La lettre d'amour aux femmes libanaises de Rania Matar

Le 13 avril 2025, cela fera 50 ans que la guerre civile libanaise a débuté. À l’approche de cet anniversaire symbolique, la photographe Rania Matar met en lumière les femmes du Liban qui se sont portées volontaires lors de la reconstruction du pays. Fortes, belles et courageuses, ces figures féminines sont la source d’inspiration de la série « 50 Years Later – Where Do I Go ? » . À travers ses photos, Rania Matar illustre l’espoir, mais aussi les peurs de toute une génération. Une véritable lettre d’amour aux femmes du Liban.

Rania Matar © Soraya (Venus), Gemmayze, Beirut, Lebanon, 2023,
Rania Matar © Soraya (Venus), Gemmayze, Beirut, Lebanon, 2023,

Une histoire commune avec ses sujets

 

Parmi les histoires qu’elle photographie, nous pouvons aussi lire la sienne.

Née au Liban en 1964, Rania passe une partie de son enfance pendant la guerre civile. Le pays, dans une situation de plus en plus terrible, est alors marqué par une grande vague d’émigration. Une vague dont la jeune femme fait partie puisqu’à ses 20 ans elle quitte son pays pour vivre aux États-Unis. Elle pose ses valises à Boston et remplace ses livres d’architecture par un appareil photo pour étudier à New England School of Photography.

Ainsi, sa série 50 years Later – Where Do I go ? reflète aussi son exil en tant que femme libanaise.

« Je vois mon jeune moi dans ces femmes. Je ressens viscéralement leurs espoirs, leurs douleurs, leurs rêves, leurs peurs et leurs dilemmes. Mes photos évoquent également l’exil, le mien, mais aussi celui de ces jeunes femmes et la décision douloureuse qu’elles doivent prendre pour savoir si elles doivent quitter leur pays ou y rester malgré les conditions difficiles qui y règnent. » – Rania Matar

Rania Matar © Leen, KfarChouba, Lebanon, 2023

La souffrance d’un pays

Après une guerre civile brutale qui s’est étendue sur plusieurs décennies, le Liban souffre d’une crise particulièrement difficile. Le pays a dû faire face à de nombreux conflits, des gouvernements corrompus, des mois de manifestations et des mois de confinement. Une situation critique qui s’est aggravée avec les explosions du port de Beyrouth, le 4 août 2020. Cet événement tragique a provoqué l’effondrement de bâtiments, mais aussi un effondrement économique total. Le Liban fait face à des pénuries de liquidités, de gaz, d’électricité, de médicaments et d’eau. Une crise que la Banque mondiale qualifie de la plus dévastatrice de l’histoire moderne du Liban, et l’une des plus graves crises mondiales depuis le milieu du XIXe siècle.

Après ces explosions dramatiques, des habitants se sont portés volontaires pour remettre sur pied leur pays. Parmi eux, des femmes pleines d’espoir que Rania voit comme une source d’inspiration.

« Au lieu de me concentrer sur la destruction, j’ai choisi de me concentrer sur leur présence majestueuse, leur créativité, leur force, leur dignité et leur résilience. » – Rania Matar

Rania Matar © Lujain, Long Beach, Beyrouth, Liban, 2023
Rania Matar © Lujain, Long Beach, Beyrouth, Liban, 2023

Souvent mal représentées dans les médias, Rania, elle, montre les femmes libanaises sous un autre angle. De manière juste et profonde, ses photos sont le reflet de la résilience et de la force dont elles font preuve. Cette série fait écho à de nombreux pays du Moyen-Orient qui se trouvent dans des situations similaires.

Un paysage symbolique

Dans ce projet, chaque portrait naît d’abord à partir d’une rencontre, d’une connexion, d’une histoire personnelle.  Au fur et à mesure, la photographe crée une réelle collaboration avec ces femmes libanaises. Plus les années passent, plus Rania se lie avec ses sujets. Mais plus les années passent, plus les explosions de 2020 semblent faire partie du paysage du pays, de manière ordinaire.

Désormais, les montagnes se brouillent avec les bâtiments abandonnés. Les vagues de la Méditerranée s’entremêlent avec les couches de destruction accumulées au fil des ans. Les bâtiments traditionnels s’assemblent avec les murs stratifiés de Beyrouth… Une architecture forte d’émotion qui a un rôle important dans les clichés de la photographe.

« Les femmes, la terre et l’architecture sont étroitement liées. La collaboration est intense, créative, émotionnelle et personnelle. Le besoin de s’accrocher à la créativité et à l’expression personnelle se fait sentir de manière urgente » – Rania Matar

Rania Matar : Site et Instagram 

 

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Conseil - Comment bien choisir son sac photo ?

L’été approche et on l’espère pour vous, vos vacances avec ! Le moment idéal pour voyager et se déplacer en extérieur pour capturer de sublimes clichés. Pour ne pas être pris au dépourvu, si on commençait à s’organiser ? Pour autant, il n’est pas question de mettre la charrue avant les bœufs ! Avant de faire vos valises, il vous faut de quoi transporter en toute sécurité et avec confort votre matériel photo. 

Découvrez nos meilleurs conseils pour bien choisir son sac photo

Le confort

Pourquoi opter pour un sac photo à part entière plutôt qu’une simple sacoche ?

À nos yeux, le sac photo c’est en quelque sorte comme les bonnes chaussures de randonnées du marcheur. Un indispensable donc, car qui veut aller loin, ménage sa monture. Et en l’occurence la monture, c’est votre dos. L’essentiel est donc de choisir un sac confortable et au volume adapté à votre pratique. 

Notre conseil : privilégiez les sacs présentants des renforts sur les bretelles et sur les sangles ventrales. Oubliez les sacoches en bandoulière pour privilégier un bon maintien du sac tout le long de votre dos. Vos lombaires vous remercieront et vous n’aurez pas à contacter d’urgence un osthéo pendant vos vacances (ça tombe bien, ce n’est toujours pas remboursé par la sécu)

L’accessibilité

Autre facteur clé : la facilité d’accès à votre matériel. Imaginez-vous une seconde rater la photo de votre vie car vous devez vider tout votre sac en pleine nature alors que le lynx que vous traquez depuis des jours pointe le bout de son nez (qui n’a jamais rêvé d’être Vincent Munier ?!) C’est là que le sac avec double accès entre en jeu, comme votre saint graal. Vous pourrez dégainer votre plus beau téléobjectif plus vite que votre ombre, sans avoir à fouiller, pour capturer de sublimes paysages. En un temps éclair vous aurez la possibilité de saisir votre matériel par le bas mais aussi par le haut : pas de jaloux !

Avec un tel sac, à vous la panthère des neiges (n’oubliez pas de nous citer lors de votre discours aux Césars !)

La protection

Enfin, la règle d’or : ne négligez pas la protection qu’offre le sac à votre matériel. C’est d’ailleurs tout le but d’un sac photo !

Si vous optez pour un sac tout en un, proposant des inserts spécifiques pour ranger votre matériel, vérifiez-en la solidité. Le poids de l’ensemble de votre matériel doit être soutenu par votre sac, gare aux coutures qui craquent ! Idem en ce qui concerne l’étanchéité: ce critère est non négligeable. La dernière chose que vous souhaitez est de découvrir que votre sac laisse entrer l’humidité sur votre équipement. Ce n’est pas le moment de de chercher à faire des économies, investissez dans un sac résistant à l’eau peut vous éviter bien des tracas. 

Si le sac de vos rêves ne dispose pas d’une housse de pluie intégrée, pas de panique, filez en chercher une dans un magasin de sport.

En résumé, prenez en compte: confort, accessibilité du matériel, protection de celui-ci et étanchéité ! Il ne vous reste plus qu’à choisir le volume de votre sac en fonction de l’utilisation que vous en aurez et de l’essayer !

La sélection Graine de Photographe

Pour vous faciliter la tâche et puisque notre conseil photo s’est transformé en guide d’achat, on va carrément vous montrer à quoi ressemblent de vrais beaux sacs photo ! Pour les débutants ou les plus connaisseurs, pour voyager léger ou pour emporter tout votre équipement : il y en a pour tous les goûts et tous les budgets.

L’occasion aussi de gâter votre papa chéri à l’approche de la fête des Pères avec une idée-cadeau originale. Offrez-lui un sac photo adapté à ses besoins qui marquera les esprits. À vous les éloges lors du repas de famille !

Voici notre sélection de sacs pour tous les budgets :

 

 

prvke: sac à dos à 214,63

 

 

 

Lowepro: sac à dos à  

 

 

Peak Design: sac banane à  

 

 

Montana: Sac photo à sangle « New York » à 79,67€

 

 

Bevisgear: sac à dos à 599,69 

BEVISGEAR Sac à dos pour appareil photo, résistant à l'eau pour photos et vidéos avec support de trépied caché, fonctionne avec les appareils photo reflex numériques, SLR, appareils photo sans miroir, idée cadeau, sac photo, fête des pères

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Nader Adem dévoile l'invisible et brise les stéréotypes

Nader Adem découvre le pouvoir de la photographie lors de l’exposition World Press Photo, en 2003. Cette rencontre avec l’art de la photo a semé en lui une graine qui allait plus tard fleurir. Sourd de naissance, il retranscrit sa perception unique du monde en photographiant les histoires et les expériences qui l’entourent. À travers son art, il s’efforce de dévoiler l’invisible, de remettre en question les perspectives et de briser les stéréotypes sociaux.

Chanting © Nader Adem
Chanting © Nader Adem

Son entrée dans la photographie

Près de 10 ans après cette exposition marquante, son intérêt pour la photographie ne cesse de grandir et le pousse à se procurer du matériel. En 2012, l’éthiopien s’achète son tout premier appareil photo semi-professionnel qui marquera un tournant dans sa vie artistique. Sa fascination initiale pour la photo se transforme en véritable quête qui, au fur et à mesure, devient sa passion mais aussi sa profession.

« Le fait d’être témoin du pouvoir de la photographie, qui permet d’englober la riche tapisserie des réalités du monde dans une seule image, a éveillé en moi un profond intérêt.  » – Nader Adem

The White Holy site © Nader Adem
The White Holy site © Nader Adem

Un style unique

Son style photographique est façonné par deux passions : le portrait et la photographie documentaire. Cette approche de la photo est pour lui un outil permettant de documenter les réalités de la vie, notamment les aspects que la plupart ignorent. Il s’agit de capturer les luttes, les détails et les moments fugaces que nous pouvons manquer lorsque nous sommes pris dans nos propres routines quotidiennes. En portant une importance particulière à la lumière naturelle, il joue sur l’éclairage et les angles pour créer des récits visuels uniques. Le noir et blanc, en particulier, lui permet de mettre l’accent sur les émotions brutes et la qualité intemporelle du sujet.

Son travail se centre aussi en grande majorité sur le portrait. Une pratique qu’il apprécie pour son pouvoir du contact visuel direct. Pour lui, cela va au-delà de capturer un simple visage. Il s’agit de créer une image visuellement étonnante et émotionnellement évocatrice qui fait écho chez le spectateur. Même si certains de ses portraits sont méticuleusement planifiés, d’autres naissent de rencontres ordinaires où un moment de connexion suffit à éveiller son inspiration.

« Après tout, les yeux sont les fenêtres de l’âme et révèlent le monde intérieur d’un sujet. Ce lien entre le sujet et le spectateur favorise l’intimité et la profondeur émotionnelle, entraînant le spectateur dans l’histoire.  » – Nader Adem

La beauté du quotidien et de la diversité

Les photographies de Nader ne cherchent pas à imposer un message unique mais, de manière générale, à valoriser la beauté ordinaire qui nous entoure. Son objectif est de capturer ces moments d’interactions subtiles et ces expériences quotidiennes qui passent souvent inaperçues. En mettant ces histoires en lumière, il cherche à susciter la curiosité, à remettre en question les stéréotypes et à élargir les perspectives sur le monde, en particulier lorsqu’il s’agit de questions sociales négligées telles que le handicap.

“ À travers mes photographies, je veux que les spectateurs se connectent à l’humanité qui nous lie tous, en favorisant une appréciation plus profonde de la richesse et de la diversité de l’expérience humaine. “ – Nader Adem

Attendant visiting sheikh Hussein tomb © Nader Adem
Attendant visiting sheikh Hussein tomb © Nader Adem

Son handicap : une perception stimulante

Nader est né sourd, un handicap qui influence son travail de manière à la fois positive et stimulante. Cette barrière de la communication peut être un obstacle, en particulier dans les régions où les interprètes ne sont pas toujours disponibles. Ainsi, l’obtention d’un consentement avant de prendre une personne en photo peut être difficile. L’aspect qui le frustre le plus est néanmoins l’impossibilité des conversations approfondies avec les sujets.

Le photographe éthiopien qui cherche à recueillir ce qui se cache derrière les visages se voit parfois contraint de ne pas saisir toute la profondeur des histoires de ses sujets. Faisant face aux stéréotypes malheureusement encore présents sur son handicap, il utilise des moyens non verbaux pour communiquer avec ses sujets, renforçant ainsi le lien avec eux en une expérience positive. Il raconte que parfois, il rencontre des personnes surprises d’apprendre qu’un photographe sourd peut créer des œuvres marquantes.

Néanmoins, c’est aussi une perspective unique que l’artiste saisit comme une force. À l’abri du bruit, il se concentre sur les détails visuels et le langage corporel. Cette perception lui permet de saisir des expressions et des gestes subtils qui, autrement, pourraient être perdus dans l’arrière-plan. 

“Les yeux, en particulier, deviennent un outil puissant pour raconter des histoires.  Non filtrés par les mots, ils offrent une fenêtre directe sur les émotions et le monde intérieur d’une personne.” – Nader Adem

© Elmika Digital Photo Studio
© Elmika Digital Photo Studio

Nader Adem : Instagram

 

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Andy Warhol, Diptyque Marilyn, 1962 i Acrylique sur toile • 205,4 × 144,8 cm chaque • Coll. Tate, Londres • © Tate, Londres © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. © Adagp, Paris 2018

Quand la photographie rencontre d'autres pratiques artistiques

La photographie ne vous a sûrement pas délivré tous ses secrets ! Plus qu’une simple image, une photo est le moyen de s’exprimer, de délivrer des messages mais aussi de faire place à son imagination. Cet art visuel a ainsi stimulé la créativité des photographes, qui ont parfois fait naître de nouveaux procédés innovants.

Littérature, peinture ou encore intelligence artificielle, découvrez ces artistes qui ont revisité la photographie avec d’autres médiums.

Andy Warhol: le roi du pop art

Vous n’êtes sûrement pas passé à côté des œuvres d’Andy Warhol ! Des portraits de Marilyn Monroe aux boîtes de soupe Campbell, cet artiste peintre est considéré comme le roi du pop art. Principal représentant de ce mouvement artistique, Warhol utilise son art pour faire référence à la culture populaire et à l’imagerie de masse. Mais connaissez-vous sa technique artistique ? Pour ces tableaux hauts en couleur, Warhol utilisait des photos qu’il collectionnait ou prenait lui-même. D’abord en noir et blanc, il jouait avec la luminosité et les contrastes pour transformer ses clichés en images sans aucune nuance de gris. Transformées en sorte de pochoir, Warhol utilisait les photos pour peindre sur des toiles avec des couleurs particulièrement vives. La photographie est ainsi le point de départ de ses célèbres sérigraphies.

Site et Instagram de The Andy Warhol Foundation

Andy Warhol, Diptyque Marilyn, 1962 i Acrylique sur toile • 205,4 × 144,8 cm chaque • Coll. Tate, Londres • © Tate, Londres © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. © Adagp, Paris 2018
© Andy Warhol , Diptyque Marilyn, 1962 Acrylique sur toile
HANNAH HOCH LE PERE DADA ART GICLEE PRINT FINE TOILE
Hannah HOCH © Le père dada

Les photomontages de Hannah Höch

Véritable pionnière du photomontage, Hannah Höch revisite la photographie avec des collages en tout genre. Chutes de tissus, couture, dentelles, images… l’artiste plasticienne laisse place à sa créativité débordante.

Elle produit des œuvres innovantes, absurdes et décalées qui critiquent la société avec humour. À travers son art, elle peint une satire politique tout en interrogeant la place de la femme pendant la Première Guerre mondiale. Des idées qui lui feront rejoindre le mouvement Dada, avec difficultés cependant à cause des réticences misogynes de ses confrères.

Eric Staller et le light drawing 

Le saviez-vous? Le mot photographie provient du préfixe « photo- » signifiant « qui procède de la lumière » et du suffixe « -graphie » signifiant  « qui écrit ». Ainsi, la photographie veut littéralement dire « peindre avec la lumière ». 

Une expression que l’artiste contemporain Eric Staller a pris au pied de la lettre en réalisant des clichés de light drawing. Son concept se résume à utiliser des poses longues, de nuit, et utiliser de la lumière pour créer des formes esthétiques. Ainsi, il maintient l’obturateur ouvert pendant un long moment pour lui permettre de se déplacer avec une source lumineuse. C’est le principe de light painting, une pratique assez connue en photographie qui aurait été créée par Étienne-Jules Marey en 1882.

Eric Staller commence par dessiner avec des cierges magiques sur une voiture, une nuit dans les années 70. Ce premier cliché marque le début d’une longue expérimentation artistique. Le génie du photographe se transmet par son originalité et ses photos au rendu presque magique.

Site de l’artiste

Eric Staller © Light Drawing 1
Eric Staller © Light Drawing
Robert Demachy © Struggle, 1904
Robert Demachy © Struggle, 1904

Les photo-peintures de Robert Demachy

Robert Demachy, lui aussi, s’est inspiré de la peinture dans sa pratique photographique.

Cette fois-ci, c’est après avoir pris une photo que l’artiste fait ressembler ses clichés à des toiles. Demachy s’amuse avec les grains, les techniques de tirage et la gomme bichromatée afin d’obtenir des clichés proches de tableaux. Des techniques particulières qui rendent ses photos en noir et blanc uniques et innovantes. Proposant une autre dimension du réel et de la photographie, il est ainsi considéré comme le chef de file français du mouvement pictorialiste. En effet, à la fin du 19ème siècle, des photographes amateurs font naître l’idée de repenser la photographie comme un acte artistique et de la faire entrer aux beaux-arts.

Le roman-photo de Plissart et Peeters 

Et si on vous disait qu’on pouvait lire la photographie comme dans un livre ouvert ?

Né dans les années 1950, le genre photo-romanesque est une façon méconnue d’associer la photographie à la littérature. Proche du cinéma et de la bande dessinée, ce genre permet de produire un récit photographique. Avec l’arrivée de la télévision et des technologies plus avancées, le public perd petit à petit de l’intérêt pour le roman-photo. Certains livres en sont même une satire. Cependant, dans les années 80 Marie-Françoise Plissart et Benoît Peeters publient cinq romans-photos. À travers une suite de clichés rassemblés dans un livre, les deux photographes deviennent les narrateurs d’histoire. Avec leur roman-photo Fugues, ils racontent une histoire perçue par 4 personnages différents. 

Compte X et Facebook de Benoît Peeters – Les Éditions de Minuit 

Plissart (Marie-Françoise) et Peeters (Benoît), Droit de regards. Paris, Éditions de Minuit, 1985, p. 4
Plissart (Marie-Françoise) et Peeters (Benoît), Droit de regards. Paris, Éditions de Minuit, 1985, p. 4
Boris Eldagsen © The electrician
Boris Eldagsen © "The Electrician, Edition: 7"

L’intervention de l’IA en photographie 

Comment parler de la photographie avec IA sans parler de Boris Eldagsen?

En 2023, l’artiste allemand présente un de ses travaux au prestigieux Sony World Photography Awards. Son sublime portrait, intitulée Pseudomnesia: The Electrician, marque les esprits du jury et remporte la compétition ; pourtant, il décline le prix. Sa raison ? Il avoue avoir réalisé ce cliché, en noir et blanc, à l’aide de l’intelligence artificielle.

En effet, le photographe maîtrise ce que l’on pourrait appeler l’art de la promptography sur Mid Journey AI et Photoshop. Il essaie, réessaie, ajuste et modifie méticuleusement ses demandes jusqu’à obtenir des photos épatantes. Ses photographies, notamment Pseudomnesia: The Electrician qui l’a fait connaître, prônent une discussion ouverte dans le débat de ce qui est considéré ou non comme photographie.

Site et Instagram du photographe

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© Corinne Dubreuil tennis

L'art de la raquette par la photographe de tennis Corinne Dubreuil

Le rouge de la terre battue et le bruit des balles frappées : c’est l’ambiance sportive dans laquelle se plonge la photographe Corinne Dubreuil. Dès le plus jeune âge, elle est fascinée par le tennis et la photographie, deux passions dont elle veut faire son métier plus tard. Jeu, set et match : elle réalise son rêve à travers une carrière épatante. À travers son objectif, elle raconte les matchs et transmet les émotions des joueurs les plus emblématiques du tennis.

© Corinne Dubreuil tennis
© Corinne Dubreuil

Le début du rêve

C’est à l’âge de 11 ans que son oncle, photographe amateur, lui met un appareil photo entre les mains. Une expérience qui marquera son esprit puis sa vie, puisqu’elle y trouvera sa passion. Quand ses parents lui demandent ce qu’elle veut faire plus tard, c’est avec ambition que la jeune enfant répond : « photographe de tennis ». Elle qui jouait au tennis à un petit niveau remplace sa raquette par un objectif pour photographier la compétition de Roland Garros en 1987. Sur le court numéro 1, elle fait la rencontre mémorable de Chris Evert, l’une des plus grandes joueuses de l’histoire. Les deux femmes échangent leur numéro et la championne lui offre des places pour certaines compétitions. Son rêve d’enfant devient alors petit à petit une réalité.

© Corinne Dubreuil, photo tennis match
© Corinne Dubreuil

« J’ai eu la chance de voir Chris Evert et d’avoir son numéro de téléphone. Je l’ai appelée pour avoir des places et elle le faisait avec beaucoup de gentillesse. Je l’ai un peu suivi à la fin de sa carrière et j’ai commencé à vendre des photos à des fans en passant des annonces. » – Corinne Dubreuil

Au-delà des fans, la photographe française envoie ses clichés au célèbre Tennis Magazine. Le média publie quelques-unes de ses photos et lui propose de rejoindre l’équipe en 1990. Une étape qui, selon ses mots, « réalise son rêve ».

Plus que du sport

Collaborant avec l’Équipe Magazine pendant une dizaine d’années, la talentueuse française a voyagé dans les quatre coins du monde pour photographier des athlètes de toutes disciplines, notamment avec des portraits. Par la photographie, elle cherche à capturer de manière plus intime l’essence même de ces sportifs. Au-delà de l’action et de la lumière qui ont une place importante dans ses photos, Corinne saisit les émotions authentiques des champions. En illustrant leur humanité et leur vulnérabilité, ses clichés permettent de résonner avec notre quotidien.

 

« Dans le tennis, particulièrement, j’aime véhiculer les émotions que peuvent traverser les joueurs, c’est ce qui me plait le plus. Quelque part, ça peut ressembler aussi aux émotions qu’on peut avoir dans sa vie. J’aime bien montrer qu’ils sont humains, comme nous, avec leurs forces et leurs faiblesses. » – Corinne Dubreuil

Sur les traces de Nadal

Parmi les plus grands champions, Rafael Nadal est l’un des joueurs qui a particulièrement tapé dans l’œil artistique de la photographe. Cela fait maintenant 20 ans que son objectif capture le très célèbre espagnol sur tous les courts du monde.

« J’ai un gros faible pour ce joueur que je trouve extraordinaire tant par son palmarès que par son attitude en tant qu’homme et en tant que joueur. » – Corinne Dubreuil

Une de ses photos, prise à Roland Garros en 2012, a une importance significative pour elle. Les mains abîmées, pleines de pansements, tenant la coupe des Mousquetaires… Cette photo en noir et blanc représente parfaitement celui que l’on surnomme le « maestro de la terre battue ».

© Corinne Dubreuil, photo tennis match
© Corinne Dubreuil

Cet attachement à l’une des plus grandes légendes du sport se concrétise en livre, l’« ICONIC NADAL», publié en 2023. Un projet lui tenant à cœur qui retrace en photo le parcours du joueur sur les deux dernières décennies. Ce livre photo ne sera pas le dernier, puisque Corinne compte publier ICONIC FEDERER cette année et un autre livre en 2025.

Une proximité avec certains joueurs

Suivant des sportifs sur le long terme, elle tisse des liens particuliers notamment avec la joueuse française Amélie Mauresmo. Cette proximité permet à la photographe de partager des moments intenses avec la championne, comme sa balle de match en Australie 1999. Un échange décisif qui lui a permis d’affronter Martina Hingis en finale. Corinne se souvient de l’émotion forte qui l’empare, de ses mains tremblantes sur son appareil et de l’espoir d’une réussite. Le cliché de cette victoire fera la couverture du prestigieux Tennis Magazine.

© Corinne Dubreuil, photo tennis
© Corinne Dubreuil

« J’ai aussi un autre souvenir avec Amélie, en 2006, quand elle remporte l’open d’Australie, son premier titre en Grand Chelem. Je suis alors contactée par Paris Match qui veut faire un sujet exclusif sur elle. Le lendemain de la victoire, je l’ai retrouvé à son hôtel. C’était vraiment un moment privilégié et un souvenir assez intense, notamment après la victoire. Plein d’émotions qui en font un souvenir très fort pour moi. » – Corinne Dubreuil

© Corinne Dubreuil tennis
© Corinne Dubreuil

Parmi toutes ses photos, certaines sont plus appréciées par l’artiste. Elle se souvient d’un tête-à-tête avec le célèbre Federer, qui lui a été permis grâce au magazine suisse « L’Illustré ». Juste après sa victoire en Australie, le joueur doit passer un coup de fil personnel et pose son trophée. Un moment suspendu et intime que la photographe a capturé en un cliché fort.

© Corinne Dubreuil, photo tennis match
© Corinne Dubreuil
© Corinne Dubreuil tennis
© Corinne Dubreuil

Corinne Dubreuil : Site et Instagram

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Pantone

#STAILtone: le projet mêlant PANTONE et paysage

« Voir la vie en rose », « L’herbe est toujours plus verte ailleurs », « N’y voir que du bleu »… : tant de dictons autour de la couleur.

Une vision colorée que le photographe Andrea Antoni conçoit très bien, puisque c’est avec sa palette PANTONE à la main qu’il arpente les rues d’Italie pour capturer les paysages de son pays. Cet outil iconique auprès des artistes va lui valoir un réel succès sur Instagram avec le #STAILtone. Plus qu’un photographe, c’est aussi un directeur artistique, un graphic designer, un professeur et un grapheur. Différentes cordes à son arc qui lui permettent d’avoir une vision artistique large.

Son entrée dans l’art

C’est d’abord avec le graffiti qu’Andrea s’initie à la pratique artistique. En 1997, il commence à dessiner sur les murs des rues de sa région, Friuli Venezia Giulia, dans le nord-ouest de l’Italie. Il se fait alors appeler « STYLE1 », une prononciation difficile dans son pays qui lui vaut son surnom actuel « STAILUAN ». Très vite, il s’intéresse aux réseaux sociaux et au webdesign afin de présenter ses travaux. Pour lui, il est important de proposer « quelque chose de différent de la page portfolio classique, qui – en général – ne correspond pas au goût du public ». Ainsi, en parallèle de son travail de graphiste en freelance, il se lance dans la photographie de paysages qu’il publie sur Instagram, afin de mettre en forme son activité.

#STAILtone © Stailuan

Un procédé original

Il se fait connaître avec le #STAILtone, valorisant son projet photo où il prend soin de faire concorder les couleurs des paysages à celles des palettes PANTONE. Pour ce faire, il passe parfois par des logiciels de retouches pour les fondre en un rendu unique et épatant. Cet hashtag, étant la contraction de son nom d’artiste et de l’entreprise de nuancier, donnera son nom à la série.

« J’ai pensé à utiliser le nuancier Pantone, propre à ma profession, à côté de clichés de couleurs vives, d’aperçus intéressants et de photographies déjà appréciées par le public d’Instagram. » – Andrea Antoni

Un succès exponentiel

En postant ses compositions sur Instagram en 2017, il atteint un nombre conséquent de followers, et ce, à une portée internationale. Il se voit davantage propulsé dans le monde de la photographie par cette série hors du commun.

Cette reconnaissance lui permet de se faire remarquer par Pantone mais aussi GoPro, pour qui il deviendra ambassadeur pendant quelques années. Maître des réseaux sociaux, il finit par écrire deux livres sur les usages d’Instagram.

Une palette d’émotions

À travers ses sublimes clichés, Andrea souhaite révéler la beauté de sa région auprès des habitants. Ses magnifiques paysages nous invitent à admirer Friuli Venezia Giulia et à en apprécier l’essence même. Ciel, montagnes et plages sont présentées sous un autre angle, offrant une nouvelle perspective aux locaux qui, aux yeux du photographe, ont dénigré la région. Pour lui, il est essentiel de contempler la beauté qui nous entoure et d’apprécier ce qui se trouve juste sous notre nez.

« Très souvent, nous pensons que les endroits des autres sont les meilleurs. Peut-être qu’ils sont parfois meilleurs, mais nous avons aussi beaucoup de beaux endroits par ici. » – Andrea Antoni

#STAILtone © Stailuan

Marco Arduini : Instagram et Site

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Votre agenda photo de mai 2024

Les clochettes de muguet ont sonné: le mois de mai est enfin arrivé! Avec le retour du beau temps et les nombreux jours fériés, c’est l’occasion de profiter d’expériences culturelles. Pour ce faire, Graine de Photographe vous propose les meilleurs sorties photo du mois. Entre paysages japonais et décors américains en passant par un retour dans le temps, la programmation de mai 2024 vous invite aux voyages. Prêt.e.s à prendre vos valises?

Découvrez sans plus attendre notre sélection d’événements photo près de chez vous en mai 2024.

Les expositions photo

La vie devant soi de Janine Niépce et Emma Ball-Greene

Jusqu’au 27 mai 2024, le Quai de la Photo participe à la Biennale du 13ᵉ arrondissement de Paris avec les clichés de deux photographes. Deux femmes avec 75 ans d’écart, qui ne se sont jamais rencontrées, mais dont la vision artistique forme une unicité. L’exposition témoigne de l’enfance, des moments importants et parfois naïfs avant le passage à l’âge adulte. L’occasion de faire un saut dans le temps et de se (re)plonger dans la jeunesse.

Lieu : Quai de la Photo, Paris 14

© Emma Ball-Greene – Courtesy Polka factory – Reading Leila Slimani – Berlin 2022
Série Silence © Julien Magre

Silence de Julien Magre

Du 12 avril au 20 juillet 2024, la Galerie Le Réverbère expose la nouvelle série de Julien Magre, ayant reçu le Prix Niépce 2022 pour son ancienne exposition « En Vie ». C’est sur 25 ans que le photographe a capturé le quotidien de sa propre famille avec un regard singulier. De la naissance de ses enfants aux évènements marquants de sa vie, l’ordinaire est ici transformé en sujet poétique. Une poésie qui se lit sur les murs de la galerie lyonnaise:

« En bas,
En vrac une vie d’images
Un Drap blanc
Tes Poings serrés quand tu danses
Tes Seins
La sicile […]
Du Silence pour ne pas prononcer de mauvais mots. »

– Julien Magre

Lieu : Galerie le Réverbère, Lyon

Exposition sur Hannah Villigier

Jusqu’au 22 juillet 2024, le Centre Pompidou rend hommage à Hannah Villigier, artiste captivante ayant de multiples cordes à son arc, dont la sculpture, la photographie et l’architecture spatiale. Avec une centaine d’œuvres et des documents mis en place, l’exposition est une monographie retraçant la vie de cette artiste suisse qui a utilisé son corps comme matériau principal de ses expérimentations photographiques.

Lieu : Centre Pompidou, Paris 04

Hannah Villiger, « Arbeit / Work », 1980 © Foundation The Estate of Hannah Villiger
Série Weaving Time, Blurred observations © Susanne Wellm- Tirage pigmentaire, peinture acrylique, tissage, fil de coton et polyester. 104 x 122 cm / 40,9 x 48,0 in

De l'autre côté de Susanne Wellm

Du vendredi 19 avril au samedi 13 juillet 2024, la Galerie XII vous propose une exposition mêlant flou et mouvement. Depuis son adolescence, Susanne Welmm explore une grande variété de techniques photographiques, c’est pourquoi la photographe danoise a fait le choix d’utiliser une machine créée par ses soins pour réaliser cette série. Par superposition d’images de différents artistes, pour la plupart anonymes, ce « tissage » artistique laisse place à l’idée d’un voyage imaginaire.

Lieu : Galerie XII, Paris 04

La France sous leurs yeux - exposition collective

Jusqu’au 23 juin 2024, la Bibliothèque nationale de France vous invite à découvrir les travaux photojournalistiques de 200 artistes dans les années 2020. Missionnés par le ministère de la Culture il y a trois ans, ces artistes ont dépeint et fait le portrait de la France à la sortie de la COVID-19. Cette exposition permet de prendre du recul sur cette période de pandémie et de la regarder sous un autre angle à travers cette commande publique photographique la plus grande d’Europe.

Lieu : La Bibliothèque nationale de France, Paris 

Sortir de la nuit © Marie Quéau / Grande commande photojournalisme
Série Onikuma, Onikuma #1, 2024 © Florian RUIZ courtesy galerie Sit Down

Le monde de l’invisible de Florian Ruiz

Du 4 mai au 28 juillet 2024, faites la rencontre de l’invisible à la Galerie Sit Down, à Paris. Réalisée au Japon, cette série traite de la catastrophe nucléaire jusqu’à la légende d’Onikuma à travers une superposition d’images. Une technique innovante qui permet de mettre en lumière ce que nos yeux ne peuvent voir tout en faisant appel à notre imagination. 

« Par un procédé numérique, j’ai voulu faire percevoir un monde imperceptible, flottant, indécis qui s’entrelace et se superpose avec le monde réel. » – Florian Ruiz

Vernissage de l’exposition en présence de l’artiste le vendredi 3 mai de 18h à 21h.

Lieu : Galerie Sit Down, Paris 03

Secrets d'histoire de Gamma-Rapho-Keystone

Jusqu’au 24 mai 2024, Factory Polka vous offre un voyage dans le temps avec un retour sur les moments historiques clés de notre société grâce aux archives de Gamma-Rapho-Keystone. Cette centaine de tirages argentiques, presque exclusivement en noir et blanc, est l’occasion de revivre et de se rappeler les évènements majeurs du dernier siècle.

Lieu : Factory Polka, Paris 03

© Jean-Claude Francolon / GAMMA-RAPHO Jacques Chirac, Candidats aux élections municipales de Paris, 1977
Alfonso Pimenta © Retratistas do Morro 100-100-1024x1024

Retratistas do Morro* Les portraitistes de la colline de João Mendes et Alfonso Pimenta

Du 7 mai au 7 juillet 2024, le Théâtre du Nord invite l’Institut pour la photographie afin d’exposer le projet de Guilherme da Cunha : Retratistas do Morro*. Depuis maintenant neuf ans, l’artiste brésilien diffuse des archives de photographes ayant travaillé dans des lieux ou des communautés sous-représentés dans le but d’enrichir et de préserver l’héritage visuel collectif du Brésil. Cette exposition met en lumière la région d’Aglomerado da Serra avec les travaux de João Mendes et Alfonso Pimenta.

Lieu : Le Théâtre du Nord, Lille

Lost in Camargue de Romain Boutillier

Jusqu’au 30 septembre 2024, Romain Boutillier présente son exposition au Cinéma Artplexe Canebière. Cette série, devenue un livre, est le reflet de la région camarguaise à la suite de la crise sanitaire. Remplie de mystère et de curiosité, le photographe a réalisé pendant un an des clichés en noir et blanc pour illustrer cette nature sauvage.

Lieu : Cinéma Artplexe Canebière, Marseille

Romain Boutillier © LOST IN CAMARGUE
NEW YORK, 1955 © VIVIAN MAIER, Tirage gélatino-argentique posthume, réalisé en 2023, 50,8 x 40,5 cm

Made in USA de Vivian Maier et Sabine Weiss

Jusqu’au 25 mai 2024, les douches de la galerie rassemblent deux photographes pour une double exposition. Deux femmes originaires de Suisse et des États-Unis avec des profils bien distincts, cependant avec un point commun : la passion pour la photographie. Comme le Ying et le Yang, les deux artistes se complètent pour réaliser ce projet artistique dans différentes villes américaines autour de l’ordinaire.

Lieu : Les douches de la galerie, Paris 10

Ce que vous pouvez encore voir de nos agendas précédents