Tons chatoyants, tableaux poétiques et un brin de nostalgie, voilà comment définir en quelques mots l’univers créatif de la photographe franco-congolaise, Cheyenne Boya. D’une authenticité touchante, ses portraits nous transportent au cœur de scènes de vie, sublimées par une direction artistique très travaillée. Au-delà de l’aspect esthétique de ses clichés, Cheyenne Boya nous offre une célébration de la diversité sous toutes ses formes. À travers cette interview, découvrez la personnalité qui se cache derrière ces photos à l’atmosphère so feel good.
Tout d’abord, pouvez-vous nous en dire plus sur vous ? Comment avez-vous débuté la photographie ?
Je m’appelle Cheyenne Boya, je suis franco-congolaise, je suis née à paris et j’ai grandi en banlieue parisienne. Aujourd’hui, je suis photographe et directrice artistique basée à Paris. J’ai toujours été attirée par les domaines créatifs depuis petite. J’ai étudié les arts appliqués et le Design, pour terminer avec une Licence Design Packaging et graphique à L’école Estienne.
J’ai développé mon intérêt pour la photographie en parallèle de mes études, j’ai commencé à publier mes photos sur Instagram. Au départ je documentais mes voyages, je postais des photos urbaines, d’amis et de famille etc. Mais il y a un peu plus de 4 ans, au fur à mesure de mes voyages, rencontres, inspirations, je me suis focalisé sur ce qui m’intéressait réellement dans la photo. C’est devenu plus qu’un passe-temps, j’ai développé mon propre style pour les portraits, j’ai trouvé un moyen naturel d’exprimer ma créativité, raconter des histoires à travers des images et également en tant que femme noire mettre en avant la diversité et la représentation.
Qu’est ce qui fait pour vous un bon portrait ?
Je fonctionne au « feeling », ce sera plus l’aspect émotionnel que technique. Pour moi, un bon portrait, c’est une image qui me parle, qui me touche, l’émotion et l’histoire qu’elle peut véhiculer. Que ce soit par la lumière, le décor, les expressions etc… En ce qui me concerne, je considère mon travail comme une poésie visuelle, je m’inspire de l’univers contemporain et rétro, j’essaye d’allier esthétisme, émotion et nostalgie dans mon travail – capturer des images qui inspirent et dont chacun sera libre d’interpréter.
Comment se déroule une séance ?
Une séance où j’interviens dans la DA (Direction Artistique). Je visualise d’abord l’univers dans ma tête et j’essaye de communiquer/retranscrire au mieux sous forme de moodboard, qui me permet de communiquer en amont sur la direction et l’esprit du shoot (le lieu, le style, la coupe, le make-up, les poses etc.). J’insiste beaucoup sur la bonne ambiance, l’échange…et de la bonne musique aussi. J’essaye de rendre le moment assez convivial, guider le modèle, échanger, créer tout en étant à l’aise, sans pression.
Comment gérez-vous la lumière et quel matériel utilisez-vous ?
J’utilise un Sony A7III. Je gère la lumière en fonction du résultat souhaité. Je travaille généralement en extérieur avec la lumière naturelle, je trouve que ça apporte un côté authentique et ça a été un bon moyen pour connaître les réglages de mon appareil et m’adapter rapidement qu’il pleuve ou qu’il fasse soleil. J’adore jouer avec les contrastes, les reflets de la lumière sur la peau ou sur l’espace. C’est un détail qui peut totalement faire la différence.
Il y a-t-il une image portrait qui vous tient particulièrement à cœur ? Si c’est le cas, pour quelle(s) raison(s) ?
Celle-ci (feeling – Nicolas), c’est une de mes premières images dont je suis fière, que j’ai réalisée en 2017 avec mon tout premier reflex un canon 80D. C’est une image qui me touche toujours autant, je la trouve paisible et elle est également un peu sentimentale (c’est mon frère dessus Nicolas aka Nijanco, un artiste incroyable) – Elle m’évoque le début de notre parcours créatif.
Avant ça, je doutais beaucoup, je me disais que je ne pouvais obtenir un joli travail car je n’étais pas assez équipé (pas de studio, pas de gros matériel professionnel etc.), je me mettais des freins. Alors qu’on peut créer avec le minimum, j’ai réalisé ce shoot dans ma chambre, avec un tissu pour fond, et la lumière naturelle qui passait à travers ma fenêtre. J’ai demandé à mon frère Nicolas d’être mon modèle, et ce que j’adore dans le processus créatif c’est l’échange d’idées et justement il s’est proposé de s’humidifier le visage et heureusement car ça a rendu mieux que ce que j’espérais. C’est une de mes premières images réussies qui m’a convaincu dans mon aspiration à continuer les portraits, créer des décors/univers, d’évoluer et par la suite en faire mon métier.
Cheyenne Boya : Instagram
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