"Les Étendues Arides", Maxime Daviron révèle la beauté sauvage du désert

Passionné par la photographie et les orages, Maxime Daviron a su faire de ses passions sa principale activité. C’est très jeune que Maxime apprend à maîtriser l’appareil photo et commence à réaliser des clichés dans des conditions météorologiques parfois complexes. Aujourd’hui photographe indépendant, il réalise des séries impressionnantes avec toujours en commun des territoires sauvages et des éléments climatiques déchaînés. Nous avions déjà eu le plaisir de rencontrer Maxime lors d’une précédente interview au sujet de ses images nocturnes, ramification de « Terres perdues ». Pour cette nouvelle série « Les Étendues Arides », Maxime nous transporte au coeur de paysages désertiques, dénués de toute empreinte humaine. À travers ses images, Maxime révèle la beauté sauvage de ces lieux où les sentiments de liberté et de solitude s’enlacent.

Les Étendues Arides © Maxime Daviron

L’idée de la série « Les Étendues Arides » est née d’une citation de Paul Shepard issue du livre « Man in the Landscape ».

Le désert est le milieu de la révélation, il est génétiquement et physiologiquement autre, sensoriellement austère, esthétiquement abstrait, historiquement hostile… Ses formes sont puissantes et suggestives. L’esprit est cerné par la lumière et l’espace, par la nouveauté cénesthésique de la sécheresse, par la température et par le vent. Le ciel du désert nous entoure de toute part, majestueux, terrible. Dans d’autres lieux, la ligne d’horizon est brisée ou cachée ; ici, unie à ce qui se trouve au-dessus de notre tête, elle est infiniment plus vaste que dans les paysages ondoyants et les régions de forêts.

Découvrez maintenant « Les Étendues Arides » à travers notre interview exclusive.

Pourriez-vous m’en dire plus sur vous et sur comment vous avez débuté la photographie ?

J’ai toujours eu du mal à dater le début de mon attrait pour la photographie. Les souvenirs les plus lointains que j’en ai sont ceux de l’argentique familial ou d’appareils jetables dont je ne me séparais jamais. C’est autour de 12 ans que j’ai finalement eu mon premier appareil numérique sommaire, suivi quelques années plus tard par un premier reflex acheté sous l’impulsion d’une passion parallèle : celle des orages, qui nécessitaient l’utilisation d’un véritable mode manuel. De fil en aiguille, la photographie a évolué d’un simple outil de témoignage à un véritable moyen d’expression artistique. J’ai donc naturellement poursuivi après le bac dans une école de photographie durant deux ans (l’ETPA, à Toulouse), avant de prendre mon premier statut d’indépendant en août 2013. Cette passion pour les éléments climatiques les plus tourmentés a perduré comme un fil rouge dans plusieurs de mes séries, qui s’articulent essentiellement autour des territoires sauvages.

Comment procédez-vous pour cette série ? Est-ce que vous faites un repérage avant sur internet par exemple avant de choisir votre destination ?

Les premières images de cette série ont été réalisées en 2013, dans un petit désert espagnol devenu célèbre depuis. Il y a dix ans, c’était un endroit encore largement méconnu hors de l’Espagne. Je l’avais découvert au hasard de recherches au début des années 2010. À l’instar de la haute montagne, cet environnement m’a instantanément happé dès le premier contact, et n’a cessé d’agir comme un aimant dans les années qui ont suivies. Étant parti vivre en Amérique du Nord en 2015 et 2016, j’ai alors eu l’occasion rêvée de poursuivre dans cette direction, et de mûrir la démarche de la série.

Depuis, j’ai pu capter certaines de ces images aux États-Unis, en Espagne et aux Émirats Arabes Unis. Mais nombreux sont les lieux propices que j’espère explorer à l’avenir. L’un des principaux freins reste malheureusement le contexte géopolitique instable de certaines des régions qui m’intéressent le plus, notamment au Moyen Orient et dans les pays sahariens. De ce fait, les informations disponibles sont souvent rares ou anciennes. Mais j’ai pu constituer au fil des années une liste des secteurs les plus intéressants. En avril prochain, si tout va bien, je devrais justement poursuivre cette série au Maroc, entre l’Atlas et le Sahara.

Quel est votre équipement pour réaliser ce type de photo ?

Mon équipement a évidemment évolué depuis 2013, mais il se compose à peu près de la même manière : un reflex et différentes focales (fixes, essentiellement) – actuellement 20 mm, 35 mm et 85 mm. Ce à quoi se rajoutent les accessoires habituels : trépied, cellule de déclenchement pour la foudre diurne (Lightning Sensor V4B), etc. Je n’utilise par contre aucun filtre de type ND ou dégradé.

Les Étendues Arides © Maxime Daviron

Il y a-t-il une photographie qui vous tient à cœur dans cette série ? Si oui, pourquoi ?

Sans hésitation, il s’agit de celle de l’éclipse solaire photographiée dans le désert du Rub Al-Khali, aux Émirats Arabes Unis, le 26 décembre 2019. Cette éclipse était le but d’une petite expédition de 10 jours organisée avec Frédéric Couzinier et ma compagne. La volonté était d’abord de me défaire des premiers instincts et lieux-communs photographiques me venant à l’esprit spontanément. Étant donné l’intégration de cette image dans la série, l’idée aussi de rechercher quelque chose de pictural et onirique, le tout avec une composition aussi « inattendue » que possible dans ce type de paysage.

Après plusieurs jours d’exploration dans différentes régions du pays, nous avons fini par découvrir un secteur susceptible de convenir à chacun. C’est en explorant cette zone que m’est apparu cet arbre, perdu seul au milieu des dunes. Une vision qui s’est alors imposée comme une évidence tant sa puissance évocatrice était forte : le motif de l’arbre solitaire prenait ici une dimension bien plus profonde, sans parler de l’intérêt purement esthétique de la composition, mêlant les courbes horizontales des dunes du premier plan et la verticalité de l’arbre, que j’imaginais au centre de l’image, aligné avec le soleil pour la totalité, trouvant ainsi l’aspect pictural et symbolique recherché. Les deux matins suivant furent donc consacrés à « répéter » le lever du soleil : tester les compositions, choisir les focales en fonction du moment, et anticiper les multiples difficultés techniques.

Les Étendues Arides © Maxime Daviron

Le matin du jour J, seul face à l’arbre, dans un silence seulement perturbé par les rares oiseaux du désert, je prends place derrière le trépied et observe l’horizon est, où s’intensifie progressivement une lueur dorée. Quelques minutes plus tard, les pointes du croissant solaire émergent des dunes. Et les deux astres poursuivent leur ascension à mesure que le soleil s’affine. Concentré sur ma tâche, je dois veiller à ne pas faire d’erreurs tout en surveillant la progression diagonale du soleil pour maintenir l’alignement entre les deux sujets. Malgré ça, la vision est stupéfiante, et je prends le temps de m’imprégner de cette atmosphère irréelle. La lumière qui éclaire les dunes est de plus en plus étrange, les ombres deviennent floues, les couleurs inhabituelles…

Et puis, à 7 h 37, vient le paroxysme : l’éclipse annulaire entre finalement en phase de totalité, ne laissant plus qu’un anneau de feu dans le ciel. Alors que les astres se mêlent, un vent froid et puissant se lève et le jour s’étiole. Quelques instants de flottement plus tard, la lune s’éloigne de l’autre côté du disque. Le vent revient, avant de s’atténuer avec le retour du jour. L’aboutissement de tout un voyage est imprimé sur le capteur.

Cette image restera parmi mes meilleures captures toutes séries confondues. Elle me vaudra notamment une publication de la NASA pour l’Astronomy Picture of the Day. Elle garde donc une place assez unique dans la série, et dans ma carrière de photographe.

Voir la série complète Les Étendues Arides 

Maxime Daviron : Site – Facebook – Instagram – Behance

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Barbara Peacock sillonne les Etats-Unis à la rencontre des américains dans leur intimité

Barbara Peacock est une photographe américaine partie à la rencontre des américains. Grâce à son projet American Bedroom, débuté en 2016, Barbara a visité actuellement 44 états et rencontré des dizaines de personnes, toutes aussi uniques et extraordinaires les unes que les autres. Accueillie dans leur intimité la plus profonde, Barbara réalise des portraits d’eux dans leur chambre à coucher. Ce lieu si personnel, qui reflète la personne que nous sommes, qui raconte une partie de notre histoire, de notre vécu, qui expose nos vulnérabilités, nos failles parfois, nos combats… Aux origines de ce projet, une question : « Quelle histoire chaque chambre, son contenu et ses habitants pourraient-ils raconter et révéler sur eux-mêmes, sur une époque et un lieu ? » Ainsi a débuté l’incroyable voyage de la photographe à travers le pays de l’Oncle Sam. Aussi diverses et variées, ces photographies montrent une Amérique de la diversité, de la liberté, mais également toutes les complexités et les particularités de la vie américaine contemporaine.

Nous sommes partis à la rencontre de Barbara pour en apprendre davantage sur ce projet extraordinaire. Découvrez notre interview exclusive.

Dans l'intimité des chambres de couples américains avec Barbara Peacock
Matthews Family © Barbara Peacock
« Des possibilités et une aventure sans fin ! Nous avons vendu notre maison et à peu près tout ce que nous possédions il y a 3 ans. Nous étions loin de nous douter de ce qui nous attendait sur la route… une liberté comme nous n’en avions jamais connue, alors que nous étions à la recherche d’un nouvel endroit et d’une nouvelle communauté à appeler notre maison » – La famille Mathews, Saratoga Springs, Utah

Tout d’abord, pouvez-vous nous en dire plus sur vous et votre parcours ? Comment la photographie est-elle venue à vous ?

J’ai été attiré par l’appareil photo dès mon plus jeune âge, vers 5 ou 6 ans. Il y avait des appareils brownie à la maison que j’utilisais pour prendre des photos de mes frères et sœurs et de nos animaux domestiques. Ma mère était peintre et je la regardais souvent peindre à la lumière des fenêtres ou dans la nature. Mon père avait un appareil photo 35 mm que je convoitais et que je demandais à utiliser. Il me l’a permis quand j’ai eu 15 ans.

Après cela, j’ai voulu avoir mon propre appareil photo. Il m’a dit que si je gagnais la moitié de l’argent, il paierait l’autre moitié. Une grande leçon qu’il m’a donnée. J’ai trouvé un emploi dans une boulangerie et à la fin de l’été, nous sommes allés en ville et j’ai acheté mon premier appareil photo – je crois que c’était un canon avec un objectif de 50 mm.

Au lycée, nous avions un solide département artistique et j’ai appris à photographierdévelopper et imprimer. J’ai ensuite fréquenté une école d’art classique, ce dont je suis profondément reconnaissante, puis une école d’art plus avant-gardiste. Je suis devenu photographe commercial de style de vie, mais j’ai continué à faire de la photographie de rue et j’ai utilisé cette idéologie pour photographier ma ville natale pendant 30 ans. J’ai publié ce travail dans un livre en 2016 « Hometown » . En 2016, j’ai commencé American Bedroom.

Dans l'intimité des chambres de couples américains avec Barbara Peacock
Zita & Web © Barbara Peacock
« Nous essayons juste de comprendre et de faire ce que nous pensons être le mieux pour notre famille au fur et à mesure. Il y a des jours où tout va bien, d’autres où nous sommes aussi fous que des rats de gouttière » – Zita & Web 32 et 33 ans, Wren 2 ans, Jackson, Mississippi

Comment vous est venue l’idée et l’envie de réaliser ce projet ?

Par un beau matin de printemps, je me suis levée pour regarder par la fenêtre de ma chambre pour admirer le lever du soleil et voir mon jardin de fleurs. Lorsque je me suis retournée, j’ai vu mon mari enroulé dans les draps, les pieds dépassant du lit et son masque à ronflement volumineux. La faible lumière ambrée s’accrochait à ses formes et aux plis des draps et éclaboussait le mur comme dans un tableau de la Renaissance.

 

Dans l'intimité des chambres de couples américains avec Barbara Peacock
Jessica © Barbara Peacock
« Parfois, la vie vous envoie dans toutes sortes de directions, mais le plus important dans la vie, c’est de se rappeler que vous êtes exactement là où vous devez être » . – Jessica 18 ans, Milford, New Hampshite

« J’ai pensé, hmmm – Dieu est dans les détails. »

La scène était magnifique et j’ai été immédiatement frappé par la dichotomie de sa beauté pure juxtaposée à la nature comique du masque à ronflement. C’était une scène contemporaine avec un éclairage classique en clair-obscur. J’ai gloussé et après m’être remis au lit avec mon café, j’ai commencé à compléter la scène dans ma tête. Je me suis imaginée à côté de lui, dans mon t-shirt et mes chaussettes colorées, peut-être tournée dans la direction opposée, vers ma fenêtre pour avoir une brise. Mes yeux se sont portés sur ma table de nuit avec tous mes livres, mes crèmes, mes somnifères et mes teintures, et les taches de café. J’ai pensé, hmmm – Dieu est dans les détails.

 

Dans l'intimité des chambres de couples américains avec Barbara Peacock
Barbara Peacock
Alex & Grace © Barbara Peacock
« Nous tenons cela ensemble avec nos corps nus, nos mains et nos cœurs. Somptueusement et un peu simplement. Nous avons trouvé cet amour entre nous un jour et nous en sommes reconnaissants chaque jour » – Alexander et Grace 26 et 28 ans, Denver, Colorado

J’ai regardé le reste de la pièce : sur nos deux commodes, des photos de nos trois garçons et de nos animaux domestiques, des vêtements qui débordent d’une chaise en osier, du linge dans un coin, d’autres livres sur le sol et un joli tapis que m’avait offert ma sœur. Mes yeux ont été attirés par ma commode qui contient plusieurs petits oiseaux en céramique ayant appartenu à ma mère, et j’ai pensé à quel point ils me sont chers. De même, dans mon coffret à bijoux, je savais qu’il y avait des dessins et des notes d’amour secrètement conservés par mes enfants, pour plus de sécurité et pour une promenade douce-amère dans le passé.

« Je me suis dit « et si je prenais des photos de gens dans leur chambre, et si je le faisais dans tout le pays » ».

 

Dans l'intimité des chambres de couples américains avec Barbara Peacock
Laura & Spencer © Barbara Peacock
« Mon cœur est en moi, mais ma maison est dans le cœur de tant d’autres personnes. Mon voyage pour trouver ma maison ne s’arrêtera jamais tant que je n’aurai pas retrouvé mon chemin vers moi-même » . Spencer (he/him) 23 ans
« Cette voiture a été pour moi le lieu fixe et confortable dans lequel j’ai le plus longtemps vécu en tant qu’adulte jusqu’à présent. » Laura (she/her) 23 ans – Portland, Oregon

J’ai pensé que la chambre à coucher est si profondément personnellepleine de vied’amour, de communion, de confort et de souvenirs. Elle peut aussi être un lieu de solitude, de tristesse, de joie, de naissance, de maladie et de mort. Ah, pour en revenir au cercle de la vie, qui a toujours été un de mes centres d’intérêt. J’ai tout de suite pensé que j’étais un appareil photo devant cette scène, et assez rapidement, je me suis dit « et si je prenais des photos de gens dans leur chambre, et si je le faisais dans tout le pays ». Quelle histoire chaque chambre, son contenu et ses habitants pourraient-ils raconter et révéler sur eux-mêmes, sur une époque et un lieu ?

 

Dans l'intimité des chambres de couples américains avec Barbara Peacock
Micah & Kody © Barbara Peacock
« L’amour est croissant. Si vous choisissez d’aimer, il n’y a pas de limite à la taille et à la portée de l’amour. Nous choisissons de nous aimer tous les jours et nous continuerons à le faire à mesure que nous avancerons dans l’avenir. » Micah et Kody. 35 et 40 ans, Omaha, Nebraska

Comment choisissez-vous vos sujets et comment faites-vous pour qu’ils vous accueillent dans leur maison ?

Je trouve mes sujets d’une multitude de façons. Comme des amis qui connaissent quelqu’un ou de la publicité sur les médias sociaux. J’annonce à l’avance où je me rends, puis je demande des sujets et des références. Ce n’est pas un processus facile et il arrive souvent que des personnes intéressées me fassent faux bond à la dernière minute. Je rencontre aussi des gens sur la route et c’est merveilleux car cela reflète vraiment la région du pays où je me trouve. Une fois que les gens acceptent de faire la photo, la moitié du travail est fait. Ils ont donné le feu vert et ils ouvrent littéralement la porte.

 

Dans l'intimité des chambres d'américains avec Barbara Peacock
Abagail © Barbara Peacock « J’ai ma couverture et mes draps de chat préférés. Ils me rendent heureuse. Je ne me fâche pas. Je vais toujours être gentille. » – Abagail 4 ans, Beaver Crossing, Nebraska

« Le processus d’une séance photo dans la chambre de quelqu’un varie autant que les individus. »

Le processus d’une séance photo dans la chambre de quelqu’un varie autant que les individus. En général, tout commence par une discussion et une prise de contact. Cela peut se faire autour d’un café dans la cuisine ou assis sous le porche. Les personnes extraverties veulent aller droit au but, mais d’autres, plus réservées, peuvent être assez nerveuses. Je leur assure qu’il s’agit de leur photographie, que nous irons lentement et que je ne leur demanderai pas de faire quelque chose qu’ils ne veulent pas faire.

Une fois qu’ils sont à l’aise, nous nous rendons dans la chambre. Je regarde la lumière, d’où elle vient, quelle est sa quantité et où je vais me placer pour faire la meilleure photo. En photographie, il existe une expression « suivre la lumière » et c’est la première chose que je fais. Il y a des calculs à faire et pendant que je prends en compte ces décisions et d’autres, j’installe mon trépied et je maintiens la conversation, légère et amicale. Nous discutons des vêtements ou de leur absence et de qui sera sur la photo.

 

Dans l'intimité des chambres de familles américaines avec Barbara Peacock
Lafayette Family © Barbara Peacock
« Je veux vraiment améliorer le sort de mes enfants. Pour l’instant, nous vivons tous dans une seule pièce. Nous essayons d’avoir une maison et une voiture avant que la neige n’arrive. Quand nous aurons tout rassemblé, nous nous marierons. Je rêve de devenir photographe. » – Chevy (Famille Lafayette), 27 ans, Détroit

« Je dirais que mon sujet passe presque toujours un très bon moment. »

C’est la période d’échauffement, qui me permet de vérifier l’exposition et l’aspect de la photo, et qui permet au sujet de se détendre devant l’appareil. À un moment donné, nous commençons généralement à nous amuser et le sujet commence à apprécier le processus. Je dirais que mon sujet passe presque toujours un très bon moment. Je ne me souviens pas que quelqu’un ait jamais dit le contraire. Même mes sujets les plus nerveux disent qu’ils ont passé un bon moment et qu’ils s’en souviendront longtemps.

La photographie proprement dite dure en moyenne de 45 minutes à une heure. Lorsque nous avons terminé, j’aime rester et discuter avec eux s’ils le souhaitent. Souvent, nous rompons le pain ensemble. Ils ont peut-être cuisiné pour moi, comme ce fut le cas avec la maman de la fille au poulet Jamie dans l’Idaho, ou je les emmène manger au restaurant, comme c’est souvent le cas, pour leur exprimer ma gratitude.

 

Dans l'intimité des chambres de couples américains avec Barbara Peacock
Billy © Barbara Peacock
« Je vis dans une pièce sans fenêtre. C’est ma maison. » – Billy, 53 ans Belzoni, MIssissippi

Quel effet cela fait-il de photographier dans l’intimité de vos sujets ?

La plupart des réponses à cette question se trouvent dans la réponse ci-dessus. Comment est-ce ? C’est toujours excitant et aussi un peu angoissant à cause de la technique. Je ne suis pas toujours dans la pièce au moment optimal pour la meilleure lumière, c’est donc un défi. J’utilise un trépied la plupart du temps, ce qui m’aide pour les chambres noires. Pendant que je prends en compte les aspects techniques, je dois faire en sorte que mon sujet reste détendu afin qu’il ne devienne pas nerveux. Le flux de la conversation est donc important. Souvent, il y a des choses qui doivent être déplacées, dans le cadre ou en dehors… Cela dépend. Parfois, c’est juste pour avoir un endroit où me tenir. La réponse est donc qu’il s’agit d’un défi, mais aussi d’une expérience exaltante que de pouvoir réaliser un portrait et une histoire aussi personnels.

 

Dans l'intimité des chambres de couples américains avec Barbara Peacock
Lee © Barbara Peacock
« C’est dur à Pine Bluff. C’est comme un trou noir, il vous aspire et vous garde. » – Lee, 49 ans Pine Bluff, Arkansas

Y a-t-il des moments spécifiques, au cours de toutes les années que vous avez passées sur ce projet, qui vous ont particulièrement marqué ? Une anecdote particulière ?

Oui, j’ai maintenant officiellement visité 44 États de cet énorme et extraordinaire pays. J’ai rencontré des personnes merveilleuses en chemin. Il y en a quelques-unes qui sortent du lot.

Becky et Dave

J’ai rencontré Becky le dernier jour de mon voyage dans le Sud-Ouest, au Nouveau-Mexique, dans un marché de producteurs. Je lui ai acheté des herbes. Quand elle s’est retournée, j’ai vu ses cheveux argentés qui lui arrivaient à la taille. Je lui ai rapidement parlé du projet et elle et son mari ont accepté.  Elle m’a prévenu que la route jusqu’à leur maison était longue, en terre et accidentée – ce qui était le cas ! Il fallait compter environ 40 minutes ! Ils m’ont fait monter par une échelle jusqu’à leur grenier.

Je leur ai demandé : « Comment dormez-vous ? » Ils ont répondu « tout nu » – et ont rapidement enlevé tous leurs vêtements. Ils étaient si beaux. Leur peau était translucide et saine et leurs mains étaient rudes et rugueuses à cause de leur travail à la ferme, mais leur étreinte était si aimante et douce. Ils étaient à 100% à l’aise dans ce qu’ils étaient et voulaient être vus. Ce fut une expérience photographique exceptionnelle pour moi. Les photos sont magnifiques et leur déclaration était la cerise sur le gâteau.

 

Dans l'intimité des chambres de couples américains avec Barbara Peacock
Becky & Dave © Barbara Peacock
« Nous avons ressenti le poids de la responsabilité de nos enfants pendant des décennies. Maintenant, nous sommes seuls. Notre nid vide a réveillé la joie de la liberté que nous avions dans notre jeunesse. » – Becky et Dave, 65 ans, Madrid, Nouveau-Mexique

Rhianna

J’ai également vécu une expérience vraiment amusante et drôle dans le Dakota du Sud, lorsque j’ai photographié la caissière d’une station-service. Mais pour ce faire, elle a dû demander à sa grand-mère de sortir du casino et de prendre sa place. Au milieu de la séance photo, sa grand-mère l’a appelée pour lui demander de l’aide par téléphone pour encaisser quelqu’un. Elle a pu trouver les bonnes clés. Mon sujet Rhianna a dit à sa grand-mère de l’appeler par vidéo. Et voilà Rhianna en train de chatter par vidéo avec sa grand-mère et de l’aider à encaisser des gens dans une grande file d’attente à la station-service. C’est vraiment hilarant. J’ai réussi à prendre une bonne photo et Rhianna est l’une des personnes les plus charmantes et heureuses que j’ai rencontrées.

 

Dans l'intimité des chambres d'américains avec Barbara Peacock
Rhianna © Barbara Peacock

Cai et Claire

Et j’ai vraiment apprécié de photographier Cai et Claire. Je connais Cai depuis qu’iel a 15 ans, car iel a travaillé comme stagiaire dans mon studio et est allé à Haïti avec un groupe d’adolescents il y a quelques années. Je lui ai récemment rendu visite à Portland, dans l’Oregon, où iel vit, et j’ai découvert à quel point nous nous ressemblons et je suis totalement tombée amoureuse d’iel. Lorsque je suis allée dans les États du Grand Ciel, nous avons décidé de nous retrouver en Idaho.

Cai est venue avec l’amour de sa vie, Claire, et j’ai dit que je voulais faire une belle photo d’eux. Iels étaient vraiment comme des chatons ensemble, si doux, Cai avait récemment subi une opération du haut. Je voulais une lumière parfaite et une belle photo, alors nous avons pris trois photos. J’ai réussi à obtenir une photo vraiment spéciale d’eux qui rappelle à beaucoup la Pieta, la tendresse et l’amour entre eux sont si viscéraux et poignants. Leur déclaration a un impact énorme, tout comme les photos de tous les endroits à Bliss, Idaho.

 

Dans l'intimité des chambres de couples américains avec Barbara Peacock
Cai & Claire © Barbara Peacock
« Démanteler et reconstruire (le besoin de détruire est un besoin créatif, une remise à zéro naturelle), construire un foyer en toi, un foyer en moi. Ensemble, le foyer grandit toujours, il est toujours redéfini – démantelé et reconstruit. Nous nous voyons les uns les autres, nous faisons de la place pour les autres. Et ici, nous sommes toujours en sécurité à l’intérieur. » – Cai et Claire 28 et 29 ans. Bliss, Idaho

 

Barbara Peacock : Site – Instagram – American Bedroom

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Street photography en Italie avec Sara Camporesi

Rencontre avec l’Italie : la street photography de Sara Camporesi

La photographe italienne Sara Camporesi est depuis toujours passionnée d’art. C’est en la photographie qu’elle a trouvé le moyen de raconter ses propres récits visuels. Sensible à l’art et aux espaces, ses images parlent pour elles. À travers ses photographies de rue, Sara nous propose une rencontre avec l’Italie, ses ruelles aux couleurs chaudes, son incroyable architecture, sa douceur de vivre… Prendre le temps de s’arrêter, d’observer, de lever les yeux et de vivre doucement mais pleinement. En jouant de l’ombre et la lumière, Sara capture l’âme des rues qu’elle parcourt, des bâtisses qu’elle rencontre, des personnes qu’elle croise…

Saisis par la beauté et l’authenticité de ses images, par les couleurs, la composition et le mystère autour celles-ci, nous sommes partis à la rencontre de Sara. Découvrez notre interview exclusive avec la photographe.

Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter et nous dire comment vous avez commencé la photographie ?

Photographe passionnée d’art, j’ai longtemps combiné cet intérêt avec la spontanéité de la narration visuelle conçue non seulement comme un récit classique d’expériences, mais aussi comme un mélange de prises de vue personnelles et créatives.

J’ai obtenu un master en gestion des arts, programmes éducatifs et communication numérique pour les institutions culturelles à Florence et je participe actuellement à des activités de promotion pour des institutions publiques et privées, afin de valoriser l’excellence culturelle et artistique italienne.

La première fois que j’ai rencontré la « photographie », c’était un samedi matin d’été en 2014, alors que je visitais une exposition d’un célèbre photographe d’architecture, Massimo Listri. En sortant du musée, je me suis dit que si la photographie entrait un jour dans ma vie, ce serait pour parler d’arts et d’espaces. Et ce fut le cas.

Comment procédez-vous pour vos photos ? Êtes-vous la photographe qui capture le moment ou plutôt celle qui attend pour obtenir l’image « parfaite » ?

Dans le domaine de la photographie de rue, il existe deux méthodes diamétralement opposées pour prendre des photos : deux techniques différentes, familièrement appelées approche « chasse » et approche « pêche« . Il n’y a pas de bonne méthode photographique, seulement celle qui vous aide à réussir : courir partout pour chasser des sujets intéressants ou trouver le cadre parfait et attendre que le bon « poisson » passe par là.

Je préfère attendre le bon moment, afin que la foule ne vienne pas perturber ma scène : les villes sont un musée à ciel ouvert où le tissu urbain se dévoile petit à petit à nos yeux, dans une lente expérience, au rythme de la marche, en faisant attention à l’architecture, aux lignes, aux motifs et à la géométrie.

Quel matériel utilisez-vous pour photographier ?

Je suis amoureuse de l’appareil photo Sony α7R IV 35 mm plein format avec autofocus de 61 MP. Pour moi, c’est un tout nouveau monde d’expression photographique avec une qualité d’image et une vitesse de traitement incomparables. J’y ai trouvé une productivité extrême pour mes prises de vue professionnelles.

Avez-vous un processus de post-production après vos prises de vue ?

Mes images représentent mon idée de «  l’instantané parfait « , se concentrant sur un détail spécifique, une ombre, une personne ou un bâtiment. Encore une fois, la composition est un élément très important, mais l’alternance d’une lumière forte et d’ombres rend les photos intéressantes pour moi.

La post-production permet de tout mettre en valeur, ma vision des choses. Le « chiaroscuro » (clair-obscur) rend tout magique, rêveur, mystérieux… comme la toile d’un peintre commencée et jamais terminée, consacrée à l’éternité.

Enfin, si vous aviez un conseil à donner à un.e jeune photographe, quel serait-il ?

Sois toujours un explorateur curieux, avec l’humilité d’apprendre des autres et l’obstination de poursuivre tes rêves. La photographie n’est jamais une copie précise de la réalité mais fait référence à d’autres interprétations et perceptions personnelles mêlées à la mémoire. Créer une photographie ne signifie pas seulement s’arrêter, observer, choisir ce qu’il faut cadrer et tirer. Chaque « clic » d’un appareil photo n’est pas seulement technique mais apporte avec lui une émotion : joie, bonheur, soupirs, tristesse.

La photographe Sara Camporesi
La photographe Sara Camporesi

Sara Camporesi Site – Instagram

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auto-portraits Kourtney Roy

Kourtney Roy se met en scène avec des auto-portraits extravagants

L’artiste Kourtney Roy est originaire des régions sauvages du nord de l’Ontario, au Canada. Elle y est née en 1981 et y a grandi. Aujourd’hui basée à Paris, la photographe joue de son image et de la mise en scène en réalisant des portraits cinématographiques; se plaçant à la frontière entre le réel et le fantastique. Kourtney laisse s’exprimer son talent, sa créativité et son humour dans la création de cette multitude de personnages ; dont elle revêt le costume et auxquels elle prête son corps. Auto-portraits aux couleurs vives et aux allures pop et rétro, ces images invitent le spectateur à plonger au cœur de l’univers fascinant et énigmatique de la photographe.

auto-portraits Kourtney Roy
© Kourtney Roy

Des vastes espaces canadiens à la capitale française

Née au Canada, elle a grandi dans les vastes espaces sauvages entre l’Ontario et la Colombie britannique. L’image a toujours été en lien avec son parcours. Elle y a en effet obtenu un diplôme en études des médias; spécialisée en photographie à l’Université d’art et de design Emily Carr de Vancouver. Aujourd’hui, Kourtney vit et travaille à Paris. Installée dans la capitale française, elle imagine et crée des séries photographiques hautes en couleurs. Elle y expose également son œuvre depuis maintenant plus de dix années, que ce soit au niveau national et international.

auto-portraits Kourtney Roy
© Kourtney Roy
auto-portraits Kourtney Roy
© Kourtney Roy

Ses auto-portraits aux teintes pop et rétro

Kourtney possède un univers artistique bien à elle, aux teintes pop et rétro, le tout dans un style cinématographique. La mise en scène fait partie intégrante de son processus créatif. Chacune des images de Kourtney est travaillée de manière à la transformer, de la pointe de ses cheveux aux bouts de ongles vernis, et ainsi l’immerger dans un univers où chaque détail est minutieusement réfléchi. Assurant sur tous les postes, Kourtney Roy maîtrise l’art de la mise en scène et de la composition à la perfection ; sans oublier la touche d’humour omniprésente dans ses clichés.

auto-portraits Kourtney Roy
© Kourtney Roy

À première vue, l’univers de Kourtney est coloré et utopique; se prêtant au comique par l’exploration de clichés et stéréotypes brillamment mis en scène. Mais en observant plus attentivement, on perçoit la tristesse et la solitude de ces personnages, bien plus profonds que la superficialité dont ils font preuve en apparence. Les auto-portraits de Kourtney laissent alors apparaître une face plus sombre de son univers et tout aussi intrigante.

auto-portraits Kourtney Roy
© Kourtney Roy

Traitant avec humour et auto-dérision de sujets sociétaux abordés d’ordinaire avec bien plus de sérieux, Kourtney y apporte sa touche créative et son grain de folie et se met une nouvelle fois en scène. Confinée en Normandie lors de la crise du coronavirus, elle s’est notamment mise en scène accessoirisée d’un masque chirurgical, pouvant être considéré comme l’emblème officiel de la crise sanitaire.

Un travail récompensé et exposé

Pour son travail, Kourtney a été récompensée à de nombreuses reprises. Elle a notamment reçu le Prix Picto en 2007, le Prix Emily en 2012 ainsi que la Carte Blanche PMU en 2013. Ses photographies ont fait l’objet de plusieurs ouvrages, tels que Ils pensent déjà que je suis folle (Editions Filigranes, 2014), Northern Noir (Editions La Pionnière, 2016), et California (Editions Louis Vuitton, 2016). Des expositions nationales et internationales ont accueilli son travail. Pour cet été 2022, ses auto-portraits sont présents dans le Morbihan à l’occasion du festival Escales Photos à partir du 15 juin, à Vichy pour le festival Portrait(s) à partir du 24 juin ainsi qu’à la galerie Esther Woerdehoff à Paris du 2 juin au 15 septembre.

Kourtney Roy : SiteInstagram

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Hevlor Pea exposition Graine de Photo Academy

La Grainedephoto Academy expose Son Paris !

La galerie de Graine de Photographe accueille les images de ses académiciens pour une nouvelle exposition. La 15ème promotion de notre GrainedePhoto Academy a laissé son imagination et sa créativité composer avec le thème « Mon Paris ». Après 6 mois de formation rythmés par des rencontres et de nouvelles compétences, nos académiciens exposent leurs clichés !

exposition Graine de Photo Academy dans la galerie Graine de Photographe

Retrouvez leurs photos exposées dans notre galerie sur l’Île Saint-Louis à Paris du 12 juillet 2022 au 13 septembre 2022.

Pour cette Academy, notre groupe de photographes en herbe a été guidé et conseillé par le talentueux et pédagogue photographe Romain Ruiz. Grâce à ses conseils, nos académiciens ont pu s’exprimer librement sur le thème « Mon Paris ». Venez découvrir Paris autrement à travers leurs yeux…

Voici une sélection des photographies que vous pouvez retrouver dans notre galerie :

La Grainedephoto Academy, c’est 6 mois de formation pour débutants et d’apprentissage de l’ensemble des bases techniques de la photographie. Mais c’est également l’occasion de développer sa créativité grâce à différentes thématiques :

La prochaine Grainedephoto Acamedy débutera en septembre et sera encadrée par les photographes Sabrina Budon et Myriam Tirler !

Toutes les photos sont exposées à la galerie grainedephotographe.com, sur l’île Saint-Louis à Paris
du 12 juillet au 13 septembre 2022
14 Quai de Béthune 75004 Paris
(Visites sur demande les lundi, mercredi et vendredi, de 10h à 18h.
Veuillez nous contacter au 09 80 39 42 35 pour prévoir votre venue).

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The Quest for the Absolute

Les Super-Héros partent en quête de l’Absolu avec Benoit Lapray

Benoit Lapray est un photographe publicitaire indépendant, retoucheur et artiste basé à Paris. Originaire de Bourgogne, il a étudié l’art, la communication journalistique et la photographie à Lyon. Après avoir travaillé dans divers studio en tant que salarié, Benoit possède aujourd’hui son propre studio basé à Paris. L’univers artistique de Benoit oscille entre monde réel et imaginaire. Il excelle dans l’art de sortir des personnages de leur univers fictif pour les intégrer à notre réalité. Nous avions déjà présenté les séries Monuments et The Wildlife/La Vie Sauvage dans des précédents articles. Cette fois-ci nous vous présentons la série The Quest for the Absolute, dans laquelle vous verrez de célèbres Super-Héros comme vous ne les avez jamais vus. 

The Quest for the Absolute
Superman © Benoit Lapray

The Quest for the Absolute

Dans cette série, les célèbres personnages des Comics américains, connus de tous pour leur héroïsme lors de combats opposant le Bien et le Mal, oeuvrant pour la Justice, apparaissent seuls en milieu naturel. Pour le photographe, être un super-héros rime souvent avec solitude. Au premier abord, ces personnages sortis de leur propre univers apparaissent solitaires. Benoit Lapray leur présente cependant un personnage bien plus puissant et imposant que leurs compagnons d’aventure ordinaires : la Nature. 

The Quest for the Absolute
Captain America © Benoit Lapray

Les super-héros sont par définition « extraordinaires », et extraordinaire rime souvent avec solitaire. C’est un trait de caractère relativement méconnu de leur personnalité mais c’est pourtant un point commun à tous ces justiciers imaginaires.

Benoit Lapray

The Quest for the Absolute
Wonder Woman © Benoit Lapray

Apparaissant ici personnifiée, La Nature devient une alliée pour ces héros dont les atouts et les pouvoirs semblent alors dérisoires face à ces paysages grandioses et vastes espaces. Loin d’être leur adversaire, elle les accompagne et les porte dans cette aventure ultime, la Quête de l’Absolu.

The Quest for the Absolute
Iron Man © Benoit Lapray

Les images des séries The Quest for the Absolute et Monuments, alliant photographie de paysage et photographie de rue avec la retouche photo, sont exposées dans les passages de Bercy Village à Paris jusqu’au 18 septembre 2022. Loin des combats, retrouvez vos héros favoris ne faire qu’un avec la Nature.

The Quest for the Absolute
La Chose © Benoit Lapray
The Quest for the Absolute
T’Challa © Benoit Lapray

Benoit Lapray : SiteInstagramFacebookTwitter

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The Day May Break par le photographe Nick Brandt

Nick Brandt illustre le destin commun du monde animal et de l’humanité face à la crise climatique

Le photographe Nick Brandt est né et a grandi à Londres. Il y a étudié la peinture et le cinéma. Aujourd’hui, Nick vit dans les montagnes du sud de la Californie. Ce n’est que passé la trentaine qu’il se rend compte que la photographie est pour lui le meilleur moyen de s’exprimer. Spectateur bouleversé face à la situation environnementale et au monde naturel en proie à une destruction massive par l’Homme ; il utilise son appareil photo pour exprimer ses sentiments face à cette catastrophe plus si lointaine. Il photographie alors les animaux sauvages d’Afrique ; dont les images constitueront ses séries Inherit the Dust (2016) et This Empty World (2019) portant sur la perte d’habitat et de biodiversité. Sa série The Day May Break aborde quant à elle le changement climatique dans son ensemble ; qui ne s’arrête pas au monde animal mais qui impacte chaque créature vivante de la planète.

Najin and people in fog, Kenya © Nick Brandt, Courtesy of Polka Galerie

The Day May Break

Le premier volet de la série The Day May Break s’est achevé en 2021. Cette première partie est consacrée à des personnes et des animaux durement touchés par la destruction de l’environnement et le dérèglement climatique au Zimbabwe et au Kenya. Les images ont été prises au coeur de cinq sanctuaires ; dans lesquels les animaux trouvent refuge et sont sauvés sur le long terme. En raison de la menace qui pèse quotidiennement sur eux dans la région, ils ne peuvent retourner à la vie sauvage. Désormais habitués à la présence humaine, Nick Brandt a pu les photographier aux côtés d’hommes et de femmes qui partagent les mêmes blessures ; tous étant des victimes du changement climatique. Des portraits bouleversants, qui illustrent malheureusement une bien triste réalité.

Fatuma, Ali and Bupa, Kenya © Nick Brandt, Courtesy of Polka Galerie

Parmi ces personnes, certaines ont vu leurs maisons détruites par des cyclones, leurs enfants emportés par les inondations, leurs terres victimes des années de sécheresse sévère vouées à l’abandon. L’ironie du sort veut que ces personnes ; aujourd’hui les plus vulnérables ; fassent pourtant partie de celles qui ont le plus faible impact environnemental sur la planète. Elles sont pourtant les premières victimes du monde industriel et de la destruction de notre Terre.

Les images de Nick Brandt sont exposées à travers le monde ; faisant ainsi résonner la réalité du changement climatique et de la destruction du monde naturel de New York à Londres, de Los Angeles à Paris, de Berlin à Stockholm.

Harriet and the people in fog, Zimbabwe © Nick Brandt, Courtesy of Polka Galerie

Découvrez notre interview exclusive du photographe Nick Brandt ; qui nous parle du premier chapitre d’une série mondiale, The Day May Break. 

Tout d’abord, pouvez-vous nous en dire plus sur la façon dont la photographie est venue à vous ?

J’ai réalisé, bien trop tard dans ma vie (au milieu de la trentaine), que c’était le meilleur moyen créatif pour moi d’exprimer mes sentiments sur l’environnement et le monde naturel et leur destruction par l’homme. Par rapport au cinéma, par exemple, la photographie permet généralement de créer ce que l’on veut, comme on veut, quand on veut.

Comment ce projet est-il né dans votre esprit avant d’être concrètement mis en place ?

En général, j’ai un sentiment qui se construit en moi depuis un certain temps. Dans le cas de The Day May Break, ce sentiment que le monde naturel que nous avons connu est en train de disparaître rapidement. Que cela a un impact non seulement sur le monde animal, mais aussi sur nous tous. Et que nous sommes tous ensemble sur cette unique petite planète très limitée. Cette notion s’est ensuite manifestée dans l’idée du brouillard, en photographiant tout dans celui-ci, symbole de cette disparition. Et que les personnes et les animaux affectés par cette destruction, devaient être photographiés ensemble.

 

Luckness, Winnie and Kura, Zimbabwe © Nick Brandt, Courtesy of Polka Galerie

Pourquoi avez-vous choisi ces deux pays, le Kenya et le Zimbabwe, en particulier ?

Ce projet est global. Je viens de terminer le deuxième chapitre en Bolivie. Mais au cours de la première année du covid, avant l’arrivée des vaccins, certains pays d’Afrique étaient les seuls auxquels je pouvais accéder. Heureusement, l’un d’entre eux était le Kenya. J’y ai photographié tant de projets dans le passé (Inherit the Dust, This Empty World), je le connaissais donc très bien. Puis le Zimbabwe s’est heureusement ouvert juste à temps.

 

Thomas and Vincent, Zimbabwe © Nick Brandt, Courtesy of Polka Galerie

Les animaux que vous photographiez ont tous une histoire particulière, pouvez-vous nous dire lequel vous a le plus touché ou frappé (s’il y en a un) et pour quelle(s) raison(s) ?

Celui qui m’a le plus touché est peut-être l’une des personnes, pas l’un des animaux, Kuda du Zimbabwe. Après les tournages, lorsque nous avons interviewé tout le monde devant la caméra et que nous leur avons demandé s’ils voulaient bien nous raconter leur histoire. Je ne savais pas si j’utiliserais un jour ces histoires sous forme de vidéo, mais je voulais les avoir au cas où. C’est en racontant ces histoires que nous avons entendu tant de récits déchirants. De nombreuses personnes étaient manifestement encore traumatisées et ont fondu en larmes.

Kuda, du Zimbabwe [photo ci-dessous], s’exprimait en shona, sa langue maternelle. Elle a décrit, en pleurant à chaudes larmes, comment elle avait vu ses enfants emportés par les inondations, sans jamais être retrouvés. Mais vers la fin, Kuda est passée à l’anglais et a dit : « Mais ne vous inquiétez pas pour moi. Je vais bien maintenant. Ma vie est comme une banane fraîchement mûrie ». Je pense qu’elle voulait dire par là qu’elle était prête à vivre à nouveau, à faire de nouvelles expériences. C’est une femme qui a tout perdu, qui se trouve maintenant dans un camp de réfugiés déplacés, et qui a la force et la volonté d’être prête à aller de l’avant.

 

Kuda and Sky, Zimbabwe © Nick Brandt, Courtesy of Polka Galerie

Sur une note positive, un collectionneur de cette photographie a fait un don suffisant pour aider Kuda à construire une partie de sa nouvelle maison. En outre, un pourcentage du produit de la vente des tirages est réparti équitablement entre toutes les personnes figurant sur les photos, une sorte de paiement de redevances.

Comment avez-vous choisi quel animal photographier avec quelle personne ?

Au feeling, à défaut d’une meilleure explication. Chaque semaine, j’avais toujours une dizaine de personnes parmi lesquelles je pouvais choisir qui essayer avec chaque animal. Habituellement, j’avais une idée précise de la personne qui, selon moi, fonctionnerait bien, et généralement… je me trompais. Mais il est toujours fascinant d’essayer différentes personnes jusqu’à ce que la bonne combinaison fasse tilt (même si, comme dans toute chose, on se rend parfois compte après coup que ce n’était pas le cas).

Que représente pour vous la photographie en noir et blanc ? Que pensez-vous qu’elle apporte à votre projet ?

Je préfère la façon dont le noir et blanc contribue à créer une ambiance plus sombre, plus mélancolique, qui correspond pour moi au concept et au sujet. Et d’un point de vue purement esthétique, je préfère simplement le noir et blanc pour la façon dont il réduit le cadre à l’essentiel et m’oblige à me concentrer sur les formes graphiques et la composition dans le cadre.

 

Alice, Stanley and Najin, Kenya © Nick Brandt, Courtesy of Polka Galerie

Ces images sont la première partie de votre projet, quelle sera la prochaine étape ?

Le deuxième chapitre a déjà été photographié, en Bolivie, en février et mars de cette année. L’œuvre sort en septembre avec des expositions à New York et Shanghai. Puis le livre sera publié au printemps 2023. Si tout va bien, j’espère pouvoir commencer à travailler sur le chapitre 3 à ce moment-là également.

Vous avez cofondé la fondation Big Life, qui protège l’écosystème d’une vaste zone située entre le Kenya et la Tanzanie. D’où vient ce projet ? Pourquoi pensez-vous qu’il est important de travailler main dans la main avec les communautés locales ?

Je n’aurais jamais imaginé créer une organisation à but non lucratif. Mais le niveau de braconnage des éléphants dans l’écosystème d’Amboseli était tel en 2010 ; et peu d’organisations existantes étant en mesure d’y mettre fin faute de ressources ; que je me suis senti obligé de faire quelque chose. J’ai donc cofondé la fondation Big Life avec Richard Bonham, un brillant défenseur de l’environnement local. Au départ, j’ai pu récolter beaucoup de fonds auprès de généreux collectionneurs de mes photos. Nous nous sommes progressivement développés à partir de là.

 

Halima, Abdul and Frida, Kenya © Nick Brandt, Courtesy of Polka Galerie

Douze ans plus tard, Big Life protège plus de 1,6 million d’hectares avec 350 gardes communautaires locaux répartis dans 36 postes avancés permanents et mobiles. Avec l’aide de plusieurs véhicules de patrouille, de chiens pisteurs, d’équipements de vision nocturne et de surveillance aérienne, ce nouveau niveau de protection coordonnée de l’écosystème a entraîné une réduction spectaculaire du braconnage de TOUS les animaux de la région, avec de nombreuses arrestations de certains des braconniers les plus prolifiques.

Et pour répondre à votre deuxième question, ce succès n’a été possible qu’avec le soutien des communautés locales. La philosophie de Big Life est que si la conservation soutient la communauté, alors la communauté soutiendra la conservation. Presque tout le personnel de Big Life est employé localement. Il y a aussi le programme de compensation pour les éleveurs dont le bétail est tué par des prédateurs locaux. Il y a 100 kilomètres de clôture électrifiée pour protéger les cultures des agriculteurs contre le piétinement par les éléphants. Et puis il y a les bourses d’études. Tout cela a permis aux communautés locales de soutenir les efforts de conservation. C’est vraiment la seule façon de progresser dans les zones de plus en plus peuplées de l’Afrique du XXIe siècle.

 

Regina, Jack, Levi and Diesel, Zimbabwe © Nick Brandt, Courtesy of Polka Galerie

Quelle est votre vision de l’avenir pour les hommes et les animaux ? Avez-vous encore de l’espoir face à la dégradation massive de l’environnement et du monde naturel ?

Nous vivons actuellement l’antithèse de la création. Il a fallu des milliards d’années pour parvenir à une diversité aussi merveilleuse, puis quelques années seulement – un instant infiniment microscopique – pour l’anéantir.

J’énonce une évidence, mais il faut la répéter sans cesse : en détruisant la nature, nous finirons aussi par nous détruire nous-mêmes. Un monde naturel sain est essentiel au bien-être de toute l’humanité.

 

Teresa and Najin, Kenya © Nick Brandt, Courtesy of Polka Galerie

L’homme moderne, partout sur la planète, semble avoir peu appris de ce qui l’a précédé. L’histoire est jalonnée de l’effondrement de civilisations antérieures qui ont imposé un fardeau bien trop lourd à la nature environnante. Aujourd’hui, alors que nous sommes beaucoup plus nombreux et que notre impact est beaucoup plus vaste, ce n’est pas « seulement » une région qui est détruite comme par le passé. Si les tendances actuelles se poursuivent, la destruction peut et va s’amplifier jusqu’à l’effondrement écologique – et donc civilisationnel – de notre planète entière.

Tout cela peut sembler accablant.  Comment peut-on commencer à se défendre ? Je reviens à la phrase que j’utilise sans cesse, parce que tout simplement, je la crois : Il est préférable d’être en colère et actif que d’être en colère et passif. Une fois que vous êtes actif, le désespoir est moins écrasant. Vos actions – aussi petites soient-elles – peuvent vous dynamiser et vous concentrer.

 

James, Peter and Najin, Kenya © Nick Brandt, Courtesy of Polka Galerie

Lorsque les gens me demandent ce qu’ils peuvent faire pour aider, je leur réponds souvent simplement deux mots : Greta Thunberg. Si une jeune fille seule dans une rue de Stockholm avec une pancarte peut accomplir ce qu’elle a fait, alors… allons-y…

Le jour peut se lever… sur une terre en ruine. Ou le jour peut se lever… sur une nouvelle aube.

Le choix de l’humanité. Notre choix.

 

Behind the Scenes © Nick Brandt, Courtesy of Polka Galerie

 

Nick Brandt : Site – Instagram – Facebook – Fondation Big Life

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La lettre d’amour aux mères, aux filles, aux femmes par Lucia Jost

La photographe Lucia Jost, basée à Berlin, rend hommage aux femmes, et tout particulièrement aux berlinoises. Ces femmes fortes qui l’ont toujours entourée et influencée, ses amies, leurs mères, les femmes de sa famille. Cet hommage, Lucia le concrétise avec sa série « Das Muttertier » (« L’animal mère »), qui est également une lettre d’amour à la relation mère-fille. Sur ces images, mères et filles posent ensemble, dans l’intimité de leur foyer. Fascinée par les différences et les similitudes que l’on peut retrouver en sa mère ou sa fille, Lucia explore ce cycle de la féminité à travers ces portraits intimistes et authentiques.

Du cirque à la photographie, une enfance marquée par la créativité

Lucia a grandi entourée par la créativité. D’abord par celle de sa mère qui travaillait dans un cirque dans lequel Lucia a passé son enfance, puis par la sienne qui s’est petit à petit exprimée à travers la photographie. C’est grâce à sa mère, qui lui offre son premier appareil photo argentique, qu’elle se lance dans cette discipline dès l’âge de 13 ans. Ce qui la fascine dans la photographie argentique, qu’elle pratique toujours, c’est la surprise du développement et le côté artisanal.

J’ai commencé à prendre des photos de mes amies et de la vie nocturne berlinoise à l’âge de 13 ans. Nous étions des adolescentes assez sauvages qui traînaient dans la ville tout l’été. Les photos de cette époque sont toujours parmi les plus précieuses pour moi. Je suis une personne très nostalgique, je suppose que c’est pour cela que la photographie a volé mon cœur. C’est une façon pour moi de garder des souvenirs et des sentiments.

– Lucia Jost

Une vision féministe et émancipée

Avec ces portraits, Lucia projète son regard personnel sur les femmes qui l’entourent. Elle partage ainsi sa vision féministe et émancipée des femmes de sa génération. Elle trouve son inspiration dans ces femmes et le lien qu’elles entretiennent avec la ville, la société et leur histoire.

J’ai toujours été entourée de femmes fortes. Que ce soit mes amies ou leurs mères, les femmes de Berlin ont eu une énorme influence sur moi. Cette série est un hommage à elles. Mais c’est aussi une lettre d’amour à la relation entre mère et fille. Ce cycle de la féminité et les différences et similitudes que l’on peut trouver chez sa mère quand on est une jeune femme me fascinent beaucoup. Il y a tellement d’histoires d’émancipation et de force dans cette ville. Mes photos ne visent qu’à en montrer quelques-unes et à célébrer le changement de génération de femmes fortes, intelligentes et créatives à Berlin.

– Lucia Jost

Des images intimistes et authentiques

Pour cette série, Lucia a choisi des femmes de son entourage, qu’elle connaît pour la plupart depuis longtemps. Le résultat est ainsi intimiste et naturel, témoignant de la proximité de la photographe avec ses sujets. Au fil des prises de vue et de l’interaction avec ces familles si différentes, Lucia s’est rendu compte qu’elle ne pourrait pas raconter leur histoire en une seule image. C’est pourquoi elle a réalisé deux images par famille ; montrant ainsi un bref aperçu de la relation complexe que peuvent entretenir ces mères et ces filles. C’est également un moyen de montrer que l’histoire d’une femme ne peut être racontée en une seule image.

Un moment privilégié

La prise de vue apparaît comme un moment privilégié pour la photographe; qui prend le temps de partager et discuter avec chacune des femmes qu’elle photographie pour ainsi mieux les découvrir et les comprendre. Aux yeux de Lucia, ce ne sont pas simplement des modèles qu’elle fait poser devant l’objectif, mais des femmes ayant chacune leur histoire, leur personnalité et quelque chose qui les rend uniques.

Nous prenons généralement un thé avant et nous parlons beaucoup de la féminité, de Berlin, des mères et des filles et de la façon d’élever un enfant. C’était tellement beau d’entendre autant d’histoires différentes et de sentir autant de confiance dans mon travail. Pour moi, le plus important est que les femmes que je photographie se sentent considérées comme la déesse qu’elles sont. Je ne veux pas les photographier comme des « modèles ». Pour moi, chaque femme a une histoire qui lui est propre et que j’essaie de découvrir par moi-même avant de passer derrière l’appareil photo. C’est pourquoi je parle beaucoup, je prends beaucoup de pauses et je dis aux femmes exactement comment je les imagine sur la photo. Je pense que la confiance et l’honnêteté sont les étapes les plus importantes pour obtenir des résultats authentiques.

– Lucia Jost

… L’ANIMAL MÈRE…
chaque mère a été une fois une fille…

Le lien entre mère et fille est quelque chose de difficile à exprimer.
C’est un lien éternel et irrévocable.
Surtout, dans les premières années de l’âge adulte, c’est devenu assez clair pour moi.
Le moment où l’on passe du statut de fille à celui de femme,
met la relation avec sa mère, d’une manière ou d’une autre, à l’épreuve.

>>Est-ce que je me reconnais, moi et mes valeurs, dans cette étrange jeune femme ?
Lui ai-je tout donné pour qu’elle mène une vie indépendante ?
Maintenant qu’elle n’a plus besoin de moi comme mère, puis-je être son amie ? <<

Les questions de l’émancipation, de l’éducation et de la convivialité surgissent.
Afin de pouvoir mieux traiter moi-même ces questions et de montrer les similitudes et les différences,
je traite dans ma série de photos des mères de Berlin et de leurs filles adultes.
J’ai moi-même grandi avec beaucoup de femmes fortes, voire dures, mais surtout indépendantes.
J’ai toujours eu le sentiment que la mère berlinoise est tellement à part.
La plupart des mères de mes amies sont nées ici,
ou sont venues à Berlin-Ouest dans les années 70/80 pour échapper à la bourgeoisie.
Il y a tellement d’histoires d’émancipation dans cette ville.
Des histoires de l’Est et de l’Ouest de femmes qui ont fait leur truc.
Celles qui n’ont pas cessé de travailler pour réaliser leurs rêves et qui ont élevé des filles en cours de route.
Ces filles sont maintenant la prochaine génération de femmes qui façonneront cette ville.
Ce changement de génération, je veux le célébrer avec mes photos, et montrer d’où vient la femme berlinoise d’aujourd’hui.
Peut-être que cette ville les attire, ces femmes fortes.
C’est à elles que je dédie cette série de photos.

Lucia Jost

La photographe Lucia Jost
La photographe Lucia Jost

Lucia Jost : Instagram

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Mont-Saint-Michel

Camille Niel capture la Voie Lactée surplombant le Mont-Saint-Michel

Camille Niel est un photographe français, passionné de photographie mais également d’aventures et de challenges. Lauréat de notre Concours Talent Graine de Photographe 2020, Camille Niel est arrivé en 9ème position grâce à ses photos de paysages et de voyage. Dernièrement, il s’est lancé un nouveau défi des plus fantastiques, capturer la Voie Lactée surplombant le célèbre Mont-Saint-Michel. Encore jamais réalisé, le résultat est sans artifice ni trucage, et est à couper le souffle…

Mont-Saint-Michel
© Camille Niel

Depuis ses études dans l’audiovisuel, Camille est sans cesse entouré d’images. C’est au cours de son expérience en tant que chef de plateau chez M6 qu’un de ses collègues lui transmet sa passion pour la photo et le voyage. Parmi ses clichés, nous pouvons retrouver des photos de paysage, de nuit, des portraits… Accordant une place importante au ciel et à tout ce qui s’y rapporte comme la Voie Lactée, Camille se passionne particulièrement pour l’astrophotographie

Nous avons posé nos questions à Camille sur son incroyable aventure et sur cette photo unique. Découvrez notre interview exclusive et le récit du talentueux photographe. 

Tout d’abord, d’où vous est venue l’idée de ce projet ? Pouvez-vous nous en dire plus sur son histoire, sa préparation et son déroulement ?

Ça a commencé en août 2021. Comme souvent, je suis sur mon PC à me promener sur Google Map/Earth et d’autres applis pour chercher de jolis spots propices à une session astrophoto.

Petite parenthèse explicative pour mieux comprendre la suite. La Voie Lactée s’étend globalement du Nord au Sud. Mais son cœur, le bulbe galactique plus précisément, est TOUJOURS orientée au sud (chez nous en France). Donc dès que je cherche un lieu, ou que je trouve un endroit qui me plait, je vérifie si quelque chose est possible en termes de photo : rien qui n’obstrue la vue au sud, est-ce que je peux aligner la Voie Lactée et mon sujet etc.

J’étais donc sur Google Map, et en me promenant dessus, j’aperçois une île située en plein Nord du Mont-Saint-Michel. Tout de suite ça fait tilt dans ma tête : j’ai un endroit où je peux me poser pour shooter la Voie Lactée, en visant le sud donc. Je vérifie la position des astres et il est malheureusement trop tard dans la saison pour aligner notre galaxie et le Mont. Je mets donc ça de côté.

Février 2022, je me penche à nouveau sur la chose.

La période est vite définie en fonction des conditions nécessaires pour une telle prise de vue : ce sera vers fin mai ! Pour atteindre Tombelaine, il faut traverser la baie. Je contacte donc des guides pour me renseigner sur la faisabilité d’une telle chose. Je tombe sur Patrice Trèche, qui a tout de suite accroché à mon idée. 

J’apprends rapidement qu’il est impossible d’aller sur Tombelaine à cette période car elle est protégée. Nous sommes surtout en pleine période de nidification. En revanche, il me dit qu’il n’y a aucun problème pour se déplacer dans la baie la nuit, ce qui m’arrange encore plus. Vendu ! On se donne rendez-vous fin mai si tout va bien.

 

Entre-temps, il m’a fallu trouver du soutien car je n’avais pas les moyens d’amortir tous les frais personnellement (déplacement, logement et frais sur place, salaire d’un guide etc.). J’ai donc monté un dossier présentant le projet. À ma grande surprise, j’ai eu un retour très rapide de la part de l’Office de tourisme du Mont-Saint-Michel, ainsi que d’Attitude Manche, l’agence d’attractivité du département. Ils ont tout de suite été emballés par le projet. À partir de là, j’étais heureux de savoir que cette aventure aurait lieu, il ne manquait plus qu’à croiser les doigts pour la météo. Et là, c’est le début d’un long stress…

Mont-Saint-Michel
© Camille Niel

Mais le jour J, je crois que je n’aurais jamais pu rêver mieux.

20h40 le 29 mai. Mon guide Patrice, notre vidéaste Xavier et deux autres comparses, nous nous engageons dans la baie au coucher du soleil. Je vous passe égoïstement les détails, mais c’est quelque chose… Toutes ces couleurs et ses reflets, seuls dans la baie…

22h environ. On arrive à Tombelaine pour se poser jusqu’à la nuit noire. S’en suit 4 heures d’attente, pendant lesquelles on se refroidit un peu, voire beaucoup ! Vers 1h30 je décide qu’on se remette en route, guidé par Patrice, afin de dériver plus à l’Ouest jusqu’à avoir un alignement parfait entre le Mont-Saint-Michel et la Voie Lactée. 2h, à l’œil nu, ça m’a l’air bien. Je prends une photo test pour vérifier. Parfait ! Je pose donc le trépied et installe tout mon bazar. À ce moment, plus un bruit, je suis dans ma bulle, et j’ai le cœur qui bat. « Ça y est j’y suis enfin ! » me dis-je dans ma tête.

Concentré pendant 40-50min, j’effectue toutes les prises de vue dont j’ai besoin. Je demande à Patrice 10 minutes supplémentaires pour assurer mes prises. Je n’aurai pas plus car la marée est déjà en train de remonter, mais c’est largement suffisant. Une fois tout dans la boîte, on se remet en route pour revenir sur la côte. Et cette partie-là, je suis désolé, mais je la garderai pour moi. Car marcher dans la baie, sans aucune lumière, sous les étoiles et la Voie Lactée, ça ne se partage pas, ça se vit !

Quelles conditions devaient être réunies pour réaliser cette image ?

Pour des photos d’astro, les conditions réunies sont toujours les mêmes à savoir :

  • L’absence de la Lune afin de bénéficier du ciel le plus noir possible. Ceci représente deux semaines par mois, voire moins suivant l’heure à laquelle on souhaite photographier la Voie Lactée.
  • Un ciel clair. Les nuages sont nos ennemis numéro un et la source d’un stress commun à tous. Par contre, même si on ne veut pas les avoir, il arrive qu’ils s’invitent à la fête et peuvent apporter une belle ambiance à notre composition.
  • Un vent tolérable. Prendre des photos d’astro nécessite de faire des temps de pose très long (de quelques secondes jusqu’à plusieurs minutes suivant la configuration). Pendant ce temps, l’appareil doit être absolument immobile sinon la photo est ratée. Il faut donc espérer, au mieux, un vent absent, sinon tolérable afin qu’il ne fasse pas bouger l’appareil. Pas de règle particulière de vitesse de vent, cela dépendra du matériel que l’on dispose ; et de sa propre corpulence pour pouvoir faire un bon paravent humain !

Mont-Saint-Michel
© Camille Niel

Autant la Lune est prévisible, autant les nuages et le vent sont des facteurs difficiles à prévoir. D’autant plus qu’en bord de mer, et surtout dans la baie du Mont-Saint-Michel, il n’est pas facile de croire que de telles conditions se réunissent souvent.

Et également, qui dit marche dans la baie, dit marées. Et oui en plus de tous ces facteurs, il faut ajouter une marée qui soit basse, et de nuit…

C’est pourquoi la période propice à une telle photo se résume à un créneau de quelques jours fin mai / début juin !

Quel matériel avez-vous utilisé ?

Pour cette photo, je n’ai pas fait d’excentricité. J’ai utilisé le matériel que j’ai l’habitude de prendre, et que je connais par cœur à savoir :

Un boitier Sony A7 III

Un boitier Sony A7 III avec capteur modifié pour l’astrophoto (j’épargne les détails techniques, les curieux pourront me contacter ou googler).

Un objectif Sigma art 50mm f1.4

Un objectif Sigma art 50mm f1.4. On pourrait se demander pourquoi un 50mm plutôt qu’un grand angle ? Tout simplement car je fais de la photo panoramique, ce qui me permet d’avoir une image finale en très haute résolution (72 mégapixels ici), et surtout énormément de détails dans mon ciel. Cela permet de dévoiler beaucoup plus de choses qu’avec un grand angle, et avec beaucoup plus de finesse.

Un trépied

Un trépied évidemment. J’ai le même depuis mes débuts en photo, un petit trépied en carbone de seulement 1kg qui me suit partout.

Mont-Saint-Michel
© Camille Niel

Une monture équatoriale

Une monture équatoriale, la omegon minitrack Lx4. Je vais essayer de développer un peu plus sur cet outil. Pour ceux qui ne connaissent pas la photo, vous avez peut être déjà pris une photo quand vous êtes en mouvement. Dans le train par exemple, vous souhaitez capturer le joli paysage, malheureusement le train va tellement vite qu’une bonne partie de l’image est floue.

En astrophoto, c’est pareil ! Le « train » dans lequel on se situe, c’est la terre. Et c’est le ciel qui défile à toute vitesse. Pour photographier les étoiles, on fait des temps de pose de plusieurs secondes voir dizaines de secondes. Pendant ce temps, le ciel défile et il peut arriver que nos étoiles, au lieu d’être des points bien nets, forment de courtes trainées.

La monture équatoriale est donc un outil qui permet de compenser la rotation de la terre et ainsi d’avoir notre appareil photo figé sur la même partie de notre ciel au fil des heures.

L’un des inconvénients d’une monture équatoriale, c’est qu’on a beau être figé sur notre ciel, pendant ce temps, la terre tourne. C’est donc la partie terrestre qui devient floue pendant les prises de vue de 10s, 30s, 60s… Il est donc indispensable de photographier le sol séparément, avant ou après notre session du ciel et de les joindre en post production.

Pourquoi cette photo est-elle unique ? Et pourquoi la réaliser vous tenait tant à cœur ?

Elle est unique car une telle photo n’a jamais été réalisée (ou alors, on en a bizarrement jamais entendu parlé). Je m’explique !

Tapez « Voie Lactée Mont Saint Michel » sur Google, et vous allez en trouver des photos. Certes il en existent. Mais ce sont des images dites composites, un assemblage de photos prises à des endroits et lieux différents.

Comment cela se voit ? Parce qu’elles sont prises depuis la côte ou la passerelle devant le Mont, situées au Sud de celui-ci, avec donc l’appareil pointé vers le Nord. Et si vous vous rappelez ce que j’ai dit au début, vous comprenez qu’il est techniquement impossible d’aligner le bulbe galactique avec le Mont depuis une telle position. De plus, la Voie Lactée n’a jamais la même orientation, chacun le fait à sa sauce. C’est plus ou moins bien réussi, mais là n’est pas la question

Mont-Saint-Michel
© Camille Niel

Je tiens à réaliser mes photos de manière la plus réaliste possible, c’est-à-dire respecter l’alignement des astres de ma partie terrestre telle qu’elle existe. Cela demande un gros travail de repérages et préparations dont on ne se rend pas compte. Je ne suis pas monsieur Parfait, il m’arrive de déplacer un élément ou deux, effacer un truc qui me dérange ou je ne sais quoi… Mais si c’est le cas je l’assume et je l’explique pour ne pas tromper le spectateur. Après, on aime, on n’aime pas, c’est un autre sujet. Je pars du principe que la photo reste un art, et chacun est libre de la pratiquer comme il l’entend.

Pour cette photo du Mont-Saint-Michel, aucun trucage. La Voie Lactée est telle qu’elle était à ce moment précis. N’importe qui pourrait, techniquement, la refaire, c’est une scène qui existe vraiment !

En plus de cela, il y avait un côté défi dans ce projet. Et pour ceux qui me connaissent bien, je suis joueur, j’aime bien les défis. Au-delà de la photo en elle-même, autour il y a toute une petite aventure, et j’aime quand il y a un peu de piquant dans l’histoire ! En plus de cela, j’ai pu faire de belles rencontres

portrait Camille Niel
Le photographe Camille Niel

Camille Niel : SiteInstagramFacebook

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Photo de Beirut au Liban par Laura Menassa

Laura Menassa explore les multiples facettes du Liban avec In Between

Née dans une famille italo-libanaise et installée en France, la photographe Laura Menassa a grandi et s’est épanouie dans un environnement multiculturel. Une fois diplômée d’une école d’art, elle s’installe à Beyrouth en 2018. Sa photographie explore et questionne l’identité, l’image de soi et le territoire à travers des sujets comme l’intimité, l’expérience du temps et la place de chacun dans la société. Le Liban détient une place importante dans le travail de Laura. Elle y aborde les contradictions du pays, d’un côté le fantasme de la carte postale idyllique et de l’autre la misère subie au jour le jour. Sa série In Between, exposée lors de l’édition 2022 du festival Les Femmes s’exposent, illustre ces contrastes, bien visibles aux yeux de tous, à condition d’y confronter notre regard.

Photo de Beirut au Liban par Laura Menassa
In Between © Laura Menassa

Un parcours artistique

Aujourd’hui, Laura Menassa est une photographe, directrice artistique et artiste visuelle basée à Beyrouth, au Liban. Son parcours a toujours été en étroit lien avec le monde de l’art et la photographie. Déjà petite, elle n’était jamais bien loin d’un appareil photo. Son père lui a également transmis très jeune son intérêt pour l’art, en lui apprenant le dessin et la sculpture. Sa passion grandissante, celle-ci la mène à faire une école d’art, l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Tours, dont elle sort diplômée en 2016. Durant ses études, elle réalise sa toute première série photo, «Rêveries et Fantasmes». Cette série, composée de portraits, de paysages et de natures mortes superposés, illustre une quête d’identité en explorant le souvenir et le rêve. Elle soulève ainsi la question de la perception de la réalité et de la temporalité.

Photo de Beirut au Liban par Laura Menassa
In Between © Laura Menassa

Je photographiais ce qui m’entourait et filmais toutes sortes de mouvements ; les vagues, le linge ou feuilles emportées par le vent, les routes défilant au Liban.

– Laura Menassa

En faire par la suite mon métier était une évidence que je ne saurais expliquer… Ma caméra est mon moyen d’expression, mon outil pour décortiquer, à ma manière, le monde qui nous entoure.

Laura Menassa

In Between

Le Liban est un pays aux multiples facettes. Entre problématiques socio-économiques et effervescence culturelle et artistique, le pays a tant souffert et a tant à offrir à la fois. Cette série, Laura l’a naturellement composée au fil des années. À travers ses photographies de rue, elle y explore les contrastes et les contradictions qu’on y trouve, plus ou moins cachés derrière les apparences de carte postale idyllique. Il suffit d’être confronté aux images pour les voir apparaître.

Photo de Beirut au Liban par Laura Menassa
In Between © Laura Menassa

Il y a certaines séries que j’ai réalisé dans un but précis. D’autres, comme celle-ci, ont pris sens et je les ai compris après. Toutes les photographies que j’ai prises au Liban depuis des années, m’ont fait comprendre, ou plutôt ont accentué mon ressenti, quant aux conditions dans lesquelles le pays est plongé. Je l’ai toujours su, mais on s’y habitue malheureusement. Alors le fait de se confronter à des images, de les voir défiler sous vos yeux, ça vous met une claque. On voit les contrastes les uns à coté des autres ; les couleurs se mélanger, les contradictions se refléter. C’est vraiment d’un côté, le Liban fantasmé à la carte postale idyllique et l’envers du décor, la misère subie au jour le jour. 

– Laura Menassa

L’espoir d’un meilleur lendemain

À travers ses images, Laura ne cherche pas à transmettre un message précis. C’est avant tout un moyen pour elle-même de comprendre et d’appréhender les gens ; les choses de la vie et le monde dans lequel nous vivons. Avec son appareil photo, elle explore, elle révèle ce qui l’interpelle et décide de le partager. Elle partage ainsi son propre regard sur ce monde que nous partageons tous, avec des points de vue cependant très différents.

Photo de Beirut au Liban par Laura Menassa
In Between © Laura Menassa

C’est parfois difficile pour moi de m’attacher ou de me détacher d’une image. L’un va d’ailleurs avec l’autre. Mais elles ont toutes une histoire pour moi, le souvenir d’un moment précis ou lointain, parfois l’espoir d’un meilleur lendemain.

– Laura Menassa

Photo de Beirut au Liban par Laura Menassa
In Between © Laura Menassa
Photo de Beirut au Liban par Laura Menassa
In Between © Laura Menassa

Laura Menassa : Site – Instagram

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Portrait d'enfant par Małgorzata Sulewska

Les portraits d’enfants poétiques et fantastiques de Małgorzata Sulewska

Małgorzata Sulewska est une artiste polonaise qui combine à merveille la peinture et la photographie. Son travail est pour elle une véritable passion. Au fil des années, son univers s’est progressivement dessiné, jusqu’à la naissance de sa fille. À cet instant, elle s’est véritablement épanouie dans la photographie d’enfants, des portraits aux allures fantastiques et féériques. Ses images reflètent l’amour maternel qu’elle porte en elle et qu’elle projette à travers son objectif. À travers ses photographies, Małgorzata nous emmène avec elle dans un voyage au coeur d’un monde fantastique, où la poésie, la douceur et la magie règnent en maîtres.

Portrait d'enfant par Małgorzata Sulewska
© Małgorzata Sulewska

Sa passion pour la photographie, Małgorzata la tient de son père, lui-même grand passionné de photographie. Elle grandit ainsi entourée de photos depuis son plus jeune âge. C’est au lycée qu’elle commence à s’intéresser à la photographie, sous une forme cependant différente de ce qu’elle crée aujourd’hui. Elle a notamment expérimenté la chambre noire, la photographie en noir et blanc ou encore la vidéo.

Portrait d'enfant par Małgorzata Sulewska
© Małgorzata Sulewska

Aujourd’hui, Małgorzata est maître d’art et enseignante de formation. Elle combine peinture et photographie en s’inspirant de maîtres de la peinture tels que Rembrandt ou Salvador Dali. En parallèle de ses projets personnels, elle conçoit également des fonds artistiques utilisés lors de sessions de prises de vue en studio. Elle réalise principalement des portraits d’enfants, qu’elle travaille dans un style pictural et féérique.

Portrait d'enfant par Małgorzata Sulewska
© Małgorzata Sulewska

Curieux d’en découvrir plus sur l’univers de Małgorzata et la manière dont elle crée et pense ses photographies d’enfants, nous avons posé nos questions à la photographe. Découvrez sans plus attendre notre interview exclusive.

D’où vient votre univers artistique ? Comment le définiriez-vous ?

En plus de la photographie, j’ai toujours pratiqué la peinture. Durant un temps, celle-ci était devenue mon principal hobby. Jusqu’à ce que ma petite fille Oliwia vienne au monde. Depuis lors, ma passion est liée à la photographie d’enfants, et c’est devenu mon travail. Je ne peins plus de tableaux, mais j’essaie d’introduire un peu de peinture dans mes photos et mes décors. Surtout quand il s’agit de portraits d’art, que je réalise depuis trois ans. Je m’inspire de maîtres tels que Dante Gabriel RossettiSalvador DaliRembrandtVermeerCaravaggio, etc. Chaque séance nécessite une préparation individuelle. Je passe beaucoup de temps à créer une nouvelle scénographie (souvent préparée par moi-même), une décoration, des décors et des vêtements. J’essaie de faire en sorte que tout soit différent et exceptionnel pour chaque personne car chacun de nous est unique et ultime.

Portrait d'enfant par Małgorzata Sulewska
© Małgorzata Sulewska

Techniquement, comment prenez-vous vos photos ? Quelles sont les étapes du processus de travail pour arriver à ce résultat final ?  

Avant la création de la photo, je suis à la recherche d’inspiration. Je choisis un modèle et je commence à faire des croquis ou à organiser les choses entre elles. J’assortis les couleurs, en tenant compte de la toile de fond. Je prends des photos en studio en utilisant des flashs. Je diffuse la lumière principale grâce à une boîte à lumière octa 150, j’utilise des lampes Quadralite et un appareil photo Sony ou Nikon. Mon objectif le plus utilisé est le 85 avec les paramètres f 2. 8-3.2, 1/160, ISO 100.

Portrait d'enfant par Małgorzata Sulewska
© Małgorzata Sulewska

Pendant une session, j’essaie de tout préparer, chaque détail est très important pour moi. Après avoir pris les photos, j’édite celles qui ont été sélectionnées dans Adobe Photoshop. J’ai enregistré mes propres réglages, ce qui accélère le processus d’édition. Je ne le termine jamais en une seule fois, je ne peux faire que l’essentiel. Je le laisse reposer et je réfléchis aux couleurs. J’aime faire une pause avant de regarder à nouveau l’image, avec un œil neuf.

Portrait d'enfant par Małgorzata Sulewska
© Małgorzata Sulewska

Quel est le conseil que vous aimeriez donner à un jeune photographe qui cherche à se lancer en professionnel ?

Croyez en vous. N’abandonnez pas. Développez autant que vous le pouvez et rappelez-vous que ce qui compte, ce n’est pas votre équipement, mais votre imagination et vos compétences. N’ayez pas peur d’expérimenter et ne vous découragez pas si quelqu’un n’aime pas. Écoutez votre cœur et essayez de présenter le monde avec vos propres yeux. Jouez avec les techniques, la lumière, la couleur et cherchez quelque chose qui vous exprime.

Portrait d'enfant par Małgorzata Sulewska
© Małgorzata Sulewska

Małgorzata Sulewska : Site – Instagram – Facebook

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portraits d'oiseau par Magnus Berggren

L’âme des oiseaux capturée par Magnus Berggren

Magnus Berggren est un photographe suédois né en 1986 à Gällivare, une ville du nord de la Suède. Avant de devenir photographe, l’art faisait déjà partie de sa vie sous différentes formes. C’est cependant la photographie qui s’est imposée à lui, devenant au fil des années une véritable passion. Il développe un fort intérêt pour le monde naturel, la faune sauvage et tout particulièrement pour les oiseaux. En créant ces ambiances mystérieuses aux allures de songes impénétrables, Magnus façonne son propre univers artistique et nous emporte avec lui.

La photographie, une passion qui ne le quitte plus

C’est en 2006 que Magnus achète son premier appareil photo. Les premières années, il photographie de temps en temps, avant tout en loisir. Puis lorsqu’il commence à photographier la nature et la faune, sa véritable passion se dévoile. Aujourd’hui, son appareil photo ne le quitte jamais vraiment et il ne rate pas une occasion pour photographier ce qui l’entoure.

portraits d'oiseau par Magnus Berggren
© Magnus Berggren

Son intérêt pour les oiseaux est né de ses balades dans les bois et du temps qu’il y passait à photographier. Découvrant toutes les espèces, Magnus se rend compte de la beauté et de la diversité du monde animal et sauvage.

C’est intéressant de voir toutes les différentes espèces, comment elles vivent et utilisent leur environnement pour le faire fonctionner dans leur habitat.

– Magnus Berggren

Qui dit animaux sauvages, dit également difficultés liées à la prise de vue. Il est en effet impossible de prévoir ou contrôler ces êtres, qui gardent tout leur caractère imprévisible. Certains animaux seront bien plus difficiles à rencontrer et à photographier que d’autres. Il faut alors s’armer seulement de patience et d’objectifs assez puissants pour réaliser de belles photos sans déranger les animaux.

Pour photographier des animaux sauvages, il est très important de ne pas les déranger dans leur environnement naturel.

– Magnus Berggren

portraits d'oiseau par Magnus Berggren
© Magnus Berggren

Lorsqu’il réalise ses images, Magnus essaie toujours de planifier d’où vient la lumière, celle-ci étant un élément primordial pour une belle photo. Il cherche également à avoir un arrière-plan assez éloigné pour obtenir un bon bokeh, un flou léger sur l’arrière-plan obtenu grâce à une luminosité et une ouverture de l’objectif maximales. Ses sujets n’en restent pas moins des animaux sauvages, il n’est donc pas facile de planifier où l’oiseau se posera.

Capturer l’âme de ces oiseaux

Une fois la photo souhaitée obtenue grâce à son Sony A7RIV accompagné d’un objectif 200-600g, Magnus l’édite dans Lightroom Classic. Il y ajoute ainsi sa signature artistique à l’origine de ces ambiances si particulières. Une fois ses retouches apportées, Magnus parvient à créer des images saisissantes et procure la sensation de capturer l’âme de ces oiseaux. La touche principale de ses créations est sans doute ce fond qu’il ajoute et qui apporte tout le côté mystérieux et onirique. Ce modèle lui est apparu au fur et à mesure que ses montages évoluaient et qu’il voyait se dessiner cette ambiance qu’il appréciait.

Le photographe Magnus Berggren

Magnus Berggren : Instagram

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