Dans l’Ouest américain, perdu entre l’autoroute et le désert, le photographe Emmanuel Monzon exerce son art photographique à travers une série intitulée Urban Sprawl, Emptiness. Ce franco-américain diplômé de l’Académie des Beaux-Arts, basé à Seattle, explore l’urbanisme et l’Humain aux frontières du désert.

Dans les alentours de la mer de Salton, entre Bombay Beach et la Montagne du Salut, Emmanuel Monzon photographie des paysages qui le touchent, lui parlent et résonnent avec son travail artistique.

Article novembre 2023 Emmanuel Monzon Urban Sprawl Emptiness
©Emmanuel Monzon

Urban Sprawl, Emptiness ; arriver à destination

La série Urban Sprawl, Emptiness (que l’on peut traduire par « Étalement urbain, vacuité ») a souffert des complications dues au Covid et au confinement, ce qui a amené Emmanuel Monzon à la sous-titrer « Je ne veux pas aller là où je vais, je veux juste vivre là où je suis » .

Les photos témoignent de l’état d’un pays qui se trouve entre son passé glorieux et son présent chaotique et incertain. Les paysages figés de régions à l’abandon sont saisis et offrent en retour des visions poétiques d’une population nouvelle bien décidée à survivre.

J’ai récemment remarqué qu’il y avait une résonance entre cette série et le film Nomadland, qui est sorti récemment : où des personnages, qui sont pour la plupart marginalisés, et pour certains par choix, ont décidé de partir en dehors du monde. Un monde que l’on pourrait résumer par « Vous êtes arrivés et en même temps vous n’êtes jamais partis ».

— Emmanuel Monzon

Article novembre 2023 Emmanuel Monzon Urban Sprawl Emptiness
©Emmanuel Monzon

L'œil d'un peintre

Artiste plastique de formation, Emmanuel Monzon applique à sa photographie des codes propres à la peinture. Le sujet de ses photos, qui parlent et questionnent la transition du milieu urbain au milieu naturel, rejoint une méthodologie artistique unissant la peinture à la photographie.

Dans Urban Sprawl, Emptiness, le cadrage de ses photos est volontairement carré pour concentrer l’intérêt du spectateur sur le sujet, le mettant ainsi bien en évidence dans les compositions. La palette de couleur n’est jamais éclatante mais jamais terne non plus. Sous une lumière diffuse, elles s’harmonisent en des tons qui complimentent les clichés et aident à souligner un vide déjà explicité par le manque de sujets humains. Dans ces paysages naturels, ce ne sont que les éléments d’architecture urbaine qui se dessinent.

Le vide et la beauté

« Un homme est en effet une ville, et pour le poète il n’y a d’idées que dans les choses. »

— William Carlos Williams, Paterson

À travers Urban Sprawl Emptiness, Emmanuel Monzon explore le vide et trouve de la beauté dans celui-ci. Ces représentations désolées de paysages à la fois familiers et étrangers ne sont que des photographies mais laissent à entendre un silence assourdissant. Sans jugement ni dénonciation, le photographe extrait du mondain une forme esthétique ; exposant une réelle beauté, cachée là où la plupart d’entre nous n’accorderait qu’un regard furtif.

Emmanuel Monzon – SiteInstagram

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