Nous avons eu le plaisir de pouvoir échanger avec le talentueux photographe Olivier Ouadah qui nous a présenté sa très belle série de photographies d’arbres en noir et blanc.

Diplomé de l’ETPA dont il reçoit le Grand Prix en 1995, Olivier Ouadah est également lauréat du Kodak European Gold Award 1995 et il travaille depuis de nombreuses années avec de grandes institutions telles que la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain ou le Musée du Louvre Paris. 

Cette série met en lumière la beauté et la majesté des arbres à travers des clichés saisissants et captivants. Avec un regard unique et une maîtrise technique remarquable, il nous transporte dans un univers poétique où la nature est mise à l’honneur.

Olivier Ouadah, pourriez-vous vous présenter et nous dire comment vous avez débuté la photographie ? 

J’ai grandi dans un petit village du Sud-Ouest de la France avec mes grands-parents.

Mon intérêt pour la photographie est né d’une insatiable curiosité. Aussi loin que je me souvienne, assis dans mon coin, j’ai toujours aimé me plonger dans les magazines, les livres et tout ce qui me tombait sous la main. Le sujet pouvait être aussi bien un compte-rendu de fouilles archéologiques que le principe de fonctionnement d’un moteur de voiture.

Dans le même temps, je m’ennuyais à l’école et je ne voulais pas reproduire le même type de vie que les adultes de mon entourage.

À la fac ; à l’heure de choisir mon « avenir » est arrivé mon premier appareil photo ; je me suis plongé dans la presse spécialisée à la bibliothèque au lieu de réviser mes cours.

Des connaissances ont commencé à me passer de petites commandes, je me suis rendu compte que par ce biais des portes s’ouvraient sur des lieux et des contacts que je n’aurai pas soupçonné. 

J’ai laissé tomber le DEUG pour un CAP en apprentissage, ai enchaîné avec une école photo et l’assistanat de photographe, quitté la province pour Paris.

J’ai finalement réussi à faire de la photographie mon quotidien avec toujours l’enthousiasme d’aborder chaque matin comme un nouveau jour. Je suis photographe professionnel depuis une trentaine d’années maintenant.

Vous êtes spécialisé dans le portrait et réalisez des travaux pour des institutions telles que le Musée du Louvre. Qu’est-ce qui vous a poussé à « portraitiser » des arbres ?

J’apprécie les contraintes de la commande qui poussent à s’adapter, à évoluer. Je suis aussi très heureux et honoré de travailler avec des institutions de renom, sources inestimables de savoir et de talent. Pendant des années, les yeux ouverts sur les réalisations des autres, je n’ai pas développé de travail personnel.

Il y a quelque temps, j’ai traversé une ennuyeuse période de convalescence. Ma fenêtre ouvrait sur une place plantée de platanes centenaires. J’ai passé des heures à observer ces géants biscornus.

Remis sur pied, je me suis mis à les photographier, et puis je suis allé voir d’autres arbres, sans autre but que le plaisir, j’ai redécouvert et cultivé cet espace de liberté qui est de photographier pour soi.

J’ai plusieurs séries en cours sur le thème de l’arbre, celle-ci est la première que je dévoile. 

Pour certains, l’arbre est un objet du décor, pour d’autres une source de matière première exploitable, pour moi, c’est un être vivant et le regarde en tant que tel. 

Le fait est que le tronc, l’écorce, la forme des branches nous racontent leurs histoires, comme notre corps d’humain donne à voir la nôtre. Sous cet angle, on peut effectivement considérer que ces photographies sont un genre de portraits, celui d’êtres vivants, soumis aux lois du temps qu’il fait et du temps qui passe.

Cette série a-t-elle un nom et est-elle achevée ? 

J’estime ne pas avoir fait le tour du sujet pour le moment. Je souhaite la confronter aux regards des autres pour enrichir ma réflexion et la faire évoluer.

Chacune de vos photographies a une ambiance bien particulière, je dirais même mystérieuse. Comment choisissez-vous l’arbre et comment procédez-vous pour effectuer ces photos qui mettent parfaitement en avant celui-ci ? Avez-vous réalisé toutes ces photos dans la même « zone » ?

Je les ai réalisées dans un petit périmètre autour de la maison de mon enfance, redevenue aujourd’hui ma résidence principale, un retour aux sources, à mes racines.

Je suis passé devant certains de ces arbres probablement un nombre incalculable de fois sans leur prêter attention. Aujourd’hui, je le fais avec plus d’intérêt.

Lors de déplacements, je les cherche. Quand l’un attire mon attention, je repasse le voir à l’aurore, sous la brume d’hiver et je mets un petit coup de projecteur sur sa présence. 

Ces conditions aléatoires ne sont réunies que quelques jours par an. Il me faut être patient.

Il y  a-t-il une photo qui vous tient à coeur dans cette série. Si oui, pourquoi ? 

Si je devais mettre une photo en avant, ce serait la première. Celle de l’arbre qui, par sa singularité, m’a donné envie de la souligner et a initié cette série. (voir photo ci-dessous)

Olivier Ouadah capture la majesté des arbres en noir et blanc
© Olivier Ouadah

Quel est le défi photographique que vous aimeriez réaliser à l’avenir ? 

L’idée de défi photographique n’évoque rien pour moi, arriver à faire une bonne photo est une sorte de défi, non ?

Olivier Ouadah : SiteInstagram

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