Bercé depuis le plus jeune âge au son des vagues de la Méditerranée, Ben Thouard est un photographe sous-marin. À travers ses images, Ben transmet sa passion pour le surf, la mer, la vague. Installé en Polynésie française après avoir décidé de changer de vie, il photographie aujourd’hui les plus impressionnantes vagues au monde. Son terrain de jeu favori, la légendaire vague de Teahupo’o, à la fois le paradis et l’enfer des amoureux du surf. À travers sa série Turbulences, Ben se confronte aux éléments. Loin de vouloir les maîtriser, il se plie à leur volonté, à leur puissance. Bien que figée, la vague paraît poursuivre son mouvement. Le photographe repousse sans cesse les limites, s’approche au plus près de la vague et devient le témoin privilégié d’un instant qui semble hors du temps.

Turbulences
© Ben Thouard

Passionné d’océan et de photographie depuis toujours

L’océan fascine, l’océan attire, l’océan terrifie… Quoi que nous ressentions face à lui, il laisse peu de monde indifférent, et certainement pas Ben Thouard. Initié très tôt au surf par ses frères et emmené en mer par son père marin lorsqu’il n’était encore qu’un enfant; la mer a toujours fait partie de sa vie. En parallèle de cette passion, Ben découvrit l’art. D’abord par la peinture, il fut vite captivé par la photographie. Le premier appareil photo qu’il tient en main est un vieux boitier trouvé dans le grenier de ses parents. La passion est née.

Ce n’est qu’à l’adolescence que je découvre la photographie, lorsque je trouve par hasard un vieil appareil photo dans le grenier de mes parents. J’achète quelques pellicules, je shoot, j’échoue, je shoot encore… et je réalise que tout ce processus me fascine.

Ben Thouard

Turbulences
© Ben Thouard

Il suit alors une formation dans une école de photographie à Paris. Durant ces premiers mois, il apprend tout ce qu’il peut apprendre, et plus encore. Mais il est vite rattrapé par son obsession pour le surf, pour l’océan, qui ne peut être compatible avec la vie parisienne. Il décide alors de quitter l’école de photographie avant la fin. Il s’envole en 2006 pour Hawaii, où sa vocation va se dessiner.

Turbulences
© Ben Thouard

Coup de coeur pour Tahiti

Après cette expérience sur l’île d’Hawaii, Ben s’installe à Tahiti, où il fera la rencontre de la légendaire vague de Teahupo’o. Cette vague, bien connue des surfeurs qui la surnomment «la mâchoire», est particulièrement puissante et épaisse. Elle peut atteindre les 5 mètres de haut (parfois jusqu’à 10 mètres) et avoir près de 4 mètres de diamètre. Elle accueillera notamment les Jeux Olympiques 2024 de Paris. Ces caractéristiques font d’elle l’une des plus dangereuses vagues au monde. Teahupo’o signifie «montagne de crânes» en vieux tahitien… Explicite.

Je joue avec les limites, je me retrouve sous l’explosion de la vague, à quelques centimètres du récif.

Ben Thouard pour France Bleu

Turbulences
© Ben Thouard

Ben Thouard a photographié cette vague sous tous les angles. Que ce soit au-dessus ou en-dessous de la surface de l’eau; le photographe ne fait aujourd’hui pratiquement plus qu’un avec la vague. Et pourtant, celle-ci a toujours de quoi offrir au regard, à l’objectif. Après une série qu’il nomme Surface, qui comme son nom l’indique montre la puissance de la vague au-dessus de l’eau, c’est cette fois avec Turbulences que le photographe prend comme sujet la vague Teahupo’o.

Turbulences
© Ben Thouard

Turbulences

Cette fois, c’est principalement ce qui se passe sous la surface de l’eau qui est immortalisé par Ben. Même si des images de la partie au-dessus de l’eau sont également présentes puisqu’illustrant les turbulences de la surface.

En fait, sous cette vague de Teahupo’o, qui est une des vagues les plus puissantes au monde, il y a tout un spectacle, extraordinaire. Ces mouvements, on a vraiment une sorte d’explosion sous-marine quand la vague se brise, qui forme ces anneaux. Voilà, c’est des formes un petit peu surprenantes qu’on voit nulle part ailleurs et qui, moi en tout cas, m’ont fasciné. Et qui, je pense, intéressent pas mal de monde, même en dehors du milieu du surf, puisque c’est vraiment surprenant.

Ben Thouard pour France Bleu

Turbulences
© Ben Thouard

Les silhouettes des surfeurs domptant la vague, les remous, les textures, les détails, la puissance… C’est un nouveau regard que le photographe pose sur Teahupo’o. Cette série photo a demandé beaucoup de préparation, à la fois techniquement et physiquement. Certaines images demandent des mois. Et lorsqu’on photographie l’une des vagues les plus puissantes du monde, en étant dans l’eau à la nage, armé seulement d’un appareil photo dans son caisson étanche, il y a de nombreux risques.

Ce qui est complexe avec ces photos de vagues, c’est qu’on ne les prend pas depuis la terre ferme. On est littéralement dans l’eau, dans les rouleaux. Composer avec un environnement en mouvement demande de très bien le connaitre, et surtout, il faut que je sois sûr que mon matériel va réagir vite et bien.

Ben Thouard pour Lense

Turbulences
© Ben Thouard

Le goût du challenge

Techniquement, il faut beaucoup de connaissances, de maîtrise et le goût du challenge pour réaliser ces photographies. Lorsqu’on photographie sous la surface de l’eau, la lumière vient à manquer, la stabilité n’est pas au rendez-vous et l’imprévisible est de mise. Alors, quand on photographie sous la surface de l’impressionnante vague de Teahupo’o, c’est encore un challenge qui vient s’ajouter à la liste. 

Turbulences
© Ben Thouard

C’était à la fois un challenge physique, et un challenge technique également, puisqu’on se retrouve sous l’eau, il y a peu de lumière, il y a quelque chose qui est très rapide, qui est soudain, qu’on a du mal à prédire. Donc ça a été comme ça toute une sorte de challenges qu’il a fallu surmonter et qui est réuni dans ce livre «Turbulences».

Ben Thouard pour France Bleu

Turbulences
© Ben Thouard

Le livre photo Turbulences, le second après Surfaces de Ben Thouard est sorti en 2021. Vous pouvez le retrouver sur son site internet

Ben Thouard : SiteFacebookInstagram

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