L’Irlande des années 90 dans l’univers coloré et nostalgique d’Enda Burke
Basé dans l’ouest de l’Irlande, le photographe Enda Burke a réussi à rendre la période du confinement colorée et créative. Aimant les couleurs, les jeux de mots et tout ce qui est kitsch, Enda en a fait son univers artistique. Explorant à travers son regard photographique les thèmes de la famille et de l’identité irlandaise contemporaine; il dépeint avec humour et nostalgie l’Irlande des années 90. Depuis le début de la pandémie, il prend comme sujet principal ses parents, faisant d’eux les personnages de son histoire. Il réalise sa série Homebound dans la maison familiale, alors transformée en studio photo et habillée de décors colorés et nostalgiques. Sorte d’échappatoire au stress lié à la pandémie pour le photographe, Homebound plonge le spectateur dans un foyer de l’Irlande catholique des années 90.

Explorer la nostalgie
Enda est diplômé en photographie et en réalisation de films à la Gray’s School of Art en 2013. Avant la pandémie, il pratiquait la street photography, y trouvant sans cesse des sujets à photographier et immortaliser. Le confinement mis en place, les rues se sont brusquement désertées, laissant le photographe seul avec son appareil. C’est alors qu’il a tourné son objectif vers les personnes qu’il pouvait toujours voir, ses parents. Autre conséquence de la pandémie, une nostalgie de l’époque pré-covid s’installant peu à peu. Le désir d’explorer ce sentiment, tout en utilisant des accessoires et des décors vintages et nostalgiques, lui est alors apparu.

Réalisant dans un premier temps sa série avec un Pentax 35 mm, il poursuit avec un appareil numérique. Plusieurs étapes sont nécessaires à la réalisation de ces images; de l’apparition de l’idée, au traitement de la photo, en passant par la mise en scène; Enda réfléchit minutieusement ses prises de vue.
Je garde un carnet de croquis d’idées et de recherches avant de faire une prise de vue, je cherche et trouve la plupart de mes accessoires en ligne. Les décors ont tous été construits dans la maison de mes parents. Lorsque le tournage est terminé. Je traite la photo de la même manière qu’un peintre traiterait ses tableaux.
Enda Burke

De la couleur et une iconographie catholique
Plusieurs éléments sont omniprésents dans les images de cette série. D’un côté les couleurs très vives et de l’autre une iconographie catholique. La présence de couleurs est en partie due à l’attirance du photographe pour celles-ci. Mais c’est également un moyen d’établir un parallèle avec la morosité et le pessimisme face au Covid-19. Quant à l’iconographie catholique, Enda reproduit un foyer irlandais des années 90, dans lequel ces images de saints catholiques étaient omniprésentes.

Depuis la publication de la série, beaucoup de gens m’ont demandé s’il s’agissait d’une sorte de réconfort à apporter aux gens dans les moments difficiles. Ce n’était pas mon intention. L’iconographie catholique ancienne est également liée à la nostalgie, car ces images étaient omniprésentes dans les foyers jusqu’à récemment.
Enda Burke

Pour moi, faire de l’art, c’est s’amuser et apporter de l’humour au monde. Donc si je devais définir mon univers artistique, je dirais que c’est comme prendre du LSD en regardant un film de Wes Anderson et en riant.
Enda Burke
Que ce soit en Irlande ou au-delà, les photographies d’Enda rencontrent un franc succès et suscitent un grand intérêt. Son projet a remporté le prix international de la photo Barreur et est arrivé en finale du prix Lens Culture Home 2021. Homebound a également été présentée dans divers médias tels que The Guardian, le magazine Rolling Stone, ou encore Irish Arts Review et le magazine français Causette, entre autres.



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Studio Iconographia : une vision picturale de la photographie
Associer histoire de l’art, photographie et médiation culturelle, telle est l’aventure dans laquelle Armâne et Clémence se sont lancées en 2021 en fondant le Studio Iconographia. Leur vision de l’art similaire, leur envie de partage et leur créativité les mènent à collaborer depuis 2018 sur différents projets de plus en plus ambitieux. Se rencontrant lors de leurs études, elles sont un temps collègues au sein d’une institution culturelle, avant de devenir co-fondatrices de leur société. Depuis, Armâne et Clémence ne cessent d’imaginer, de créer et de partager. Le style pictural de leurs photographies contribue à créer leur signature artistique. S’inspirant d’œuvres historiques et iconiques, les deux artistes maîtrisent l’art du portrait en studio et de la composition et nous plongent dans leur univers créatif.

Des parcours guidés par l’art à l’origine d’Iconographia
Armâne et Clémence ont toutes les deux suivi une classe préparatoire à l’Ecole nationale des Chartes. À la suite de celle-ci, Armâne rejoint l’ENC en master Technologies numériques appliquées à l’histoire et Clémence intègre la Sorbonne en master Patrimoine et musées. Chacune un pied dans l’histoire de l’art et le patrimoine, leurs formations sont ainsi complémentaires. C’est cependant leur passion commune pour la photographie qui les a réellement rapprochées, marquant le début de leur collaboration artistique et professionnelle.
Les projets communs se sont enchaînés et nous avons très vite adopté un style très pictural et une direction artistique poussée. Dès le début, nous avons remarqué entre nous une véritable stimulation créative et intellectuelle et rapidement nous n’avons eu envie de créer qu’ensemble.
Armâne et Clémence

Armâne et Clémence travaillent ainsi ensemble, chacune s’épanouissant dans son rôle : Clémence à la photographie et Armâne à la direction artistique. Depuis la naissance du Studio Iconographia, elles réalisent des projets artistiques et des campagnes modes, de communication, des éditos, des expositions ainsi que des commandes de portraits, toujours dans un style pictural qui leur est propre.

Moderniser des inspirations historiques
La réalisation des images nécessite un important travail en amont afin de pouvoir transmettre au mieux le message désiré, l’atmosphère souhaitée, dans les images finales. Ainsi, Armâne et Clémence entreprennent de minutieuses recherches iconographiques et historiques sur leurs inspirations; afin de se les approprier au mieux et de les réinterpréter de manière pertinente.
Nous lisons beaucoup de sources scientifiques en histoire, histoire de l’art, histoire des représentations. Nous parcourons aussi énormément d’expositions, de livres d’arts… Cela nous permet ensuite de proposer une direction artistique qui lie ces inspirations et une certaine modernité, dans le traitement des images et les valeurs que celles-ci transmettent. Avant chaque shooting, les photographies sont préparées en amont : Armâne dessine la composition afin de prévoir au mieux le rendu final et permettre ainsi à Clémence de travailler la lumière en fonction. C’est un processus bien rodé que nous avons mis en place au fil des années, sans doute hérité de notre passé d’universitaires dans la méthode, qui nous correspond parfaitement et offre un cadre à notre créativité !
Armâne et Clémence

Un art engagé et militant
Leur travail artistique est autant recherché visuellement qu’engagé et militant. Ouvertement féministe, leur art revendique le « female gaze », perspective engagée spécifique aux femmes artistes. Le « female gaze » est un regard qui reconnaît et épouse l’expérience de la femme dans l’univers artistique.
Notre engagement féministe est au coeur de notre vie personnelle, il est donc capital pour nous de produire un art engagé, qui diffuse ces valeurs militantes et inclusives. Nous n’envisageons pas de produire du “beau” sans cet aspect éminemment politique, qui donne une vraie force à nos images.
Armâne et Clémence

Leur travail repose également sur une accessibilité pour toutes et tous, et non pas réservé à une certaine élite. Pour cette raison, Iconographia est particulièrement présente sur les réseaux sociaux; notamment Instagram; afin de diffuser les œuvres et leurs savoirs à un large public. Cette médiation culturelle est très importante afin d’ouvrir le débat sur les interprétations et questionner les représentations.
Instagram est l’outil qui nous permet de diffuser nos œuvres et l’engagement qui nous motive à un public large. Une communauté qui nous ressemble s’est construite autour d’Iconographia et un véritable échange avec nos abonné‧e‧s sur des questions de féminisme, de représentations et d’histoire de l’art s’est installé. C’est aussi un média axé sur le visuel, très actuel sur le plan militant, et très fédérateur.
Armâne et Clémence

Une image symbolique
Chaque image est unique et possède un message fort qui la rend spéciale. Il a été par conséquent difficile pour Armâne et Clémence de choisir celle qui leur tenait particulièrement à coeur. Il y en a tout de même une qui est tout à fait symbolique pour elles, représentant à la foi leur duo artistique, leur façon de créer ensemble et la consécration de leur travail. Réalisée en 2020 durant le premier confinement, l’image est une Allégorie de la création à la grenade.

Cette image est en réalité composée de deux photographies ; la main d’Armâne en bas à gauche et celle de Clémence en haut à droite, que nous avons réalisées chacune chez nous et réunies à la retouche. Cette œuvre a beaucoup de sens pour nous, car la grenade est initialement un symbole chrétien de création que nous avons détourné, en jouant sur l’esthétique de la grenade et de ses grains comme des joyaux de la fertilité de l’esprit. Cela nous parle donc beaucoup. Nous avons donc été ravies de l’exposer enfin lors de notre première exposition, Heritages, à la Galerie Amarrage en mars 2022. C’est d’ailleurs la première œuvre que nous avons vendue, c’est d’autant plus symbolique !
Armâne et Clémence



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Photographe de guerre, le travail d’une vie pour ces femmes et ces hommes
Courage, volonté, dépassement de soi, prise de risques, vocation… Autant de mots que nous pouvons attribuer à ces femmes et ces hommes qui risquent leur vie aux côtés des soldats et des civils. Ils agissent dans le but de capturer ces moments d’histoire; de participer à sauvegarder la mémoire, de montrer au reste du monde les atrocités qui se produisent non loin. Aussi dures que puissent apparaître les photos prises lors de ces conflits; le photographe de guerre n’a pas vocation de choquer, mais plutôt d’informer, de sensibiliser, et d’immortaliser l’instant. Les photographes de guerre ne travaillent pas seulement pour les journaux. Ils servent l’Histoire, l’enseignement, et la mémoire collective.
Alice Schalek (1874-1956)

Photojournaliste et écrivaine autrichienne, Alice est connue pour être la première femme reportrice de guerre. Elle a couvert la Première Guerre Mondiale dans le Dolomites. La photographe mène également une carrière d’écrivaine en publiant ses carnets de voyage. Elle reprend cette activité à son retour du champ de bataille et voyage dans de nombreux pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique.
Gerda Taro (1910-1937)
Photojournaliste allemande, Gerda réalise principalement des reportages sur la guerre d’Espagne; où elle trouvera la mort lors de violents combats autour de Madrid. Elle a contribué au lancement de la carrière de son célèbre compagnon, Robert Capa, au détriment de la sienne. Elle fut longtemps sous-estimée, jusqu’à la découverte d’une valise retrouvée à Mexico. Celle-ci contenait environ 4500 négatifs réalisés par la photographe mais également par Capa et David Seymour. Cette découverte permit de reconsidérer le travail de Gerda, dont certains des clichés sont attribués, à tort, à Capa.
Gerda Taro, pionnière du photojournalisme, a sombré dans l'oubli, avant que son travail ne soit redécouvert. Ses photographies expriment la folie des hommes mais aussi l'espoir d'un monde meilleur. #JeudiPhoto #CulturePrime pic.twitter.com/avYrw9c04b
— france•tv arts (@francetvarts) July 1, 2021
Catherine Leroy (1944-2006)
Photographe de guerre française, Catherine part pour le Viêt Nam pour y couvrir la guerre, alors qu’elle n’est âgée que de 21 ans. C’est la première fois que les femmes accèdent aux champs de bataille, l’accès leur étant jusque-là refusé. Elle se démarque pour ses photos au plus près du combat, reflétant la vraie vie des soldats. Les médias commencent à la demander. Elle couvre par la suite les guerres en Somalie, Afghanistan, Libye, Iran, Irak et Liban dans les années 1970. Pour son travail, elle deviendra la première femme a remporté le prix George-Polk en 1967. Mais également la première lauréate du prix Robert Capa Gold Medal.
Françoise Demulder (1947-2008)
Photojournaliste française, Françoise débute avec la guerre du Viêt Nam. Elle couvre ensuite différentes crises telles qu’en Angola, au Liban, au Cambodge, au Salvador, en Éthiopie, au Pakistan ou à Cuba. Françoise acquiert une reconnaissance pour son travail grâce à deux photos en particulier. La première est une photo d’un char nord-vietnamien enfonçant la grille d’entrée du palais présidentiel de Saigon. La seconde est une image en noir et blanc, prise à Beyrouth le 18 janvier 1976. Elle représente une palestinienne implorant un milicien armé devant une maison en flammes; lors du massacre du quartier de la Quarantaine. Cette dernière lui vaut d’être la première femme lauréate du World Press Photo en 1977 – prix le plus prestigieux du photojournalisme.
Anja Niedringhaus (1965-2014)
Photojournaliste allemande, Anja commence à travailler en tant que photographe indépendante à 17 ans. Elle couvre notamment la chute du mur de Berlin en 1989; les conflits en ex-Yougoslavie dans les années 90; l’Afghanistan et la chute des Talibans à partir de 2001 mais également l’Irak, la bande de Gaza, le Koweït et la Turquie. Elle reçoit en 2005 le Prix Pulitzer de la photographie d’actualité pour la couverture de guerre en Irak et le prix Courage remis par l’International Women’s Media Foundation la même année. Anja est tuée le 4 avril 2014, alors qu’elle couvre l’élection présidentielle afghane, par un commandant de la police afghane. L’année de sa mort, l’International Women’s Media Foundation crée L’Anja Niedringhaus Courage in Photojournalism Award, qui récompense le courage de femmes photojournalistes.
Carolyn Cole (1961)
Photographe reporter américaine, Carolyn remporte en 2002 et 2003 le prix Robert Capa Gold Medal. Elle reçoit également le prix George-Polk en 2003 ainsi que le prix Pulitzer de la photographie d’article de fond en 2004, pour sa couverture du siège de Monrovia en Libéria.
Andrea Bruce (1973)
Photojournaliste et photographe documentaire américaine, Andrea axe principalement ses reportages sur les personnes vivant au lendemain de la guerre. Durant 10 ans, elle se concentre sur les conflits faisant rage en Irak et en Afghanistan. Andrea est récompensée pour son travail à plusieurs reprises. Elle est plusieurs fois nommée Photographe de l’année. Elle reçoit en 2010 la bourse de White House News Photographers Association pour son travail en Ingouchie, ainsi que le 2ème prix Daily Life du World Press Photo pour l’image Soldier’s Funeral.
Laurence Geai (1984)
Photographe de guerre et photojournaliste, Laurence réalise son premier reportage en 2013 en Syrie. Elle fait partie depuis 2014 de l’agence Sapa Press. Laurence suit la vie des migrants aux portes de l’Europe et en France, tout en continuant de couvrir divers conflits. Elle reçoit en 2017 le Prix Polka Magazine. En 2020, elle est récompensée par le Grand Prix du festival « Les femmes s’exposent » ; pour son sujet sur le sort de membres supposés de Daesh en prison. En 2021, elle reçoit le 3ème prix de la catégorie General News du World Press Photo pour son reportage sur la pandémie du Covid-19 en France.
Camille Lepage (1988-2014)
Photojournaliste française, Camille se passionne pour le journalisme et pour la photo dès son adolescence. C’est lors de son second stage au cours de ses études de journaliste; effectué en Egypte; qu’elle découvre l’importance de la crise au Soudan du Sud, peu médiatisée. Elle décide de s’y installer en juillet 2012 afin de couvrir le conflit au Soudan du Sud et au Soudan. Par la suite, elle s’installe en République centrafricaine et couvre la guerre civile qui éclate en 2013. Ses photos sont publiées dans de nombreux médias tels que l’AFP, la BBC, Le Monde ou encore le Wall Street Journal et The Guardian.
La photographe Camille Lepage

Camille est assassinée le 12 mai 2014, alors qu’elle réalise un reportage dans l’Ouest de la Centrafrique, à 26 ans. Sa vie et sa carrière font le sujet d’un hommage cinématographique « Camille » réalisé par Boris Lojkine. Une association «Camille Lepage – On est ensemble» est créée. Elle décerne chaque année le prix Camille Lepage, visant à encourager le travail d’un photojournaliste; lors du festival international du photojournalisme « Visa pour l’image» à Perpignan. L’engagement de Camille était de témoigner sur les conditions de vie de populations innocentes vivant dans des pays en conflit peu ou pas médiatisés.
Bangui, République centrafricaine, 1er décembre 2013

Kordofan, du Sud, Soudan, 21 novembre 2012

Fatima Shbair (1997)

Photojournaliste indépendante palestinienne, Fatima est lauréate du «Prix de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik» au festival Visa pour l’image en 2021. Elle remporte également le prix Anja Niedringhaus Courage in Photojournalism Award de l’International Women’s Media Foundation, pour « 11 jours du conflit israélo-palestinien » la même année. Son travail documente la vie du peuple palestinien et son propre quotidien dans la bande de Gaza. Ses images se publient dans de nombreux médias tels que le New York Times, The Guardian, Le Figaro etc.


Robert Capa (1913-1954)
Photographe et correspondant de guerre hongrois, Capa couvre les plus grands conflits de son époque tels que la Seconde Guerre Mondiale, la baille de Troina et la Guerre d’Espagne. Il part à Berlin pour faire carrière dans le journalisme en 1931. À l’origine n’étant pas passionné par la photographie, il se lance dans cette voie pour atteindre le journalisme. Il est principalement reconnu pour sa photo « Mort d’un soldat républicain », qui assoit sa célébrité. Il décède le 25 mai 1954 lors d’un reportage en Indochine. Voulant prendre une photo d’un groupe de soldat français; il s’écarte du chemin et met le pied sur une mine antipersonnel. Un prix à son nom est remis chaque année depuis 1955. Le prix Robert Capa Gold Medal récompense le meilleur grand reportage photographique publié ayant requis un courage et une initiative exceptionnels.
Evgueni Khaldaï (1917-1997)
Photographe né en Ukraine, Evgueni est principalement reconnu pour ses photographies de la Seconde Guerre Mondiale et du Procès de Nuremberg. Sa photo la plus connue est celle d’un soldat russe plaçant le drapeau rouge de l’Union soviétique sur le Reichstag à Berlin le 2 mai 1945, devenue symbole de la chute du Troisième Reich.
Marc Garanger (1935-2020)
Photographe et cinéaste français, Marc est connu pour ses portraits en noir et blanc d’hommes et de femmes d’Algérie. Prises entre 1960 et 1962 pour le compte de l’Armée française, ces photos lui valent le prix Niépce en 1966. Il réalise également des reportages dans presque toutes les Républiques de l’ex-URSS.
Don McCullin (1935)
Photographe britannique connu pour ses photographies de guerre, de vie urbaine et de paysages; Don travaille essentiellement en noir et blanc et sur la misère du monde et les conflits armés. Il effectue en 1964 un reportage sur la guerre civile de Chypre; pour lequel il reçoit le grand prix World Press Photo. Par la suite, il couvre la famine au Bihar en Inde, la guerre des Six Jours, la guerre du Viêt Nam et du Cambodge ainsi que divers conflits à Beyrouth et au Congo.
Patrick Chauvel (1949)
Photographe de guerre français, Patrick a couvert 34 guerres durant lesquelles il fut blessé plusieurs fois. Il commence sa carrière à 17 ans. Parmi les conflits qu’il couvre, Israël, l’Irlande, le Viet Nam, le Cambodge, le Liban, les révolutions iraniennes et au Nicaragua, les conflits en Amérique du Sud, au Panama, en Colombie, au Salvador, la Somalie, la Tchétchénie, l’Afghanistan, l’Egypte, et la Libye. Aujourd’hui âgé de 72 ans, il couvre actuellement la guerre russo-ukrainienne. Le photographe réalise son premier ouvrage photographique avec le 69e album de l’ONG Reporters sans Frontières, paru le 3 mars 2022, à l’occasion du 30ème anniversaire de la collection « 100 photos pour la liberté de la presse ».


Guillaume Herbaut (1970)
Photographe et journaliste français, Guillaume est principalement connu pour son travail sur le site de Tchernobyl, en Ukraine. Il est lauréat de deux World Press Photo en 2009 et 2012 et du prix Niépce en 2011. À travers ses photos, Guillaume interroge les symboles et la mémoire de lieux chargés d’histoire tels que Tchernobyl, Auschwitz, Nagasaki et le conflit en Ukraine afin d’en révéler les drames invisibles.
Aris Messinis (1977)
Photojournaliste grec, Aris est responsable de la couverture photo de l’AFP en Grèce depuis 2006. Il est reconnu pour son reportage photo sur les réfugiés de Lesbos. Mais également pour ceux qu’il réalise en Libye et en Egypte. Aris a été récompensé par de nombreux prix pour ses photos. Il a notamment reçu le Visa d’Or à Perpignan en 2016 pour ses photos sur la crise migratoire en Europe.
Lorenzo Tugnoli (1979)
Photojournaliste italien, Lorenzo est lauréat du prix Pulitzer 2019 en photographie de reportage pour son reportage sur la crise humanitaire au Yémen. Il a reçu le Prix Bayeux-Calvados pour les correspondants de guerre en 2020. Lorenzo a également été récompensé par le World Press Photo en 2019, 2020 et 2021. Il couvre la guerre en Afghanistan depuis 2009 et a vécu dans ce pays de 2010 à 2015.
BEIRUT, LEBANON – 4 AOÛT

TAIZ, YEMEN – 26 NOVEMBRE 2018

(Photo by Lorenzo Tugnoli/ Contrasto for The Washington Post)
ADEN, YEMEN – 19 MAI

Jérémy Lempin (1983)
Photographe militaire puis photographe documentaire français, Jérémy est lauréat en 2021 d’un Istanbul Photo Award, d’un Pictures of the Year International Award, d’un World Press Photo et du Visa d’or Magazine. Il réalise notamment de mars 2017 à avril 2021 un reportage sur l’état de stress post-traumatique des soldats français, intitulé « Aux Armes et Catera ». Ce sujet sera finaliste au prix du film photographique du festival MAP à Toulouse.
Wakil Kohsar (1985)
Photojournaliste afghan employé par l’AFP depuis plus de 9 ans, Wakil travaille en Afghanistan et couvre les événements du pays depuis la prise de pouvoir des Talibans depuis mi-août 2021. Polka Magazine salue son travail et lui décerne le Prix Polka du photographe de l’année 2021. Il est aujourd’hui l’un des derniers reporters afghans à encore travailler sur place, non sans danger.
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PERNiCiEM – Dean West et Nathan Sawaya illustrent la menace climatique
PERNiCiEM est la seconde collaboration des deux artistes Dean West et Nathan Sawaya. Ils avaient auparavant travaillé ensemble en 2012 en réalisant le projet « IN PIECES », exposé depuis dans plus de 14 pays. Ce projet consistait à intégrer les sculptures en LEGO® de Nathan dans les photographies de Dean. C’est en gardant ce même concept qu’ils décident de collaborer une nouvelle fois. Cette fois-ci, ils réalisent un projet qu’ils nomment « PERNiCiEM », signifiant « extinction » en latin. Les sculptures en LEGO® de Nathan, représentant des espèces animales parmi les plus menacées, s’intègrent parfaitement dans les photographies de Dean. Ces compositions originales oscillent ainsi entre réalisme et réalité artificielle. En combinant leurs univers artistiques, les deux artistes amènent le spectateur à réfléchir et à prendre conscience de la nécessité de préserver la planète et ses espèces.

Les artistes
Dean West est né en Australie en 1983 et réside actuellement à New York. Il a étudié au Queensland College of Art. Il est principalement connu pour ses photographies à la mise en scène complexe et recherchée, amenant les événements quotidiens au-delà du domaine de la réalité naturelle. Marquées par de fortes inspirations cinématographiques, les photographies de Dean nous plongent dans une Amérique d’antan.
Nathan Sawaya est né dans l’État de Washington en 1972 et vit aujourd’hui à New York également. Il est connu et reconnu pour ses oeuvres entièrement réalisées avec des briques de LEGO®. Ancien avocat d’affaire, il réalise depuis 2002 ces oeuvres originales et inédites; qu’il est le seul à avoir intégrées dans le monde de l’art. Son travail lui vaut de nombreux prix et distinctions ainsi qu’une exposition itinérante, The art of the Brick. Il est également le fondateur de la Fondation Art Revolution qui promu l’art dans les écoles et les foyers.

Le projet
À travers PERNiCiEM, les deux artistes font passer un message bien précis : si nous n’agissons pas collectivement pour préserver notre planète et notre environnement, il nous faudra créer une réalité artificielle. Le projet stimule ainsi l’imagination du spectateur dans le cas où ces espèces menacées disparaîtraient totalement. Les écosystèmes se retrouvant dépourvu de ces animaux, seules des représentations fictives pourraient s’apparenter à ce que le paysage était autrefois. Les images explorent ainsi différents écosystèmes, tels que les océans, les forêts, les déserts, les prairies, et l’arctique ; dans lesquels sont intégrées les espèces menacées, voire en voie d’extinction.

Nathan construit ainsi des sculptures en LEGO® d’espèces menacées telles que l’éléphant d’Afrique, le renard d’Arctique, le guépard, la baleine, le rhinocéros etc. Ces sculptures sont par la suite intégrées aux photographies prises par Dean. Le résultat permet au spectateur de questionner sa propre relation à l’environnement dans un monde qui change rapidement. Les artistes ont décidé de reverser un pourcentage des recettes aux ONG qui, sur le terrain, protègent et préservent la beauté et la splendeur de notre monde.

Les réalisations
Derrière chaque création, les deux artistes apportent des précisions sur les menaces qui pèsent sur les espèces animales mises en avant. Une description de l’animal, ses caractéristiques ainsi que l’état de l’espèce à l’échelle mondiale accompagnent alors les photographies.
L’éléphant d’Afrique
C’est ainsi que nous pouvons apprendre que l’éléphant, bien qu’il soit connu pour sa taille titanesque ou ses impressionnantes défenses, est également l’animal le plus empathique, compatissant et sensible qui soit. Il est cependant classé comme vulnérable sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Aujourd’hui, il resterait à l’état sauvage moins de 10% de la population d’éléphants d’Afrique par rapport au siècle dernier. Les éléphants sont principalement chassés pour le trafic d’ivoire.

Le requin de récif
Autre animal pris comme sujet par les deux artistes, le redouté requin. Parfois à l’origine d’accidents mortels, l’espèce souffre particulièrement de sa représentation dans la culture populaire; qui a toujours placé le requin comme le prédateur ultime tueur d’Homme. Cependant, les requins jouent un rôle central dans la régulation des océans et ainsi la bonne santé et le développement de la mer. Ils sont pourtant, pour nombre de sous-espèces, menacés, en danger ou proches de l’extinction. Les artistes ont réalisé une image mettant en scène un requin de récif réalisé en LEGO® par Nathan et inséré dans l’une des photographies de Dean.
Le requin de récif, en tant que prédateur principal et espèce indicatrice de cet écosystème, joue un rôle essentiel dans le maintien de réseaux alimentaires sains et fonctionnels. Cette fonction fondamentale est ce qui maintient en ordre l’équilibre délicat entre le prédateur, le poisson herbivore et les récifs coralliens sains et dynamiques.
Dean West et Nathan Sawaya

L’ours polaire
Comment parler des espèces menacées sans parler de l’ours polaire ? L’espèce voit son habitat naturel diminuer d’années en années. Conséquence directe du réchauffement climatique, la glace de mer de l’océan Arctique, dont dépend l’ours polaire, fond de jour en jour. En 2040, cette glace disparue, qu’en sera-t-il des ours polaires ? D’ici 2050, l’U.S. Geological Survey estime que les deux tiers des ours polaires auront disparus de la planète.

Le tigre de Malaisie
Autre écosystème, autre espèce, mais toujours la même menace. Le tigre voit son nombre d’individus à l’état sauvage décliner de manière catastrophique. Si au début des années 1900, le nombre de tigres vivants à l’état sauvage était estimé à environ 100 000, il n’en reste aujourd’hui plus que 3890. Et la tendance est toujours à la baisse. Trois des neufs sous-espèces connues sont déjà totalement éteintes. Le tigre de Malaisie, quant à lui, figure sur la liste rouge de l’UICN des espèces en danger critique d’extinction, avec seulement 80 à 120 tigres estimés dans leur état naturel, ayant le potentiel de se reproduire.

À l’origine de ces menaces, l’Homme et son impact sur les écosystèmes, sur les habitats naturels des espèces. Avec PERNiCiEM, les deux artistes mettent leur art au service de leurs engagements et tournent leur regard vers l’environnement et ses espèces les plus menacées.
Dean West : Site – Instagram – Facebook – Twitter – Behance
Nathan Sawaya : Site – Instagram – Twitter
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Les autoportraits de Chiara Mazzocchi, entre conscience et spiritualité
Chiara Mazzocchi est une artiste et chercheuse spirituelle italienne. Photographe, réalisatrice, performeuse, guérisseuse, inventeur de la technique « prano-fotografia ». L’artiste et chercheuse spirituelle commence la photographie dès le plus jeune âge. Déjà à treize ans, elle imprimait ses premières photos en argentique. Depuis, elle n’a cessé de se spécialiser dans l’image. Elle réalise principalement des autoportraits photographiques et vidéo, mis en scène de manière onirique et spirituelle. Entre transcendance et éveil, les images de Chiara apparaissent comme une auto-thérapie, basée sur la condition d’écouter «l’état de présence». Par la maîtrise des outils de retouche et des compositions fascinantes, Chiara nous accueille dans un univers poétique qui n’appartient qu’à elle.

Des autoportraits transcendants
À travers ses autoportraits, Chiara explore et célèbre l’énergie créatrice et émotionnelle, qui lui permet de rendre visible l’invisible.

Je me concentre sur l’éveil de la conscience à travers la photographie, l’art vidéo, l’art de la performance. Quand je me capture avec mon appareil photo, je ne me vois pas, je me perçois comme un flux d’énergie… un canal, avec l’espace autour. Le sujet n’est pas moi mais la relation authentique avec l’espace et avec l’âme du monde. Ma recherche n’est pas la représentation mais c’est un « état de présence », dans lequel mon esprit cesse d’avoir du pouvoir.
Mon intention est de stimuler l’humanité à approcher l’éveil intérieur et l’exploration des énergies à travers les fréquences et les vibrations de la nature. C’est un chemin qui va au-delà de la technique photographique et au-delà de l’œil physique. Il ne peut être ni analysé ni identifié, car « l’état de présence » est un état qui ne peut être saisi avec l’esprit ou compris. J’essaie de donner forme à ce que la manipulation socio-culturelle (communément appelée « éducation ») a rendu méconnaissable : l’être humain.
Chiara Mazzocchi

Des mises en scène oniriques
Ces autoportraits s’inscrivent dans différentes mises en scène, chacune avec une ambiance, un message qui leur sont propres. Chiara y explore notamment les notions de sacré et de divin; de cosmique et de sens de la vie mais également des questions sociales plus concrètes. La nature est également un sujet récurrent dans l’univers artistique de Chiara. Ecologia Profonda mène par exemple à trouver le sacré dans la nature; le corps et l’esprit étant en parfaite harmonie avec elle. Avec Unione Erotica, c’est la relation entre le vivant et le mourant qu’explore la photographe.

Les mourants et les vivants ne font qu’un dans l’autre… Le mourant représente l’inspiration, le potentiel. Avoir peur de mourir, c’est avoir peur du sacré. L’union du mourant et du vivant est une conjonction érotique, c’est-à-dire une énergie créatrice.
Chiara Mazzocchi
Je m’ouvre en accord et en résonance avec le ciel et la terre,
devenir un canal unique, un tube transparent de lumière en accord avec le ciel et la terre
pour réaliser le front commun de la victoire de la lumière sur les ténèbres, de la vérité et de la justice directe.
L’homme n’est libre que lorsqu’il peut vibrer en harmonie avec l’Esprit cosmique.
Chiara Mazzocchi

Une introspection partagée
Les oeuvres conceptuelles de Chiara permettent une introspection tant à l’artiste qu’à celui qui regarde. Sa maîtrise de la mise en scène, de la composition et de la réalisation nous plonge dans son univers artistique si particulier. Reflétant des questions sociales impliquant l’individu, telles la conscience humaine, l’insécurité de l’existence, les luttes universelles contemporaines, chacun s’y voit également touché dans sa propre existence et conscience de soi.
Chiara Mazzocchi : Site – Instagram – Facebook – Vimeo
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Agenda Photo Avril 2022
Que réserve le mois d’Avril 2022 aux passionnés de photographie ? Ce mois-ci, trouvez la sortie culturelle qui vous laissera sans voix. Comme tous les mois, nous avons rassemblé dans notre Agenda Photo quelques-unes des expositions d’exceptions qui prennent place près de chez vous. Une exposition de Sebastião Salgado dans un lieu unique, une rétrospective consacrée à Yann Arthus-Bertrand, une exposition sur les photographes de guerre et leurs images, et encore bien d’autres à découvrir ! Vous n’avez plus qu’à choisir et vous laissez porter par vos envies et votre curiosité…

Expositions Photo
De quelques minutes à quelques heures, une exposition est un précieux moment pour soi. Émotions, émerveillement, interrogations… Entrez dans l’univers de l’artiste et laissez-vous emporter par son regard.
Aqua Mater par Sebastião Salgado
À partir du 1er avril 2022, le parvis de Paris la Défense accueille Aqua Mater, l’exposition sur la thématique de l’eau du photographe Sebastião Salgado. L’exposition prendra place dans un impressionnant pavillon imaginé par l’architecte Simon Velez, structure naturelle unique en Guada d’Amazonie, un bambou géant. Aqua Mater vous offrira une expérience sensorielle et spirituelle, invitant au questionnement et à la sensibilisation aux enjeux environnementaux d’aujourd’hui et de demain, le tout dans un cadre privilégié de la capitale.
LEGACY, une vie de photographe-réalisateur – Yann Arthus-Bertrand
La Cité Musicale de Metz expose Yann Arthus-Bertrand du 8 mars au 22 mai 2022. LEGACY, une vie de photographe-réalisateur propose une lecture thématique des premières photographies du photographe. Découvrez la rétrospective d’un homme engagé pour la Planète, pour les animaux, et pour l’Homme.
Mathieu Pernot, La ruine de sa demeure
La Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris, accueille du 8 mars au 19 juin 2022 l’exposition Mathieu Pernot, La ruine de sa demeure. En partant de l’album de voyage de son grand-père, réalisé en 1926, le photographe explore la grande histoire à travers sa propre histoire. Son itinéraire va débuter à Beyrouth, où sa famille paternelle a vécu jusqu’en 1958. À la fois témoin de scènes de désolation comme de la splendeur naturelle des lieux, Mathieu voyage du Liban à l’Irak. Découvrez une cinquantaine de tirages de Mathieu Pernot; accompagnés de l’album de son grand-père ainsi que de photographies d’archives familiales ou retrouvées dans des décombres de Mossoul.
Femmes photographes de guerre
Du 8 mars au 31 décembre 2022, le Musée de la Libération de Paris expose les œuvres de huit femmes photographes de guerre. Vous découvrirez 80 photographies de ces artistes ayant couvert les guerres de ces 80 dernières années. Cette exposition vous dévoilera les images de Lee Miller, Gerda Taro, Catherine Leroy, Christine Spengler, Françoise Demulder, Susan Meiselas, Carolyn Cole et Anja Niedringhaus.
Klein + L’Atelier
À Lyon, la galerie Le Réverbère expose l’œuvre de William Klein jusqu’au 30 juillet 2022. À l’occasion des 40 ans de la galerie, William Klein ; photographe phare de celle-ci qui collabore avec elle depuis 30 ans ; expose à nouveau entre ses murs. Seront exposées 94 photos pour fêter les 94 ans du photographe en avril 2022. L’occasion de saluer une nouvelle fois le travail du photographe. Vous retrouverez des tirages inédits mais également des icônes qui composent son œuvre ; minutieusement choisis avec son tireur et son assistante dans son atelier.
In the Beginning par The Anonymous Project
Du 25 mars au 14 mai 2022, la galerie Polka à Paris expose In the Beginning de The Anonymous Project. Conçue comme une métaphore de nos souvenirs visuels, l’exposition dévoilera des tirages, des compositions d’images ainsi que des installations lumineuses.
Love Songs – Photographies de l’intime
La Maison Européenne de la Photographie à Paris accueille du 30 mars au 21 août 2022 l’exposition collective Love Songs. Celle-ci vous dévoilera un nouveau regard sur l’histoire de la photographie à travers le prisme des relations amoureuses.
Ultra-violets de Thomas Mailaender
À Strasbourg, La Chambre accueille du 02 avril au 25 mai 2022 la collection personnelle de Thomas Mailaender. Le photographe est collectionneur depuis plus de dix ans de toutes sortes d’images récoltées à la fois sur les marchés aux puces et lors de ventes aux enchères. Thomas s’intéresse à la photo telle que pratiquée par « Monsieur Tout-le-monde ». À travers cette exposition, le photographe explore le médium photographique et questionne le statut même de l’image en la transférant sur des matériaux inattendus.
Les loyautés par Lise Dua
La Conserverie à Metz accueille du 5 mars au 4 juin Les loyautés, une exposition de Lise Dua. C’est à partir d’albums de famille que Lise explore et interroge les gestes qui nous lient, qui nous rassemblent et qui caractérisent le corps familial. Lise Dua voit ces gestes se répéter d’un album à l’autre et d’une génération à l’autre.
Tout un monde lointain – Dominique Marchand
La dernière série photographique de Dominique Marchand sera exposée à l’Espace 18 à Nantes du samedi 2 avril au vendredi 29 avril 2022. À travers cette série, le photographe recherche des traces du futur, que ce soit sur des sites urbains ou aux confins de son imaginaire.
Photographies en guerre
Du mercredi 6 avril au dimanche 24 juillet 2022, le Musée de l’Armée à Invalides consacre une exposition aux photographes de guerre. Vous découvrirez qui sont les photographes à l’origine de ces images devenues, pour certaines, icônes mondiales. Photographes professionnels et amateurs confrontent leurs regards dans cette première exposition consacrée à la représentation du conflit par la photographie, organisée par le Musée de l’Armée et qui réunit plus de 300 images.
Paris – “Notre-Dame”
À Paris, la Fisheye Gallery expose sur l’un des événements les plus marquants de la capitale ces dernières années. Vous y découvrirez les images déchirantes de la cathédrale Notre-Dame prise par les flammes; mais également des clichés centenaires de celle-ci, la montrant sous de nombreux points de vue. Ce dialogue, entre un témoignage historique et une vision contemporaine, est à voir du 20 avril au 7 mai 2022.
Concours Photo
La photographie c’est avant tout une passion et un plaisir personnel. Mais c’est aussi le moyen de se mesurer aux autres et de se challenger !
Concours Photo ND Awards

Vous avez jusqu’au 24 avril 2022 pour participer au concours photo international ND Awards. Ouvert aux photographes professionnels comme aux amateurs, ce concours vise à promouvoir la photographie et les photographes à travers le monde entier. Les candidats peuvent se mesurer aux autres sur des catégories très variées.
Concours Photo GRAVITY

Le concours photo Gravity est organisé en parallèle du Festival Gravity, qui se déroulera les 14 et 15 mai 2022 à la Fondation GoodPlanet de Yann Arthus-Bertrand dans le Bois de Boulogne à Paris. Le concours est ouvert aux professionnels comme aux amateurs. Le thème de cette nouvelle édition est « La beauté de la nature » au sens large. Vous avez jusqu’au 17 avril 2022 à minuit pour présenter un maximum de 3 photographies.
Prix Caritas Photo Sociale

Chaque année, le Prix Caritas Photo Sociale soutient les photographes professionnels qui s’investissent sur les questions de la pauvreté et de l’exclusion en France. La personne lauréate se voit décerner une dotation de 4 000 €, une exposition itinérante et un livre. Le jury est composé de personnalités reconnues pour leur expertise dans le milieu de la photographie ou sur les questions abordées. Il sera cette année présidé par Mathieu Pernot, figure importante de la photographie sociale française. Les photographes professionnels devront présenter une série photo complète et ce, jusqu’au 17 avril 2022 à minuit.
La photo dans le cinéma
Un film biographique, une intrigue autour de la photo, un personnage toujours accompagné d’un appareil photo… La photographie se retrouve également dans le 7ème art.
Instants éternels de Jan Troell
Sorti en 2008 et réalisé par Jan Troell, Instants éternels est inspiré d’une histoire vraie. Le film raconte l’histoire de Marie Larsson, une mère de famille suédoise qui tente d’élever ses filles malgré un mari alcoolique et violent. Mais sa vie bascule lorsqu’elle gagne un appareil photo lors d’une tombola.
Camille de Boris Lojkine
Sorti en 2019, le film de Boris Lojkine, Camille, est centré sur la vie de la photo-reporter Camille Lepage, décédée en République Centrafricaine en 2014 lors de la guerre civile. Passionnée dès l’adolescence par la photographie, Camille part très jeune couvrir des conflits qu’elle estime trop peu médiatisés.
Avril est le premier mois du printemps, mais avec tout ça, c’est aussi le mois parfait pour les amoureux de photo !
Ce que vous pouvez encore voir de nos agendas précédents
Le temps vous a manqué ces dernières semaines et vous n’avez pas pu faire cette exposition que vous vouliez tant voir ? Elle est peut-être toujours en cours…
- Le Monde de Steve McCurry au Musée Maillol
- Angst de Soham Gupta à la Maison Doisneau
- Gaston Paris au Centre Pompidou
- MIRKINE par Mirkine : photographes de cinéma au Musée Masséna
- Erik Johansson, Les idées viennent la nuit à L’Institut suédois
- Trésors photographiques retrouvés en Afrique Orientale italienne à L’espace Reine de Saba
- L’exposition Heliotropo 37 consacrée aux œuvres de Graciela Iturbide à la Fondation Cartier
- Art in Mouvement par Mathieu Forget à Bercy Village
- Communes de Raymond Depardon au Pavillon Populaire à Montpellier
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L’enfance reconstituée de Richard Tuschman
Richard Tuschman est un photographe américain originaire du Midwest, vivant actuellement à New York. Sa créativité s’est d’abord exprimée à travers le dessin et la peinture avant qu’il n’intègre le monde de la photographie. Par conséquent, l’univers artistique du photographe est marqué par des esthétiques picturales mais également cinématographiques par certains aspects visuels. Sa première série Hopper Meditations, en hommage au peintre Edward Hopper, lui vaut plusieurs expositions, publications et récompenses. Par la suite, il réalise My Childhood Reassembled. Pour cette série, il a souhaité reconstituer une partie de son enfance, se basant sur ses albums de famille et ses propres souvenirs. Fascinantes à la fois artistiquement que techniquement; les images prennent vie dans la maison de son enfance et nous plongent dans le foyer d’une famille américaine de classe moyenne des années 1960.

Le parcours de Richard Tuschman, entre peinture et photographie
Richard grandi dans une famille appartenant à la classe moyenne américaine. Il découvre très jeune le dessin et la peinture puis la photographie. L’art prend ainsi totalement part à sa vie, d’autant plus lorsqu’il intègre une école d’art dans les années 1970. Il y étudie la gravure et la peinture et y fait beaucoup de photogravure et de photolithographie. La photographie fait partie de son travail par le biais de la photogravure ou du collage. Ce n’est cependant qu’avec l’arrivée de Photoshop, dans les années 1990, qu’il se tourne véritablement vers la photographie, n’étant pas à l’aise avec la traditionnelle chambre noire. Après ses études, il réalise une satisfaisante carrière de photo-illustrateur numérique. Par la suite, il commence à sérieusement photographier des modèles vivants, pour des commandes de couvertures de livres. Cette expérience l’a incité à apprendre davantage sur le métier de photographe, particulièrement sur l’éclairage et la narration. Aujourd’hui, la majeure partie de son temps est consacrée à la photographie d’art.

Enfant, j’adorais regarder les vieux albums de photos de famille et être transporté dans une autre époque et un autre lieu. J’aimais aussi le fait qu’il s’agissait de souvenirs et de relations réelles. J’ai donc reconnu très tôt le pouvoir émotionnel de la photographie. – Richard Tuschman
À la fois fascinés et intrigués par la réalisation de la série My childhood reassembled ; nous sommes allés à la rencontre de Richard Tuschman pour en apprendre davantage.

Comment vous est venue l’idée de cette série ?
Comme beaucoup de photographes contemporains, je travaille par séries. Au cours des douze dernières années environ, chacune de mes séries est devenue plus personnelle. Mes deux parents sont décédés, mais je suis très proche de mes deux frères et sœurs. Nos conversations tournent souvent autour d’événements et de souvenirs de notre enfance. Je ne peux exprimer à quel point il est important pour moi de partager ce passé avec des personnes que j’aime profondément. Il m’a donc semblé très naturel de revisiter cette période dans mon travail artistique. D’une certaine manière, je pense que j’ai créé cette série POUR mon frère et ma sœur.

Comment avez-vous réussi à recréer la maison de votre enfance ?
Le décor est un diorama de la taille d’une maison de poupée. Il m’a fallu près de cinq ans pour fabriquer la structure, les meubles et les accessoires. Pour que les images soient authentiques sur le plan émotionnel, je voulais reproduire, en miniature, chaque détail le plus fidèlement possible. Cela incluait, par exemple, la marque et le modèle de notre réfrigérateur, de notre télévision et de notre tourne-disque, les lampes de table, le téléphone et tous les meubles, jusqu’aux boiseries des chaises de la cuisine et le motif exact du rembourrage des meubles du salon.

Lorsque j’ai commencé le projet, j’ai parcouru les albums de photos de ma mère pour trouver toutes les photos de cette maison que j’ai pu trouver. J’en ai trouvé environ vingt-cinq au total, mais la plupart avaient été prises à l’extérieur, et seulement quelques-unes à l’intérieur. Il y en avait quelques-unes prises dans le salon, deux ou trois dans la salle à manger, mais aucune de la cuisine. J’ai donc dû recréer beaucoup de choses de mémoire, mais heureusement, j’ai une assez bonne mémoire.

Techniquement, comment prenez-vous vos photos ? Quelles sont les étapes du processus de travail pour arriver à ce résultat final ?
Tout d’abord, je conçois et construis les décors du diorama, et je réalise quelques concepts de storyboard. Ensuite, j’éclaire et je photographie les dioramas avec de petits mannequins en bois qui remplacent les modèles vivants. Ces images deviennent à la fois mes storyboards définitifs et les arrière-plans des photographies finales. J’éclaire et je photographie ensuite les modèles vivants sur une toile de fond unie afin que l’éclairage corresponde à celui des dioramas.

Enfin, je combine les images des modèles vivants avec les dioramas dans Photoshop, où j’ai parfois renforcé les qualités picturales en post-production, bien que je m’efforce de faire tout ce que je peux dans la caméra. Cette façon de travailler me permet de contrôler les éléments du décor, de l’éclairage et de la composition. Tous ces aspects sont fortement inspirés par le théâtre et le cinéma, ainsi que par la peinture. Si je m’efforce de rendre les décors miniatures aussi convaincants que possible, ils s’écartent juste assez de la réalité pour renforcer l’ambiance théâtrale, légèrement surréaliste.


Richard Tuschman : Site – Instagram
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Les fantastiques autoportraits colorés et décalés de Joost Rutten
Photographe néerlandais âgé de seulement 17 ans, Joost Rutten a déjà son propre univers artistique. Colorées et décalées, ses photographies nous font voir des lieux à priori sans grand intérêt avec un regard nouveau. S’amusant avec sa propre représentation, toutes les images qu’il crée sont des autoportraits parfaitement réalisés. Joost y lie une composition réfléchie ainsi qu’une maîtrise du traitement post-production; rendant ainsi le résultat final très créatif et visuellement captivant.

Le jeune photographe a commencé la photographie il y a tout juste un an, lorsqu’il a eu son premier appareil photo. Il était toutefois familier avec le monde l’image, puisqu’il montait des vidéos depuis un certain temps. Le choix de la photographie s’est présenté à lui comme l’opportunité d’exprimer davantage sa créativité, avec plus de liberté. En février 2022, il a ainsi publié son premier ensemble cohérent d’œuvres. « Nothing is Supposed to Make Sense » est composé de 50 images réalisées sur une période de six mois.
Depuis que j’ai mon appareil photo, je suis tombé amoureux de ce médium et j’ai pris des photos tous les jours.
- Joost Rutten

Une inspiration musicale
En observant les photographies de Joost, à la signature artistique bien marquée, nous nous sommes demandé d’où l’inspiration lui venait. Bien que s’inspirant beaucoup d’autres artistes, qu’il croise notamment sur les réseaux sociaux, c’est la musique qui l'nfluence le plus.

J’écoute presque toujours de la musique lorsque je photographie, cela affecte ma façon de photographier. J’ai remarqué que lorsque je découvre un nouvel artiste et que je commence à l’écouter pendant mon processus créatif, mon style change. Lorsque j’écoute de la musique, je suis complètement déconnecté de mon environnement. Je peux alors mieux me concentrer sur ce que je crée. La musique que j’écoute varie beaucoup, de groupes comme Pixies à Kanye West en passant par les Strokes.
- Joost Rutten

Univers décalé et maîtrise de Photoshop
Toutes les présences humaines sur les images sont des autoportraits, réalisés à l’aide d’un minuteur. Les endroits où prennent place les créations de Joost sont trouvés par lui-même au gré de ses promenades. Au premier regard, ces lieux semblent plutôt ennuyeux et dénués d’intérêt. Mais lorsque Joost se les approprie et s’y met en scène, l’atmosphère change immédiatement. Le post-traitement, grâce à sa maîtrise de Photoshop, permet à Joost de recréer parfaitement l’idée qu’il a en tête et de façonner le lieu comme il l’imagine.
Presque toutes mes images sont des photos multiples composées ensemble pour créer l’idée exacte que j’avais en tête. Les couleurs, les objets et les personnages sont toujours fortement manipulés dans Photoshop. L’édition est l’une des parties les plus importantes de mon flux de travail.
- Joost Rutten

Laisser place à la réflexion du spectateur
Joost n’a pas vocation de transmettre des messages ou des sentiments particulier à travers ses photos. Il souhaite plutôt laisser le spectateur à sa propre réflexion.
Lorsque les images ont une histoire personnelle derrière elles, je n’en parle pas car j’aime que le spectateur puisse voir ce qu’il veut dans l’image. D’une manière générale, mon travail est destiné à dérouter le spectateur et à le laisser réfléchir.
- Joost Rutten

Une photo particulière
Parmi ses images, nous avons demandé s’il y en avait une qui lui tenait particulièrement à coeur, et s’il pouvait nous en dévoiler la raison.
Ma pièce « Missing Pieces » est spéciale pour moi car elle marque le début de ce style que j’ai développé au cours de l’année dernière et parce qu’elle visualise un sentiment que je ne pouvais pas vraiment expliquer avec des mots. Lorsque j’ai réalisé cette image, j’étais confus et frustré par moi-même et j’avais besoin de l’exprimer d’une certaine manière. J’ai eu l’idée de cette image, et quand j’ai eu fini de la créer, j’ai réalisé que c’était le type de travail que je voulais faire. Je pense toujours que c’est l’une de mes meilleures images. Conceptuellement parlant, c’est certainement l’une de mes préférées.
- Joost Rutten




Joost Rutten : Site – Instagram – Twitter
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La beauté sans âge saisie par le photographe Réhahn
Voyageur passionné, Réhahn a visité d’innombrables pays. Né à Bayeux en Normandie, c’est aujourd’hui à Hoi An, au Vietnam, qu’il habite. Tombé sous le charme du pays et de sa culture, il se rend au Vietnam pour la première fois en 2007, dans le cadre d’une mission humanitaire avec l’association Les Enfants du Vietnam. C’est par la suite sa rencontre avec Madam Xong, capitaine d’un petit bateau touristique, qui va changer le cours de sa vie. Il va en effet photographier cette femme, dont le portrait « Hidden Smile » va devenir l’une des images emblématiques du photographe. Bien qu’il soit probablement son portrait le plus connu, c’est avant tout un tournant dans sa vie et sa carrière, ainsi que le début d’une amitié sincère entre la femme septuagénaire et Réhahn. Le photographe dépasse les frontières tant géographiques que culturelles et place son regard et son objectif au service de la beauté éternelle.

Madam Xong est notamment la muse du photographe pour sa série Ageless Beauty (La beauté n’a pas d’âge). Cette série met à l’honneur les marques du temps sur les femmes et les hommes posant face à l’objectif. Opposée aux standards de beauté majoritairement mis en avant dans notre société, cette série célèbre la vie, le temps, l’âge et ses signes. Débordants de sincérité, de joie et d’histoire, ces portraits nous transportent dans un monde où la beauté est partout, en chaque personne, en chaque détail, en chaque marque laissée par le temps.
LE PROJET PRECIOUS HERITAGE
Depuis plus de 10 ans, Réhahn porte le Projet Precious Heritage basé sur les 54 groupes ethniques du Vietnam. En partant à la rencontre de ces tribus vivant dans le pays, le photographe présente un recensement du patrimoine culturel, de l’artisanat et des histoires de chacune. Réhahn atteint son objectif en 2019, en rencontrant les Chut. Le projet a rapidement dépassé le statut de projet personnel. Au fur et à mesure de ses rencontres avec les tribus, les chefs des communautés remettaient à Réhahn des objets ainsi que des costumes traditionnels. C’est alors que le Musée Precious Heritage ouvrit ses portes à Hoi An en 2016. Joignant photographies, costumes, musiques et contes, le Musée honore l’histoire de toutes les tribus que le photographe a rencontrées.

Nous sommes partis à la rencontre de Réhahn, afin de lui poser nos questions sur cette série particulièrement touchante, et sur ce qui l’a poussé à la réaliser.
Diriez-vous qu’il y a un moment précis au cours duquel vous avez su que vous consacriez votre vie à la photographie et la rencontre avec le Monde ?
Je pense que mon voyage au Pérou – Bolivie a été un déclencheur pour la photo mais le Vietnam a confirmé mon envie de voyager et de capturer ce que je voyais. Je suis venu au Vietnam pour rencontrer une famille que je parrainais et je suis littéralement tombé sous le charme des Vietnamiens et du style de vie ici. Quand j’ai décidé d’y emménager en 2011, j’ai su que je ne ferai plus que cela.

Comment vous est venue l’envie de réaliser cette série ? Que signifie-t-elle pour vous ?
La série Ageless Beauty (La beauté n’a pas d’âge) m’a été inspirée par Madam Xong (la fameuse mamie sur la couverture de mon premier livre). Je peux dire qu’elle est ma muse depuis le début. J’ai été émerveillé par la joie de vivre et la résilience des femmes notamment. Malgré l’âge et la pauvreté, elles ont gardé un sourire d’enfant. Je me suis dit que j’avais envie de vieillir ici en espérant être imprégné de leur joie de vivre. Je peux dire que pour l’instant cela me réussi.

Est-ce la photo qui permet la rencontre ou la rencontre qui permet la photo ?
J’ai toujours préféré la rencontre et les gens à la photographie. La photo est un prétexte pour découvrir des cultures et se faire des nouveaux amis. Je ne conçois pas voler des photos sans savoir qui est la personne. Parfois, je passe plusieurs heures avec la personne avant de la photographier. Je crois que l’interaction est le secret d’un portrait réussi. Je garde contact avec beaucoup de ces personnes, je passe parfois boire du thé avec elles. Si je vends leurs photos, je les soutiens financièrement. Il y a des gens que je vois depuis plus de 10 ans. J’ai vu des enfants grandir et des petites mamies nous quitter malheureusement. C’est une grande famille.

Avant de réaliser le portrait, y a-t-il un certain moment de préparation ? Ou conservez-vous le maximum de naturel en réalisant des portraits sur l’instant présent, sans pose ni préparation particulière ?
Chaque portrait est différent, mais en général, j’essaye de les faire rire avec mon Vietnamien approximatif. Heureusement, j’ai une amie qui m’accompagne pour traduire. Je veux que les gens se sentent à l’aise et capturer ce qu’ils sont vraiment.

Comment choisissez-vous les personnes que vous photographiez ? Y-a-t-il un détail (physique ou gestuel), une histoire, une rencontre en amont, un regard, à l’origine de la prise de contact ?
C’est une question de feeling. Je suis attiré par les gens qui sourient et au Vietnam, cela ne manque pas. Leur tenue si c’est une ethnie, la barbe si c’est un homme, les yeux, les rides… sont des paramètres que je prends en compte. Il y a des gens qui sont vraiment photogéniques. Leur histoire est la touche finale. J’aime qu’une photo montre une émotion et non une pose du type studio.

S’il devait y avoir un peuple, une tribu que vous n’avez pas encore photographiée mais que vous aimeriez beaucoup rencontrer et photographier, ce serait le/laquelle et pour quelles raisons ?
En 10 ans, j’ai rencontré toutes les ethnies du Vietnam mais il y en a que j’aimerai revoir encore et encore; comme les Co Tu ou les Dao qui confectionnent et portent encore le costume traditionnel. J’ai lié beaucoup d’amitiés dans ces villages. Il m’arrive d’y rester des journées entières. Ils sont souvent en pleine nature et ça me coupe du monde moderne.

Y a-t-il une photo, parmi cette série, qui vous a particulièrement marquée ? Par une rencontre, une anecdote, un imprévu ?
Je pense qu’il y a beaucoup de rencontres qui ont changé ma vie et ma vision du monde. Mais celle qui me vient à l’esprit reste Madam Xong qui illustre parfaitement la série Hidden Smile (sourires cachés). Nous sommes nés le même jour et tous les ans nous fêtons notre anniversaire ensemble le 4 Mai. Elle vit à Hoi An donc c’est facile.



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Ces films qui parlent de photographie
S’inspirant régulièrement l’un de l’autre, photographie et cinéma ont toujours eu une relation particulière. Nombreux sont les réalisateurs du 7ème art qui puisent leur inspiration dans l’univers de la photographie. Voici une sélection de 10 films qui parlent de photos, sortis ces dernières années. Pour encore plus de suggestions, consultez notre Top 30.
Life – 2015
Réalisé par Anton Corbijn

Dennis Stock (interprété par Robert Pattinson) est un photographe de Life Magazine faisant un reportage sur James Dean, en 1955, à la veille de la sortie d’À l’est d’Éden. James Dean était un acteur américain, né le 8 février 1931 et mort le 30 septembre 1955, alors âgé seulement de 24 ans, victime d’un accident de voiture. Cet arrêt soudain, à l’aube de sa gloire, contribue au mythe et à son entrée au panthéon du cinéma américain. Il fut notamment nommé deux fois à l’Oscar du meilleur acteur à titre posthume.
Découvrez la bande-annonce du film.
Camille – 2019
Réalisé par Boris Lojkine

Camille est une fiction réalisée d’après la vie de Camille Lepage, photo-reporter durant la guerre civile de République centrafricaine de 2013-2014 durant laquelle elle fut tuée. En 2013, la République centrafricaine est ravagée par la guerre civile. La jeune photo-reporter Camille va y concilier ses deux passions pour l’Afrique et la photographie. Cependant, le chaos qui règne dans le pays va vite la rattraper.
Découvrez la bande-annonce du film.
Normandie Nue – 2018
Réalisé par Philippe Le Guay

Petit village normand où la crise agricole touche gravement les éleveurs, à bout de force et ruinés. Une manifestation s’organise et un barrage routier est mis en place. Blake Newman, photographe américain spécialisé dans le nu, se voit bloqué par les manifestants. La rencontre entre le photographe et le maire du village (François Cluzet) va faire naître une collaboration surprenante. En effet, le maire propose au photographe de faire poser nus les gens du village. Querelles familiales ancestrales et pudeur généralisée seront au rendez-vous dans cette comédie dramatique.
Découvrez la bande-annonce du film.
La Caméra de Claire – 2017
Réalisé par Hong Sang-soo

Présenté en séance spéciale au Festival de Cannes 2017, La Caméra de Claire c’est la rencontre entre deux femmes lors de ce même festival. L’une s’appelle Manhee, renvoyée de son travail par sa patronne, productrice de cinéma et maîtresse d’une cinéaste coréen alcoolique, l’autre s’appelle Claire, photographe française. Claire en vient à photographier Manhee et lui confie que les gens changent une fois qu’ils sont pris en photo par elle.
Découvrez la bande-annonce du film.
Le Secret de la Chambre Noire – 2017 (Daguerreotype)
Réalisé par Kiyoshi Kurosawa

Tahar Rahim interprète Jean, un trentenaire devenu assistant photographe de Stéphane, photographe professionnel. Ce dernier est propriétaire d’une riche maison dans un petit ville proche de Paris, avec sa fille et son ancien assistant. Jean devra faire face à des épreuves dans un monde où les frontières entre réalité et au-delà sont inexistantes.
Découvrez la bande-annonce du film.
Tracks – 2016
Réalisé par John Curran

Inspiré de faits réels, l’histoire se passe en 1975. Robyn Davidson (Mia Wasikowska) est une jeune femme en quête de sens dans sa vie. Elle quitte tout pour traverser le désert australien sur 2700 km, accompagnée de son chien et de quatre chameaux imprévisibles. Son périple sera rythmé par des rencontres qui lui permettront de découvrir sa force intérieure. Sa solitude sera troublée par Rick Smolan (Adam Driver), un photographe du National Geographic qui couvre son expédition.
Découvrez la bande-annonce du film.
L’Amour des Hommes – 2017
Réalisé par Mehdi Ben Attia

Après la mort de son mari tué dans un accident, Amel se lance dans la photographie. Elle décide de photographier des hommes inconnus croisés dans la rue, parfois dans un style érotique. Le film montre le parcours d’une jeune femme tunisienne aux aspirations artistiques qui tente de s’imposer et de trouver sa place.
Découvrez la bande-annonce du film.
Le Photographe – 2020 (Photograph)
Réalisé par Ritesh Batra

À Mumbai, en Inde, Rafi est photographe ambulant pour les touristes. Il photographie un jour une jeune fille, qui part sans payer, le photographe étant occupé. Poussé par la pression sociale et le chantage de sa grand-mère, Rafi, trentenaire toujours pas marié, va s’inventer une relation avec la jeune fille afin de rassurer ses proches. Ne voulant pas avouer son mensonge, Rafi retrouve la jeune fille, qui est issue d’une famille très aisée souhaitant un bon parti pour elle. Tous deux vont jouer le jeu pour sauver les apparences. Cependant, les deux faux amoureux vont peu à peu finir par s’apprécier…
Découvrez la bande-annonce du film.
Vers la Bataille – 2021 (Towards the Battle)
Réalisé par Aurélien Vernhes-Lermusiaux

Mexique, au milieu du XIXè siècle. Louis est un photographe français. Il convainc un général de l’armée française de l’envoyer à l’étranger pour photographier les combats. Une fois sur place, tout ne se passe pas comme prévu. Il se perd, la fatigue le gagne et il a de plus en plus de mal à se déplacer avec tout son matériel. Il rencontre Pinto, un paysan mexicain. Ce dernier va l’aider à le remettre en marche. Cependant, leurs destins vont se lier et vont devoir lutter ensemble contre les fantômes de leur passé.
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Il pleuvait des oiseaux – 2019
Réalisé par Louise Archambault

Trois ermites, Charlie, Tom et Boychuck vivent dans la forêt de l’Abitibi, isolés du reste du monde. Leur quiétude ne tarde pas à prendre fin. Tout d’abord l’un d’eux décède, Boychuck. Par la suite, une femme en reportage dans la région, au sujet d’un incendie de forêt ayant fait rage longtemps, cherche le défunt Boychuck pour obtenir son témoignage. Bientôt, une seconde femme arrive, internée à l’âge de 16 ans pour des motifs religieux, fuyant le centre psychiatrique. C’est une nouvelle vie qui s’ouvre à chacun des personnages.
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Turbulences, Ben Thouard photographie la légendaire vague de Teahupo’o
Bercé depuis le plus jeune âge au son des vagues de la Méditerranée, Ben Thouard est un photographe sous-marin. À travers ses images, Ben transmet sa passion pour le surf, la mer, la vague. Installé en Polynésie française après avoir décidé de changer de vie, il photographie aujourd’hui les plus impressionnantes vagues au monde. Son terrain de jeu favori, la légendaire vague de Teahupo’o, à la fois le paradis et l’enfer des amoureux du surf. À travers sa série Turbulences, Ben se confronte aux éléments. Loin de vouloir les maîtriser, il se plie à leur volonté, à leur puissance. Bien que figée, la vague paraît poursuivre son mouvement. Le photographe repousse sans cesse les limites, s’approche au plus près de la vague et devient le témoin privilégié d’un instant qui semble hors du temps.

Passionné d’océan et de photographie depuis toujours
L’océan fascine, l’océan attire, l’océan terrifie… Quoi que nous ressentions face à lui, il laisse peu de monde indifférent, et certainement pas Ben Thouard. Initié très tôt au surf par ses frères et emmené en mer par son père marin lorsqu’il n’était encore qu’un enfant; la mer a toujours fait partie de sa vie. En parallèle de cette passion, Ben découvrit l’art. D’abord par la peinture, il fut vite captivé par la photographie. Le premier appareil photo qu’il tient en main est un vieux boitier trouvé dans le grenier de ses parents. La passion est née.
Ce n’est qu’à l’adolescence que je découvre la photographie, lorsque je trouve par hasard un vieil appareil photo dans le grenier de mes parents. J’achète quelques pellicules, je shoot, j’échoue, je shoot encore… et je réalise que tout ce processus me fascine.
Ben Thouard

Il suit alors une formation dans une école de photographie à Paris. Durant ces premiers mois, il apprend tout ce qu’il peut apprendre, et plus encore. Mais il est vite rattrapé par son obsession pour le surf, pour l’océan, qui ne peut être compatible avec la vie parisienne. Il décide alors de quitter l’école de photographie avant la fin. Il s’envole en 2006 pour Hawaii, où sa vocation va se dessiner.

Coup de coeur pour Tahiti
Après cette expérience sur l’île d’Hawaii, Ben s’installe à Tahiti, où il fera la rencontre de la légendaire vague de Teahupo’o. Cette vague, bien connue des surfeurs qui la surnomment «la mâchoire», est particulièrement puissante et épaisse. Elle peut atteindre les 5 mètres de haut (parfois jusqu’à 10 mètres) et avoir près de 4 mètres de diamètre. Elle accueillera notamment les Jeux Olympiques 2024 de Paris. Ces caractéristiques font d’elle l’une des plus dangereuses vagues au monde. Teahupo’o signifie «montagne de crânes» en vieux tahitien… Explicite.
Je joue avec les limites, je me retrouve sous l’explosion de la vague, à quelques centimètres du récif.
Ben Thouard pour France Bleu

Ben Thouard a photographié cette vague sous tous les angles. Que ce soit au-dessus ou en-dessous de la surface de l’eau; le photographe ne fait aujourd’hui pratiquement plus qu’un avec la vague. Et pourtant, celle-ci a toujours de quoi offrir au regard, à l’objectif. Après une série qu’il nomme Surface, qui comme son nom l’indique montre la puissance de la vague au-dessus de l’eau, c’est cette fois avec Turbulences que le photographe prend comme sujet la vague Teahupo’o.

Turbulences
Cette fois, c’est principalement ce qui se passe sous la surface de l’eau qui est immortalisé par Ben. Même si des images de la partie au-dessus de l’eau sont également présentes puisqu’illustrant les turbulences de la surface.
En fait, sous cette vague de Teahupo’o, qui est une des vagues les plus puissantes au monde, il y a tout un spectacle, extraordinaire. Ces mouvements, on a vraiment une sorte d’explosion sous-marine quand la vague se brise, qui forme ces anneaux. Voilà, c’est des formes un petit peu surprenantes qu’on voit nulle part ailleurs et qui, moi en tout cas, m’ont fasciné. Et qui, je pense, intéressent pas mal de monde, même en dehors du milieu du surf, puisque c’est vraiment surprenant.
Ben Thouard pour France Bleu

Les silhouettes des surfeurs domptant la vague, les remous, les textures, les détails, la puissance… C’est un nouveau regard que le photographe pose sur Teahupo’o. Cette série photo a demandé beaucoup de préparation, à la fois techniquement et physiquement. Certaines images demandent des mois. Et lorsqu’on photographie l’une des vagues les plus puissantes du monde, en étant dans l’eau à la nage, armé seulement d’un appareil photo dans son caisson étanche, il y a de nombreux risques.
Ce qui est complexe avec ces photos de vagues, c’est qu’on ne les prend pas depuis la terre ferme. On est littéralement dans l’eau, dans les rouleaux. Composer avec un environnement en mouvement demande de très bien le connaitre, et surtout, il faut que je sois sûr que mon matériel va réagir vite et bien.
Ben Thouard pour Lense

Le goût du challenge
Techniquement, il faut beaucoup de connaissances, de maîtrise et le goût du challenge pour réaliser ces photographies. Lorsqu’on photographie sous la surface de l’eau, la lumière vient à manquer, la stabilité n’est pas au rendez-vous et l’imprévisible est de mise. Alors, quand on photographie sous la surface de l’impressionnante vague de Teahupo’o, c’est encore un challenge qui vient s’ajouter à la liste.

C’était à la fois un challenge physique, et un challenge technique également, puisqu’on se retrouve sous l’eau, il y a peu de lumière, il y a quelque chose qui est très rapide, qui est soudain, qu’on a du mal à prédire. Donc ça a été comme ça toute une sorte de challenges qu’il a fallu surmonter et qui est réuni dans ce livre «Turbulences».
Ben Thouard pour France Bleu

Le livre photo Turbulences, le second après Surfaces de Ben Thouard est sorti en 2021. Vous pouvez le retrouver sur son site internet.
Ben Thouard : Site – Facebook – Instagram
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La fragilité de la Nature par Ingrid Weyland
Ingrid Weyland est une photographe originaire de Buenos Aires, en Argentine. Elle puise son inspiration dans le lien qu’elle entretient avec la Nature qui l’entoure. Elle joue à merveille avec les textures et la composition, qui apportent originalité et puissance à ses images. À travers Topographies of Fragility, Ingrid explore la relation entre l’Homme et la Nature; et tout particulièrement l’impact violent du comportement du premier sur la seconde. Elle se sert de son art pour réaliser une métaphore sur la fragilité de la nature mais également sur la fragilité de l’humanité elle-même, directement liée à celle de l’environnement.

Un parcours guidé par l’art
Issue d’une famille de sculpteurs et d’architectes. Elle grandit dans une maison avec ses grands-parents, au milieu de crayons de couleur, de papier à dessin, de plans, d’encre et d’argile. L’art et la composition ont ainsi plus ou moins toujours fait partis de sa vie. Elle réalise des études en design graphique mais se tourne rapidement vers la photographie. Elle travaille ainsi au croisement de différents matériaux et mondes.
Je m’intéresse de plus en plus au concept de « photographie élargie », où la photographie fusionne avec d’autres domaines des arts visuels, comme le collage ou différents types d’interventions manuelles. J’ai réalisé que la photographie pure ne suffisait pas à traduire mes expériences et mes préoccupations. J’ai donc décidé d’essayer de nouveaux modes d’expression en manipulant les tirages. J’aime expérimenter et défier les limites de la photographie, ainsi que mes propres limites.
Ingrid Weyland

Sa série Topographies of Fragility explore la relation entre l’Homme et l’environnement; mais également la relation qu’entretient la photographe elle-même avec la Nature. La Nature a toujours fait partie de sa vie et de son travail, même lorsqu’elle réalisait davantage des portraits.
La nature est, et a toujours été, mon « endroit sûr ». Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de voyager du sud de l’Argentine à la calotte glaciaire du Groenland, à la recherche de paysages à l’ambiance et à la beauté particulières. Ce sont des paysages vierges, presque surréalistes, où l’immensité de la Terre se révèle. Je me suis retrouvée à tisser un lien intime avec cet environnement.
Ingrid Weyland
La naissance de Topographies of Fragility
Elle fut particulièrement fascinée par les paysages qu’offre l’Islande. Cette île lui paraît sortie d’un monde inconnu, magique. C’est au milieu de ces endroits majestueux qu’elle a pris conscience du changement sur l’environnement et les paysages, conséquences de l’Homme et son comportement. Cette série rend à la fois hommage à la beauté envoûtante des paysages naturels; mais également à leur fragilité, de plus en plus visible.
C’est à ce moment précis que j’ai réalisé que j’avais un besoin urgent d’inspirer le changement. J’ai senti que le simple fait de montrer de beaux paysages ne suffisait pas. Je voulais trouver un moyen de transmettre la beauté et la décadence en même temps. Je voulais que mon travail rappelle aux gens l’impact qu’ils ont et qu’ils s’arrêtent pour réfléchir à ce que nous risquons de perdre à cause du changement climatique.
Ingrid Weyland

La série d’Ingrid se caractérise par une méthode particulière qui en fait son originalité. En effet, la photographie contient une superposition de deux images d’un même paysage ; l’une en parfait état, l’autre froissée et positionnée sur la première. C’est fin 2019, en faisant du tri dans ses tirages ratés, qu’Ingrid froisse un de ses tirages et le jette à la poubelle. C’est alors que l’idée lui vint.
J’ai ressenti cela comme un sacrifice. Lorsque je me suis approchée et que j’ai regardé le papier froissé, il m’est apparu qu’il y avait un parallèle entre mon image froissée et la façon dont nous, les humains, traitons la nature comme si elle était jetable. Le mot « papier » a commencé à vibrer dans ma tête.
Ingrid Weyland

La réalisation des images
Le réel commencement de ce projet débuta lors d’un voyage au Groenland. La photographe admira alors les icebergs qui lui firent de nouveau penser, par leurs formes variées, à du papier froissé. De retour chez elle, le travail commença. Elle entreprit de remodeler les images de ses paysages afin d’en créer des différentes.
De la même manière, nous, les humains, modifions et endommageons notre environnement avec des conséquences parfois irréversibles.
Ingrid Weyland

Pour aboutir à ce résultat, Ingrid expérimente toujours plusieurs types d’agressions, de la plus minime à la plus violente. Puis c’est tout un processus, de l’agression de la feuille à la superposition des images jusqu’à la rephotographie de l’ensemble.
J’imprime mon image principale en fine art, puis j’en tire des copies sur différents types de papier et en utilisant différentes méthodes d’impression, car chaque papier réagit différemment. C’est étonnant de voir comment le papier résiste au début, il se défend, il ne veut pas être détruit, mais à la fin, il doit céder…
Ingrid Weyland

On dit qu’une feuille de papier froissée ne peut jamais retrouver sa forme initiale ; les lignes restent. De la même manière, la nature qui est envahie de manière irrespectueuse est à jamais brisée, et dans de nombreux cas irrécupérable.
Ingrid Weyland
Poursuivre cette série
Cette série est toujours en cours, et Ingrid aimerait pouvoir la poursuivre longtemps. Continuer d’apprendre et de comprendre le rôle de l’Homme sur son environnement et ce qu’il est possible de faire pour éviter l’irréparable.
Attirée depuis toujours par les territoires froids et glacés, elle aimerait se rendre dans des endroits tels que la Patagonie et le Groenland. Ces endroits du bout du monde la fascinent tout particulièrement.
J’ai toujours été attiré par les endroits froids et glacés. Je suis attiré par les paysages qui génèrent un sentiment de vide. Étrangement, ce vide me comble.
Ingrid Weyland

Les régions arctique et antarctique jouent un rôle clé dans l’avenir du changement climatique, car elles contribuent toutes deux à maintenir l’équilibre climatique de notre planète. J’espère pouvoir visiter l’Antarctique bientôt !
Ingrid Weyland

Une expérience émotionnelle
Lorsque j’arrive dans un nouvel endroit, je prends généralement un certain temps avant de commencer à photographier pour me connecter à l’environnement et me familiariser avec mon entourage. Lors d’un de mes voyages en Islande, qui est un endroit où l’on sent que même la magie est possible, j’étais seule. Je marchais dans une vallée verdoyante et le long d’une rivière aux eaux cristallines, et je me suis tenu au-dessus d’un petit rocher. J’ai commencé à prendre des photos. J’ai complètement perdu la notion du temps, je suis entré dans un état de transe, c’était une atmosphère de rêve, le monde autour de moi a disparu. Ce qui m’a semblé être quelques heures plus tard, je me suis soudainement et brusquement « réveillée ». Je ne sais pas ce qui m’est arrivé ou ce que j’ai fait pendant ce laps de temps. Je sais seulement que je n’avais jamais ressenti ce sentiment de calme, de bien-être et de communion avec la nature auparavant.



Ingrid Weyland : Instagram
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