Installé à Vienne, le photographe David Schermann part à la découverte des pays du monde et de ses habitants. Il a su lier ses études en géographie et en psychologie à l’Université de Vienne avec sa passion pour la photographie. C’est notamment dans le cadre de ses études que David s’est rendu il y a quelques années au Kirghizistan, pays d’Asie centrale, pour y étudier l’activité tectonique intense et en profiter pour réaliser une superbe série de photographies argentiques. Ces images ont d’ailleurs été le sujet d’un précédent article. Aujourd’hui, c’est pour discuter de son projet « Insomnia the absence of stars » que nous retrouvons David. Cette série a été réalisée à Hong Kong, la « Perle de l’Orient », de l’une de ces villes qui ne dorment jamais. La raison initiale de ce projet : observer l’impact de la luminosité constante sur la vie et le quotidien des habitants. Comment vit-on le fait de ne jamais voir les étoiles ?

© David Schermann

Découvrez notre interview exclusive du photographe David Schermann à propos de sa série photo « Insomnia the absence of stars » 

Pour ce nouveau projet photo, qu'est-ce qui vous a amené à Hong Kong ? D'où vous est venue l'idée et l'envie de réaliser cette série ?

J’ai toujours voulu visiter Hong Kong. Pour moi, il y a des villes qui ont leur propre atmosphère. Tokyo, New York, Hong Kong. Bien que ces villes soient gigantesques, la vie humaine est comprimée dans quelques mètres carrés. Ces villes ne dorment pas, elles sont toujours pleines de vie et d’agitation. C’est l’une des raisons pour lesquelles Hong Kong m’a tant fasciné. Dans les brochures de voyage, la ville est souvent présentée comme la « Perle de l’Orient ». Avec ses célèbres enseignes au néon, la musique forte dans les rues et le bourdonnement constant des gens, je pense que Hong Kong a bien mérité ce titre. Toutefois, ce romantisme a aussi ses inconvénients.

C’est ce qui m’a donné l’idée de ce projet. Dans les villes, les gens sont habitués à ne pas voir d’étoiles la nuit à cause de la pollution lumineuse. Comment cela affecte-t-il les personnes qui y vivent ? Surtout dans une ville aussi « lumineuse » que Hong Kong, où les habitants vivent également dans un espace aussi confiné ?

Comment avez-vous réalisé vos images ? Quel matériel avez-vous utilisé ?

J’ai pris mes photos avec un Nikon D800, un 50mm et un 80-200mm. Le 50 mm pour les portraits et les plans plus larges. Le zoom pour pouvoir photographier des paysages urbains en profondeur.

© David Schermann

Avez-vous rencontré des difficultés techniques lors des prises de vue nocturnes ?

Oui, surtout les portraits qui étaient parfois difficiles à photographier. Je ne voulais utiliser que la lumière (artificielle) disponible sur place. Dans les appartements des résidents en particulier, il était parfois difficile d’obtenir une photo nette.

Comment se sent-on dans une ville éclairée à toute heure ? Y a-t-il des moments de la prise de vue qui ont marqué votre projet ?

En tant que touriste, on se sent excité et vivant. Les enseignes au néon ont une longue tradition à Hong Kong et sont considérées comme faisant partie de son patrimoine. Toutefois, les entretiens ont révélé que ces enseignes ont également un impact négatif sur le bien-être des habitants. La combinaison d’une luminosité constante et d’une vie en rangs serrés a souvent pour conséquence que la lumière du voisin éclaire l’appartement de l’habitant. J’ai également vécu une telle expérience. Dans ma chambre, j’ai soudain vu mon ombre dans la nuit. Il m’a fallu un certain temps pour comprendre que c’était à cause de la lumière vive de l’extérieur de mon appartement.

David Schermann : SiteInstagram

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