle. Il est devenu un village permanent au début des années 1930, intégrant la région saamie jusqu'en 1963, puis le district de Lovozersky. En 1938, Varzino abritait 90 personnes, principalement des Saamis, qui avaient été victimes de la répression politique entre 1936 et 1938. En 1968, le village et la ferme collective ont été démantelés par les Soviétiques, et la majorité des habitants se sont réinstallés à Lovozero. // Saamis, nous vivions dans la Toundra © Natalya Saprunova

Rencontrez Natalya Saprunova

Après le peuple Saami, Natalya Saprunova a réalisé un reportage en Yakoutie, en Sibérie Orientale. Elle travaille aujourd’hui sur des reportages à propos des peuples autochtones, cette fois-ci au Canada avec les Inuits. En attendant de découvrir les nouvelles images de la photographe, sa série « Saamis, nous vivions dans la Toundra » est exposée à la galerie Graine de Photographe jusqu’au 20 mars 2024.

Rencontrez Natalya Saprunova lors du vernissage de l’exposition. Le jeudi 18 janvier à partir de 18h30 au 14 quai de Béthune, Paris 04.

>> Téléchargez votre invitation gratuite <<<

Et pour celles et ceux que le reportage photo intéresse et passionne, Natalya Saprunova vous guidera à travers chaque étape du processus de création d’un reportage photographique, partageant son expertise et ses compétences, lors d’une masterclass exclusive.

La photographe Natalya Saprunova
La photographe Natalya Saprunova

Natalya Saprunova : SiteInstagramFacebook