La série Interlude in blue de Ioanna Natsikou nous plonge dans une atmosphère mystérieuse semblable à celle d’une intrigue qui nous tient en haleine. En effet le mystère est entretenu par ces décors nocturnes ainsi que l’identité cachée du modèle qui n’est autre que la photographe elle-même. Celle ci se trouve généralement au carrefour d’une pénombre quelque peu inquiétante et d’halos de lumières aux couleurs chatoyantes. Ioanna Natsikou, photographe grecque, nous dévoile comment elle parvient à transcender le quotidien au travers de cette série, que l’on peut traduire par « Intermède au coeur du bleu ». Un travail qui a aussi pour but de traiter de la complexité que représente l’existence humaine.
Découvrez Interlude in blue : les autoportraits nocturnes et mystérieux de Ioanna Natsikou
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Pouvez-vous vous présenter ? Comment avez-vous commencé la photographie ?
Je suis une photographe autodidacte originaire de Grèce. Mon parcours photographique a commencé en 2017 lorsque j’ai décidé de sauter le pas vers une nouvelle carrière. J’ai donc suivi un cours de photographie à l’école des beaux arts à Athènes. J’évolue grâce aux expériences qui me forgent personnellement, qui me stimulent et me challengent. Je poursuis dans mes travaux l’idée d’une « rupture dans la réalité ». Pour cela j’utilise la force créative de mon imagination afin de mettre en évidence la dynamique d’un récit visuel.
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Comment décrivez vous votre style photographique ?
J’utilise mon corps comme un moyen d’interagir avec les objets, les espaces et ce qui m’entoure. Mon intérêt réside dans le fait de transcender le quotidien et de perturber la réalité grâce à des récits visuels fragmentaires de manière codée et implicite.
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Pourquoi avez-vous décidé de nommer votre série « Interlude in blue » ? Pourquoi la couleur bleu en particulier ?
J’ai choisis le mot « Interlude » (Intermède) afin de donner un sens plus concret à cette idée de pause et de solitude. La solitude est un sentiment étrange de vide et de silence. Le bleu lui représente cette idée d’introspection, de sérénité et de spiritualité. Cette couleur est rattachée à la couleur du ciel, des océans, de la liberté….Personnellement je la trouve trouve très inspirante, elle représente selon moi ce qui fait sens et ce qui n’a pas de limites…
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Pouvez-vous nous résumer l’histoire de cette série ?
Interlude in bue est une série d’autoportraits traitant les thèmes de la solitude, de l’isolement et de l’aliénation tout en traitant de la beauté, de fantaisie, de théâtralité et de réalité. En déménageant à Berlin en 2018 je me suis sentie comme étrangère au milieu de ce pays qui m’était totalement inconnu et dont la culture était très différente de la mienne. Cette expérience m’a fait penser au sentiment universel que provoque l’urbanisme et l’aliénation. J’ai donc voulu explorer le sujet dans un style cinématographique, théâtral, en créant une narration qui transcende le temps et l’espace.
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Pourquoi ne voit on jamais votre visage dans cette série ?
Comme évoqué précédemment cette série est une série d’autoportraits. En incarnant différentes personnalités féminines, je donne l’occasion au spectateur de pouvoir y voir une discussion entre le visible et l’invisible, entre ce qui est scénarisé et ce qui est réel. En dissimulant le visage, on peut raconter des histoires plus universelles, soulignant ainsi la complexité de l’identité.
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Comment avez-vous travaillé les lumières et couleurs, qui ressortent et rendent parfaitement bien dans votre série ?
Travailler avec les lumières et les couleurs m’inspire mais cela permet aussi d’engager le spectateur en laissant place à son imagination. C’est donc quelque chose que je travaille intuitivement, au travers de mes observations et des mes expérimentations.
- Enfin nous aimerions savoir comment vous procédez pour créer cette atmosphère nocturne très attrayante ?
J’expérimente toutes sortes de lumières, des lumières à DEL, des lumières continues et des lumières flash avec des gels colorés. La plupart des images sont prises à l’extérieur, la nuit. J’avais l’habitude de me promener dans la ville en essayant de trouver des endroits intéressants. Puis je revenais avec mon matériel d’éclairage pour prendre des photos. Je joue aussi beaucoup avec les outils de création pour créer cette atmosphère fictive, qui semble être d’une autre dimension.
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