Née à Rio de Janeiro, Angelica Dass est une photographe primée et reconnue pour son projet à renommée internationale, Humanæ. Elle vit et travaille aujourd’hui à Madrid. Par son travail, Angelica voyage à travers le monde et rencontre des personnes de tous horizons. Combinant la photographie et la recherche sociologique, Humanæ est une ode à la diversité et la tolérance. Elle y montre que chaque être est spécial, unique, à commencer par la couleur de sa peau.

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© Juan Miguel Ponce, Valencia

Une couleur propre à chacun

Angelica est issue d’une famille où la couleur de peau n’a aucune importance. Comme elle le dit elle-même, sa famille est très colorée. Son père est né d’une mère à la peau d’une intense couleur chocolat. Il fut ensuite adopté par une mère à la peau de porcelaine et par un père entre le yaourt à la vanille et celui à la fraise. La mère d’Angelica est fille d’une indigène brésilienne à la couleur de peau entre noisette et miel. Parmi ses tantes maternelles, l’une a la peau couleur de cacahuète, l’autre comme une crêpe. Ces descriptions affectueuses, faites avec humour par la photographe, montrent toute la diversité de pigmentation de notre peau.

Si au sein de sa famille, la diversité est accueillie chaleureusement, c’est une toute autre histoire dans le monde extérieur. Discrimination, jugement et remarques, la liste est longue quant aux différences de traitement observées en fonction de la couleur de peau.

Aujourd’hui, et depuis pratiquement toujours, la couleur de peau fonde notre identité aux yeux du monde. Blanche, noire, rouge, jaune, autant d’étiquettes attribuées à chacun. Mais ces quatre couleurs bien définies correspondent-elles à la réalité ? Sommes-nous réellement « noir » ou « blanc » au sens le plus littéral des termes ? Dans une société prônant l’inexistence de la « race », pourquoi continuer à décrire les humains de cette manière si dichotomique ? Avec plus de 4000 portraits de volontaires aux profils extrêmement variés, photographiés aux quatre coins du monde, Angelica Dass affirme qu’elle n’a jamais vu quelqu’un pouvant être encadré dans du blanc ou du noir.

Magnifier la diversité

Je me souviens, quand j’étais petite, du jour où la maîtresse est entrée en classe et m’a présenté un crayon de couleur appelé « chair ». J’étais faite de chair. J’étais marron, mais les gens disaient que j’étais noire. J’avais sept ans et j’avais une confusion de couleurs dans ma tête. Des années plus tard, j’ai épousé un espagnol rose, le genre qui, cinq minutes au soleil, est déjà rouge comme une crevette. Après cela, une question a commencé à me hanter : de quelle couleur sera mon enfant ? Évidemment, ce n’était pas important pour moi, mais cela semblait être très important pour les autres. Alors, avec toutes ces questions en tête, j’ai utilisé mon métier, la photographie, pour trouver une réponse à tout cela.

Angelica Dass

Au commencement de ce projet, les premiers portraits réalisés sont ceux de ses amis et sa famille. Puis, de plus en plus de personnes rejoignent le projet et lui donnent une dimension internationale. Le projet reçoit alors un très bon accueil. La photographe est invitée à parler de son travail, des expositions lui sont consacrées dans des musées et des galeries. Les rues se voient également investies de ces centaines de portraits, rendant ainsi le projet accessible à tous.

Humanæ
Humanæ © Angelica Dass

We all together built Humanæ.

Angelica Dass

Les portraits d’Angelica possèdent tous un arrière-plan teinté d’un ton de couleur identique à un échantillon de leur peau. Elle photographie d’abord ses sujets en studio sur un fond blanc. Puis elle choisit un carré de 11 x 11 pixels prélevé sur le nez du sujet. Le fond est par la suite associé à la couleur correspondante dans la palette industrielle Pantone®. Cette palette, par sa neutralité, défie les contradictions et les stéréotypes liés au sujet de la race.

Humanæ dès le plus jeune âge

Positionnons la diversité comme une valeur dans l’expérience éducative et comme une source de richesse et d’apprentissage sur nous-mêmes et sur les autres.

Angelica Dass

Les premiers ambassadeurs du projet sont les professeurs, les enseignants. En effet, ces derniers utilisent Humanæ comme un outil pédagogique. Pour Angelica, l’école est le lieu où un dialogue sur ces questions importantes de diversité et de respect de l’autre doit être créé. Ainsi, au-delà de l’aspect esthétique de l’œuvre, Humanæ vise à sensibiliser et instruire, autant les enfants, les étudiants que leurs parents.

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Angélica Dass speaks at TED2016 – Dream, February 15-19, 2016, Vancouver Convention Center, Vancouver, Canada. Photo: Bret Hartman / TED

Ne parlons pas de la diversité parce que nous devons en parler. Parlons de la diversité parce que c’est, en fait, ce qui existe sur la planète où nous vivons et l’essence même de l’espèce humaine. Et si c’est à l’école et dès le plus jeune âge, tant mieux.

Angelica Dass

portrait Angelica Dass
Angelica Dass photographiée par Inés Villeparisis

Angelica Dass : SiteInstagram

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