Basé dans l’ouest de l’Irlande, le photographe Enda Burke a réussi à rendre la période du confinement colorée et créative. Aimant les couleurs, les jeux de mots et tout ce qui est kitsch, Enda en a fait son univers artistique. Explorant à travers son regard photographique les thèmes de la famille et de l’identité irlandaise contemporaine; il dépeint avec humour et nostalgie l’Irlande des années 90. Depuis le début de la pandémie, il prend comme sujet principal ses parents, faisant d’eux les personnages de son histoire. Il réalise sa série Homebound dans la maison familiale, alors transformée en studio photo et habillée de décors colorés et nostalgiques. Sorte d’échappatoire au stress lié à la pandémie pour le photographe, Homebound plonge le spectateur dans un foyer de l’Irlande catholique des années 90.

Homebound
Tay to mam © Enda Burke

Explorer la nostalgie

Enda est diplômé en photographie et en réalisation de films à la Gray’s School of Art en 2013. Avant la pandémie, il pratiquait la street photography, y trouvant sans cesse des sujets à photographier et immortaliser. Le confinement mis en place, les rues se sont brusquement désertées, laissant le photographe seul avec son appareil. C’est alors qu’il a tourné son objectif vers les personnes qu’il pouvait toujours voir, ses parents. Autre conséquence de la pandémie, une nostalgie de l’époque pré-covid s’installant peu à peu. Le désir d’explorer ce sentiment, tout en utilisant des accessoires et des décors vintages et nostalgiques, lui est alors apparu.

Homebound
Covid haircut © Enda Burke

Réalisant dans un premier temps sa série avec un Pentax 35 mm, il poursuit avec un appareil numérique. Plusieurs étapes sont nécessaires à la réalisation de ces images; de l’apparition de l’idée, au traitement de la photo, en passant par la mise en scène; Enda réfléchit minutieusement ses prises de vue. 

Je garde un carnet de croquis d’idées et de recherches avant de faire une prise de vue, je cherche et trouve la plupart de mes accessoires en ligne. Les décors ont tous été construits dans la maison de mes parents. Lorsque le tournage est terminé. Je traite la photo de la même manière qu’un peintre traiterait ses tableaux. 

Enda Burke

Homebound
Dad’s socks © Enda Burke

De la couleur et une iconographie catholique

Plusieurs éléments sont omniprésents dans les images de cette série. D’un côté les couleurs très vives et de l’autre une iconographie catholique. La présence de couleurs est en partie due à l’attirance du photographe pour celles-ci. Mais c’est également un moyen d’établir un parallèle avec la morosité et le pessimisme face au Covid-19. Quant à l’iconographie catholique, Enda reproduit un foyer irlandais des années 90, dans lequel ces images de saints catholiques étaient omniprésentes.

Homebound
Dad gets a perm © Enda Burke

Depuis la publication de la série, beaucoup de gens m’ont demandé s’il s’agissait d’une sorte de réconfort à apporter aux gens dans les moments difficiles. Ce n’était pas mon intention. L’iconographie catholique ancienne est également liée à la nostalgie, car ces images étaient omniprésentes dans les foyers jusqu’à récemment.

Enda Burke

Homebound
Hoover dad © Enda Burke

Pour moi, faire de l’art, c’est s’amuser et apporter de l’humour au monde. Donc si je devais définir mon univers artistique, je dirais que c’est comme prendre du LSD en regardant un film de Wes Anderson et en riant.

Enda Burke

Que ce soit en Irlande ou au-delà, les photographies d’Enda rencontrent un franc succès et suscitent un grand intérêt. Son projet a remporté le prix international de la photo Barreur et est arrivé en finale du prix Lens Culture Home 2021Homebound a également été présentée dans divers médias tels que The Guardian, le magazine Rolling Stone, ou encore Irish Arts Review et le magazine français Causette, entre autres.

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Mam’s exersize © Enda Burke
Homebound
Trolley mam © Enda Burke
portrait Enda Burke
Le photographe Enda Burke

Enda Burke : SiteInstagram

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