D’un point de vue inédit, entre art, performance et photographie aérienne, un photographe passionné redéfinit les contours de la photographie sportive. À travers l’objectif de son drone, il capture le geste, le paysage et l’émotion dans une même image.

Rencontre avec l’auteur du projet Sport vu du ciel, un livre qui réunit plus de 20 disciplines sportives photographiées sous un angle totalement vertical.

Photographie aérienne
©Edouard Salmon

Une signature visuelle née du ciel

Lorsque ce photographe débute la photographie aérienne par drone, il cherche avant tout à construire une identité forte. Son choix se porte rapidement sur un cadrage à 90°, la caméra dirigée strictement vers le sol. Ce point de vue vertical, ou “top-down”, devient sa marque de fabrique. Il lui permet de révéler des compositions épurées, jouant avec les formes, les textures et les contrastes entre nature et urbanité. Forêts, plages, champs… les paysages familiers prennent soudain des allures de tableaux abstraits.

Mais très vite, il ressent le besoin d’introduire du vivant dans ses compositions. C’est lors d’une session de surf capturée par hasard qu’un déclic s’opère. Le mouvement humain inséré dans ces décors devient le chaînon manquant de sa vision artistique. Il trouve alors un équilibre subtil entre esthétique graphique et geste sportif.

Une vision nouvelle de la photographie sportive

Passionné de sport depuis toujours, il s’intéresse moins à la performance qu’à l’émotion du mouvement. Ce qui l’anime : montrer que le sport peut être vu comme une forme d’expression visuelle. Grâce à la photographie aérienne, il propose une lecture plus contemplative du geste athlétique, où chaque saut, chaque appui, chaque posture prend une dimension presque chorégraphique.

Un élément central de son approche ? Les ombres. Loin d’être de simples effets secondaires, elles deviennent parfois le sujet principal. Elles prolongent les corps, exagèrent les mouvements, et dessinent dans l’image une sorte de double fantomatique, presque irréel. Le résultat : des scènes chargées de tension poétique, où la lumière raconte autant que le sujet.

Le surf, entre grâce et puissance

Le surf occupe une place particulière dans son travail.

“C’est le tout premier sport que j’ai photographié avec mon drone” – Edouard Salmon

Fasciné par le littoral, il y voit une alchimie unique entre l’humain et les éléments. Le surfeur, minuscule face à l’immensité de l’océan, entre en résonance avec les vagues dans un dialogue silencieux entre maîtrise et lâcher-prise.

Ce qui l’intéresse, ce ne sont pas seulement les moments d’action, mais aussi les instants suspendus. Le silence avant la vague, la solitude du surfeur assis sur sa planche, l’ombre portée sur le sable… autant de scènes poétiques qui traduisent la spiritualité propre à ce sport.

Une pratique entre rigueur technique et liberté artistique

La photographie de surf par drone impose une multitude de contraintes : météo changeante, réglementation stricte, anticipation du mouvement dans un environnement mouvant… Le photographe travaille toujours avec des surfeurs qu’il connaît, pour assurer des prises de vue en toute sécurité. Il conjugue préparation minutieuse et instinct, planifiant ses séances à l’aide d’outils comme Google Maps, tout en laissant place à l’imprévu une fois sur le terrain.

C’est dans cet équilibre subtil entre contrôle et lâcher-prise que naissent ses plus belles images : celles que l’on n’avait pas prévues, mais qui s’imposent comme une évidence.

Un regard artistique sur le sport amateur

À travers son travail, l’artiste souhaite transmettre un message fort : les belles images de sport ne sont pas réservées aux professionnels ou aux grandes compétitions. Le sport amateur recèle, lui aussi, des moments de grâce. Photographier ces instants, c’est rendre hommage à l’universalité du geste sportif et à sa puissance expressive. Grâce aux images aériennes, il cherche à changer le regard, à éveiller une émotion nouvelle, quelle que soit la discipline.

“Mon objectif, c’est que le spectateur se dise : je n’avais jamais vu ce sport comme ça.” – Edouard Salmon

Entre innovation technologique et exigence artistique

Pour ce photographe, le drone n’est pas une fin en soi, mais un outil au service d’une vision. Il insiste

“Être télépilote ne fait pas de vous un photographe.” – Edouard Salmon

Il faut comprendre la lumière, la composition, avoir une intention. Car si la technologie a rendu ces images possibles, c’est l’œil du photographe qui en fait toute la force.

L’imagerie aérienne a trouvé aujourd’hui une place à part entière dans le monde de la photographie. Et lui s’en réjouit. Il voit dans cette évolution une opportunité d’élargir le champ des possibles, de raconter autrement nos liens à l’espace, au mouvement, au collectif.

Une démarche artistique en constante exploration

Inspiré par des photographes comme Yann Arthus-Bertrand ou Petra Leary, nourri par les émotions des grandes compétitions sportives comme les Jeux Olympiques, il ne cesse d’explorer. Rugby, tir à l’arc, natation, athlétisme… Les projets foisonnent. Il rêve même de terrains de sport insolites, comme un terrain de basket en plein désert.

Pour ceux qui souhaitent se lancer dans la photographie de drone, il délivre un conseil essentiel

“Posez-vous la question du pourquoi. Que peut apporter ce point de vue aérien à votre regard ?” – Edouard Salmon

Car derrière chaque vol réussi se cache une intention claire, une vision assumée, et des heures d’expérimentation.