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5 idées photo à transformer en livre photo pour sublimer vos souvenirs

À l’ère du numérique, nos souvenirs photo s’accumulent sur nos smartphones et disques durs… souvent oubliés au fil du temps. Pourtant, il existe un moyen simple, esthétique et émotionnellement fort de les faire revivre : le livre photo. Plus qu’un simple objet, le livre photo rassemble vos plus beaux instants, une façon de raconter une histoire et de la transmettre. La création d’un livre photo, c’est aussi un moment de partage et de créativité, le moment de concevoir un objet sur-mesure, qui vous ressemble. Et comme c’est l’été, et que vous partez probablement très bientôt en vacances, pourquoi ne pas penser à un souvenir mémorable avec un album photo voyage retraçant votre dernière escapade ?

Voici 5 idées inspirantes pour transformer vos clichés en véritables œuvres personnelles. À offrir, à conserver, à feuilleter sans modération !

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Un carnet de voyage photographique

Revivez vos escapades, city trips ou évasions lointaines à travers un album qui mêle images, cartes, anecdotes et émotions. L’idée ici est de recréer l’atmosphère d’un journal de bord visuel, où chaque page raconte une étape de votre aventure.

Vous pouvez y intégrer par exemple des paysages grandioses, des scènes de rue et des portraits, ou encore des détails insolites découverts en chemin. Enrichissez l’ensemble avec quelques mots griffonnés : le nom d’un plat dégusté, une impression fugace, un lieu imprévu, une rencontre marquante…

👉 On vous recommande : un livre souple au format paysage, type carnet de bord, qui se glisse facilement dans une bibliothèque ou un sac.

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Un livre photo 100% Noir et Blanc

Les clichés en noir et blanc possèdent un charme intemporel. En éliminant la couleur, on met l’accent sur les émotions, les contrastes, les textures et la lumière. C’est un excellent moyen de sublimer vos images, que ce soit des portraits monochromes, des scènes urbaines ou des photographies d’architecture. 

Ce type de livre photo se prête parfaitement à une approche artistique. Choisissez une mise en page sobre, épurée, pour laisser la photographie parler d’elle-même.

👉 On vous recommande : un livre photo rigide Premium, pour un rendu proche d’une exposition en galerie.

livre photo Premium rigide Noir et Blanc Photoweb

Une année en famille, en 12 chapitres photo

Chaque mois de l’année est rempli de petits et grands moments qui méritent d’être célébrés et capturés. Pourquoi ne pas en faire un album structuré comme un calendrier ? De janvier à décembre, retracez les anniversaires, les sorties, les fêtes, les vacances, les premières fois…

C’est une magnifique façon de documenter la vie de famille, de voir les enfants grandir, les habitudes évoluer et les liens se renforcer. C’est également une excellente idée cadeau pour vos proches !

Côté mise en page, vous pouvez organiser chaque double-page autour d’un mois, ou regrouper les moments marquants de chaque saison.

👉 On vous recommande : un album chronologique mois par mois, facile à structurer et très émouvant à partager avec ses proches.

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Une collection de portraits à thème

Les visages racontent mille choses : la tendresse, l’humour, la complicité, parfois même la mélancolie. Réalisez un album centré sur les portraits en choisissant un fil conducteur. Cela peut être les membres de votre famille, les générations qui se croisent, des portraits de rue réalisés lors d’un voyage, ou encore un projet autour des regards.

Pensez à soigner la cohérence visuelle et à mettre en avant votre signature artistique : même traitement colorimétrique, cadrage similaire, fond neutre ou uniforme… Une série bien pensée renforce l’impact émotionnel de chaque image.

👉 On vous recommande : un livre photo avec une mise en page épurée, pour que l’émotion soit au cœur du récit.

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Un projet créatif personnel : 365 ou 52 photos

Si vous aimez les défis créatifs, pourquoi ne pas compiler une photo par jour (365 images) ou par semaine (52 images) pendant une année entière ? C’est l’occasion de documenter votre quotidien, de faire évoluer votre regard photographique, et de capturer l’inattendu.

Ce type d’album affiche une progression au fil du temps. On y voit les saisons défiler, les émotions changer, les moments ordinaires prendre une nouvelle saveur. Vous pouvez ajouter des légendes ou des pensées personnelles pour renforcer la narration.

👉 On vous recommande : un format compact mais dense – comme un mini-livre ou un format portrait – qui donne envie de le feuilleter régulièrement.

livre photo personnalisé Photoweb

Transformer ses images en livre photo, c’est bien plus qu’un simple geste esthétique. C’est une façon d’immortaliser, de redécouvrir la beauté des instants vécus, et de leur offrir une seconde vie. Que ce soit pour vous-même ou pour offrir à vos proches, un livre photo raconte bien plus qu’un simple album numérique : il devient un objet précieux, témoin d’émotions partagées.

Prenez le temps de sélectionner vos images, choisissez un format adapté à votre projet, et amusez-vous avec la mise en page que vous pouvez personnaliser. Vos souvenirs méritent bien ça, non ?

Article publi-rédactionnel


Affiche du festival photo LES FEMMES S'EXPOSENT. Photo : Natalie Keyssar

Le festival photo, un rendez-vous à ne pas manquer

Ne manquez pas les festivals photo parmi les plus prestigieux de la scène photographique mondiale, qui font leur retour en même temps que les beaux jours ! Un festival est une belle occasion de découvrir de nouveaux artistes, de plonger dans l’actualité à travers des photographies saisissantes et bouleversantes, de s’émerveiller devant la beauté saisie en images et de se laisser guider par les regards de photographes du monde entier.

Rythmés par les festivals photo qui s’installent en France dans les prochains mois, découvrez vos rendez-vous photographiques de l’année 2025 !

Festival Street Photography du Collectif Loop

Du 14 juin au 31 août 2025, la Street Photography s’installe dans la capitale à travers un festival photo dédié à la photographie de rue et signé le Collectif Loop. Au programme : festival photo, exposition photo et Masterclass exceptionnelle ! Engagé dans la transmission, le collectif organise le Festival de Street Photography à Paris, une occasion unique d’explorer l’art de photographier la rue en apprenant à anticiper ses images, composer avec l’environnement et affiner son regard.

affiche exposition photo street photography du collectif loop

LES FEMMES S'EXPOSENT

Du 6 juin au 2 septembre 2025, le festival photo LES FEMMES S’EXPOSENT, consacré à la photographie féminine, revient pour sa huitième édition ! Cette année encore, le festival propose une programmation intergénérationnelle et internationale, offrant un regard pluriel sur le monde. Les femmes photographes présentées abordent des sujets de société variés et actuels, tels que la mémoire collective, le changement climatique, la douleur, l’intime et la beauté, et bien plus encore…

  • Du 6 juin au 2 septembre 2025
  • 12 expositions, 2 prix et 3 bourses pour récompenser des travaux sur des thèmes variés
  • À Houlgate en Normandie
  • Toutes les infos ici

Affiche du festival photo LES FEMMES S'EXPOSENT. Photo : Natalie Keyssar
Affiche du festival LES FEMMES S'EXPOSENT. Photo : Natalie Keyssar

Festival La Gacilly Photo

Du 1er juin au 5 octobre 2025, La Gacilly accueille son festival photo annuel! Cette année, le festival photo vous propose de traverser la Manche avec son thème « So British ! ». C’est en effet le Royaume-Uni qui est mis à l’honneur cette saison, à travers le regard de photographes britanniques jouant avec les contrastes et les absurdités de notre époque. Parmi ceux-là, des artistes connus et reconnus pour leur style singulier : Don McCullin, Martin Parr, Anna Atkins ou encore Peter Dench, entre autres. Au programme, découvrez également des expositions sur le thème de la mer, ses beautés et ses enjeux et sur l’écologie positive à travers l’objectif de photographes internationaux.

Affiche festival photo 2025 La Gacilly 2025

Les rencontres d'Arles

Du 7 juillet au 5 octobre 2025, les prestigieuses Rencontres d’Arles s’installent dans le sud de la France pour une nouvelle saison sur le thème « Images Indociles« . Au programme, un dialogue engagé entre mémoires collectives et récits intimes, de l’exposition Futurs ancestraux sur l’héritage colonial au Brésil à On Country : photographie d’Australie, hommage aux liens spirituels des peuples autochtones australiens à leur terre, en passant par le projet US Route 1, qui interroge les fractures contemporaines des États-Unis. Et beaucoup, beaucoup, plus à découvrir…

Affiche officiel Festival photo 2025 Les Rencontres de la photographie Arles 2025
Photo: Tony Albert, David Charles Collins et Kieran Lawson, Super-héros de Warakurna #1, 2017. Design: ABM Studio

Visa pour l'image

Du 30 août au 14 septembre 2025, Perpignan accueille, comme chaque année, son festival international du photojournalisme, Visa pour l’image. Cette édition présentera pas moins d’une vingtaine d’expositions, accessibles à toutes et tous. Lors de ce festival, de nombreuses récompenses seront remises, dont des Visa d’Or, des bourses et des prix. Les lauréats seront sélectionnés parmi tous les sujets vus dans l’année par un jury international d’exception. Découvrez la sélection des meilleurs sujets photojournalistiques du monde entier.

affiche visa pour l'image 2025 festival photo 2025

Paris Photo 2025

Du 13 au 16 novembre 2025, Paris Photo revient au Grand Palais pour sa 28e édition ! Rendez-vous incontournable de la photographie, la célèbre foire accueille les meilleures galeries internationales et françaises, le tout, dans un environnement unique au coeur de la capitale.

« Cette 28e édition de Paris Photo affirme notre volonté de proposer au marché une vision artistique exigeante et ouverte. Plus affirmée, plus diverse, plus internationale, cette édition réunit des galeries et artistes venus de tous les continents confirmant le rôle central de Paris comme lieu de visibilité, de réflexion et de valorisation du médium.» – Florence Bourgeois, directrice de Paris Photo

paris photo 2025

Montier Festival Photo

Du 20 au 23 novembre 2025, le Montier Festival Photo sera de retour pour sa 28e édition et vous dévoilera les plus belles photographies animalières et de nature de l’année ! Devenu un événement incontournable pour tous les amoureux de la nature, le festival accueille chaque année des grands noms de la photographie française et internationale ainsi que des personnalités d’horizons différents. Au programme, plus de 100 expositions, des conférences, des tables rondes, des forums et des découvertes artistiques et des rencontres mémorables !

affiche festival photo Montier en Der
Affiche 2025 à venir

Affiche Salon de la photo 2025

Téléchargez votre invitation gratuite pour le Salon de la Photo 2025

Nous sommes heureux de vous annoncer le retour du Salon de la Photo à l’automne 2025 ! Comme chaque année, de nombreuses nouveautés et surprises attendent les passionnés de photographie. Cette année, le Salon de la Photo se teindra du 9 au 12 octobre 2025 dans la Grande Halle de la Villette, à Paris. Au programme : des rencontres photographiques, des conférences enrichissantes, des nouveautés irrésistibles et des surprises qui en raviront plus d’un.e !

Alors à vos agendas, bloquez la date et préparer votre venue en téléchargeant votre invitation gratuite dès maintenant !

affiche salon de la photo 2025

Durant 4 jours, la Grande Halle de la Villette vibrera au rythme de la photographie, pour notre plus grand plaisir ! Attendez-vous à des rencontres et des découvertes, des expositions et des conférences, et bien plus… L’équipe Graine de Photographe sera une nouvelle fois au rendez-vous pour vous accueillir sur son stand. Et cette année, Graine de Photographe partagera son stand avec son partenaire Photographes du Monde, spécialiste du voyage photo, pour encore plus de possibilités photographiques !

Téléchargez dès à présent votre invitation gratuite directement sur le site officiel du Salon de la Photo 2025 ! Pour cela, rien de plus simple, il suffit d’utiliser notre code invitation FF25. Sélectionnez la Billetterie Grand Public, puis choisissez un billet plein Tarif. En dessous du prix total, vous trouverez la mention « Vous avez un code de réduction ? Cliquez-ici ». Une fois que vous aurez cliqué il ne vous reste plus qu’à renseigner le code FF25 puis cliquer sur « appliquer ».

Ce qui vous attend sur notre stand

Découvrez prochainement les conférences qui vous attendent sur notre stand et les surprises que l’on vous réserve !

Il nous tarde de vous retrouver sur notre stand où notre équipe aura le plaisir de vous accueillir !


affiche exposition photo street photography du collectif loop

Le Collectif Loop vous invite à la 7e édition de son festival de Street Photography

Et si vous profitiez de l’été pour découvrir l’univers de la Street Photography aux côtés du Collectif Loop ? Au programme : festival photo, exposition photo et Masterclass exceptionnelle ! Rendez-vous du 14 juin au 31 août 2025 pour la 7ème édition du festival parisien de Street Photography organisé cette année par le Collectif Loop.

affiche exposition photo street photography du collectif loop

Festival de Street Photography

Le Collectif Loop, c’est six photographes passionnés de street photography, mêlant approche artistique et documentaire. Chacun apporte au groupe sa vision personnelle, enrichissant un univers visuel cohérent centré sur l’humain et la ville. Parmi les membres du collectif, retrouvez Thomy Keat et Roxana Albu Mercié, photographes de notre équipe qui ont à coeur de transmettre leur savoir-faire au quotidien. Engagé dans la transmission, le collectif organise le Festival de Street Photography à Paris, une occasion unique d’explorer l’art de photographier la rue en apprenant à anticiper ses images, composer avec l’environnement et affiner son regard.

Profitez d’une exposition photo signée par le Collectif Loop à l’occasion du festival photo. L’exposition prend place sur les grilles du Square des Batignolles et du Pont Cardinet du 14 juin au 31 août 2025.

festival photo street photography collectif loop

Masterclass Street Photography

Vous souhaitez découvrir l’univers de la Street Photography et apprendre les bases de cette discipline auprès des membres du Collectif Loop ? Participez à une Masterclass Photo exceptionnelle le samedi 26 juillet 2025 à Paris.

>> Infos et réservations <<<

Vivez une immersion unique dans l’effervescence de Paris avec notre Masterclass consacrée à la Street Photography. Accompagné·e des photographes du Collectif Loop, vous aiguiserez votre regard pour capturer l’instant présent et révéler la poésie du quotidien urbain. Au fil de cette expérience, vous apprendrez à repérer le moment décisif, à composer des images fortes et à affirmer votre style photographique.

Bénéficiez d’un tarif EARLY BIRD jusqu’au 14 juin avec 20% de remise avec le code EARLY20.

street photography collectif loop
© Collectif Loop

photographie architecture minimaliste Klaus Micke

Simplicité et minimalisme : la photographie d'architecture de Klaus Micke

Le photographe Klaus Micke nous transporte dans son univers photographique coloré et minimaliste. Devant son objectif, l’architecture urbaine dévoile tout son potentiel artistique. Sensible aux lumières, aux lignes et aux couleurs, le photographe sublime le banal et l’ordinaire en images. Les détails architecturaux, qui pourraient alors passer inaperçus, se révèlent à nous. C’est donc à travers des compositions simples et bien pensées, que le photographe nous fait apprécier toute la beauté de l’environnement urbain qui nous entoure.

Découvrez notre interview exclusive du photographe Klaus Micke.

photographie architecture minimaliste Klaus Micke
© Klaus Micke

Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a amené à la photographie ?

Je suis photographe professionnel depuis 50 ans. J’ai étudié la photographie et le cinéma et j’ai travaillé comme journaliste photographe pour un grand journal allemand, les 10 dernières années en tant que chef photographe. En 2019, j’ai commencé mon activité sur Instagram, pour montrer les photos qui sont les plus importantes pour moi. Depuis, je publie une photo par jour. En 2021, le New York Times a recommandé mon compte Instagram dans un article intitulé « Cinq comptes artistiques à suivre sur Instagram maintenant ». À l’heure actuelle, mon compte principal compte 21 000 followers. En 2023, j’ai ouvert un deuxième compte Instagram avec des photos en noir et blanc. 

Qu'aimez-vous dans la photographie d'architecture ? Vous semblez être un minimaliste, avec un intérêt particulier pour les couleurs vives (quand vous ne faites pas du noir et blanc) et les formes. Comment expliquez-vous ce style ?

Pour moi, la photographie minimaliste est une forme de méditation visuelle. Je me promène sans trop réfléchir et je photographie tout ce qui attire mon attention. J’utilise mes compétences acquises et développées pour explorer et réagir au moment présent. C’est de la créativité spontanée. 

La plupart de mes photos sont des détails architecturaux. Mais ce n’est pas tant l’architecture qui m’intéresse. Les couleurs vives, les textures, les motifs et la lumière sont mes sujets de prédilection. Je suis plus heureux dans un environnement urbain avec un temps ensoleillé. Le plus souvent dans des zones industrielles. Je cherche des sujets cachés dans les ruelles et loin des foules. 

Pour moi, ce type de photographie consiste à trouver la beauté dans le banal ou l’ordinaire. Mon intention est de montrer la beauté d’objets banals qui autrement resteraient inaperçus et de les rendre extraordinaires. Dans le monde d’aujourd’hui, nous essayons toujours de rendre les choses plus compliquées. J’essaie de trouver une simplicité optimale dans mes photos. J’essaie de créer des compositions simples et d’éliminer tout ce qui est gênant. Cela mène au minimalisme. Lorsque j’ai une scène complexe, je retire des éléments de la scène jusqu’à ce que je n’aie plus que l’essentiel.

Justement, travaillez-vous ces images en post-production ? Quel est votre processus créatif pour parvenir au résultat final ?

Les aspects techniques de ma post-production dans Lightroom sont très simples. La lumière du soleil donne des couleurs vives à mes photos et j’ai rarement besoin de plus de 3 minutes pour une seule photo. Mais l’édition est à nouveau un processus créatif. C’est la partie analytique de mon travail. Les photos que j’ai prises sont des rectangles, celles que je publie sont des carrés. Je dois donc les encadrer à nouveau. Le cadrage, c’est tout. 

photographie architecture minimaliste Klaus Micke
© Klaus Micke

Techniquement, comment réalisez-vous ces photographies ? Quel matériel utilisez-vous ?

Je dois me déplacer beaucoup pour prendre mes photos et je n’aime pas les équipements lourds. C’est pourquoi l’équipement de ma photographie minimaliste est également simple. Un appareil photo et un objectif. J’utilise un Nikon Z7 II avec un objectif 24-200 mm.

Quelles sont vos inspirations ?

Ma principale inspiration est de sortir, de me promener et de découvrir de nouveaux endroits pour prendre des photos. Bien sûr, j’admire certains artistes. J’aime beaucoup les photographes Saul Leiter, Ralph Gibson et Michael Kenna, ainsi que les peintres Mark Rothko, Lyonel Feininger et Piet Mondrian.

photographie architecture minimaliste Klaus Micke
© Klaus Micke

Klaus Micke : SiteInstagram


photographie de Emeline Sauser pour son projet photographique documentaire Refuges

Refuges, le projet photographique signé Emeline Sauser

À travers une série de portraits intimes, la photographe Emeline Sauser donne la parole à celles et ceux qui, après avoir traversé des épreuves, cherchent à s’en sortir et trouvent refuge – en eux-mêmes, chez les autres, dans un lieu. « L’après tempête ». Ce projet photographique, à la fois documentaire et profondément humain, est une série de chapitres nés de rencontres imprévues, d’histoires partagées, de fragments de vie confiés à son objectif. Refuges explore ces lieux visibles ou invisibles où l’on se reconstruit après l’épreuve.

Découvrez ce projet photographique à travers les mots de la photographe Emeline Sauser.

photographie de Emeline Sauser pour son projet photographique documentaire Refuges
© Emeline Sauser

Naissance d'une vocation

Avant de débuter le projet photographique « Refuges » , Emeline Sauser a suivi différents chemins. Elle est issue d’un parcours littéraire (hypokhâgne, khâgne, et licence d’histoire qu’elle termine au Chili). « Rien à voir avec la photo » explique-t-elle. Pourtant, une graine est déjà là, tapie dans son intérêt pour les expositions photo et les livres de photographie documentaire.

Elle débute réellement la photographie en achetant son premier appareil photo numérique d’occasion, un « vieux Nikon ». Désireuse d’aller plus loin, elle envoie une candidature spontanée à Caravan Magazine, un magazine dédié à la photographie documentaire et au reportage en Inde. Sans réponse, Emeline prend la décision de tenter le tout pour le tout et s’envole pour l’Inde.

photographie de Emeline Sauser pour son projet photographique documentaire Refuges
© Emeline Sauser

Sur place, une éditrice accepte de la rencontrer et lui offre une première opportunité. Emeline va alors vivre une expérience de terrain dans un contexte particulièrement difficile. À cette période (janvier 2019), des soulèvements populaires ont lieu à New Delhi et dans toute l’Inde en réponse à une loi anti-musulmans qui divise alors le pays entre musulmans et hindouistes. En couvrant ce sujet, Emeline comprend qu’elle ne souhaite pas poursuivre dans le reportage d’actualité. Ce qu’elle cherche, c’est une proximité, une écoute, une narration au long cours. “Les émotions, c’est universel”, dit-elle, et c’est précisément ce qu’elle veut photographier.

« Suite à cette expérience, j’ai un peu compris que je ne voulais pas faire du reportage très loin. En fait, je débarquais dans un pays où je ne parlais pas la langue, je ne comprenais pas la culture, je n’avais pas les bases nécessaires pour bien faire le job. Et ensuite, je me suis rendue compte que je voulais faire des choses en France, plus intimes, plus universelles, moins du reportage au sens où je l’entends. » – Emeline Sauser

photographie de Emeline Sauser pour son projet photographique documentaire Refuges
© Emeline Sauser

Refuges, un projet photographique au long cours

En intégrant l’EMI-CFD, formation professionnalisante en photographie reportage et documentaire à Paris, Emeline développe et affine son approche de la photographie. Durant cette formation de huit mois, les étudiants participent à une semaine « hors les murs » où chacun doit trouver son sujet personnel dans une ville commune au groupe. Pour Emeline et sa promo, la ville imposée est Brest. Lors de cette semaine, Emeline rencontre par hasard Adèle, une jeune fille à la rue qui souhaite s’en sortir. Cette rencontre deviendra le premier chapitre de son projet Refuges.

« C’est cette rencontre avec Adèle qui m’a permis aussi de comprendre que c’était ça que je voulais faire, c’est-à-dire raconter la reconstruction, l’après. » – Emeline Sauser

photographie de Emeline Sauser pour son projet photographique documentaire Refuges
© Emeline Sauser

Le projet Refuges débute donc pendant la formation et se construit petit à petit par la suite, lorsque Emeline intègre le mentorat de l’agence Vu’ grâce auquel elle obtient un accompagnement tant sur les questions de financement, de bourse etc. que sur l’axe photographique pour construire une narration, construire son projet.

C’est notamment grâce à des bourses et des prix qu’Emeline a pu se consacrer à temps plein à ce projet : la bourse Laurent Troude, la bourse Mark Grosset-SAIF, le Prix Canon avec le Student Development Programme, le Prix Mentor. 

Le projet se structure par chapitres, chacun dédié à une personne ou un duo, rencontrés au gré du hasard, notamment grâce à de l’auto-stop.

« J’avais postulé en disant que je voulais continuer Refuges avec plusieurs chapitres. C’est durant cette année en mentorat, que j’ai aussi compris que je voulais continuer à faire de l’auto-stop en France, continuer avec cette question de rencontre au hasard. Parce que ça marche en fait. C’est-à-dire que si on se rend disponible et qu’on écoute les gens, beaucoup nous racontent leur vie et racontent des choses assez fortes. Et ça c’est fou. En faisant du stop et en prenant le temps dans les villes, je me suis rendue compte qu’il y a beaucoup de gens qui étaient hyper partants. » – Emeline Sauser

photographie de Emeline Sauser pour son projet photographique documentaire Refuges
© Emeline Sauser

Chaque chapitre de Refuges se réalise en plusieurs mois.

Emeline retourne régulièrement voir les personnes photographiées, prend part à leur quotidien et crée une relation de confiance avec elles. Mais avant même de débuter le projet, il faut trouver ces personnes.

“C’est un équilibre fragile. Il faut que leur histoire soit actuelle, qu’ils soient disponibles, et que moi je le sois aussi. Et puis, il faut que ça matche, qu’on ait envie de continuer ensemble.” – Emeline Sauser

Malgré de nombreuses rencontres lui livrant des histoires personnelles, très peu peuvent faire partie intégrante du projet. Le critère principal consiste notamment à savoir si l’histoire racontée est actuelle ou non. Ensuite, Emeline doit s’assurer que la vie de ces personnes est actuellement stable et qu’il y a de la place pour ce projet dans leur vie.

« Je me rappelle d’une histoire où il y avait un monsieur qui était héroïnomane, entre autre, et qui avait accepté de faire partie du projet. Il voulait bien être photographié. Mais vu sa consommation qui était encore hyper présente dans sa vie, je n’arrivais pas à me faire une place dans sa vie. Il y a plein de choses comme ça, où les gens sont partants, moi je suis partante, mais il y a un manque de place et un manque de disponibilité. Et du coup je pense qu’il ne faut pas forcer. » – Emeline Sauser

photographie de Emeline Sauser pour son projet photographique documentaire Refuges
© Emeline Sauser

Lors de ces rencontres, Emeline sait rapidement s’il sera possible ou non de travailler ensemble. Lorsque c’est le cas, elle passe énormément de temps avec les personnes qu’elle photographie. Une réelle relation de confiance s’installe, une certaine amitié également.

« Je pense qu’à la fin, je deviens un peu amie avec les gens que je photographie, à force de venir chez eux et qu’on se raconte nos vies… Je suis toujours la photographe pour les gens, mais ils m’invitent aux anniversaires, ce genre de choses… Cette relation est dure à mettre dans une case, car je serai toujours la photographe, je serai toujours extérieure je ne ferai jamais partie de la famille ou de leur vie parce que je finis toujours par partir. Mais à la fois on se raconte des choses quand même qui sont assez fortes et qui créent un lien. » – Emeline Sauser

photographie de Emeline Sauser pour son projet photographique documentaire Refuges
© Emeline Sauser

Un processus créatif long et minutieux

Au cours de ces mois de prises de vue, des centaines voire des milliers d’images sont réalisées, pour seulement une dizaine de retenues au final. Une sélection drastique et réfléchie, afin conserver seulement des images parlantes. L’éditing et la sélection des images se fait en trois temps.

Premièrement, Emeline réalise un tri seule où elle conserve les images suffisamment fortes individuellement. Ensuite, elle partage sa sélection avec ses proches et des personnes du métier afin de réaliser une seconde sélection et d’obtenir un regard extérieur. Enfin, une ultime sélection est réalisée avec les personnes photographiées elles-mêmes, qui donnent leur avis sur les images sélectionnées et qui donnent leur accord sur leur place dans le projet.

photographie de Emeline Sauser pour son projet photographique documentaire Refuges
© Emeline Sauser

Avec un sujet si personnel, Refuges interroge les limites de la photographie documentaire. Ici, la photographe se demande notamment que penseront les personnes photographiées de ces images dans quelques années ?

“Je me demande souvent ce que ces gens penseront des images dans deux ou trois ans”, confie Emeline. “Est-ce qu’ils voudront toujours que ça existe ?” Une interrogation constante sur la responsabilité du regard et sur le droit à l’oubli, qui traverse toute sa démarche. Consciente de ces questions, Emeline sait qu’il arrivera peut-être un jour où elle devrait supprimer des chapitres.

photographie de Emeline Sauser pour son projet photographique documentaire Refuges
© Emeline Sauser

Refuges : évolution et suite

Grâce à la visibilité de plus en plus accrue du projet, Emeline a fait évoluer son processus créatif. Dernièrement, elle a mis de côté l’autostop pour tenter une nouvelle approche. Elle a mis en place un système de pancarte qu’elle utilise dans les villes. Avec cette approche, ce sont les gens qui viennent à elle naturellement. Emeline confie beaucoup aimer cette méthode, qui lui apporte une autre expérience que le stop.

Actuellement, et grâce à la pancarte, Emeline a rencontré Elodie et Romain ainsi que leurs 4 enfants. Il s’agit du dernier chapitre en cours de Refuges. Pour la suite, Emeline a des sujets en tête qu’elle souhaiterait aborder. Notamment la fin de vie, pour lequel elle n’a pas encore trouvé de personnes.

« Je cherche une dernière histoire sur la fin de vie cette fois. Je n’ai pas encore trouvé. J’aimerais beaucoup faire un chapitre de Refuges sur la fin de vie et trouver un couple (amical ou amoureux d’ailleurs), dont l’un des deux est en fin de vie et que du coup le refuge soit ce couple. J’aimerais beaucoup traiter la mort comme sujet. » – Emeline Sauser

Refuges sera exposé à Paris prochainement. Vous pourrez retrouver le projet et différents chapitres à l’occasion des Rencontres Photographiques du 10e (du 4 octobres au 10 novembres 2025) et lors des Rencontres Photographiques de Boulogne-Billancourt, dont le Prix de l’Intime RPBB x Photo Doc 2025 a été attribué à Emeline SAUSER pour son travail Refuges.

photographie de Emeline Sauser pour son projet photographique documentaire Refuges
© Emeline Sauser

Emeline Sauser : SiteInstagram


photographie de Damien Goret

Damien Goret nous dévoile sa vision de la Street Photography

En parcourant les rues, le photographe Damien Goret dévoile le potentiel graphique et artistique de l’architecture de nos villes. Ainsi, un mur coloré, une ombre bien placée et une silhouette imprévue deviennent sources d’inspiration inépuisables. Pour Damien, la Street Photography n’est pas une affaire de visages, mais surtout de lumière, d’ombre et de solitude urbaine.

Découvrez le parcours, les inspirations et le matériel de Damien Goret à travers notre interview exclusive.

photographie de Damien Goret
© Damien Goret

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours et ce qui vous a amené à la photographie ?

Il y a une vingtaine d’années, les aléas de la vie m’ont fait changer de profession, pour devenir journaliste. J’étais alors entouré de photographes avec qui je travaillais, et dont je trouvais les photos magnifiques. J’ai voulu comprendre comment ils arrivaient à produire de telles images. Je me suis formé de mon côté, avec mon boîtier dans la main, en regardant des vidéos, en lisant des articles, en apprenant la logique du triangle d’exposition, de la prise de vue manuelle 

Qu'est-ce que vous aimez dans la Street Photography ?

J’ai commencé à m’amuser avec de la photo de paysages mais je me suis rapidement ennuyé. Il me fallait quelque chose de plus quotidien : un endroit qui me permettrait de pratiquer tous les jours, tant photographier était devenu une obsession. Cet endroit, c’était la rue.

Jusque-là, j’avais une idée de la street photo très réductrice. Je pensais qu’elle se résumait à prendre des gens bien reconnaissables dans la rue, de manière candide ou non, un peu à la manière de Bruce Gilden. Moi, je voulais du graphisme. Je voulais que les personnes photographiées ne soient pas le sujet même de la photo. Je voulais voir les gens habiter leurs villes, je les voulais dans la solitude de leur environnement. 

J’ai “rencontré” l’univers de photographes sur Instagram ou Youtube qui m’ont montré que c’était possible, et dont j’ai adoré le style.

photographie de rue - street photography de Damien Goret
© Damien Goret

Quelles sont vos sources d'inspiration ?

Je pense avoir une culture photographique relativement pauvre, finalement. De nombreux photographes présents sur Instagram me font rêver, et ils n’ont pourtant pas la postérité de photographes connus.

Disons que parmi les photographes “connus”, je suis un fan d’Harry Gruyaerts, j’aime beaucoup Fan Ho, j’adore l’absence, l’ennui, la solitude de Grégory Crewdson, le minimalisme de Luigi Ghirri.

Mais certains réalisateurs de films, certains auteurs de bandes dessinées possèdent une science du cadrage et de la photo qui me touche et m’inspire aussi énormément. Certains peintres également, dont Edward Hopper.

Sur la grande majorité de vos photographies, nous pouvons observer des personnes au coeur de jeux d'ombre et de lumière les rendant méconnaissables. Pourquoi ce choix artistique ?

Parce que les gens ne sont pas le sujet de la photo. Le sujet de la photo, c’est la rue. La manière dont elle isole. Son graphisme, son architecture, ses couleurs, auxquelles je prête très attention, la façon dont les ombres et les lumières la transforment. La personne n’est qu’un point d’accroche du regard : c’est comme si elle donnait l’échelle dans la solitude, en quelque sorte.

Parlons un peu technique : comment réalisez-vous ces images ?

Toutes mes photos sont réalisées en RAW, uniquement en manuel et en mesure spot. Je veux maitriser entièrement mon exposition, préserver les hautes lumières, avoir des ombres et des noirs profonds. Je cherche toujours la plus grande profondeur de champ avec des réglages de base qui sont toujours sensiblement les mêmes : F8 et 1/500e de seconde minimum, pour figer le mouvement, et j’ajuste les ISO si besoin.

Est-ce uniquement des images prises sur le vif de manière intuitive ou repérez-vous les endroits en amont en attendant le bon moment ?

C’est un mélange des deux genres. En photo de rue, on dit souvent qu’on est soit chasseur, pour celui qui attend le bon moment, soit cueilleur, pour celui qui prend sur le vif. Je crois qu’un photographe de rue est toujours un peu des deux. 

photographie de rue - street photography de Damien Goret
© Damien Goret

Quel matériel utilisez-vous ?

Mon vrai compagnon de rue est un Ricoh GR, en l’occurrence un GRII. Ce petit boîtier ne me quitte quasiment jamais. Il est petit, discret, possède un piqué superlatif et dispose d’un système de mise au point assez unique. Il compte, selon moi, parmi les meilleurs boîtiers dédiés à la photo de rue dans le sens où il est toujours possible de l’avoir dans sa poche. Parce qu’en photo de rue, si je me souviens toujours parfaitement des images que j’ai prises, je me souviens tout autant des occasions que j’ai ratées, pour la simple raison que je n’avais pas d’appareil avec moi. C’est en ce sens, déjà, que le Ricoh est une merveille.

J’ai également investi dans un Sony A7 III, pour sa montée en ISO qui me sert beaucoup pour les prises de vue en basse lumière.

Avez-vous une étape de post-traitement dans votre processus créatif ?

Oui, j’utilise uniquement Lightroom. Selon moi, le post-traitement fait partie intégrante de la photo. Si la prise de vue est importante, le développement de l’image est une étape que je trouve excessivement grisante, où la photo brute se révèle encore un peu plus.

portrait en noir et blanc du photographe Damien Goret réalisé par Mathieu Le Galla
Le photographe Damien Goret © Mathieu Le Gall

Damien Goret : Instagram


Dare to be free de Maud Delaflotte série photo sur les femmes en Arabie Saoudite

Dare to be free - Un reportage photo de Maud Delaflotte sur les femmes qui osent la liberté en Arabie Saoudite

Il y a encore cinq ans, en Arabie Saoudite, les femmes n’avaient pas le droit de monter sur scène ; impossible de se produire en public, d’occuper l’espace artistique, ou même de s’asseoir aux côtés d’un homme dans une salle de spectacle. Depuis, le paysage social saoudien a entamé une lente mais néanmoins présente transformation.

À travers son reportage photo Dare to be free, la photographe Maud Delaflotte explore dans quelles mesures ces changements affectent réellement la vie des femmes au coeur de la société saoudienne. Des femmes audacieuses qui ont saisi ces nouvelles libertés pour s’émanciper, s’affirmer et investir des territoires longtemps interdits : scène de stand-up, plateau de tournage ou encore réseaux sociaux. Entre rires, luttes et résilience, ses portraits mettent en lumière ces femmes qui redéfinissent ce qu’il est possible de rêver – et de vivre – en Arabie Saoudite aujourd’hui.

Découvrez notre interview exclusive de la photographe Maud Delaflotte.

Dare to be free de Maud Delaflotte série photo sur les femmes en Arabie Saoudite
Safanh est la plus populaire des humoristes. Il y en a maintenant quatre en Arabie Saoudite, principalement à Djeddah. Safanh, qui a fait ses débuts en 2021, cumule des millions de vues sur les réseaux sociaux et est régulièrement invitée dans les pays voisins, où les habitants sont très curieux de voir des femmes saoudiennes rire sur scène. © Maud Delaflotte

Qu'est-ce qui vous a inspiré ce projet en Arabie Saoudite ?

Depuis 2016, une brèche s’est ouverte dans les libertés accordées aux femmes, en Arabie Saoudite. Le prince héritier Mohammed Ben Salmane a amorcé une ouverture express du pays dans un virage géopolitique et économique radical. Radical, mais à sa bonne volonté.

Les femmes marchent constamment sur un fil sans être complètement sûres des risques qu’elles prennent pour leur avenir. Toutefois, elles avancent, malgré les idées reçues et les traditions forcément très présentes. Toutes ont leur propre passeport suite à la fin (partielle) de la tutelle masculine, demandé en leur seul nom. Tout ceci était impensable, il y a encore 6 ans.

Dare to be free de Maud Delaflotte série photo sur les femmes saoudiennes
Farah fait de l'improvisation depuis 5 ans et elle commence à prendre son envol. Les femmes ont été autorisées à se produire sur une scène de théâtre en 2018. Lors de l'interruption des spectacles qui a duré un mois en raison de la guerre Israël/Hamas en octobre 2023, elle répète son spectacle à l'intérieur de The Club, l'un des premiers théâtres à avoir ouvert ses portes en Arabie saoudite. © Maud Delaflotte

L’objectif initial était de comprendre l’impact de la fin de la tutelle masculine sur la vie des Saoudiennes. Au-delà de l’obtention du permis de conduire, quelles sont les répercussions lorsqu’on vous dit que vous êtes libre de vous déplacer sans un homme de la famille ? Que se passe-t-il lorsqu’un régime vous permet de faire des choix entièrement nouveaux, si vous n’avez jamais eu la liberté de penser par vous-même ? Comment les jeunes parviennent-ils à s’émanciper dans une société encore largement conservatrice ?

En réalité, seule une fraction des jeunes applaudit ce gain de liberté, beaucoup expriment des inquiétudes quant au fait que les changements érodent les fondements de l’Arabie saoudite. Beaucoup des femmes croisées dans la rue portent le hijab et l’abaya noire. La grande révolution réside dans la mixité. S’adapter à la mixité des spectacles ou des fêtes devient une expérience inédite, révolutionnaire, défiant des décennies d’enseignement sur la stricte séparation des sexes en dehors du mariage.

Une fois ces barrières franchies, la nuit laisse place à une jeunesse plus sophistiquée, aisées, habituée aux voyages, à la recherche de fêtes liées à la créativité de la musique, du cinéma et de la mode.

Dare to be free de Maud Delaflotte série photo sur les femmes saoudiennes
Maha vient de se lancer dans la comédie mais a déjà joué dans un film de Guy Ritchie (dans les scènes de Jeddah). Vivre seule avec sa sœur, comme elle le fait, est encore très rare en Arabie saoudite, même si les femmes peuvent légalement partager un logement sans homme depuis 2021. Sa vie a littéralement changé depuis le reportage. Elle a obtenu un rôle principal dans une sitcom saoudienne très populaire. © Maud Delaflotte

Comment avez-vous trouvé les femmes qui ont accepté de participer ?

Cela a pris du temps ! Quelques mois pour trouver des femmes qui acceptent de m’ouvrir leur quotidien. Il s’agit encore d’un régime autoritaire, conservateur et répressif où la parole est muselée. Il est encore impossible de parler du régime, de la religion ou du sexe à des étrangers.

Suite à la lecture d’un article dans Arab News, nous avons rencontré Lana, une des première femmes à monter dans la comédie à Jeddah. Elle a écrit une pièce « I am woman » sur son divorce et les violences conjugales. Cette pièce révolutionnaire dans son pays a été jouée seulement une fois.

Les femmes que nous avons rencontrées sont des pionnières. Il y a encore 7 ans (2018), elles n’avaient pas le droit de monter sur scène. Elles ne pouvaient même pas s’asseoir à côté d’un homme dans le public. Et maintenant, Sfanh a été invitée à se produire à Riyad, à Dubaï. Edah est une star de TikTok et Maha est devenue une comédienne reconnue. Nous avons donc voulu donner la parole aux femmes pour illustrer les défis de la coexistence entre tradition et modernité.

Dare to be free de Maud Delaflotte série photo sur les femmes saoudiennes
Une étudiante déguisée pour la fête d'Halloween. Avant 2018, la police arrêtait toute personne célébrant Halloween, une fête qui n'est légale pour les Saoudiens que depuis l'année dernière. © Maud Delaflotte

Avez-vous rencontré des difficultés lors de la réalisation de ce projet ?

Non pas particulièrement. Les photographies avec un appareil photo professionnel restent interdites sans une autorisation du régime. Il faut donc être discret. Lors d’une visite d’un endroit avec de la foule, on nous a simplement demander d’arrêté de faire des photos et poussées vers la sortie.

Dare to be free de Maud Delaflotte série photo sur les femmes saoudiennes
Autrefois obligatoire pour toutes les femmes, l'abaya reste la tenue largement dominante des Saoudiennes. © Maud Delaflotte

Quel accueil avez-vous reçu concernant ce projet documentaire de la part des femmes photographiées ? Avez-vous reçu un accueil particulier, des réactions, de la part d'hommes témoins de votre projet ?

Nous avons été très bien accueillies. La situation est similaire pour les hommes, quoique moins restrictive. Ils doivent aussi respecter des codes vestimentaires et des normes comportementales strictes. Ce changement est aussi une révolution pour eux. Un homme de 30 ans nous a partagé ses premières émotions lorsqu’il a pris pour la première fois un taxi avec une femme qui n’était ni sa femme ni un membre de sa famille. Dès son plus jeune âge, on lui avait appris à ne pas parler aux femmes inconnues. Les mariages arrangés touchent aussi les hommes.

Dare to be free de Maud Delaflotte série photo sur les femmes saoudiennes
La star locale de Tiktok et l'humoriste, Ehda et Ferial, aiment conduire à Djeddah. Les femmes ont été autorisées à conduire en 2018.

Pourriez-vous partager avec nous l’un des moments les plus marquants que vous avez vécus lors de ce projet, un moment qui vous a particulièrement touchée ou qui a renforcé votre engagement envers ce sujet ?

Elles nous ont toutes confié ce qu’elles faisaient le jour où le régime a annoncé, en 2016, qu’elles pouvaient obtenir un passeport sans l’autorisation d’un homme de leur famille. Une véritable révolution dans leur vie, marquant le début d’un espoir pour la fin de la tutelle masculine.

Cependant, les confessions d’une jeune femme, lorsqu’elle a voulu récupérer son passeport au poste de police, nous ont fait comprendre les limites de cette liberté annoncée. Les pères et les frères ne sont pas toujours prêts à accorder plus de libertés à leurs filles ou à leurs épouses.

Malgré ces avancées, il est important de noter que le système de tutelle masculine persiste dans de nombreux domaines, notamment dans le secteur de la santé et pour certaines décisions importantes comme le mariage. La mise en œuvre effective de ces réformes et leur enracinement dans la société restent des défis majeurs.

Dare to be free de Maud Delaflotte série photo sur les femmes saoudiennes
Farah fait de l'improvisation depuis 5 ans et commence à prendre du galon. Mais elle a décidé de conserver son activité de cuisinière. Les femmes ont été autorisées à se produire sur une scène de théâtre en 2018. Elle enseigne également l'improvisation au centre Fennec. © Maud Delaflotte

En tant que photographe, quel impact espérez-vous avoir à travers ces images ?

L’Arabie Saoudite est un pays encore largement méconnu, un mélange complexe de traditions profondément enracinées et de modernité émergente. Les femmes saoudiennes sont au cœur d’un mouvement silencieux mais puissant pour la liberté. Elles défient les codes traditionnels et les normes culturelles. Bien que des réformes comme l’autorisation de conduire aient été mises en place, des militantes sont encore arrêtées, illustrant la nature arbitraire et contradictoire des décisions prises par les autorités.

Dare to be free de Maud Delaflotte série photo sur les femmes saoudiennes
Maha et Lana dansent dans un studio de musique lors de l'enregistrement d'une pièce de théâtre de marionnettes. Danser et jouer de la musique en public était interdit jusqu'à il y a cinq ans. Bien que des concerts géants en plein air soient désormais organisés, il n'existe pas de boîtes de nuit légales en Arabie saoudite. Le premier de ces concerts a eu lieu en 2017 : au départ, seuls les hommes étaient autorisés à entrer et la danse était toujours interdite. © Maud Delaflotte

Le pouvoir centralisé du prince héritier Mohammed ben Salmane crée un environnement imprévisible, où les annonces de réformes ne correspondent pas toujours à la réalité sur le terrain. Ces dynamiques révèlent une société en transition, mais aussi figée dans ses contradictions. D’un côté, des concerts géants sont organisés sous l’autorité du prince héritier, Mohammed ben Salmane, attirant des foules immenses et des artistes internationaux. De l’autre, les réunions mixtes dans des cadres privés, comme des soirées dans le désert, nécessitent encore des autorisations spécifiques.

Je voulais montrer la complexité de ce pays à travers ces femmes qui osent monter sur scène. Le début, d’une nouvelle ère. L’idée est de monter une analyse de ses dynamiques pour tenter de saisir la réalité de l’Arabie Saoudite aujourd’hui.

Portrait en noir et blanc de la photographe Maud Delaflotte
La photographe Maud Delaflotte

Maud Delaflotte : SiteInstagram


Eyes on you © Gurcharan Roopra

Gurcharan Roopra : une approche immersive de la photographie animalière

La photographie animalière peut prendre bien des visages et le photographe Gurcharan Roopra nous en montre un aspect des plus authentiques, fascinants et engagés. Au plus près de la faune qu’il photographie, Gurcharan Roopra nous dévoile des images incroyables, sublimant ses sujets grâce à son approche immersive. Sa série photo « Ground » nous offre en effet des angles de vue spectaculaires. Profondément proche de la nature et de la faune, Gurcharan est un artiste engagé pour leur protection, notamment au Kenya, son pays d’origine et de vie.

Découvrez notre interview exclusive du photographe Gurcharan Roopra.

Eyes on you © Gurcharan Roopra
Eyes on you © Gurcharan Roopra

Comment avez-vous débuté la photographie ?

Mon amour pour la photographie a commencé avec le Safari Rally au Kenya. C’est en voyant les images de ce rallye que j’ai eu envie de devenir photographe. Cependant, mes vraies photographies ont commencé en 2013, coïncidant avec mon retour au Kenya en 2012. Après avoir passé 10 ans loin du Kenya, mon intérêt s’est déplacé du rallye vers la faune et la flore lorsque j’ai réalisé à quel point l’Afrique et la nature me manquaient. 

Comment votre enfance à Nairobi a-t-elle façonné votre relation avec la faune et la nature ?

Je m’en suis rendu compte beaucoup plus tard dans ma vie. En grandissant à Nairobi, vous considérez la faune et la flore comme allant de soi. Il s’agissait plus de savoir avec qui vous alliez que de savoir où vous alliez. En voiture, on peut voir des animaux de plaine dans tout le pays. On peut même apercevoir des éléphants sur les routes principales. Les grands félins demandaient plus d’efforts pour être vus. Mais aujourd’hui, je me sens perdu lorsque je n’ai pas été en contact avec la nature pendant un certain temps. 

Vous êtes très impliqué dans les causes de conservation, en particulier au Kenya. Comment votre engagement en faveur de la préservation de la nature se reflète-t-il dans votre travail photographique ?

Je me concentre sur la meilleure prise de vue du sujet que mon esprit et les conditions permettent à ce moment-là. Notre cerveau est très limité par rapport à ce que la nature a à offrir. Une fois la photo prise, j’en fais don aux organisations caritatives avec lesquelles je travaille. Elles l’impriment et la vendent aux enchères afin de collecter des fonds pour leurs activités. Il est aussi arrivé que j’accompagne une cause de conservation, que je documente le voyage avec des photos et que je les partage avec eux, pour qu’ils les utilisent sur leurs panneaux d’affichage, avec leurs abonnés ou qu’ils fassent connaître les activités qu’ils mènent pour améliorer les conditions de vie des animaux. 

photographie animalière Gurcharan Roopra
© Gurcharan Roopra

D'un point de vue technique, comment produisez-vous les images de la série Ground ? Quels sont les défis que vous rencontrez lorsque vous photographiez dans la nature, en particulier lorsque vous photographiez des animaux d'aussi près ?

Cela a vraiment été un périple. J’ai fabriqué mes propres dispositifs pour assurer la sécurité de la faune et, bien sûr, celle de mon appareil photo. Je me souviens de la première « boîte » que j’ai fabriquée. Je l’ai placée sur le sol en direction d’un bubale qui marchait. Il s’est approché, a jeté un coup d’œil à mon engin, l’a contourné par un grand demi-cercle et a continué à marcher… Méga déception.

Inutile de dire que la V1 a été mise au rebut avant même d’avoir pris la moindre photo. Plusieurs mois plus tard, j’ai essayé la V2, qui a été partiellement réussie, mais la V3 est la meilleure depuis de nombreuses années. Les nouveaux appareils sont de plus en plus sophistiqués, mais la simplicité reste la clé.

Photographier vers le ciel a été un défi, en essayant de multiples options de réglages de l’appareil photo et de styles d’édition pour surmonter les sujets sombres et les ciels lumineux. Mais rien de tout cela n’est utile à moins de pouvoir placer la caméra au bon endroit, pointée dans la bonne direction. Cela a été une courbe d’apprentissage énorme, mais j’y ai pris beaucoup de plaisir. Se connecter avec le sujet, apprendre son comportement, a été un défi, mais d’un autre côté, un véritable plaisir une fois que vous avez compris comment faire.

Qu'espérez-vous transmettre à travers vos photographies ?

Je veux obtenir la meilleure pose, la meilleure lumière, les compositions les plus étonnantes, faire en sorte que plusieurs éléments s’assemblent pour obtenir la meilleure photo possible. C’est une question d’évolution ; au fur et à mesure que l’on progresse, on pense à d’autres idées et à d’autres plans. La photographie est quelque chose que je fais pour mon cœur et mon âme. Je fais ce qu’il faut pour me rendre heureux. Je n’ai pas d’autre message à transmettre que mon cheminement vers le bonheur. 

Dans cette série, certaines images sont prises au plus près de la faune, en contrebas, aux pieds des animaux... Ainsi, on se sent vraiment dans le paysage, dans la nature. On se met presque à la place de ces animaux, à leur échelle. Nous sommes un jeune éléphant dans son groupe, un bébé rhinocéros avec sa propre famille... Comment expliquez-vous ce sentiment ? Est-ce votre intention de créer ce sentiment ?

Oui, c’était bien mon intention. J’ai commencé à prendre des photos à basse altitude, à distance, à l’aide d’un monopode. Elles étaient belles, mais elles n’avaient pas ce rapport de proximité avec le sujet.
C’est une échelle qu’il n’est pas réaliste de capturer avec un appareil photo à la main. L’aspect émotionnel de la réussite de ces clichés est phénoménal, et ensuite de les partager, en observant les émotions du spectateur, c’est quelque chose de vraiment spécial.

Vous mentionnez que vos photos ont été utiles pour des projets de conservation. Pouvez-vous nous parler d'un projet particulier pour lequel vos images ont eu un impact concret ?

J’ai brièvement abordé ce sujet plus tôt. J’ai beaucoup travaillé avec Amboseli Trust for Elephants (ATE), où, avec Miakora, nous sommes allés prendre des photos des éléphants. À partir de ces images, nous avons vendu des écharpes, dont un pourcentage des ventes a été reversé à ATE. Des photos ont également été imprimées et vendues aux enchères, et tous les fonds ont été reversés à l’association. Nous avons aussi fourni de nouveaux réservoirs d’eau pour aider les équipes à avoir de l’eau dans leur camp de recherche. C’est un projet que j’ai beaucoup apprécié.

Actuellement, je suis l’ambassadeur photographique de la Solio Game Reserve. Je fais tout ce que je peux avec eux, de la promotion de la réserve à l’aide apportée récemment à la lutte contre les feux de brousse. Je suis heureux de me salir les mains. J’ai travaillé avec des équipes pour documenter des sauvetages et des traitements d’animaux, par exemple le Mara Elephant Project et le rhinocéros de Loisaba Conservancy.

Gurcharan Roopra : SiteFacebookInstagram


exposition de Emeline Sauser

Agenda photo avril 2025

Maintenant que le changement d’heure nous a officiellement rapprochés de l’été, il est temps de profiter des jours qui rallongent et des week-ends printaniers pour se consacrer à la photographie. Et entre deux stages photo, pourquoi ne pas profiter d’une exposition photo d’un photographe dont vous admirez le travail ou découvrir de nouveaux talents grâce à un festival photo incontournable ?

Découvrez notre sélection d’expositions et événements photo près de chez vous en avril 2025.

Expositions photo

Refuges de Émeline Sauser

À l’occasion de la seconde édition du Mois de la Photo à Bordeaux, la Maison Bourbon exposera les travaux de nombreux photographes. Parmi eux, Émeline Sauser présentera son travail documentaire Refuges, du 4 au 27 avril 2025. Ce projet, découpé en plusieurs chapitres, aborde la reconstruction à travers des histoires singulières. La photographe rencontre ses sujets au gré du hasard, principalement en faisant du stop et en errant dans les villes.

« Ce que je veux raconter ici, c’est l’après-tempête, le moment où il faut réunir ses forces pour ne pas sombrer. Comment se reconstruit-on ? » – Émeline Sauser

Rencontre avec Émeline Sauser le vendredi 4 avril à 19h30

Lieu : Cdanslaboite | Maison Bourbon, Bordeaux

exposition de Emeline Sauser
Refuges © Émeline Sauser
exposition retrospective Dennis Morris à la maison europeenne de la photographie en avril 2025
Dennis Morris, Babylon by van, Londres, 1973 © Dennis Morris

Music + Life de Dennis Morris

Jusqu’au 18 mai 2025, la MEP dévoile Music + Life, la première rétrospective consacrée à l’artiste Dennis Morris en France. Cette exposition nous plonge dans la relation intime que Dennis Morris a entretenu avec les légendes qu’il a photographiées. Parmi celles-ci, Bob Marley, les Sex Pistols, les Stone Roses, Oasis, etc. Bien plus qu’une simple relation photographe-sujet, Morris capte la confiance et l’intensité de ses sujets, révélant des aspects méconnus de leurs personnalités. Ses photographies racontent l’histoire d’une Angleterre multiculturelle et postcoloniale, marquée par l’immigration et les nouvelles identités culturelles, tout en mettant en lumière la culture noire britannique.

Lieu : Maison Européenne de la Photographie, Paris 04

Love Hotel  de François Prost

Jusqu’au 18 mai 2025, découvrez l’exposition Love Hotel de François Prost sur les murs de la Galerie du Jour agnès b. Cette série, réalisée en 2023 lors d’un voyage en voiture reliant Tokyo à l’île de Shikoku, réunit de fascinantes photographies de façades de Love Hotel japonais. Le photographe François Prost offre ainsi un portrait unique du Japon. Il explore les bords de routes où se trouvent des enseignes vieillissantes et des architectures fantasques, tout en interrogeant les dynamiques sociales et intimes du pays. Les Love Hotels, conçus pour offrir discrétion et intimité aux couples, reflètent une réalité sociale où l’acte amoureux peine à s’intégrer dans le cadre domestique. À travers ses images, Prost nous emmène dans des paysages variés, des grandes villes aux campagnes, capturant l’évolution des rapports humains et de l’esthétique japonaise.

Lieu : Galerie du Jour – agnès b., Paris 13

François Prost, HOTEL BABY KISS, Himeji, 2023 love hotel japon exposition photo avril 2025 à paris
François Prost, HOTEL BABY KISS, Himeji, 2023
"F150", San Francisco, Etats-Unis, 2024 © Claire Guarry

Somewhere, It's Still Summer de Claire Guarry

Du 21 mars au 17 mai 2025, découvrez l’exposition Somewhere, It’s Still Summer de Claire Guarry à la Factory Polka. La photographe, installée à San Fracisco avec sa famille, documente le quotidien de ses enfants qui grandissent sous la douceur du soleil californien. À travers ses images à l’esthétique vintage, elle saisit la légèreté et la tranquillité de l’enfance.

Lieu : Factory Polka, Paris 03

Chaos Calme de Paolo Pellegrin

La Galerie de L’instant vous présente le travail de Paolo Pellegrin avec l’exposition Chaos Calme, du 27 mars au 18 juin 2025. Photoreporter, Paolo Pellegrin construit également une oeuvre qui s’attache à la photographie d’art. Des images puissantes, d’une sensibilité et d’une empathie qui font de Paolo Pellegrin un artiste unique.

Lieu : Galerie de l’Instant, Paris 03

© Paolo Pellegrin, Beyrouth exposition photo avril 2025 Galerie de l'Instant Paris
© Paolo Pellegrin, Beyrouth
Le bonheur tue © Rima Samman
Le bonheur tue © Rima Samman

L'amour se porte autour du cou, Le bonheur tue de Rima Samman

Jusqu’au 2 juin 2025, découvrez l’exposition de l’artiste Rima Samman au Centre culturel Saint-Cyprien à Toulouse. L’exposition L’amour se porte autour du cou, Le bonheur tue regroupe deux projets de l’artiste. Le premier, L’amour se porte autour du cou regroupe des photos de famille de Rima Samman qu’elle a colorié à la main représentant pour la majorité des membres disparus de la famille de l’artiste franco-libanaise, notamment durant les différentes guerres qui ont marqué le Liban. Le second, Le bonheur tue, montre des photos de presse représentant le Liban à travers le temps en créant un dialogue entre passé et présent.

Lieu : Centre Culturel Saint-Cyprien, Toulouse

Montre tes yeux de Mathieu Farcy

Jusqu’au 24 avril 2025, plongez dans le regard de l’artiste Mathieu Farcy, exposé chez Stimultania. L’exposition Montre tes yeux rassemble quatre projets nés ces cinq dernières années : Saints Loups ; d’amour et de rage ; Asiles et Les alliances animales. Mathieu Farcy donne une grande importance à la parole et à la place d’autrui dans la société, ce qui se reflète dans sa photographie.

« Tous les travaux que je mène depuis prennent racines dans les rencontres humaines, avec l’idée que l’art est une manière de prendre soin de l’autre. Travailler avec celles et ceux qui ne se pensent pas capables de création ou de culture et penser ensemble des œuvres commes des amulettes, dans lesquelles se raconter. Ces travaux se situent toujours sur un fil ténu, au carrefour du désir de chacun. » – Mathieu FacryFarcy

Lieu : Stimultania, Strasbourg

Saints Loups © Mathieu Farcy
Saints Loups © Mathieu Farcy
affiche exposition collective marseille avril 2025

À l'oeuvre - Exposition collective

À partir du 4 avril 2025 et pendant un mois, découvrez l’exposition collective À l’oeuvre au Centre Photographique Marseille, qui pour la 4ème année consécutive présente le travail d’artistes engagé.e.s dans des pratiques diverses de la photographie contemporaine. Vous plongerez dans l’univers artistiques singuliers de 18 artistes qui, à travers leur oeuvre, ont fait écho à des enjeux sociaux et artistiques tels que la transmission, le lien social, l’échange ou encore les rencontres.

Vernissage le 4 avril 2025 à partir de 18h.

Lieu : Centre Photographique Marseille, Marseille

Festival Circulation(s)

Le Festival de la jeune photographie européenne revient pour sa 15ème édition du 5 avril 2025 au 1er juin 2025 au CENTQUATRE-PARIS. Le festival Circulation(s) présentera cette année 23 artistes de 13 nationalités différentes et leurs visions artistiques singulières. Comme chaque année, le festival met à l’honneur, dans le cadre de son focus, une scène photographique européenne émergente particulière. Pour cette nouvelle édition, l’invitation est donnée à la Lituanie, avec la présentation des séries de quatre artistes.

Lieu : CENTQUATRE, PARIS 19

affiche festival Circulation(s) 2025

Événement

Imaginez découvrir une exposition photo sur les nuits festives berlinoises et enchaîner avec une fête de 30h au Futur, le club situé quelques étages plus bas ? C’est ce que vous propose la Cité de la Mode du vendredi 18 au dimanche 20 avril 2025. L’occasion de voir une expo photo originale et de continuer les festivités jusqu’au bout de la nuit. L’exposition Nachts est signée Mischa Fanghaenel, ancien videur du Berghain, également photographe de talent qui capture depuis plus de vingt ans des portraits en noir et blanc de fêtards anonymes et des artistes qui ont animé ces soirées berlinoises.

Lieu : Cité de la Mode, Paris 13

exposition Cité de la mode avril 2025
© Mischa Fanghaenel

Mois de la Photo à Bordeaux

Jusqu’au 30 avril 2025, c’est le Mois de la Photo à Bordeaux ! Pour l’occasion, la Ville de Bordeaux a ressemblé de nombreux acteurs culturels, artistes et collectifs. Le Mois de la Photo s’installe dans la ville à travers un parcours souhaitant « mettre en valeur la diversité des propositions artistiques professionnelles et amateurs implantées sur le territoire bordelais. » Partez ainsi à la découverte de photographes émergents et d’artistes talentueux grâce à des expositions et événements durant tous le mois !

Lieu : Bordeaux

affiche mois de la photo avril 2025 à bordeaux

Ce que vous pouvez encore voir de nos agendas précédents


© Roxana Albu-Mercié

Rencontre : Roxana Albu-Mercié animera la Grainedephoto Academy

Roxana Albu-Mercié, photographe indépendante chez Graine de Photographe, animera la prochaine Grainedephoto Academy débutante qui débutera en mai 2025. Nous en avons alors profité pour en apprendre plus sur son parcours, ses projets et sa volonté de transmettre sa passion et son savoir.

La Grainedephoto Academy est une formation longue pour apprendre les bases de la photo à Paris, avec une exposition des photos des élèves à la clef. Vous êtes photographe amateur, débutant ou intermédiaire ? Cette formation de 6 mois s’adresse à vous !

Découvrez sans plus attendre la photographe Roxana à travers notre interview exclusive et rentrez dans son univers :

© Roxana Albu-Mercié
© Roxana Albu-Mercié

Peux-tu nous parler de ton parcours ? Qu’est-ce qui t’a amené à la photo ?

La photo est rentrée tôt dans ma vie. Avec son Smena8, mon père a immortalisé mon enfance ainsi que toute notre vie de famille et celle du village où je suis venue au monde. C’était une chose assez rare de posséder un appareil photo dans les années ’70 dans ce village perdu dans la plaine du Nord du Danube. Avec mes sœurs, j’ai grandi sous l’œil curieux de son objectif. Aujourd’hui, on appellerait ces photos « lifestyle ». Lorsque je suis partie dans ma première colonie de vacances à 7 ans, mon père m’a prêté son appareil pour qu’à mon tour j’immortalise cette première. La curiosité avec laquelle je contemplais le monde venait de trouver un allié et une voix d’expression. 

C’est bien des années plus tard que j’ai compris qu’être derrière l’objectif c’était ce qui me convenait le plus. Avec mon premier reflex dans les mains, j’ai pris mes premiers cours de techniques photo chez Graine de photographe.

Qu’est-ce que tu préfères en photographie ?

Née à la campagne, je me suis passionnée longtemps pour la nature. Puis, je suis arrivée à la nature morte et petit à petit j’ai commencé à flirter avec le minimalisme. J’avais du mal à photographier les gens. Certainement, en raison d’une grande timidité. Pourtant, j’aimais beaucoup observer les expressions des visages. Aujourd’hui, je prends plaisir à faire des portraits et à surprendre des scènes de la vie quotidienne. Le mouvement des corps, les expressions de joie ou de douleur, l’agitation de la rue, les traces laissées par le temps, les formes, les lumières sont autant de sujets que mon œil guette derrière l’objectif.

As-tu un projet personnel en cours dont tu aimerais nous parler ?

Il y a un an, lorsque j’ai rendu visite à mes parents après 3 ans d’absence, j’ai fait une découverte douloureuse pour moi. Mon village, que j’avais connu prospère, était en train de… s’effacer. Ce n’est pas vraiment une disparition. Les gens que j’ai côtoyés dans ma jeunesse n’habitent plus leurs belles maisons colorées, mais le cimetière du village. Tous ces visages que j’avais scrutés enfant me regardent aujourd’hui du haut d’une croix. 

À partir des photos prises par mon père et gardées précieusement dans une boite à chaussures devenue « archive familiale », j’ai commencé à reconstituer la vie du village. Telle que je l’avais connue. Grâce à la photo, j’espère continuer ce que mon père a fait et documenter cette tranche de vie. Laisser une trace de ce lieu et des gens qui l’ont rendu vivant.

C’est un projet de longue haleine. 

© Roxana Albu-Mercié
© Roxana Albu-Mercié

Quel matériel préfères-tu utiliser ?

Je travaille en numérique. J’ai commencé avec un réflex de la gamme Nikon, puis un second, plus performant. Depuis peu, j’utilise deux autres appareils de la marque Sony, un compact et un hybride. Mais ma préférence reste pour les reflex. 

Ayant hérité du Smena8, je caresse l’idée de me (re)mettre un jour à l’argentique.

© Roxana Albu-mercié
© Roxana Albu-mercié

Si tu devais choisir un spot photo à Paris que tu aimes particulièrement, lequel ce serait ? (et pourquoi ?)

Difficile de choisir un seul spot dans une ville aussi grande et belle que Paris. Une ville n’existe que grâce à ceux qui l’habitent. Dans la photo de rue j’aime imaginer et surprendre les gens comme une prolongation du décor, tel que des personnages se détachant d’une fresque. Des quartiers à l’architecture graphique tels que la Défense, la Bibliothèque François Mitterrand ou la Villette, des lieux tels que le musée du Quai d’Orsay ou le Grand Palais, ou encore les rues du 13ème arrondissement, où on peut trouver de très belles fresques de street-art, ce sont autant de terrains de jeu pour l’œil d’un photographe. 

Qu’est-ce que tu préfères enseigner chez Graine ? Pourquoi ?

J’aime autant les cours techniques que les cours créatifs. Il y a deux piliers importants dans la photo : les réglages et la composition. Ce sont deux choses différentes, mais complémentaires. Voire indissociables. La partie que je préfère lors d’un cours est l’analyse des photos prises lors de la mise en pratique.  

Ma préférence va pour le cours de photographie et de stylisme culinaire, un véritable challenge de par sa complexité. 

© Roxana Albu-Mercié
© Roxana Albu-Mercié

Qu’est-ce qui te motive à animer la Grainedephoto Academy ?

La transmission et le partage. C’est un aspect important pour moi. Partager nous permet de grandir. De plus, une académie c’est un cycle complet, un chemin qui mène vers quelque chose d’abouti. Pas juste une étape.

Peux-tu nous citer, selon toi, une qualité qu'un.e photographe doit posséder ?

La curiosité. Contempler, observer le monde avec des yeux d’enfants, se laisser émerveiller, scruter en permanence.

© Roxana Albu-Mercié
© Roxana Albu-Mercié

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui débute (matériel, techniques…) ?

Faire de son appareil photo son meilleur allié. Bien connaître son matériel c’est un gage de réussite. Les meilleures photos naissent de l’alliance entre le/la photographe et son appareil photo. 

Roxana Albu-Mercié : Instagram


photographie aérienne réalisée par le photographe Andro Loria

La photographie aérienne par Andro Loria : un regard sur les trésors naturels

La photographie aérienne est une discipline fascinante qui offre une perspective unique sur notre planète. On découvre alors des paysages à couper le souffle, qu’il est exceptionnel d’observer sous cet angle. Après des années de travail dans le domaine scientifique, Andro Loria a su allier son amour pour la nature et ses compétences techniques pour capturer des paysages d’une beauté rare depuis les airs. La photographie aérienne est aujourd’hui sa spécialité, même s’il a auparavant expérimenté de nombreux pans de la photographie. Son approche mêle rigueur technique et sensibilité artistique, offrant des vues spectaculaires qui révèlent la grandeur de la nature sous un angle inédit.

Avec ces images, Andro Loria partage également son lien avec la nature et aspire à le transmettre, ainsi que l’envie de la préserver et la protéger. Selon lui, « Si des personnes commencent à aimer la nature davantage, il y a une chance qu’elles la protègent davantage, car nous avons tendance à prendre soin de ce que nous aimons.« 

Découvrez notre interview exclusive du photographe Andro Loria : immersion dans la pratique de la photographie aérienne. 

photographie aérienne réalisée par le photographe Andro Loria
© Andro Loria

Qu'est-ce qui vous a attiré vers la photographie ?

C’est une longue histoire… Je pense qu’il serait préférable de dire que la photographie (telle que je la pratique aujourd’hui) m’a trouvé et est finalement entrée dans ma vie au bon moment, après quelques tentatives moins réussies 🙂

J’ai grandi à une époque où la photographie était analogique. Je me souviens d’avoir eu un petit appareil photo à objectif fixe, que j’utilisais avec une pellicule noir et blanc pour photographier mes amis, ce qui est à peu près la même chose que ce que font les gens avec leur smartphone aujourd’hui.

C’était amusant de photographier, mais encore plus de développer les films, de les projeter sur du papier photo et de fixer les tirages. Voir une image apparaître à partir de « rien » a toujours eu un côté un peu « magique ». Je n’ai pas beaucoup photographié pendant mes études, même si j’emportais un petit appareil photo avec quelques rouleaux de pellicule lors de mes excursions en kayak sur de longues distances. Le fait d’être limité à l’utilisation de pellicules m’empêchait de m’engager davantage dans la photographie.

Laboratoires scientifiques et biologie structurelle : une porte d’entrée vers la photographie ?

À l’époque, mes activités de photographie et de traitement d’images se limitaient à l’environnement des laboratoires scientifiques : prise de photos de gels d’ADN, exposition/développement de films radiographiques pour lire des séquences d’ADN, etc.

Je suis ensuite passé au domaine de la biologie structurelle. Et j’ai fait beaucoup d’analyses en 3D de machines protéiques qui protègent notre intégrité génomique. Je suppose que cela m’a aidé à développer une sorte de vision 3D, c’est-à-dire comment voir un objet sous différents angles et choisir quel angle serait le meilleur pour le représenter.

J’avais déjà une certaine formation dans ce domaine grâce à une formation au dessin technique pendant mes études, à une formation à la topographie et à la navigation lors de mes voyages, mais mon travail scientifique m’a permis de passer au niveau supérieur. J’ai également beaucoup appris sur l’imagerie numérique et sur les capacités des capteurs numériques haut de gamme.

À un moment donné de ma vie, il m’est apparu clairement que j’aimerais avoir un peu plus que mes souvenirs visuels des endroits que je visite. Alors il y a environ 12 ans, je me suis procuré quelques appareils photo sans miroir, dont je suis rapidement tombé amoureux. De plus, mes travaux scientifiques entrant dans une période où l’expérimentation est moins présente, la photographie est devenue mon nouveau débouché créatif supplémentaire, voire primordial. Un nouveau champ d’exploration, d’observation et de réflexion.

photographie aérienne réalisée par le photographe Andro Loria
© Andro Loria

Quel est votre lien avec la nature et qu'est-ce qui vous a donné envie de la photographier ?

Eh bien, nous sommes tous liés à la nature d’une manière ou d’une autre. Nous en faisons partie. Je suppose que c’est le biologiste en moi qui parle. 🙂

Quand j’étais enfant, j’ai grandi dans une petite ville située sur la rive vallonnée d’une rivière avec de superbes paysages tout autour. Il y avait un parc national de l’autre côté de la rivière et les animaux sauvages passaient souvent de notre côté. Ainsi, certains matins d’hiver, il était amusant de voir qui était venu nous rendre visite en lisant les traces des animaux dans la neige.

Je rentrais souvent à la maison après l’école pour faire une promenade en forêt au printemps et à l’automne, ou pour faire du ski dans les bois voisins avec le chien de la famille en hiver. Et bien sûr pour passer des journées entières dans les bois en été, avec ma famille ou mes amis. Je suppose qu’après des décennies de voyages dans les régions subarctiques et dans diverses montagnes, toujours en camping sauvage, j’ai un lien très fort avec la nature. On apprend à vivre dans la nature, à la respecter et à l’aimer.

Voir des panoramas incroyables depuis les montagnes ou faire du rafting ou du kayak sur des rivières d’eau vive procure un sentiment d’émerveillement d’une part, mais aussi le sentiment d’en faire partie, de bouger avec elle, de la respirer, de la ressentir de multiples façons. En outre, il est difficile de ne pas voir les changements que subit notre planète, de vastes zones se transformant radicalement au cours de notre vie en raison du changement climatique et de l’activité humaine.

Je ne pense pas qu’il y ait quelque chose qui m’ait « poussé » à photographier la nature.

J’ai photographié beaucoup de choses quand j’ai commencé, l’architecture, des portraits en noir et blanc, quelques années de photographie de rue, même les mariages de mes amis ! Mais peu à peu, on en est arrivé au point où, comme pour toute chose dans la vie, on commence à faire plus (ou à essayer de faire plus) de ce qu’on préfère. Et pour moi, c’était la photographie de nature, et plus particulièrement la photographie de paysages aériens.

Ce qui fait que depuis 7 ou 8 ans, je ne cesse de faire de la photographie aérienne. Photographier la nature m’éloigne des gens (c’est-à-dire de trop de gens). Voler me procure une sorte de « méditation », si l’on veut. Bien que la surcharge visuelle que l’on reçoit lorsqu’on photographie depuis un avion ou un hélicoptère en mouvement puisse difficilement être décrite comme un état zen, avec un tapis roulant sans fin d’images kaléidoscopiques qui vous arrivent de tous les côtés.

photographie aérienne réalisée par le photographe Andro Loria
© Andro Loria

Voler offre la possibilité de voir des vues incroyables venues d’un autre monde, d’avoir une perspective unique, de voir des choses et des endroits d’une manière différente et inédite, la liberté, la paix et de rencontrer des personnes formidables partageant les mêmes idées, aussi bien des pilotes que des photographes.

À la fin de la journée, je suppose que nous (en tant qu’êtres humains) essayons de protéger et de prendre soin de ce que nous aimons. Donc, même si les images que je crée sont principalement destinées à mettre en valeur la beauté de ces vues, elles représentent aussi une manière de les protéger et de les préserver telles qu’elles sont, sous forme de documentaire, dans notre monde en constante évolution, et en espérant que certaines personnes puissent se rapprocher de ces lieux et nouer des liens avec eux.

Si elles commencent à aimer la nature davantage, il y a une chance qu’elles la protègent davantage, car nous avons tendance à prendre soin de ce que nous aimons aussi.

Dans votre interview pour Fujifilm, vous expliquez que vous établissez un plan de vol précis, soit en fonction des lieux que vous avez déjà visités et repérés -par exemple lors de randonnées- soit lorsqu'il s'agit de lieux que vous ne connaissez pas, grâce à des images satellites. Comment choisissez-vous ces lieux ?

Oui, c’est vrai, il faut beaucoup planifier, même si ces plans ne tiennent pas toujours. 🙂

Tout commence par une idée de l’endroit où j’aimerais aller. Ensuite, je consulte les images et les descriptions de la région faites par d’autres personnes (s’il y en a) pour avoir une meilleure idée des changements et des schémas saisonniers.

La plupart de mes recherches sont faites avec Google-Earth, en identifiant d’abord les zones d’intérêt et les points spécifiques qui pourraient être intéressants. Cela permet d’esquisser une trajectoire de vol potentielle, pour en voir autant que possible et à la meilleure lumière et/ou niveau de marée. Ce qui peut ensuite être utilisé pour estimer la longueur du vol et donc le carburant/le temps nécessaire pour le faire de manière à inclure quelques boucles de 360 degrés (tours) au-dessus de chaque point d’intérêt. Quatre heures est un temps de vol typique. Cinq à six heures, voire sept heures, sont possibles avec une pause et un ravitaillement en carburant. Tout cela est ensuite communiqué au pilote pour qu’il l’évalue et le modifie en fonction de sa connaissance des vents, des schémas météorologiques et des prévisions.

Nous avons toujours deux ou trois options de vol différentes à choisir en fonction de la météo. L’une d’entre elles doit être choisie la veille ou tôt le jour du vol en fonction de la météo – vents, pluie, heure des marées, couverture nuageuse (couche de base des nuages, etc.). J’ai mentionné que le pilote aura le dernier mot en ce qui concerne le lieu et la manière de procéder, quel que soit le plan choisi. Ce qui signifie que le pilote aura le dernier mot en ce qui concerne la décision de voler ou non dans une zone le jour du vol.

Il y a des zones que nous avons dû survoler, ou plutôt essayer de survoler plus d’une fois, deux ou trois fois dans certains cas. Même avec des prévisions parfaites, vous pouvez découvrir que le point d’intérêt de votre destination est complètement couvert de nuages. Ou que le niveau de base des nuages est trop bas pour obtenir une bonne prise de vue de haut en bas. Ce qui vous amène à changer de plan et de zone.

photographie aérienne réalisée par le photographe Andro Loria
© Andro Loria

La photographie aérienne est un travail d’équipe étroit avec le pilote.

Vous vous mettez d’accord sur les mots et les gestes de communication à utiliser. Vous discutez avant le vol de ce qui vous attend lorsque vous survolez un point d’intérêt, etc. Le pilote prend la décision finale de savoir si l’on vole ou non, si l’on entre dans la zone d’intérêt. Le choix des lieux se fait en fonction de ce que je vois sur les images satellites, de ce que je pense voir d’après mon expérience après avoir volé/randonné dans la région et réfléchi à la manière de la capturer d’une manière différente. Par exemple la poudreuse de neige fraîche, la poussière battue par la pluie fraîche qui fait ressortir les couleurs plus vives des rochers… Mais je n’opte jamais pour une photo spécifique que j’ai en tête. C’est toujours un livre ouvert ; je n’aime pas trop y réfléchir.

Comme nous le disons en science, nous planifions les expériences, mais pas les résultats. C’est quelque chose qu’il faut voir et découvrir une fois sur place. Les endroits que je choisis sont ceux qui présentent des motifs agréables et des caractéristiques paysagères qui permettent un rendu en 3D avec des ombres et des lumières. J’essaie actuellement de revisiter certains endroits en Islande à différentes saisons, pour les voir sous une lumière et des couleurs différentes.

Lorsque je reviens d’un vol et que je découvre de nouveaux endroits, j’essaie toujours d’en apprendre davantage sur la géologie et la nature de la région, d’essayer de mieux les comprendre, d’apprendre pourquoi les rivières ou les rochers ont des couleurs spécifiques, quelles sont les variations de motifs dans la région dues à l’activité géothermique, aux changements saisonniers, etc.

Qu'est-ce qui attire votre attention et vous fait penser que c'est l'endroit idéal pour prendre ces photos ?

C’est une très bonne question, et la réponse est : c’est très changeant… Cela dépend beaucoup du moment, de mon humeur, de la lumière, etc. Notre façon de voir les choses (et la mienne) évolue avec le temps et l’expérience. Il m’est arrivé si souvent, alors que je volais dans la région pour photographier des sites ou des vues préétablies, de faire des photos totalement inattendues et de les apprécier davantage. Et encore plus sur le chemin vers ces zones.

La photographie aérienne est très réactive, vous ne pouvez pas avoir une « vision en tunnel » et rechercher un cliché spécifique dans votre tête. De cette manière, vous raterez beaucoup de prises de vue, y compris les meilleures possibles. Il est intéressant de noter que je trouve que la photographie aérienne ressemble un peu à la photographie de rue en termes de réaction à ce que l’on voit. Vous ne planifiez pas une image à l’avance. Vous volez, vous explorez, vous réfléchissez et vous réagissez avec votre appareil photo.  

Votre appareil photo est toujours prêt, à côté de votre œil. Vous anticipez la situation, votre esprit apprend à « prévoir ». Qu’il s’agisse d’une combinaison de lumières, de couleurs et de silhouettes dans une scène de rue, ou de lumières et de motifs dans une vue aérienne, de haut en bas ou de biais, en sentant le cadre avec la géométrie élémentaire apparemment chaotique, mais naturellement équilibrée de la nature. Souvent, cet élément supplémentaire est une volée d’oiseaux qui entre soudainement dans le cadre pour le rendre moins organisé et plus naturel, en y apportant un peu de vie. Bien qu’il soit un peu abstrait pour la plupart des gens, car nous ne regardons généralement pas d’oiseaux en vol vus d’en haut. En général, ces meilleures images restent dans votre esprit à partir du moment où vous les voyez et appuyez sur l’obturateur. Lorsque tout s’emboîte et que vous le sentez.

photographie aérienne réalisée par le photographe Andro Loria
© Andro Loria

Les paysages que vous photographiez depuis le ciel apparaissent comme abstraits. Qu'est-ce qui vous plaît dans ce rendu ?

Il est vrai que les images prises à partir d’un avion, en particulier les prises de vue de haut en bas, sont très différentes, car elles perdent toute référence à l’échelle, aux lignes d’horizon et au sens de la perspective. Cependant, le terme d’abstraction n’est probablement pas correct, car ces images existent, mais nous ne voyons pas ces vues et ces paysages. Ils sont parfaitement normaux pour les oiseaux, reflètent la réalité existante et ne semblent « abstraits » que pour nous, les humains. Car ils ne reflètent pas notre façon typique de voir les choses dans une perspective latérale.

Il en va de même pour les images scientifiques, qui sont si éloignées de notre façon habituelle de voir les choses, et pourtant la beauté des mondes macro et microscopiques existe bel et bien. Ce que j’aime dans cette façon inhabituelle de voir et d’imager, c’est qu’elle vous permet de voir la beauté invisible du monde, de la capturer pour que tout le monde puisse la voir et de vous sentir comme un explorateur d’un monde différent avec des images étonnantes qui changent constamment devant vos yeux et votre appareil photo. Et tout cela en plus du vol lui-même, qui est déjà extraordinaire.

D'un point de vue technique, y a-t-il beaucoup de post-production dans vos images ?

J’essaie de ne pas passer beaucoup de temps à éditer les images. Je passe le plus clair de mon temps à décider quelle(s) image(s) je considère comme la meilleure avant de les éditer. Un grand nombre d’images sont le résultat de quelques tours de piste au-dessus d’un sujet. Il y a donc inévitablement des répétitions, ou du moins des images qui sont similaires les unes aux autres. Certaines images pourraient être affectées par une forte réflexion de l’eau ou de la glace, donc à moins que je ne les trouve intéressantes, elles sont rejetées.

Sur les 2000 à 3000 images que je rapporte d’un voyage, avec environ 1 000 images réalisées en un vol, je m’efforce de conserver environ 10 % des plus fortes, ce qui est bien supérieur à ce qui peut être fait sur le terrain dans ce laps de temps. Je dirais qu’il faut quelques minutes de post-traitement par image, juste pour ajuster la balance des blancs – je prends toujours des photos sur carte couleur et j’incorpore délibérément les ailes de l’avion (qui sont généralement blanches) dans certaines images, afin d’avoir une référence pour les conditions de luminosité avec lesquelles je travaille.

photographie aérienne réalisée par le photographe Andro Loria
© Andro Loria

Je sous-expose généralement d’un ou deux diaphragmes en fonction de la lumière. C’est facile avec un appareil photo numérique, car je peux suivre l’histogramme en direct dans mon viseur. Il peut y avoir un léger dégradé dans le haut du cadre pour compenser le ciel (s’il y en a un) et/ou une partie du cadre légèrement plus lumineuse en raison de la différence de réflexion de la lumière (perspective aérienne), parfois un léger recadrage/rotation – j’essaie généralement de ne pas retirer plus de 5 à 10 % du cadre. Dans la plupart des cas, cela se produit lorsqu’une partie de l’aile ou de la roue entre dans le cadre en raison de turbulences ou d’un mouvement inattendu de l’avion et/ou de l’appareil photo.

Je n’ai pas besoin de modifier la netteté – les objectifs que j’utilise sont incroyables, mais je l’ajusterais pour l’impression en fonction de la taille de sortie de l’impression. Personnellement, je préfère le format 4:3, c’est ainsi que je vois les choses et cela fonctionne très bien pour les prises de vue aériennes, donc j’utilise rarement, voire jamais, d’autres types de cadres. Je me tiens à l’écart des objectifs grand angle, car je trouve que tout ce qui est plus large qu’une longueur focale de 40 à 50 mm est trop large. Je préfère prendre des photos avec un téléobjectif court, entre 60 et 70 mm, afin de ne pas avoir de problèmes de distorsion du paysage qui devraient être corrigés. Lorsque je photographie des vues de haut en bas, je prends des photos à 70-90 mm. Là encore, il n’est pas nécessaire de corriger les distorsions.

Je prépare les fichiers pour l’internet, mais je passe plus de temps à préparer certains fichiers pour l’impression avec le profilage du papier, etc. J’utilise les logiciels Adobe Lightroom et Capture One pour le post-traitement.

Y a-t-il un lieu que vous avez photographié qui vous a particulièrement fasciné ou marqué ? Si oui, pourquoi ?

J’ai en tête une longue liste d’endroits qui m’ont plus étonné que d’autres. Il s’agit notamment du glacier Múlajökull et de ses lacs de kettle glaciaire ; des kettles glaciaires du Mirdalsjökull ; des motifs de mousse presque luminescents (techniquement, il s’agit de lichen) sur les hauts plateaux islandais ; des motifs étonnants des rivières glaciaires tressées le long de la côte sud, en particulier au sud de Skaftafell ; de la zone volcanique de Grímsvötn sur la calotte glaciaire de Vatnajökull et des lacs alcalins (comme Magadi) dans le sud du Kenya.

Tous ces endroits avaient quelque chose qui dépassait mes attentes, que ce soit les couleurs vives des lacs glaciaires, l’énormité et l’échelle pure de la merveille du paysage à Múlajökull et Grímsvötn ou les couleurs et la lumière intenses au Kenya.

En général, l’Islande est un endroit extraordinaire pour voler et photographier, car sa taille compacte vous permet de voir tous les types de paysages possibles et imaginables en l’espace de quelques heures. C’est comme un continent en miniature, avec des possibilités infinies de trouver de nouvelles vues et de nouvelles façons de les photographier.

J’espère pouvoir voler et photographier au Groenland et en Amérique du Sud, de sorte que la liste des endroits étonnants continuera de s’allonger et qu’il y aura bien sûr d’autres endroits à explorer en Afrique, en Australie et en Amérique du Nord.

Portrait de Andro Loria réalisé par Gurcharan Roopra
Andro Loria © Gurcharan Roopra

Andro Loria : SiteInstagram