Originaire de Los Angeles, Brendan Pattengale est un photographe américain paysagiste. Se questionnant sur la vérité sur la perception des couleurs, il nous pousse à regarder à travers une variation chromatique continue sur ses clichés de paysages à la fois abstraits et psychédéliques.
Véritable hymne à la création artistique, son œuvre intitulée Terrestre nous invite à changer notre regard sur la planète et la nature. En explorant diverses méthodes photographiques, il parvient à créer un univers psychédélique intéressant sur ses panoramas. En dépeignant de manière vivante les vallées et les cours d’eau, il parvient toutefois à conserver un certain réalisme.
Un photographe avec un œil de peintre
Brendan se définit comme un artiste et plus particulièrement un photographe possédant un œil de peintre pour la couleur et la composition. Il obtient sa licence en arts plastiques spécialisée en peinture et sculpture à l’université de Californie à Davis en 2006. Après avoir exploré toutes les facettes de la photographie commerciale, Brendan a consacré ces dix dernières années à la maîtrise des techniques photographiques et à l’examen de celles-ci en relation avec la nature.
Libéré des contraintes de la photographie traditionnelle, Brendan cherche à nous faire vivre une véritable expérience sensorielle par l’exploration de ses paysages abstraits et hauts en couleur qu’il a pu immortaliser à travers le monde. Dans sa série photo Terrestre, on retrouve des clichés de ses voyages en Californie, en Éthiopie, en Islande, en Nouvelle-Zélande et en Bolivie.
« Voici la lumière en tant que créatrice, révélant les ondes du spectre des couleurs comme une chorale vibrante de tons, émouvant l’observateur, comme dans des cordes sympathiques à une houle d’émotion »
Brendan Pattengale
Afin d’en apprendre davantage sur l’œuvre si particulière de cet artiste, nous sommes allés à sa rencontre. Découvrez notre interview exclusive avec Brendan Pattengale.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre série de photos Terrestre ?
À la recherche de lieux hors du commun, l’observation des merveilles naturelles du paysage me pousse à explorer la zone entre réalité et abstraction. Mon travail sur cette série photo porte sur le physique et l’émotionnel, où les nuances subtiles de chacun s’expriment et ne peuvent être expérimentées que dans la nature. Là où la terre rencontre le ciel, ou l’eau caresse le bord de la terre… Le vide coloré où toutes les possibilités deviennent réalité.
Intensifiées lors de leur traduction en studio, mes études de la nature sont capturées avec les outils de la photographie traditionnelle. À partir de là, un léger écart par rapport à l’état d’origine met alors en avant mon langage visuel, créant des couleurs qui donnent le sentiment d’un lieu : un lieu où l’on peut s’attarder dans le passé, observer le présent et encore façonner l’avenir. Je cherche à donner vie à ces couleurs, à les faire ressortir du cadre.
En plus d’une expérience purement optique, j’invite à une participation à la fois physique et émotionnelle à travers le paysage qui se révèle. Grâce à cet engagement, j’espère que le spectateur pourra se familiariser avec quelque chose qu’il n’a peut-être encore jamais vu. La représentation environnementale du « brut » est une invitation à se rapprocher pour une expérience intime, plus personnelle.
Qu’est-ce qui vous a décidé à réaliser cette œuvre ?
J’ai décidé de travailler sur mon œuvre Terrestre après une lassitude du domaine commercial. J’en avais assez de me sentir vide après avoir travaillé dans ce domaine. Dans le domaine de la publicité, j’étais toujours en quête du prochain « travail ». Je suis enthousiaste lorsque je peux parler d’une image (ou d’une série d’images) des années après la prise de vue initiale.
Comment parvenez-vous à ajouter cette touche picturale à vos photos ?
Après des heures et des heures passées dans mon studio à faire ce que j’appelle « trafiquer » une image. La touche picturale est obtenue en repoussant les limites (techniques) d’une image et en la ramenant à cette ligne fine où le spectateur peut se demander s’il regarde une photographie ou une peinture.
Selon vous, comment la couleur peut-elle influencer notre perception des choses ?
La couleur a cette capacité incroyable de remettre en question la perception de la réalité. Comme l’a dit Goethe dans sa Théorie des couleurs, les couleurs appartiennent à l’œil ; c’est ce que je transmets dans mes images, qui sont entièrement vraies dans leur récit de la lumière et, par conséquent, de la vision, tout en étant également altérées dans leur processus avant l’instant de la photographie.
Quel est le message que vous voulez transmettre à travers cette série de photos de paysages abstraits ?
Je veux transmettre une émotion, je veux que le spectateur ressente, qu’il pense. Ma série Terrestre est pleine de crainte, de danger, de minuscule mais aussi toute aussi riche en diversité, en grandeur et en beauté.
Depuis le 19 novembre 2021, l’œuvre de Brendan Terrestre est en exposition permanente à Rome à la Bibliothèque Guglielmo Marconi en Italie.
À LIRE AUSSI :
- La fragilité de la Nature par Ingrid Weyland
- Vu du ciel, les paysages abstraits de Zack Seckler
- Entre nature et métaphore, la photo de paysage selon Ted Gore
- Alex Robciuc photographie les Carpates occidentales roumaines
- Entre rêve et évasion, la photo de paysage selon Ambre de l’AlPe