Félix Barth-Vollmann est un photographe allemand qui se définit comme un « photographe documentaire de reportage et de portrait (de rue) – photographe des paysages sociaux »

Sensibilisé aux arts tels que la musique, la danse ou encore la photographie, il développe une passion pour la photographie vers l’âge de 18 ans. Une passion qu’il va exercer de manière sporadique jusqu’à l’âge de 23 ans, en particulier parce qu’il étudie également les relations internationales et la diplomatie. C’est à l’issue de ses études universitaires que la photographie prend une place importante dans sa vie et s’y installe définitivement. 

La photographie comme un métier-passion

Félix était passionné par l’art et la photographie, mais comme beaucoup d’enfants, sa première passion était le sport. C’est ainsi, d’une certaine façon, que le futur photographe allemand interagit pour la première fois avec la photographie.

“L’une des influences a pu être la photo en noir et blanc que ma mère m’a offerte lorsque j’étais adolescent. Elle montre un homme en train de smasher un ballon de basket, il crie, et la photo est prise en gros plan depuis le dessus de la bordure. Je ne sais pas exactement de qui il s’agit (malheureusement, ce n’est pas écrit sur l’affiche), mais j’ai toujours été impressionné par la composition, l’angle et les émotions du cri, le sentiment de tension que la photo transmettait.” – Félix Vollmann

Un ressenti face à cette photographie qui s’avérera être marquant puisqu’elle va se transposer sur son travail personnel aujourd’hui.

“Je peux littéralement entendre la photo” – Félix Vollmann

Cette phrase de Félix Vollmann, qui exprime ses réflexions à propos du cliché que sa mère lui a offert, reflète parfaitement sa vision professionnelle actuelle. Il désire que ses photos communiquent avec ceux qui les visionnent. Il cherche à susciter un sentiment chez le spectateur ainsi qu’une émotion

“J’aime quand quelqu’un dit qu’une photo lui rappelle quelque chose, un moment de sa vie, un amour perdu ou une époque révolue, qu’elle le rend heureux ou parfois même triste. Ce qui me rend alors triste aussi. C’est tellement difficile à dire.” – Félix Vollmann

Ses expériences passées à l'origine de son approche de la photographie

Son approche de la photographie, il la doit aussi à ses expériences passées, notamment grâce à ses études. À 23 ans, il s’installe au Kenya pour pouvoir poursuivre ses études et y finir son mémoire. Lors d’un stage dans le service diplomatique du ministère des Affaires Étrangères, à l’ambassade d’Allemagne au Kenya, il reprend son appareil photo et réenclenche le processus photographique dont il est passionné. Il va ensuite travailler pour les Nations Unies en tant que photographe, puis dans des ONG où il réalisera des documentaires audiovisuels, dont un au Kenya, pour une organisation kenyane qui milite pour le droits des hommes dans le pays.

Il va ensuite beaucoup voyager, dans de nombreux pays marqués par les séquelles de la guerre, du colonialisme, des catastrophes naturelles, ou des difficultés pour y rentrer comme le Belize, la Tanzanie, les Comores, São Tomé e Príncipe, le Mozambique, le Burkina Faso, l’Afrique du Sud, le Viêt Nam et la Chine. 

Félix Vollmann explique que toutes ses expériences lui ont été bénéfiques, tant sur un plan professionnel que personnel :

Mon séjour à l’étranger a été d’une grande valeur pour ma carrière de photographe. Mes perspectives se sont considérablement élargies et mes capacités à saisir la diversité des gens et la complexité du monde se sont approfondies. Près de dix ans plus tard, j’ai quitté Nairobi pour retourner à Berlin. Mon retour a été marqué par de riches expériences, tant par les photos que j’ai prises que par celles que je n’ai pas pu faire. “ – Félix Vollmann

 

Sa série “Mambo - Lamu”, un désir devenu réalité 

“Je n’ai pas vraiment choisi le Kenya – c’est le Kenya qui m’a choisi, en quelque sorte” nous confie Félix. Une partie de sa famille est originaire du Kenya et après s’y être rendu à l’âge de 22 ans pour y voir sa tante pendant quelques semaines, à son retour à Berlin, il est prit d’un étrange sentiment, comme un besoin d’y retourner. 

“Un mélange de beaucoup de choses et d’émotions comme la curiosité, l’amour, la nouveauté, l’ennui (de Berlin), une nouvelle ère dans la vie, essayer d’apprendre et de comprendre un nouveau monde, de nouvelles personnes et apprendre une nouvelle langue, et bien d’autres choses encore que les mots ne peuvent pas décrire” – Félix Vollmann

Après avoir vécu plus de 10 ans au Kenya, Félix connaissait Lamu, une petite ville à l’est du pays ouverte sur l’océan Indien, sans pour autant s’y être déjà rendu malgré sa volonté de la découvrir. Il quitte le Kenya en 2021 mais y retourne en 2023 car il est missionné avec une équipe de tournage pour réaliser un reportage documentaire sur l’impact du changement climatique à Lamu. Une aubaine pour le photographe allemand.

Il en profite alors pour photographier les rues de Lamu, à l’aide de son Leica M10 Monochrom et du Leica M6 datant de 1984.

“L’objectif principal était de comprendre comment les gens se déplacent, travaillent et vivent à Lamu”- Félix Vollmann

© Félix Vollmann
© Félix Vollmann

Une volonté de décrire avec authenticité et réalisme la vie des locaux à travers la photographie.

Pour cela, il errait tout simplement dans les rues, passait de longs moments à observer, à regarder le monde bouger autour de lui, tout en shootant ces fragments de vie

“Une déambulation sans but. Marcher, s’asseoir et se tenir debout aux coins des rues, pendant des heures, de jour comme de nuit. Marcher dans les rues étroites, en faisant attention aux ânes. Parler aux gens et apprendre à connaître les quartiers. Pratiquer mon swahili perdu et photographier, photographier, photographier”. Félix Vollmann

Avec ses heures de déambulation comme il le dit, Félix avait un but bien précis : “Montrer que les personnes sur les photos ont gardé leur dignité.” Cela s’impose comme un point d’honneur pour lui au sein de ses productions. Malgré leur mode de vie différent des occidentaux, Félix veut transmettre une réalité dans ses photos et montrer la fierté de ces derniers. 

“J’aimerais que les spectateurs essaient de regarder mes photos sans les juger, tout comme j’essaie de regarder les photos sans les juger. Ce qui m’intéresse, c’est la réalité.” – Félix Vollmann

En se référant à ses débuts dans le domaine de la photographie, cette affiche du joueur de basket que sa mère lui a offerte lui permettait « d’entendre la photographie » . C’est aussi ce qu’il désire d’une certaine façon. Son objectif est de transmettre une émotion et de stimuler l’imagination du spectateur. Que ce dernier s’interroge sur le modèle de la photo, tout en se questionnant lui-même.

https://www.instagram.com/felix.vollmann/
Le photographe Félix Vollmann

Félix Vollmann : Site internetInstagram