photographie de gorille au congo © Shannon Hinson-Witz

Dans les yeux des gorilles du Virunga, par la photographe Shannon Hinson-Witz

Ce qui n’était au départ qu’un loisir et un moyen d’immortaliser des souvenirs de voyage est rapidement devenu une véritable passion. Bien qu’amatrice, la photographie occupe désormais une part très importante de la vie de Shannon Hinson-Witz, photographe animalière installée à Chicago. Depuis sa plus tendre enfance, l’artiste voue une fascination sans pareil au continent africain, à sa faune, sa flore et à ses habitants. Il n’est alors pas étonnant d’apprendre que Shannon s’y est rendue à de nombreuses reprises. Son dernier projet l’a amenée à plusieurs reprises dans le Parc National du Virunga – en République Démocratique du Congo – sur les traces des gorilles de montagnes – ou dos argentés -, une espèce rarissime en grand danger d’extinction. Accompagnée par les rangers du parc – héros du film documentaire Virunga que nous vous conseillons vivement -, Shannon nous plonge dans le regard et l’intimité de nos grands cousins éloignés.

Rencontre avec la photographe !

portrait de gorille par la photographe Shannon Hinson-Witz
© Shannon Hinson-Witz

Shannon, comment avez-vous commencé la photographie ?

J’ai eu mon premier appareil fin 2014, un Canon 70D, que j’ai acheté à l’occasion d’un voyage en Tanzanie. A chaque fois que je rentrais de voyage je voulais raconter les merveilles que j’avais vues, mais j’échouais misérablement à chaque fois. La photographie procure les images que mes mots ne peuvent transmettre.

Au départ il s’agissait juste d’un moyen de capturer des souvenirs à montrer à mes amis, un loisir en quelque sorte. Mais par la suite, c’est devenu bien plus. J’ai remarqué un intérêt sincère pour mes photos, aussi bien de la part d’amis que d’inconnus. Les gens voulaient en savoir plus sur les lieux et les animaux. C’était à la fois assez surprenant et inattendu.

C’est là que j’ai finalement pris conscience du potentiel que la photographie peut avoir sur les efforts de conservation de l’environnement et de la faune. Désormais, la photographie est bien plus qu’un loisir ! Ça a changé ma façon de penser et ma manière de voir le monde.

Il semble que vous avez beaucoup voyagé en Afrique, qu’est ce qui vous a mené plus particulièrement au Congo ?

Mes amis disent qu’un voyage en Afrique c’est l’expérience d’une vie… à moins que vous ne soyez moi et que cela devienne une expérience renouvelée trois fois par ans !
En grandissant, j’ai développé une passion pour deux choses : la nature et les voyages, particulièrement les voyages en Afrique. J’ai très tôt soupçonné que ma fascination pour ce continent était un effet secondaire de mon amour pour les animaux. J’ai alors commencé à lire chaque livre, chaque magazine, chaque article même, que je trouvais au sujet de l’Afrique et de sa vie sauvage, mais ce n’était toujours pas suffisant. Il fallait que j’aille voir cet endroit par moi-même.

En ce qui concerne le Congo, je pense qu’une part de moi a toujours été attirée par les zones de conflits et de changement. Je ne suis pas sûre de la raison. Peut-être est-ce parce que peu de personnes veulent voyager dans de tels endroits ? Ou peut-être est-ce plus simplement quelque chose comme l’envie de croire en une fin heureuse ? Quelque soient les raisons, c’est finalement les imageries de Mike “Nick” Nichols et Brent Stirton qui ont fini de me convaincre de faire ce long voyage au Congo pour visiter le Parc National du Virunga.

Mes expériences au Congo m’ont apprises bien plus sur moi même et la vie que ce que j’aurais pu imaginer ! Elles ont fait de moi une meilleure personne ainsi qu’une meilleure photographe. Je pense donc que ce qui m’y fait revenir à davantage à voir avec la véritable envie d’une fin heureuse pour un pays qui m’a tant donné.

photographie de gorille au congo © Shannon Hinson-Witz
© Shannon Hinson-Witz

Vous faites principalement de la photographie animalière, qu’est ce qui vous plait tant dans cette pratique ?

J’adore être dans la nature au milieu de la vie sauvage. C’est là que je suis la plus heureuse et où je suis complètement dans le moment. Les animaux, petits ou grands, m’émeuvent tout simplement… C’est un privilège d’être en leur compagnie.

La photographie animalière rime souvent avec inattendu. De manière générale, comment se déroulent vos séances ?

C’est une question intéressante. ! La définition de quelque chose de sauvage c’est justement qu’elle est incontrôlable, déchaînée, naturelle, désinhibée. Ce sont les mots que j’utiliserais pour décrire mes sessions de photo. Je veux que mes photos évoquent des émotions. Je veux qu’elles soient intimes et naturelles alors j’essaie simplement de me fondre dans le décor et de laisser les choses se produire.

Vous planifiez vos sorties ?

Je sais que je suis censée dire que je planifie tout et la planification est essentielle pour prendre la bonne photo. Mais je ne le fais pas car ça ne fonctionne pas pour moi. Ça ne veut pas dire que je n’étudie pas les comportements des animaux et que je n’apprends pas tout ce qu’il y a à savoir sur eux ; je le fais. Cette étape est primordiale ! Mais je ne me réveille pas en me disant « Ok, je veux photographier un lion pendant qu’il chasse ». Je fais le contraire. Je me réveille et je me dis : « C’est parti, allons trouver quelque chose d’intéressant avec une belle lumière ».

Il me semble que c’est justement le fait d’être capable de lâcher prise et de laisser faire la nature qui rend la photographie animalière si agréable. Je veux que les animaux soient en totale confiance et qu’ils en oublient ma présence afin de pouvoir révéler l’intimité de la nature aux yeux des gens.

photographie de gorille au congo par la photographe Shannon Hinson-Witz
© Shannon Hinson-Witz

Qu’est-ce qui était spécifique à photographier des gorilles  ?

Pour être tout à fait honnête c’était le challenge et l’idée même d’aller au Congo. Les gorilles des montagnes sont difficiles à photographier pour plein de raisons. La première d’entre elles, c’est qu’il n’en reste que 900 dans le monde, voir moins. Ils n’existent nulle part ailleurs qu’au Congo, au Rwanda et en Ouganda, pas même dans un zoo. Pour les photographier vous devez donc d’abord les trouver.

Pour moi, ça signifiait 22 heures d’avion depuis Chicago vers Kigali – la capitale du Rwanda voisin -, puis 5 heures de route afin de traverser la frontière à Goma où j’ai rencontré des gardes armés qui m’ont à leur tour conduit pendant près de 4h sur des routes faites de roches volcaniques et pleines d’énormes nids-de-poule. Après quelques heures de repos, les gardes me rejoignent à 7 heures du matin et nous conduisons encore 1 à 2 heures jusqu’à Bukima où les randonnées commencent.

Les treks peuvent durer entre 2 et 6 heures.

Il fait terriblement chaud, l’humidité est à 100% et je parcours une forêt très dense qui me fait penser à un rideau. Les Rangers dégagent le chemin à la machette alors que j’avance, mais les plantes et les feuilles semblent repousser avant que j’ai le temps de passer – parfois elles se fixent sur mes vêtements comme si quelque chose sortie tout droit d’un film d’horreur venait me tirer dans la forêt. Je grimpe sur d’énormes bûches, esquivant des trous, et pataugeant dans de l’urine d’éléphant. Parfois, la famille de gorilles que je suis en train de suivre est en mouvement, alors je dois zigzaguer à travers la forêt ou de long en large, le long d’un volcan en sommeil. Tout ça en portant un sac à dos plein d’équipement !

Il y a eu des moments où je me suis demandé si tout ça en valait la peine. Je me trouve dans une forêt à l’est du Kivu avec des rebelles d’un côté et un volcan très actif de l’autre. Trempée de sueur, je n’ai plus qu’une bouteille d’eau. Je suis debout dans de l’urine d’éléphant et je suis couverte de taons. Mais alors que j’étais prête à jeter l’éponge, les gardes partis plus tôt ce matin pour suivre les gorilles surgissent de nulle part et me disent de mettre mon masque. Les gorilles sont proches !

Les rangers commencent à couper la végétationet je m’enfonce alors un peu plus profondément dans la forêt. Sous mes yeux se déroule le spectacle le plus étonnant que je ne verrai jamais, qui me mettra aux larmes à chaque fois : une gorille femelle adulte tenant un bébé de 8 semaines alors qu’un dos argenté joue avec un enfant en bas âge.

C’était un véritable défi qui finalement se transforme alors en une joie pure !

C’est un immense privilège que de voir ces êtres magnifiques dans leur habitat naturel. Être face à face avec un gorille ne ressemble à rien d’autre dans ce monde. Il n’y a tout simplement pas de mots pour décrire cette expérience.

gorille de la famille Humba, parc national du virunga république démocratique du congo © Shannon Hinson-Witz
© Shannon Hinson-Witz

Comment travaillez vous la lumière et quel équipement utilisez-vous ?

J’évalue toujours la lumière et j’attends que l’éclairage soit optimal pour prendre une photo. L’éclairage est essentiel et très difficile à maîtriser lorsque je photographie les gorilles, donc j’ajuste souvent mes mesures et je fais presque toujours des prises de vue avec un ISO faible. Mes images ont tendance à être sous-exposées. J’aime le drame qu’une image sous-exposée crée – surtout lorsque vous photographiez dans la jungle qui est naturellement privée de lumière.

Quant à mon équipement, je photographie avec du matériel Canon à l’exception d’un objectif Sigma. Actuellement, mes appareils principaux sont des Canon 5D Mark III et 1D X Mark II. Lorsque je photographie les gorilles, mes objectifs principaux sont l’EF 70-200 mm f / 2,8L de Canon et l’EF 24-70 mm f / 2,8L II.

Avez-vous déjà des projets futurs ?

Oui. Je retourne au Congo en juin pour photographier les gorilles de montagne. Si la situation sur le terrain le permet, je me rendrai également à Garumba pour photographier le parc et ses rangers. Garumba est un parc important qui a été dévasté par le braconnage. J’aimerais documenter et sensibiliser les efforts des hommes et des femmes qui tentent de sauver les derniers éléphants dans cette région.

Retrouvez les sublimes photos de gorilles et l’ensemble de du travail de Shannon Hinson-Witz sur son site.

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Regard(s) sur le sport, la nouvelle exposition photo d'Ilan Dehé

Ilan Dehé, membre de l'équipe Graine de Photographe, vous présente «Regard(s) sur le sport», sa nouvelle exposition photo à Nice.

affiche de l'exposition Regard(s) sur le sport du photographe Ilan Dehé

Photo-reporter de formation, photographe globe trotteur installé à Nice, Ilan travaille notamment autour du sport.
Fidèle à son travail de photo-reportage, Ilan à couvert l'Iron Man de Nice et le triathlon de Cap d'Ail. Il est également photographe officiel de l'OGC Nice Handball. Témoin des événements de l'équipe, il cherche ainsi à en capturer les moments forts, avant, après et pendant les matchs, aussi bien sur le terrain que sur le banc.

Bâche photo de l'OGN Nice handball équipe féminine
Bâche photo de l'OGN Nice handball ©Ilan Dehé
Bâche photo de l'OGN Nice handball équipe féminine
Bâche photo de l'OGN Nice handball ©Ilan Dehé

Toujours dans cette démarche de reportage et de témoignage, Ilan suit et photographie également des athlètes de street-workout afin de mettre en lumière cette nouvelle pratique sportive.

L'athlète de street workout Antoine Lacotte devant la mer à Nice
Antoine Lacotte ©Ilan Dehé
L'athlète de street workout Léa Depagneux devant la mer à Nice
Léa Depagneux ©Ilan Dehé
Les athlètes de street workout Léa Depagneux et Antoine Lacotte devant la mer à Nice
Léa Depagneux & Antoine Lacotte ©Ilan Dehé

D'autre part, Ilan qui pratique également la photo en studio a eu l'opportunité de réaliser des portraits de sportifs ou d'anciens sportifs - comme Frédérick Bousquet, Jérôme Alonzo ou encore Cléopâtre Darleux - qu'il a choisi d'axer sur leurs regards...

Portrait du nageur français Frédérick Bousquet
Frédérick Bousquet ©Ilan Dehé
Portrait noir et blanc de l'athlète Marie-France Garreau
Marie-France Garreau ©Ilan Dehé
Portrait noir et blanc de l'ancienne volleyeuse Victoria Ravva
Victoria Ravva ©Ilan Dehé

Le photographe Ilan Dehé membre de l'équipe Graine de Photographe à Nice
Le photographe Ilan Dehé

L’exposition est à voir du lundi 12 mars au vendredi 27 avril 2018 à la Bibliothèque Universitaire et sur le campus STAPS de l'Université de Nice Sophia Antipolis, au 261 Boulevard du Mercantour à Nice.

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Maison dans le midwest américain par Michael Knapstein

L'authenticité du Midwest monochrome de Michael Knapstein

Ode à la région qui l’a vu naître et grandir, à ses vastes plaines, ses champs et ses cieux chargés, la série « Midwest Memoir » – littéralement Mémoire du Midwest – découle de la volonté du photographe Michael Knapstein de faire découvrir d’une nouvelle manière et au plus grand nombre cette région des Etats-Unis.

J’ai créé « Midwest Memoir » comme un moyen d’aider les gens à voir le Midwest d’une nouvelle manière ; le Midwest qui m’a vu grandir, le Midwest qui a façonné mon expérience et mon esthétique artistique, le Midwest tel que je m’en souviendrais toujours même si celui-ci ne cesse de changer.
– Michael Knapstein

Maison dans le midwest américain par Michael Knapstein
After The Storm © Michael Knapstein

Michael découvre la photographie adolescent. Dès le lycée, il commence à prendre des photos pour des agences de presse, mais aussi des portraits ou des photos de mariage. La photo lui permet alors de payer ses études universitaires, puis de voyager à travers l’Europe et l’Asie entant qu’étudiant. Finalement, après l’obtention de son diplôme il est approché par une agence publicitaire ; c’est le début d’une carrière de plus de 30 ans pendant laquelle, trop occupé, il met de côté sa passion et range alors son appareil.
En 2010, Michael qui a depuis fondé sa propre agence revend cette derrière afin de retourner à son premier amour : la photographie.

Particulièrement attaché à son Wisconsin natal, c’est naturellement qu’il se lance dans ce projet une fois le temps retrouvé. Prises en lumière naturelle, souvent tôt le matin ou tard dans l’après-midi, les photos de cette série nous invitent à un voyage monochrome dans cette partie rurale des Etats-Unis. « Midwest Memoir » nous offre alors merveilleusement à voir l’authenticité et le caractère des paysages en noir et blanc capturés par Michael.

Bien que nos programmes télévisés et nos films montrent majoritairement la vie dans les grandes villes des côtes Est et Ouest, je pense sincèrement que c’est le Midwest qui incarne la véritable expérience américaine […] Je prends certaines de mes images en couleur, mais pour ce projet, j’ai senti que le noir et blanc était la meilleure façon de capturer le côté classique et traditionnel de la nature du Midwest.
– Michael Knapstein

Maintenant équipé d’un Nikon D800e – et plus récemment d’un D850 -, Michael n’a pas pour autant oublié ses débuts en argentique. Toujours avec cette volonté de témoigner et de retransmettre l’authenticité des terres qu’il parcourt, il a décidé d’adopter un traitement d’image particulier :

Initialement, ces images sont en couleur. Je les ai converties en monochrome avant d’ajouté un traitement personnalisé split-tone afin de me rapprocher de mes anciens tirages argentiques au platinium. Je les imprime sur un papier mat et tons chauds. Désormais le rendu de la qualité d’impression est même meilleur que ce que j’arrivais à obtenir auparavant en tirage argentique.
– Michael Knapstein

Projet de cœur et de longue haleine, Michael ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et espère poursuivre aussi longtemps que possible ce beau témoignage, d’autant plus que ses clichés sont exposés partout dans le monde !

J’espère que ce projet continuera à faire partie de ma vie pendant encore un moment […] Cette série s’est avérée particulièrement gratifiante. J’ai toujours aimé pouvoir partager mon travail avec un public venant du monde entier car de la sorte, ils peuvent partager un peu de ce qui rend le Midwest Américain si particulier !
– Michael Knapstein

Néanmoins, il n’est pas question pour le photographe de se reposer sur ses lauriers. Il travaille actuellement sur plusieurs projets totalement différents, parmi lesquels un livre conjuguant photos de nature en couleur et citations de célèbres naturalistes ayant vécu dans le Wisconsin – notamment Jonh Muir et Aldo Leopold.

Le photographe Michael Knapstein
Le photographe Michael Knapstein

Michael Knapstein : Site – Instagram

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photographie Calypso Mahieu

Esthétique rétro et lumière sublimée, la photographie de mode par Calypso Mahieu

Esthétique résolument rétro, lumière remarquablement travaillée avec précision et délicatesse, le travail photographique de Calypso Mahieu est particulièrement réfléchi. La jeune photographe française, qui vit aujourd’hui entre Paris et Lausanne, a développé son univers bien à elle qui met en valeur corps et attitudes. Bien plus que de simples photos de mode, les clichés de Calypso sont le fruit d’une fascination pour les décennies passées, la lumière et les corps des femmes qu’elle photographies.

Au détour d’un entretien avec l’artiste, celle-ci s’est confiée sur ses influences, ses inspirations ou encore ses projets futurs. Interview à découvrir sans plus attendre !

Phone Game © Calypso Mahieu

Célia Bruneau © Calypso Mahieu

  • Pourriez-vous vous présenter ; comment avez-vous commencé la photographie ?

Je suis née à Paris en 1993, puis j’ai déménagé à mon adolescence dans le sud de la France, près d’Avignon. C’est dans le sud que je me suis ouverte, dans un premier temps à l’art et au design, puis plus tard à la photographie. J’ai toujours apprécié la photo que je regardait essentiellement dans les magazines féminins. Plutôt de la photographie de mode. J’étais surtout fascinée par les corps, les lumières, les attitudes des modèles ; plus que par la mode elle-même.

Mon goût pour l’image ne faisant que accroître, j’ai ensuite étudié la photographie à l’ECAL – l’École Cantonale d’Art de Lausanne – d’où je suis sortie diplômée en 2016. Je me suis inscrite à l’ECAL à l’aveugle, sans trop savoir ce qu’était la photographie. Ça a été pour moi une vraie révélation !

 

photographie de mode prise par Calypso Mahieu
Nouvelle Vague © Calypso Mahieu
  • Comment décriez-vous votre style, l’esthétique qui compose votre travail ?

Je dirais que mes photographies viennent d’une autre époque et ont des vibes rétro. Je ne suis définitivement pas une personne nostalgique. J’aime la période dans laquelle je vis. Je la trouve très inspirante et pleine de merveilleuses recherches et innovations. Cependant, j’ai pu entendre un jour une phrase qui disait « Nous sommes toujours fascinés par la décennie passée ». Je suis une enfant des années 90, fascinée par les années 80, 70 et même encore avant. J’aime m’approprier ces époques et leurs styles très spécifiques. J’aime l’idée que mes photographies pourraient être prises en ces temps là.

Nouvelle Vague © Calypso Mahieu

Nouvelle Vague © Calypso Mahieu

  • Quelles sont vos influences ?

Il y a deux influences majeures qui me poursuivent toujours dans mon travail et qui sont de vraies références pour moi.

Pour la première, il s’agit de la photographie occulte ou photographie transcendantale. Ce type d’images a émergé au début du XIXème siècle, dans les prémices de la photographie. Les gens pensaient alors que l’appareil photographique était une sorte d’outil magique permettant de capturer le monde invisible et l’Au-delà. Aujourd’hui nous savons parfaitement que cette imagerie occulte était réalisée à l’aide d’effets propres à la photographie tels que les photomontages, les doubles expositions, le flou, etc. Je reste néanmoins profondément attirée par l’esthétique de ces images et leur aspect surréaliste.

Je suis également très influencée par la femme que mettaient superbement en scène les photographes Guy Bourdin et Helmut Newton. J’aime leur vision de la femme : libre et affirmée sexuellement, sûre d’elle et déterminée. Je cherche définitivement à tendre vers des modèles façon Bourdin/Newton dans mes photographies de mode, tout en y apportant mon regard et mes aspirations personnelles.

Célia Bruneau © Calypso Mahieu

Célia Bruneau © Calypso Mahieu

Célia Bruneau © Calypso Mahieu

  • De manière générale comment travaillez-vous la lumière sur vos clichés ?

Lorsque j’ai commencé la photographie, j’ai compris, comme tout photographe, que la lumière est l’essence même de l’image. La photographie analogique est, selon moi, la meilleure manière d’appréhender ce phénomène que je trouve magique : c’est une réaction chimique entre la lumière et le négatif. Pour la photographie en noir/blanc, ce qui est mis en lumière dans votre scène brûlera votre négatif et donnera des teintes de blanc/gris à votre image. À l’inverse, les parties ombrées conserveront votre négatif intact et ressortiront noires sur votre photo. Pour moi, tout dépend de la lumière. Elle peut saccager ou complètement sublimer une image. Elle raconte différentes choses en fonction de la façon dont on la travaille.

La lumière me permet de transmettre une émotion, un sentiment, une atmosphère dans mes photographies. Elle est primordiale et varie en fonction de ce que je souhaite raconter. Néanmoins, je ne cache pas ma passion pour les clairs/obscurs et les lumières très dessinées des photographes constructivistes. Ce sont des ambiances qui me parlent beaucoup et auxquelles je reviens le plus souvent.

La Piscine © Calypso Mahieu

La Piscine © Calypso Mahieu

  • Avez-vous des projets pour le futur ?

Je développe, parallèlement à mes projets éditoriaux, un travail personnel traitant de notre rapport à la mort à l’ère du digital. Ce projet tranche radicalement avec ma pratique éditoriale, aussi bien esthétiquement que sémantiquement. Il s’agit d’une réflexion liée à des études réalisées par le réseau social Facebook. En effet, en 2065, Facebook estimerait le nombre de morts supérieur à celui de vivants. Ce phénomène pose la question du souvenir et de la mémoire. Notre existence virtuelle perdure-t-elle au-delà de notre propre vie? Qu’advient-il de ce profil que nous façonnons à notre image le jour où nous trépassons? À travers ce projet, j’explore ces profils fantômes de personnes disparues continuant à être taguées, pokées, notifiées, recevant toujours des demandes d’amitié et des messages privés. Ce travail sera par ailleurs présenté lors des Journées Photographiques de Bienne 2018, festival important de Photographie en Suisse.

Pour conclure, je dirais que la question du lien étroit entre la photographie et la mort m’a toujours profondément fascinée. Mes aspirations pour la photographie occulte en sont d’ailleurs assurément liées.

En me donnant le passé absolu de la pose (aoriste), la photographie me dit la mort au futur. […] Que le sujet en soit déjà mort ou non, toute photographie est cette catastrophe. […] Il y a toujours en elle un écrasement du Temps : cela est mort et cela va mourir. [R.Barthes, La Chambre Claire : note sur la photographie, Gallimard, Paris, 1980, p.150]

La Piscine © Calypso Mahieu

La Piscine © Calypso Mahieu

La Piscine © Calypso Mahieu

Vivid Dreams of Talking Objects © Calypso Mahieu

Nouvelle Vague © Calypso Mahieu

Retrouvez l’ensemble du travail de Calypso Mahieu sur son site, et n’hésitez pas à la suivre sur Instagram et Facebook !

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Hélène Havard

A la rencontre des polynésiens avec la photographe Helene Havard

Hélène Havard
Hélène Havard

Photographe française de passion et de formation, Helene Havard s’est installée en Polynésie française après l’obtention de son diplôme de l’EFET, école de photographie parisienne. Si dès son enfance, c’est crayons et pinceaux à la main qu’Helene a laissé libre cours à sa fibre artistique, la photographie s’est par la suite tout naturellement imposée à elle.

Ses débuts en Polynésie

A son arrivée en Polynésie, Helene commence par travailler pour la Dépêche de Tahiti en tant que correspondante de presse, travail qui marquera durablement son regard photographique et plus particulièrement la réalisation de cette série de portraits :

« Je me suis retrouvée à évoluer au cœur de la vie quotidienne des polynésiens. J’ai ainsi pu voir leur façon de vivre et leur façon d’aborder la vie d’une manière intime. En entrant dans leur univers, j’ai eu envie de laisser s’exprimer ce que je ressentais de nos rencontres. » – Hélène Havard

helene havard
helene havard

S’efforçant du mieux possible de s’éloigner des clichés généralement associés aux polynésiens, sans pour autant nier les spécificités culturelles propres à ces derniers, Helene a parcouru différentes îles à la recherche d’endroits moins fréquentés par les touristes de manière à mettre en lumière et en image « ceux que l’on ne voit jamais ».

helene havard
helene havard

Équipée de son Nikon numérique, d’un 24-70 et d’un 50mm, Helene travaille ses portraits uniquement en lumière naturelle. A travers la pratique photographique du portrait, l’artiste cherche avant tout à aller à la rencontre des gens tels qu’ils sont au plus profond d’eux-même afin de transmettre de l’émotion à travers ses clichés.

« En général, lorsque les gens se font photographier ils ont tendance à vouloir être ce qu ils ne sont pas. Dans mon travail personnel ce qui m’intéresse, c’est de faire tomber le masque. J’aime capturer l’espace d’un instant une partie d’eux tels qu’ils sont au naturel, sans faux-semblants. » – Hélène Havard

Retrouvez l’ensemble du travail d’Hélène Havard sur son site, et n’hésitez pas à la suivre sur Instagram  !

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Kukeri : au plus près du folklore bulgare avec le photographe Aron Klein

Le photographe Aron Klein vous fait découvrir le folklore bulgare à travers la tradition du Kukeri.

Photographe installé à Londres, Aron Klein à découvert la Bulgarie il y a quelques années en partant travailler à l’organisation du festival musical Meadows In The Mountains. C’est à partir de cette première expérience bulgare qu’il tombe progressivement sous le charme de ce territoire des Balkans :

Au cours des 4 dernières années je suis tombé profondément amoureux de ce coin intemporel et oublié de l’Europe, de ses villages minuscules baignés dans un folklore ancien et de mystérieuses traditions.

– Aron Klein

La tradition culturelle du Kukeri en Bulgarie par le photographe Aron Klein - portrait d'un homme bulgare
© Aron Klein

C’est justement dans les villages de montagnes du pays qu’Aron fait connaissance avec le Kukeri, un rituel ancestral païen destiné à se débarrasser des mauvais esprits. Ainsi, chaque année au cours du Kukeri, les hommes revêtent des masques de bois sculptés et accrochent de lourdes cloches à leur taille alors qu’ils dansent et sautent dans le but de chasser les mauvais esprits qui pourraient apporter l’infortune à leur communauté.

À travers ses photos à la composition épurée, tranchant avec la sophistication des costumes et leur profusion de couleurs, Aron a cherché à laisser s’exprimer d’elles-mêmes la magie des costumes, la puissance des personnages et la beauté des paysages enneigés.

Le but était de concevoir chaque photo comme étant assez forte pour être autonome. A mon sens, elles parlent vraiment d’elles-mêmes. C’est une documentation de la magie.

– Aron Klein

Affrontant le froid de l’hiver bulgare dans sa petit voiture de location, Aron est parti à la rencontre d’une dizaine de groupes de Kukeri à travers tout le pays ; car si le Kukeri est une tradition nationale, il existe autant de spécificités que de villages. Véritable témoignage, ce sublime projet photographique est un voyage au cœur de l’identité culturelle du pays !

J’imagine que les rituels et les cérémonies ont cessés d’être une composante des pratiques culturelles dans nos sociétés, j’ai donc réellement voulu documenter une communauté qui continue de valoriser folklore et traditions […] Chacune de ces images dépeint les subtilités de chaque mythologies propres aux personnages et provenant des contes populaires locaux.

– Aron Klein

Aron Klein : Site – Instagram

 

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femme au Louvre devant la Joconde Grégoire Huret

Instantanéité et authenticité, la street photography par Grégoire Huret

La street photography selon le photographe Grégoire Huret c’est avant tout capturer l’instant et retranscrire l’authenticité des scènes qui se présentent à lui afin d’en transmettre l’émotion. S’il nous raconte bien des histoire à travers ses photos, cette philosophie qui le guide l’amène à ne pas mettre en scène les sujets de ses clichés. Passionné d’argentique et utilisant essentiellement des films noir et blanc il se sert du grain et des contrastes pour parvenir à ses fins.
Rencontre et discussion avec l’artiste !

femme au Louvre devant la Joconde Grégoire Huret
© Grégoire Huret

  • Pourriez-vous vous présenter ; comment avez-vous commencé la photographie ?

Je m’appelle Grégoire Huret, j’ai 32 ans et je vis à Paris. Je prends des photos de gens ou de situations, dans la rue dès que je peux… J’ai travaillé 8 ans en tant que consultant en programmation architecturale pour une grande société d’ingénierie du bâtiment à Paris. Courant 2016 j’ai décidé de tout arrêter et de me lancer dans un nouveau défi plus excitant !
J’ai toujours baigné dans la photographie de par mon père, c’est d’ailleurs lui qui m’a transmis le virus en me donnant son 1er appareil compact, un petit Rollei 35 SE. Entre temps le numérique est passé par là, et c’est en 2013 lors de mon 1er voyage à New York que j’ai eu le déclic. Ma passion pour la photographie de rue et la photographie argentique a réellement débuté à cet instant.

  • Qu’est-ce qui vous pousse à shooter en argentique ?

Lors de mon premier voyage à New-York justement, j’avais décidé d’alterner mes prises de vue, un jour/un appareil. Shooter avec le Rollei avait quelque chose d’incertain qui me poussait à aller plus loin dans mes prises de vues. J’aime le grain de l’argentique, j’aime également la démarche lente de la prise de vue avec ce genre d’appareils, du coup je dois shooter 90% de film et le reste du temps un peu de numérique.

  • Comment décririez-vous votre travail ?

Ce que j’aime c’est prendre des photos sur le vif. Ma seule obsession est que leur lecture soient évidente et qu’elle suscite de l’émotion, peu importe qu’elle soit positive ou négative. Je suis à 100% dans le concret. Mes photos ne sont pas conceptuelles, elle n’ont pas de prétention poétique ; au contraire, je les souhaites accessibles pour tout le monde. Ce que j’aime c’est raconter des histoires à travers les clichés : je suis capable de raconter tout ce qui c’est passé, avant, pendant et après chacune de mes photos !
Malgré tout ce que je lis ou je vois autour de la photographie, mes plus grandes émotions restent provoquées par les photos de Garry Winogrand. J’aime sa simplicité, tout est clair et limpide. Il donne à voir et après chacun se fait son film dans sa tête… Et bien sûr, par dessus tout, elles sont d’une beauté qui me touche beaucoup.

  • On sait que la street photography c’est beaucoup d’imprévu et de rencontres, vous avez surement des anecdotes qui vous viennent à l’esprit concernant ces photos que vous nous présentez ? 

J’ai des anecdotes sur chacune, mais celle qui me vient directement à l’esprit c’est le portrait d’un punk, place de la République à Paris. Il venait pour me taxer une pièce ou une clope, du coup j’en ai profité pour lui proposer un échange. Il a été adorable, il a tout de suite été emballé par l’idée que je le prenne en photo. Il me parlait de son chien, et que peut être il pourrait mettre la photo sur son Facebook.
Je n’ai pas vraiment de règle quand je prends une photo, souvent je ne demande pas. Quand je sens que ça va être compliqué je peux demander mais il est fréquent que je me fasse rembarrer. Ce que j’ai appris c’est que ce n’est pas forcément les gens auxquels on pense qui sont les plus retissant. Apres j’ai plein d’histoires de gens mécontent mais on apprend à faire la part des choses.

  • Quel matériel utilisez-vous principalement pour réaliser vos photos ?

 J’ai toujours le petit Rollei 35 SE de mon père, il est toujours chargé. Depuis je me suis fait la main sur un Olympus OM1, puis avec un Contax RTS et son 35mm Zeiss, quelques compacts AF (très pratiques en soirée ou dans le métro) et puis on m’a offert un Leica M6 qui ne me quitte plus. Enfin, en discutant autour de moi, je me suis décidé à développer moi-même mes pellicules, ce qui constitue une avancée supplémentaire dans mon « voyage » argentique.

  • Avez-vous des projets pour le futur ?

En 2017 je m’étais fixé comme objectif de montrer mes photos, et pas seulement aux amis. Alors j’ai réalisé ma première exposition. En 2018 je souhaite réitérer l’expérience avec un peu plus de contenu et de savoir-faire. Je suis actuellement en train de démarcher des lieux pour exposer. Aussi j’aimerais bien faire un livre mais c’est davantage un projet à long terme.

Le photographe Grégoire Huret
Le photographe Grégoire Huret

Grégoire Huret : Site  Instagram Facebook Tumblr

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Combinaisons de protection, silo de missile Titan II, Titan Missile Museum Tuscon, Arizona par Adam Reynolds

Retour vers le futur avec le photographe Adam Reynolds

À travers sa série No Lone Zone, c’est non seulement une entrée dans le monde longtemps bien gardé du nucléaire militaire, mais aussi et surtout un voyage dans le temps que nous propose le photographe américain Adam Reynolds qui cherche ici à nous faire réfléchir sur notre présent et notre avenir.

Combinaisons de protection, silo de missile Titan II, Titan Missile Museum Tuscon, Arizona par Adam Reynolds
Combinaisons de protection, silo de missile Titan II, Titan Missile Museum Tuscon, Arizona © Adam Reynolds

Photographe documentaire diplômé en beaux-arts ainsi qu’en journalisme et sciences politiques de l’Université d’Indiana, Adam Reynolds a débuté sa carrière en tant que photographe freelance en couvrant le Moyen-Orient en 2007.
Si son travail se focalise sur les conflits politiques contemporains – avec une attention particulière portée sur le Moyen-Orient -, son projet No Lone Zone, réalisé en argentique avec une chambre Tachihara Field, nous replonge en pleine Guerre Froide et par là même au paroxysme de la course à l’armement nucléaire.

L’idée de la série, cette fois-ci réalisée sur le territoire américain, vient en réalité du précédent projet d’Adam : « Architecture of an Existential Threat » – littéralement Architecture d’une menace existentielle – qui s’intéressait aux différents abris anti-bombes que l’on trouve à travers Israël et les territoires occupés.
A l’opposé, dans No Lone Zone les lieux présentés ne sont autre que les deux derniers sites de lancement de missiles balistiques intercontinentaux encore ouverts au public et permettant de découvrir les dits missiles.

A travers cette étude architecturale d’infrastructures humaines propres et endémiques aux conflits politiques – ici des silos à missiles donc -, Adam mêle créativité photographique et démarche de fidélité journalistique afin de restitué au mieux l’atmosphère si particulière de ces installations. Désormais, ces vestiges témoignent des tensions d’hier à l’heure où la menace nucléaire refait plus que jamais surface…

Je pense que d’une certaine manière les armes nucléaires et la Guerre Froide étaient synonymes dans l’esprit de la majeure partie des gens et avec la fin de la Guerre Froide, la menace que représentait ces armes a rapidement reculé dans nos consciences. Pourtant, étant donné la trajectoire qu’a pris la prolifération nucléaire depuis la fin de la Guerre Froide, cette menace est toujours belle et bien réelle.

Dans cette perspective de témoignage, Adam espère d’ores et déjà poursuivre son projet en y incluant d’autres sites américains de missiles désactivés maintenant à l’abandon ou réaménagés.

Le photographe Adams Reynolds

Adam Reynolds : Site – Instagram

 

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A la découverte du Kirghizistan avec le photographe Elliott Verdier

© Elliott Verdier
© Elliott Verdier

Pays montagneux d’Asie Centrale niché entre les géants chinois et kazakh, le Kirghizistan est, à l’instar des autres anciennes républiques de l’Union Soviétique, injustement méconnu. Entre modernité, traditions et héritage soviétique, ses visages sont pourtant multiples et passionnants !

Le jeune photo-reporter français Elliott Verdier s’y est rendu pendant 4 mois afin d’y découvrir ses paysages et surtout ses habitants, affrontant à cette occasion le froid glacial de l’hiver kirghize.
Entretien avec le photographe dont le travail est exposé à la galerie 247 sur Paris jusqu’au 24 février.

  • Pourriez-vous vous présenter ; comment avez-vous commencé la photographie ?

Je suis né il y a 25 ans à Paris et j’y vis toujours. J’ai découvert pour la première fois la photographie lorsque mon baby-sitter m’a fait faire le tour de Paris un appareil à la main ! Plus tard c’est mon parrain, collectionneur de tirages et bien plus, qui a aiguisé mon regard. Au départ formé par une culture très classique du photo-reportage, je me suis détaché petit à petit d’une approche frontale en noir et blanc pour prendre plus de distance et paradoxalement toucher une corde plus intime, plus sensible.

© Elliott Verdier
© Elliott Verdier

  • Comment s’est fait le choix de cette destination ? Qu’est-ce qui vous a attiré jusqu’au Kirghizistan ?

Suite à un reportage fait en Mongolie, je m’intéressais de plus en plus à l’Asie Centrale. En me documentant sur la région, j’ai découvert le Kirghizstan. J’ai un peu honte, mais je n’en avais réellement jamais entendu parler ! Les zones en marges, dont on entend peu de nouvelles, m’ont pourtant toujours attirées. C’est comme ça que ma curiosité pour le pays est apparue.

Une rivière non loin de Bishkek. Il fait -18°C © Elliott Verdier
Une rivière non loin de Bishkek. Il fait -18°C © Elliott Verdier

  • On a souvent une certaine image d’un pays avant de s’y rendre, des idées préconçues en quelques sortes ou des attentes… qu’est-ce qui vous a surpris pendant votre séjour sur place ?

J’avais très peu d’informations sur le Kirghizstan, mais j’avais la vision d’un territoire sauvage, brut. C’est en grande partie le cas. Ma plus grosse surprise fût d’y découvrir une jeunesse moderne, connectée, ambitieuse et dynamique. Je suis resté quatre mois dans la capitale et j’ai donc eu le temps de découvrir des personnes, des lieux, que je pourrais retrouver en bas de chez moi à Paris.

  • Votre série se compose de portraits mais aussi de photos de paysages – urbanisés ou non. Qu’est-ce que vous préférez photographier ?

Je n’ai pas forcément de préférence, mais le portrait me rend plus nerveux. Il y a cette envie, et ce devoir, d’exprimer quelque chose sur quelqu’un. J’ai toujours peur de ne pas viser juste… Il est bien plus subtil de trouver une émotion juste à travers une personne qu’un paysage figé. Pour qu’un portrait soit réussi, il ne faut pas seulement un visage intéressant, il faut une attitude, un regard, un don de la personne !

  • Quelle est la photo que vous avez prise là bas que vous aimez le plus ? Pourriez-vous nous raconter l’histoire derrière celle-ci ?

J’étais à Min Kush, une ville à la beauté fanée coincée entre deux montagnes, au fond d’une mine de charbon éclairée par un puits de lumière naturelle. C’était une prise de vue vraiment difficile, j’avais installé mon trépied au seul endroit possible, sur la pente qui mène à ce trou. Du coup, je n’arrêtais pas de glisser, continuellement. Mais je voulais vraiment faire cette image du travailleur en blanc cerné par le noir du charbon, comme une perte de repère. À mon sens, il se dégage de lui beaucoup de dignité, c’est exactement le résultat que j’espérais.

  • Quel matériel utilisez-vous principalement pour réaliser vos photos ?

J’ai une chambre Sinar F1 (bien trop lourde et pas pratique !) accompagnée d’un objectif Rodenstock 150mm. Sinon, en numérique, j’ai un Nikon D800 muni d’un 35mm 1.4 Sigma.

  • Avez-vous des projets pour le futur ?

Bien sûr, mais j’aimerais garder ça secret pour l’instant !

Elliott à Min Kush
Elliott à Min Kush

Retrouvez l’ensemble du travail d’Elliott Verdier sur son site, et n’hésitez pas à le suivre sur Instagram !
Venez découvrir ses photos à la galerie 247 sur Paris jusqu’au 24 février 2018.

Et rejoignez-nous pour un cours Composition ! Dates et inscriptions pour tous nos cours ici !

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"Grandpa", la série au surréalisme pastel du photographe Karen Khachaturov

© Karen Khachaturov

Cette nouvelle série pastel du jeune photographe arménien Karen Khachaturov, autant amusante qu’émouvante illustre le combat de son grand-père contre le cancer. C’est justement en apprenant le diagnostic de la maladie que Karen a l’idée de cette série photo. Réalisée sur un mois uniquement, il ne s’agit pas uniquement de photographie, mais d’une manière de combattre la maladie par l’art.

A travers son regard et son imagination, Karen essaye de rendre visible les émotions de son grand père. Une bonne dose de surréalisme dans une atmosphère pastel, telle est la recette tout en simplicité de cette série poétique, étonnamment légère. D’après l’artiste, si la plupart des clichés semblent marrants, c’est simplement qu’ils retranscrivent l’attitude de son grand-père face à la maladie.

© Karen Khachaturov

© Karen Khachaturov

La complicité entre les deux hommes saute aux yeux. Il n’est alors pas étonnant d’entendre Karen se confier sur le fait qu’il était plus facile de travailler avec son grand-père qu’avec la plupart des modèles qu’il photographie d’ordinaire !

Karen Khachaturov a 26 ans. Diplômé de l’Université d’Erevan, il a commencé la photographie il y a seulement quelques années, en 2014. Depuis il a déjà exposé plusieurs fois dans la capitale arménienne – la première fois dès le printemps 2016 ! -, mais aussi en Géorgie ou, plus récemment, à Pékin et à New York.

© Karen Khachaturov
Le photographe Karen Khachaturov

Retrouvez l’ensemble du travail de Karen Khachaturov  sur Behance. N’hésitez pas à le suivre sur InstagramFacebook et 500px !

Et rejoignez-nous pour un cours Portrait et/ou Composition pour donner plus de cachet à vos images !
Dates et inscriptions pour tous nos cours ici !

 

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Max Leitner, photographe illusionniste !

Tromper notre regard en jouant avec les perspectives et les cadres, c’est ce que le talentueux photographe allemand Max Leitner s’est évertué a faire de part son projet « Misleading lines » – littéralement « lignes trompeuses ».

Accompagné par le gymnaste urbain Benni Grams  présent sur tous les clichés dont certains sur lesquels il semble en pleine lévitation -, Max a parcouru les rues de Varsovie à la recherche des bâtiments les plus inspirants pour nous livrer une magnifique collection de photos mêlant architecture urbaine et acrobaties.

Bien plus que Benni, c’est également notre regard qui se retrouve en équilibre au grès des lignes et des courbes composant les photos de l’artiste. Souvent symétriques, toujours renversants, voici les clichés de la capitale polonaise capturés par Max :

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© Max Leitner


© Joe Bunni

Exposition - Joe Bunni, 25 ans à parcourir les océans...

© Joe Bunni
© Joe Bunni

La Seine déborde et Graine de Photographe invite Joe Bunni dans sa galerie de l’île Saint-Louis !

Chirurgien dentiste mais aussi plongeur passionné et photographe émériteJoe Bunni est avant tout un amoureux des mers et des océans qu’il parcourt, à vrai dire, depuis presque toujours. Capturant les merveilles que les eaux terrestres recèlent à plus ou moins 5 mètres – nom de son dernier livre photographique -, Joe ne cherche pas seulement à nous émerveiller.

Conscient de la fragilité de ces milieux et témoin de leur dégradation croissante, résultat des activités humaines, Joe Bunni est un ardent défenseur de ces écosystèmes.

 

VERNISSAGE le 26 janvier de 19H à 21H en présence de Joe Bunni

dédicace de son ouvrage Impressionniste de l’océan au profit de SOS océans

► Téléchargez votre invitation

LOGO SOSocéanfrench

Pour cette raison il décide de créer, en 2007, l’association SOS Océans qu’il préside encore à ce jour.

Le maître mot de l’association : prévention. C’est pourquoi Joe Bunni n’hésite pas à donner de sa personne et de son temps en se déplaçant dans les écoles afin de sensibiliser les plus jeunes à la sauvegarde des océans.

Mais puisque la situation est urgente et nous concerne tous, la prévention passe également par les expositions du photographe, ses livres ou encore une série documentaire en 5 épisodes diffusée sur Arte (bande annonce en fin d’article).

Dessins d'enfants d'écoles où le photographe Joe Bunni est intervenu avec son association SOS Océans
Dessins d'enfants d'écoles où le photographe Joe Bunni est intervenu avec son association SOS Océans
© Joe Bunni
© Joe Bunni

SOS Océans ne se contente pas de prêcher la bonne parole. L’association tient également à se mettre à l’eau à travers le financement d’une étude devant mener à la  création d’une réserve marine sur la côte pacifique colombienne.

D’autre part, SOS Océans dirige aussi une étude sur les populations de requins de l’atoll de Rangiroa dans l’archipel des Tuamotu en Polynésie Française, étude visant à démontrer la fragilité de ces espèces.

© Joe Bunni
© Joe Bunni

Ce n’est donc pas 20 000 lieux sous les mers mais juste en dessous de la surface que nous vous proposons de plongerer, afin d’admirer la faune capturée par le regard de Joe Bunni au cours de 25 ans de photo !

Vainqueur du prix BBC wildlife en 2011 grâce à ses clichés d’ours polaire, son ouvrage A ± 5 mètres fut même distribué à l’ensemble des chefs d’états lors d’un sommet du G20 ! Preuve de l’universalité des problématiques liées à la conservation des océans vous aurez l’occasion de faire le tour du monde en restant au chaud et au sec dans la galerie Graine de Photographe…

Exposition Joe Bunni à la galerie grainedephotographe.com
du 22 janvier au 19 février 2018

14 quai de Béthune 75004 Paris

Joe Bunni : Site

N’hésitez pas à découvrir davantage la magnifique association SOS Océans !

 

Découvrez également la bande annonce de la série documentaire ± 5 mètres diffusée sur Arte : https://www.youtube.com/watch?v=OczF2orvtsQ

 

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