De la thésaurisation du papier toilette, à l’achat compulsif de vélos et à la préparation du pain à la banane… La photographe Ines Vansteenkiste-Muylle et la styliste belge Eveline Briand ont décidé de rendre hommage à nos habitudes absurdes du confinement à travers cette série de photographie documentaire.
Le parcours d’Ines Vansteenkiste-Muylle
Inès est une photographe belge de 24 ans. Durant son enfance, elle disait vouloir devenir créatrice de mode quand elle serait grande. En grandissant, elle s’est rendu compte que la couture n’était pas faite pour elle. Un jour, en feuilletant les pages d’un magazine de mode, elle a pris conscience des photographies illustrées. C’est de là que sa passion pour la photographie est née. Au lycée, en étudiant les sciences humaines, elle a découvert sa fascination pour les personnes et les comportements humains ce qui l’a poussé à réaliser de la photographie documentaire. Lorsqu’elle se promène, elle est toujours à la recherche de nouveaux visages et de personnes intéressantes à photographier.
Dans son travail, elle s’inspire notamment de certains réalisateurs et photographes comme Axel Morin, Nadine Ijewere et Pat Martin. Enfin, son inspiration ressurgit également en observant le monde tel qu’il est ainsi que les personnes qui le composent.
La rencontre avec ses sujets
Elle a suivi une formation de photographie à la Luca School of Arts Brussels à 2015. Toujours passionnée par la mode, elle s’intéresse de ce fait aux vêtements, aux différentes cultures et aux êtres humains qu’elle transpose dans son travail d’artiste. Le contact et la relation humaine font partie intégrante de son travail. De cette façon, son style photographique se positionne comme étant entre l’art, la mode et le documentaire social. Lorsqu’elle fait de la Street Photography, elle n’est pas du genre à se ruer sur ses modèles pour les prendre en photo. Elle s’assure qu’ils se sentent à l’aise, elle discute avec eux avant de les photographier.
Une collaboration évidente
Ines et Eveline se connaissaient déjà avant leur collaboration pour ce projet. Elles ont décidé de créer cette série photo basée sur nos habitudes étranges, mais toutefois universelles durant la première quarantaine de mars 2020. Après que la styliste ait parlé de cette idée de projet à la photographe, elle a tout de suite trouvé cela intéressant d’unir leurs forces. Eveline voulait réaliser la série photo en Studio mais la photographe a privilégié une approche plus documentaire de ses sujets. En effet, même si le confinement a causé pas mal de dégâts, il a par ailleurs été une source d’inspiration pour bon nombre de créatifs. C’est ainsi qu’Inès a commencé sa série de photographie documentaire sur le confinement.
« Cette série photo est un reflet de nous-mêmes : comment on a abordé la vie pendant le confinement, comment on a lutté pour le traverser, mais aussi comment, dans une période aussi imprévisible, on a pensé et on s’est comporté tou·tes de la même façon. »
Eveline Briand – Vice.
Les habitudes absurdes des confinés
Eveline s’est donc inspirée des tendances de masse que nous avions tous suivies durant cette période à vide. L’obsession pour le banana bread sur Instagram, les ventes de vélos de course qui ont doublés, et le retour des patins à roulettes des années quatre-vingt-dix.
« Pendant le premier confinement, tout le monde voulait être la meilleure version de soi-même, moi y compris, mais j’ai dû acheter plein de matos pour ce shooting, donc je me suis retrouvée dans cette frénésie des supermarchés. À un moment donné, mon couloir était rempli de 20 boîtes de bananes et de 40 paquets de papier toilette. Du coup, maintenant, on n’a plus à se soucier de ça ; heureusement. »
Eveline Briand – Vice
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Inès a fini par choisir 7 profils différents et représentatifs de la réalité : « le touriste de la boîte à réfrigérateur », « le cyclotouriste », « les personnes âgées qui bafouent les règles du confinement », « les apprenti.es pâtissier.es » etc. Dans un style très coloré et kitsch, elle a voulu mettre en avant le côté absurde du confinement où le bon sens a vite laissé place au ridicule. Si elle devait s’identifier à un personnage dans sa série de photographie documentaire, elle choisirait le motard ou la dame sur le banc qui veut toujours s’asseoir même en période de confinement.
« J’ai trouvé que le style d’Eveline était à nouveau super cool, et cela m’a inspiré à photographier les types de confinement dans le cadre où vous les rencontreriez normalement pendant le confinement. Pensez : une femme qui prend un bain de soleil sur un banc devant son propre immeuble ou les patineurs à roulettes colorés sur une place où vous pouvez vraiment bien patiner. »
Ines Vansteenkiste-Muylle – Marie Claire
Le choix des modèles photo pour sa série de photographie documentaire sur nos habitudes du confinement.
De nombreux modèles ont été dénichés parmi les contacts de la famille proche de la styliste. De plus, la photographe garde toujours en plus une liste de personnes sur Instagram qui l’inspirent à qui elle pourrait envoyer un DM. Inès a particulièrement apprécié le choix d’Eveline concernant les modèles photo. La styliste a en effet choisi des personnes qui ne sont pas des modèles professionnels, mais qui aimaient le stylisme et qui voulaient être photographiées. En travaillant avec des personnes qui ne posent pas souvent, la photographe a voulu leur prouver qu’ils sont photogéniques, même s’ils croyaient le contraire. Pour réaliser cette série, elle s’est équipée d’un Hasselblad H1 et un film Kodak Portra 400 (120 mm). Elle a ensuite scanné ses photos avec un Espon V850.
« Pour cette série, j’ai vraiment parcouru toutes les friperies d’Anvers. En attendant, je les connais de fond en comble. Deux semaines avant le tournage, j’allais aussi quotidiennement chez Albert Heijn pour récupérer des boîtes de Chiquita. Au bout d’un moment, l’homme du rayon ‘fruits & légumes‘ m’a déjà reconnu, mais 20 cartons se sont avérés insuffisants et j’ai couru dans trois supermarchés à la dernière minute le jour du tournage. »
Eveline Briand – Marie Claire
Photographie : Ines Vansteenkiste-Muylle – Stylisme : Eveline Briand – Maquillage & Coiffure : Ana Japson
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