Il n’y a pas si longtemps, dans une galaxie pas tellement lointaine… le photographe belge Michaël Massart nous plongeait dans le nouveau quotidien de Dark Vador et de son Empire, désormais confrontés à une terrible crise financière faisant suite à la destruction de son Etoile Noire. Le seigneur Sith et ses stormtroopers n’ont d’autre choix que de se retrousser les manches et se mettre au boulot… chez nous !

A l’occasion de la sortie en salles du nouvel opus de la saga Le Dernier Jedi, la tentation de vous présenter cette merveilleuse série pleine d’humour était bien trop grande.

Michaël Massart revient pour vous sur son parcours et son fantastique travail !

© Michaël Massart
L'Empire contre la Crise- Dos au mur © Michaël Massart
  • Pourriez-vous vous présenter ; comment avez-vous commencé la photographie ?

J’ai commencé la photographie après une opération ratée au genou. Je faisais beaucoup de sport et du jour au lendemain j’ai dû tout arrêter. Etant quelqu’un d’assez dynamique, je ne pouvais pas rester sans rien faire. J’aimais les belles photos et j’aimais m’appliquer lorsque j’en faisais, mais sans rien connaître sur aucune règles, même pas celle des tiers !

Puis en 2007, mon frère m’a demandé de l’accompagner dans son projet : le Grand Raid sur l’île de la Réunion, la Diagonale des fous : 150 km à pied pour traverser l’île de part en part. Bien sûr pas en tant que participant, vu l’état de mon genou. Mais plutôt comme support technique, soutien moral et en charge de faire quelques photos sympa de son périple. J’avais à l’époque un petit bridge de 3 millions de pixel. J’ai donc décidé d’acheter mon premier reflex, un Olympus E-510. A partir de là j’ai commencé à me documenter sur la photo, à apprendre beaucoup par moi-même. Début 2008 j’ai rejoint un club photo de la région afin de confronter mes photos à la critique pour continuer à progresser.

  • Qu’est-ce qui vous a donné envie de mettre en scène certains de vos clichés, comme ceux de cette série ? 

J’aimais toucher un peu à tout en photo, mélanger les genres, jusqu’à ce que je me sente attirer par les portraits et la mise en scène. J’aime aussi énormément la photo de paysage, notamment en pose longue, mais ce que j’aime avec la mise en scène c’est justement de pouvoir construire toute la scène, mettre mon grain de sel où bon me semble, disséminer de petits détails à gauche ou à droite. J’aime également me creuser les méninges pour essayer, autant que faire se peut, de réaliser l’effet à la prise de vue, c’est à dire éviter au maximum de devoir faire l’effet dans Photoshop. Je post-traite ensuite toutes mes photos avec Lightroom.

Je ne suis pas anti-Photoshop, il m’arrive de l’utiliser lorsque je n’arrive pas à faire autrement, par exemple pour le sabre laser. Mais je prends beaucoup plus de plaisir à essayer de l’éviter car je trouve beaucoup plus fun de faire souffrir mes modèles pour de vrai que de réaliser l’effet tout seul devant mon écran ! Il y a beaucoup plus d’échanges avec les modèles, de souvenirs inoubliables et d’anecdotes à raconter lors des expositions photos. Et puis j’ai grandi avec MacGyver, cela a peut être aussi joué !

L'Empire contre la Crise - A la plonge © Michaël Massart
L'Empire contre la Crise - Maître Nageur © Michaël Massart
L'Empire contre la Crise - Maître Nageur © Michaël Massart
  • Comment vous est venue l’idée de cette série ?

Au restaurant avec un ami, on discutait photo et cinéma. Je parlais d’une nouvelle série que j’avais entamée mais qui était un peu au frigo faute de trouver les lieux adéquats pour l’instant. Puis on a parlé de la sortie prochaine de l’Episode VII des anciens épisodes, et c’est là que mon ami m’a dit qu’il me verrait bien réalisé une série photo sur Star Wars. Je me souviens très bien avoir vu l’épisode VI dans un petit cinéma de village, je devais avoir 7 ou 8 ans et cela m’avait marqué. Le virus Star Wars s’était insinué en moi.

Je ne suis pas le fan absolu, je ne connais pas tout sur le bout des doigts mais j’avais des jouets, comme le X-Wing, mon cousin me faisait baver avec son quadripode. J’ai regardé plusieurs fois les épisodes IV à VI et j’ai toujours été fasciné par l’armure des stormtroopers, tellement graphique. Noire et blanche, elle ne pouvait que plaire au monde de la photo. Et Dark Vador est tout de même un des méchants du cinéma les plus emblématique et charismatique. Donc j’ai commencé à réfléchir à une thématique pour une possible série photo sur Star Wars. Belgique oblige, avec une bonne dose d’humour décalé.

L'Empire contre la Crise - Chef d'Orchestre © Michaël Massart
L'Empire contre la Crise - Chef d'Orchestre © Michaël Massart
  • La thématique de la crise n’est pas anodine, n’est ce pas ?

C’est que j’aime aussi mettre en avant certains thèmes de notre société au travers de mes séries photos. Notre monde a été bien secoué par plusieurs crises financières ces dernières années et je dois dire que j’ai beaucoup de mal avec le modèle économique de notre monde, notre faculté à inventer des outils pour spéculer sur des produits qui au bout du compte ne sont plus que du vent mais qui influencent irrationnellement le prix de matières premières.

J’ai parfois l’impression que notre économie mondiale n’est qu’un château de cartes. Cette thématique me parlait et j’ai trouvé qu’elle pourrait bien convenir à ma série, en me permettant de passer du titre L’Empire contre Attaque à celui de L’Empire contre la Crise. J’ai donc commencé à dessiner grossièrement des idées de mise en scène, puis à rechercher les lieux, demander l’autorisation, accorder les plannings, un peu comme pour un film (amateur bien sûr).

L'Empire contre la Crise - DJ © Michaël Massart
L'Empire contre la Crise - DJ © Michaël Massart
  • Cette série (et même plus généralement vos autres séries) cherche à raconter une histoire. Qu’est-ce qui est selon vous essentiel pour porter un récit à travers une série photo ?

Personnellement j’aime beaucoup lier certaines thématiques qui me parlent à mes séries photos ainsi que de raconter des histoires. Il faut dire que j’aime beaucoup le cinéma et le monde de la BD. Mais ce n’est pas une nécessité selon moi.

Ce qui est primordial, outre le fait d’avoir une cohérence, c’est de dégager de l’émotion, quelle qu’elle soit, de réussir à interpeller et toucher les gens. Lors d’expositions, avec Very Fast Trip et L’Empire contre la Crise j’ai eu le plaisir de voir plusieurs personnes sourire et même rire aux éclats. Avec Under…ground certaines se sont senties très mal à l’aise pendant que d’autres semblaient fascinées. J’espère qu’il ne s’agissait pas de futurs tueurs en série !

  • Quel matériel utilisez-vous principalement pour réaliser vos photos ?

Après l’Olympus E-510, je me suis tourné vers le Nikon D300 avec lequel j’ai commencé Very Fast Trip. Puis j’ai terminé cette série (après 18 mois) avec le D700 pour commencer Under…ground, que j’ai terminé 2 ans plus tard avec le D810. L’Empire contre la Crise a entièrement été photographié au D810 dont je suis très content. Au niveau objectif j’utilise essentiellement mon 50 mm f1.4, 85 mm f1.4, j’ai depuis peu un 35 mm f1.4. J’ai aussi un 16-35 mm f4 que j’utilise régulièrement. J’en ai d’autres mais je les utilise moins (macro, télé).

L'Empire contre la Crise - Coach © Michaël Massart
L'Empire contre la Crise - Coach © Michaël Massart
  • En voyant votre travail on imagine forcément que vous êtes un fan de la saga Star Wars, avez vous prévu de retravailler autour de cet univers ?

En effet, comme expliqué avant, je pense que l’on peut dire que je suis un fan de la saga Star Wars. Pas au point de ne pas reconnaître que tout n’est pas parfait, mais suffisamment pour réussir à fermer les yeux sur certains petits défauts pour apprécier pleinement le film. Et puis il y a aussi la magie de l’enfance avec les épisodes IV à VI, et cette magie est très puissante, autant que la force ! Je n’ai pas prévu de refaire une série dans l’immédiat, peut être quelques « one shot » par ci par là, mais cela me plairait certainement. A condition de faire quelque chose de très différent.

  • Quels sont vos projets pour le futur ?

J’ai pas mal d’idées en tête et trop peu de temps pour les réaliser… J’aimerais terminer mon projet mis au frigo mais j’en ai déjà démarré un nouveau. Huit photos ont déjà été prises, j’aimerais en prendre encore minimum 2 pour terminer le projet qui est un peu sur la thématique de l’équilibre, du bien et du mal.

L'Empire contre la Crise - Epilation au Sabre Laser © Michaël Massart
L'Empire contre la Crise - Epilation au Sabre Laser © Michaël Massart

Petite, anecdote concernant la photo de l’épilation au laser : la propriétaire de l’institut de beauté avait préparé la cire chaude pour mon ami au torse velu (non pas Chewbacca). Je sais que j’ai dit aimé faire souffrir mes modèles, mais je n’ai pas voulu aller jusque là. Par contre je voulais éviter de devoir faire du Photoshop inutilement… J’ai donc rasé moi-même son torse avec un rabot et j’ai juste rougi un peu sa peau avec le pinceau de Lightroom. C‘est la première fois que je rasais un homme !

Il était prévu de faire tout son torse ensuite mais on a pas eu le temps, il est donc rentré auprès de sa femme avec la trace de la ceinture de sécurité. Je pourrais en raconter des dizaines comme cela et c’est aussi ce qui me plait dans la photo, faire de belles rencontres qui peuvent même se transformer parfois en amitié et se créer des souvenirs inoubliables. D’ailleurs, je remercie chaudement tous ceux qui ont participé à cette belle aventure, sans eux elle n’aurait jamais existé !

© Michaël Massart
Michaël Massart

Déjà exposée en janvier dernier à Strasbourg, la série L’Empire contre la Crise le sera également au mois de mai prochain aux Rencontres Photographiques d’Arlon en Belgique !

Retrouvez l’ensemble du travail de Michaël Massart sur son site, et n’hésitez pas à la suivre sur Instagram et Facebook !

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